Hope in a Bleak World | Lucius

Une fois n’est pas coutume mais nous sommes parfaitement sur la même longueur d’onde. Tous ces inconnus qui n’ont rien voulu voir, qui n’ont même pas cherché à voir… Bien sûr qu’il est trop tard pour eux. En ce qui concerne Lucius, ils ont eu plus de 600 ans pour avoir leur chance. Maintenant, il est à moi. Je lui rends son sourire complice, ne regrettant pas un instant cette décision de venir le trouver, ce jour-là.

Et je garde ce sourire lorsque je sens ses dents autour de mon index. Je souris parce qu’il me rend la morsure que je lui ai faite, un peu plus tôt, avec ce même geste. Cela m’amuse plus que ça me fait mal. Je doute que son intention ait été de me faire mal en cet instant. Son désir de m’avoir à ses côtés surpasse son dégoût pour la transformation ? Il prendra le risque de faire de moi une immortelle, il prendra le risque de me tuer, dans l’espoir de me garder auprès de lui. Cette pensée devrait me faire peur mais c’est tout le contraire. Jamais aucun immortel n’a jamais émis le souhait de me garder auprès de lui pour toujours. Je savais que j’étais toujours de passage dans leur existence, que je ne faisais que les distraire temporairement. Mais lui, après seulement quelques semaines de rencontres, de discussions, d’échanges de sang… Il y a déjà pensé. Et ce n’est même pas pour mes talents au lit, puisqu’il n’y a jamais goûté. Pas encore.

« Tes tests ? » Ai-je peur à l’idée de devenir son cobaye ? Absolument pas car je sais qu’il ne me fera pas de mal. Du moins, pas de mal volontairement. Enfin… Pas un mal que je n’accepterais pas de recevoir. « Nous en reparlerons le moment venu. »

Je ne veux pas en savoir plus pour l’instant. Pour lui, je veux bien rester humaine encore un peu plus longtemps, car je sais quelle importance il porte à cette vie, mais s’il me parle de quelque chose qui pourrait être à ma portée en peu de temps, je risque de vouloir passer cette étape. Est-ce que je lui ferais confiance le moment venu ? Alors qu’il n’a jamais transformé personne ? Bien sûr. Qu’importe le résultat de l’expérience, je désire être immortelle depuis bien des années déjà…

« Je vois que tu as déjà prévu pas mal de chose pour moi. » Je le taquine légèrement.

A vrai dire, je ne m'attendais pas à cette réponse si… possessive ? Je souris pour moi-même. Elle n’a pourtant rien d’étonnant avec ce qu’il vient de m’annoncer. Il est prêt à me faire devenir comme lui, tout en sachant que je suis déjà impitoyable avec les mortels. Il prendra le risque que je devienne sans doute pire, pour me garder auprès de lui. Il a tous les droits du monde à se montrer possessif.

Je me rends compte que Lucius se pose beaucoup de questions sur le déroulement de notre première fois ensemble. Parce qu’il a peur de ne pas être à la hauteur ? Risque-t-il de se comparer à mes clients ? Je caresse sa nuque alors que son visage vient se blottir dans mon cou. Je n’ai pas envie de ça avec lui. Il n’a rien à envier à d’autres plus expérimentés dans le domaine. Ce n’est certainement pas un concours !

« La prochaine fois, je veux avant tout que l’on fasse ce que l’on désire. » Mais j’apprécie de nouveau qu’il ne m’oublie pas dans l’équation de son désir. Je griffe légèrement sa nuque de mes ongles -devrais-je les laisser pousser à partir de maintenant ? Peut-être. Et j'enchaîne. « Nous pouvons avoir plusieurs orgasmes au cours d’une même nuit. Le timing ne sera pas un souci. »

Je ne veux pas qu’il se mette la pression en focalisant sur ses performances, sur le fait de venir ou non au bon moment au détriment du plaisir. Ce serait comme gâcher le moment ! Mais arriverais-je à lui faire passer le message ?

L’attendre ?! Sait-il à qui il parle ? Mon corps est habitué à recevoir du plaisir presque journalier alors… l’attendre… Combien de temps ? Je me mords la lèvre et soupire avant de lui concéder cette demande.

« Je ne te promets pas de tenir des semaines mais… D’accord. Le prochain plaisir que je prendrais, ce sera en ta compagnie. » Je me maudis moi-même à ces mots.

