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The Devil Within | Lucius



29.02.24 15:51

Elianne Woodlow
The Devil Within | Lucius Vu9h
֎ Faciem : Anya Taylor-Joy
֎ Diem natalis : 25 ans, née le 11 août 2365
֎ Officium : Danseuse et prostituée au Oasis Pleasure - Colère
֎ Locus : New Abbostford
֎ Tutor : Oasis Pleasure
֎ Matricule : NA6537201
֎ Nuntium : 120
֎ Adventus : 06/01/2024
֎ Color : #25AB9D
֎ Pseudo : Kyalema
֎ Crédits : avatar : @caelestisart
The Devil Within | Lucius Bl94
Elianne Woodlow
Les Enregistrés Exclusifs
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The Devil Within


Encore une nuit passée aux bras -et crocs- d’un Immortel. Thane est un client régulier qui sait s’y prendre. C’est agréable de l’avoir dans mon lit. Mais cette fois, il y est allé vraiment fort. M’en plaindre ? Absolument pas. C’est même très bien. Le timing parfait pour aujourd’hui, pour ce que j’ai en tête. Bien sûr, je pourrais aller voir le médecin de l’Oasis, lui montrer mes plaies et me les faire soigner. Je pourrais même le faire moi-même, puisque je sais comment faire pour ne pas que cela s’infecte et qu’il est toujours préférable de ne montrer aucune forme de faiblesse -quelqu’elle soit- dans cet environnement.

Mais pas aujourd’hui. J’ai une toute autre idée en tête. Elle y est même présente depuis un moment et je n’avais pas encore le bon physique pour la mettre en œuvre. J’ai entendu parler de cet homme, ce vampire, qui aide les plus démunis, les humains. Il parait qu’il met un point d’honneur à respecter ceux dans ma condition. Je n’aime pas ça. Dans ce monde, il faut survivre par soi-même. Si l’on doit compter sur l’aide d’une tierce personne, c’est qu’on ne mérite pas de survivre. Alors pourquoi agit-il ainsi ? C’est trop étrange pour que ce soit vrai. Oh bien sûr, il y a des Immortels qui nous traitent bien mais à ce point ? Ce comportement doit forcément cacher quelque chose. Il doit cacher quelque chose derrière cette attitude de bon samaritain. Personne ne se montre aussi avenant avec des inconnus pour rien, encore plus quand ces individus possèdent du pouvoir.

Alors je sors de l’Oasis, cape noire sur les épaules et petite tenue en dessous. Je dois aller voir ça par moi-même. Je dois savoir si ce qui se dit est vrai. Et pourquoi pas m’en servir. Il peut être toujours bon d’avoir des connaissances de ce type dans son entourage. Du moins, c’est ce que j’entends depuis des années, que l’isolement est dangereux. Je trouve que je m’en sors plutôt bien, seule, depuis toutes ces années mais il est vrai que mon alliance avec Avarice s’avère utile à bien des égards. Et sans dire que nous nous reposons l’une sur l’autre -ce serait complètement faux-, il existe malgré tout un accord tacite entre nous pour s'entraider.

Lorsque j’arrive sur place, je marque un petit temps d’arrêt. C’est la première fois que je mets les pieds au Sanctuaire. Depuis toutes ces années où je vis dans la Cité, c’est la première fois où je rentre dans l’enceinte de ce bâtiment et que je peux observer son sein. Et je dois dire que je déteste tout particulièrement cette atmosphère de quiétude et ce calme environnant. C’est trop paisible. Cela me rappelle un peu trop l’extérieur et les dangers qui y sont tapis. Pour un peu, je pourrais m’attendre à entendre l’un de ces cris horribles s’élever de derrière l’une de ces portes. Mais je n’en montre rien. Quand on évolue à l’Oasis, nous apprenons très vite à ne rien laisser paraître. Et si une émotion se lit sur notre visage, c’est bien parce que nous avons décidé de la faire voir. Mais elle est souvent factice.

Bref, on m’a décrit l’homme, l’immortel, qui s’occupe des âmes et corps en peine. Je le cherche des yeux tout en prenant l’air d’être perdue. Ai-je déjà dit que les danseurs de l’OP sont d’excellents acteurs ? J’ai une idée bien arrêtée sur comment je vois la suite des choses, sur comment je vais le manipuler pour m’approcher de lui. Est-ce que cela fonctionnera ? Nous verrons bien. S’il faut être sûrs d’une chose dans cette cité, c’est que tout ne se passe pas toujours comme nous le voulons. Quant à l’espoir, il faut apprendre très tôt à faire taire ce sentiment sinon il vous bouffe de l’intérieur.

Je fini par l'apercevoir. Pas aussi