Non mais quelle idée d’accepter pareil caprice ! Même si, je sais aussi que la frustration est un très bon aphrodisiaque. Alors je vais m’y plier, quelque temps.

J’écoute avec attention ce qu’il me livre sur ses fantasmes. Qu’est-ce qu’un prêtre, immortel de plusieurs siècles, cache au point de ne jamais avoir osé passer à l’action ? Je suis de plus en plus curieuse à ces mots. Une sexualité normalement admise ? Aurait-il honte de ses envies ? Je balaye d’un battement de cil toute notion de normalité. Il sait où j’ai grandi, ce que je fais de ma vie. Pense-t-il qu’il y a quelque chose de si hors du commun qu’un de nous aurait pu refuser ? Si un prostitué n’est pas à la hauteur d’une demande, un autre prend le relais. Et je n’aime pas l’idée de normalité dans le sexe. Ca retirerait la grande majorité du plaisir ! Chacun à ses limites, le tout, c’est de les connaître. Moi, ce sont les enfants. Il n’est pas question qu’un gosse soit soumis à pareille situation avant d’être assez mature pour comprendre tout ce que ça implique. Ça peut détruire des psychés de se faire prendre bien trop tôt. J’en sais quelque chose.

Je prends son menton entre mes doigts pour l’obliger à me regarder dans les yeux. A-t-il besoin d’être rassuré sur le fait que je pourrais sans doute entendre tout ce qu’il aura à me dire ? Que j’ai envie d’entendre tout ça ? Que je veux voir jusqu’où je peux moi-même aller dans les fantasmes des autres pour y répondre ? Est-ce seulement normal, comme il le dit ?

« Il n’y a pas de normalité dans le sexe. Il n’y a que des envies et des personnes pour y répondre. » Aimerait-il prendre plaisir en sentant la vie s’échapper de sa partenaire ? La prendre alors qu’elle se meure contre lui ? Aimerait-il prendre plaisir … Non en fait, je pense qu’il ne me sert à rien d’essayer d’imaginer ce qui peut se passer dans son esprit. Je pourrais faire le tour de tout ce qu’il existe sans être sûre de tomber dessus. « Je veux être cette personne pour toi, Lucius. Qu’importe ce qui se cache là-dessus. » Je tapote sa tempe sans le lâcher des yeux. « Si c’est trop pour moi, je te le dirais. » C’est la seule véritable assurance que je peux lui donner mais j’ajoute rapidement. « Mais rappelle-toi que ça fait 18 ans que je suis à l’Oasis. Et nous parlons, entre prostitués. N’ai aucune crainte sur tes envies. »

Quant aux miens ? C’est sûrement de bonne guerre que de me retourner la question. Que lui dire ? Il connaît déjà mon penchant pour la douleur et il doit avoir compris que le sang exerce une certaine attraction sur moi, que ce soit le mien ou non. Lui avouer vouloir prendre mon pied recouverture de sang comme d’une seconde peau ? Lui avouer vouloir être aux portes de la mort pendant que l’on me prend ? Je fais le tour des fantasmes dont je n’ai jamais parlé à personne et c’est à mon tour de me dire qu’il risque de ne pas comprendre, probablement qu’il va même se dire que j’aurais toute ma place dans son ancien asile ?

« Les miens sont… Violents dans leur dangerosité. » Surtout en tant qu’humaine. Que lui dire de plus ? « L’un des plus inassouvi reste le fait de découvrir jusqu’où je peux aller pour satisfaire les fantasmes de mon partenaire. Aucun immortel n’a jamais osé aller trop loin… Par peur de me tuer. » Toujours sans le lâcher des yeux, j’ajoute. « Je te ferais confiance quoi que tu veuilles faire. »

Nous jouons de nos corps, ma température corporelle monte en flèche alors qu’il répond à mon mouvement. Avec cette conversation, c’est terriblement compliqué de garder les idées claires, de ne pas vouloir fondre sur lui pour le posséder. Alors il devrait arrêter de martyriser ma peau de ses ongles ! Il va être bon pour changer de pantalon car je suis certaine de l’humidifier avec nos mouvements… Le comprend-il ? Est-ce pour cette raison qu’il nous arrête ? Je souris à cette pensée et deviens sage. Pas ce soir. Il est d’accord avec moi.

J’apprécie qu’il accepte ma demande, que cela se passe là-bas. Un rendez-vous ? L’idée est étrange car inédite à mes oreilles. Un repas ? Comme la dernière fois ?

« Un rendez-vous nécessite de définir une date… Que dirais-tu, dans sept jours ? » Bien sûr, ce chiffre est important. Chaque jour, il pensera à un péché pour finalement obtenir le sien au septième. Colère. Toute à lui. Vais-je pouvoir rester sept jours sans aucun plaisir ? Je gémis à cette pensée. « Ou moins. Il se peut que je ne tienne pas si longtemps. » Je souris, consciente que cette attitude doit lui être sans doute déplacée ? « Pour la nourriture… Je te laisse le champ libre. Je mange par nécessité, pas par envie. Je te laisse le soin de me faire aimer me nourrir ~ »

Pendant que je suis encore humaine....

Le fait de devenir un immortel est soumis à des règles et des lois strictes. Son ascension, si on peut appeler cela ainsi, n'est pas assuré. D'une part, elle peut mourir, ou se transformer en enragée, et d'autre part, la demande peut être refusée. Dans tous les cas, l'idée de la blesser, petit à petit, pour qu'elle supplie pour mon sang ne me laisse pas indifférent... au-delà de l'idée que ça lui fera un excellent entrainement... ce qui est le plus important !

"Je détesterai l'idée de te perdre."

Les humains qui ont servi plusieurs fois de coupe à boire sont, dit-on, plus résistants à ce passage. Pour ma part, je me demande si ce n'est pas simplement parce qu'ils ont été privilégiés, mieux traités et mieux nourris. Je sens, confusément, que maintenant que les choses sont dites, elle ne veut plus en parler. Oui, nous y reviendrons le moment venu. En attendant, elle sait qu'elle peut compter sur moi si elle a des questions, ou envie de partager ses inquiétudes ou son excitation.

J'aime sa main dans mon cou, elle est chaude contre ma nuque fraiche.

"Ce que nous voudrons ? C'est une phrase dangereuse, je risque de ne jamais te laisser repartir." J'inspire quand je sens ses ongles venir griffer ma peau, légèrement, assez pour m'éveiller, pas assez pour me faire mal. "Plusieurs... quoi ?" Je la regarde, faussement étonné, avant de rire.

La jouissance physique n'a jamais été ce que j'ai recherché, jusqu'à présent... Sa jouissance est ce que je vais rechercher lors de notre première fois, avec autant d'application dont je suis capable, à défaut de savoir-faire. Je ronronne presque à son oreille. J'ai hâte de la voir à l'œuvre, vraiment hâte. Je peux imaginer d'ici sa main se glisser entre ses cuisses, moi qui la rabroue parce qu'elle va trop vite... Est-ce que ce sera elle puis moi ? Ou nous deux en même temps ?

Par la suite, elle essaie de me rassurer, en vain, sur la banalité de mes fantasmes. Ils n'ont rien de normaux, et je doute qu'aucun autre client à l'Oasis n'ait les mêmes... précisément parce que les miens nécessitent une confiance aveugle de la part de l'autre, une confiance qu'on ne peut pas avoir en échange d'argent. C'est quelque chose de trop... spécifique.

"Je pense sincèrement qu'aucun client ne t'a demandé ce que je... ce que j'aimerais te demander." Si tant est qu'un jour, j'ose. "Je ne pense pas que ce sera trop pour toi, parce que tu as confiance en moi, une confiance que tu n'accordes pas aux autres. Et je pense aussi que s'il y a une personne qui puisse supporter cela, c'est toi." Si ce n'est pas le cas, cela restera un fantasme inassouvi, il l'est resté pendant si longtemps, ce ne sera pas une tragédie...

Quand elle en vient à elle, je suis particulièrement attentif, les yeux rivés sur ses lèvres qui prononces ses mots, ou dans ses yeux pour voir la dilatation singulière de sa pupille, signe que ce qu'elle prononce n'est pas anodin. J'hausse un sourcil. Aucun immortel n'a jamais osé de peur de la tuer ? "Attends... donner son sang à sa partenaire de la nuit dans le but de la soigner n'est pas une pratique courante ?" Bien sûr que non ! Et j'ai été stupide de le croire un seul instant. Pourquoi un immortel donnerait son sang à une prostituée ? Je connais trop bien mes pairs et leur égoïsme à présent. "Je pense que..." je m'approche de son oreille, pour y glisser "Nous serons particulièrement... compatibles." avant de mordiller son cou.

Sa danse lascive est une douce torture à laquelle je me livrerai bien toutes les nuits si elle le voulait, juste pour voir lequel de nous deux craquerait en premier. Je suis vierge, mais elle est vivante... Deux états de faits qui nous poussent l'un vers l'autre à commettre le péché de chair.

"...Sept... jours... ?"

Je suis très étonné par sa maîtrise, et encore plus par l'utilisation de ce chiffre hautement symbolique. Va-t-elle réellement tenir sept jours ? Je change de position, sous elle, afin d'être plus à l'aise... Avant de décider de corser un peu le jeu. Si elle veut jouer à ça, alors soit.

"Soit, sept jours, à l'issue desquels tu me retrouveras à la tombée de la nuit, dans mon ancien foyer. Je te ferai à manger copieusement. "

Mes mains s'accrochent à elle. Voilà qui va rendre le jeu un tantinet plus dur, pour nous deux.

"Mais... demain à minuit, retrouve-moi à l'auberge du miel bleu, au sud-est de la ville. Je te montrerai ce que sont devenus les clapiers... Viens seule. Si cela t'intéresse toujours, bien sûr."

Comme rendez-vous romantique, il y a beaucoup moins sordide. Cependant, j'aime à penser que nous ne sommes certainement pas du même bois que les autres couples de New Abbotsford, ou même des alentours, que ce soit ici, ou ailleurs, maintenant, ou avant.

"Il ne me reste plus qu'à faire porter la lettre et l'argent, et tu seras libre de faire ce que bon te chante, à l'Oasis, ou ailleurs."

Et tu seras enfin à moi.

Je souris aux mots qu’il me souffle, à cette crainte qui s’est installée en lui plus rapidement que je n’aurais pu l’imaginer. S’il ne fait rien, s’il me laisse rester humaine, alors il me perdra un jour ou l’autre. C’est le lot de tous les mortels. Certains l’acceptent, d’autres comme moi, le refusent. Si au contraire, il prend le risque de tenter ma transformation, alors il y a une chance pour qu’il ne me perde pas. Ou avec beaucoup plus de difficultés. Les immortels ne sont pas invincibles -la preuve avec ce meurtre très récent- mais ils sont bien plus résistants que je ne le serais jamais si je devais rester dans cette condition. Pour lui répondre, je lèche sa lèvre meurtrie. Je n’ai pas envie de le quitter non plus ou qu’il disparaisse. Mais l’un comme l’autre, il y a peu de risque que ça arrive.

Ne jamais me laisser repartir… Je ris légèrement à cette idée plus que plaisante et je n’ai guère de mal à le croire. Après tout, j’ai la terrible impression que plus nous passons de temps ensemble, plus souvent, plus il est compliqué ensuite de le laisser et revenir à mon quotidien. Et mon intuition me dit qu’il doit en être de même pour lui. Mais si nous parlons sexe, je suis certes endurante de par mon métier mais…

« Je te rappelle que je suis humaine. Je ressens la fatigue bien plus rapidement que toi ! » Que je lance, faussement outrée d’entendre qu’il ne me laisserait plus partir. Je lève les yeux au plafond sous sa question. Il me fait marcher ? Nous sommes d’accord ? Bien sûr qu’il me fait marcher ! « Des orgasmes mon cher… » Je murmure tout contre son oreille, d’une voix pleine de sensualité. « Tu vas aimer les atteindre autant que la façon de les atteindre. » Si je suis sûre de moi ? Bien évidemment !

Je ne serais pas l'une des Sept si je ne remplissais pas cette part de mon job. Une partie que j’ai appris à apprécier à défaut de toujours décider avec qui je suis. Mais peut-être qu’à partir de cette nuit, les choses vont changer… Nous verrons. Je ne me suis jamais laissé aller à l’espoir, je ne vais pas commencer en cet instant. Bien que ce sentiment ne soit très loin.

Je constate que je ne parviens pas réellement à le rassurer, il me semble toujours presque honteux de ce qui se cache dans son esprit. Mais qu’il me le dise ! Sinon, je risque très fortement de passer les prochains jours à faire une liste de tout ce qui peut être refusé par mes pairs ou moi lors d’ébats à l’Oasis. Mais je note cependant cette envie qu’il a de m’en faire part, encore plus quand il reconnaît que je pourrais être la bonne personne pour l’entendre.

« Alors tu me le demanderas quand tu seras prêt à te montrer à moi. »

En effet, je n’accorde normalement pas autant de confiance aux autres mais… J’ai fait le deuil de cette conviction depuis quelque temps déjà, le concernant. Est-ce que si un autre immortel m’avait partagé autant son sang que Lucius l’a fait, c’est cet autre qui serait à sa place à cet instant ? Honnêtement, je ne pense pas. Les choses n’ont jamais semblé aussi naturelles qu’en sa compagnie. D’aucun dirait que je suis sûrement sous l’influence de son aura et peut-être que c’est en partie le cas mais… pas ça n’explique pas tout.

J’éclate alors d’un rire, particulièrement spontané, quand il émet l’idée qu’un vampire puisse partager son sang avec une mortelle et de surcroît une prostituée. Si certains peuvent peut-être le faire avec leur régulier, ça n’a jamais été mon cas. Peut-être parce que je n’ai jamais osé demander pareil service ?

« Les vampires sont arrogants et égoïstes… » Ce que je valide parfaitement et sur lequel je ne vois aucun reproche à formuler. C’est un fait, rien de plus. « Je pourrais mourir demain. Pourquoi partageraient-ils quelque chose d’aussi précieux avec un passe-temps ? »

Mais encore une fois, ce n’est pas un reproche dans ma voix. Bien que je sois heureuse d’y avoir goûté en sa compagnie. Lucius possède ce côté bienveillant sans se rendre compte que ce n’est pas dans la norme des choses. ”Compatibles.” C’est un mot simple mais qui me convient parfaitement. Je laisse mon corps frissonner sous ses douces morsures, comme pour répondre positivement à ces mots.

« Il me tarde de découvrir à quel point nous le sommes. »

Allons-nous placer des attentes trop hautes envers l’autre ? Des attentes qu’on ne pourra peut-être pas atteindre ? Peut-être. Ou pas. Quoi qu’il en soit, il est certain que j’ai rarement eu aussi hâte de découvrir les fantasmes d’un partenaire et d’oser imaginer satisfaire l’un des miens.

Il accepte ! Diable, il accepte la condition des sept jours ! Pourquoi ai-je donc voulu jouer à ce point ? C’était presque certain qu’il y répondrait ! Je fais une moue presque dépitée, l’espace d’une seconde, à cette annonce, avant d’hausser un sourcil à la suite de ces dires. Pourquoi ce long frisson à l’annonce de ce rendez-vous ? Parce que j’aime la façon dont il m’ordonne presque la marche à suivre, la façon dont il se montre impérieux. Cette attitude lui va bien.

« A manger… Oublies le “copieusement”... » Je le supplie presque. Je n’ai pas besoin de manger pour trois jours en une seule nuit ! Surtout en sachant le programme très probable de la suite de la soirée. « Je t’y rejoindrais. » La promesse est dite et il faudra m’enfermer pour ne pas l'honorer.

La suite me surprend un peu. Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’invite dès le lendemain à aller visiter les anciens clapiers de la Cité. Serait-ce pour éviter de passer plusieurs nuits sans me voir ? Il ne veut pas prendre ce risque ?

« Le miel bleu, à minuit, demain. » Je confirme ce nouveau rendez-vous, bien plus proche que celui au foyer. Peut-être moins sensuel aussi. Quoi que… « Si je viens à toi demain, cela signifiera que ta demande a été acceptée par De Valroy. »

J’observe l’heure du coin de l'œil et pousse un soupir long et plaintif avant de l’embrasser à en perdre le souffle - pour moi du moins. Il est l’heure. Il ne lui reste qu’une vingtaine de minutes, tout au plus, avant d’être en retard pour son rendez-vous. Je me lève alors, repositionne ma robe et attrape ma cape. Je reviens à sa hauteur et lui souffle à son oreille.

« Ce petit con a intérêt d’avoir des gros problèmes, pour t’enlever à moi. » Je mords son cou, violemment, mais pas assez pour laisser de trace, du moins, rien qui ne va vite disparaître. « Au revoir, mon doux Lucius. »

Je quitte le bureau avant de fermer la porte à clé et d’avaler la dite-clé pour qu’il ne sorte pas avant… De suite.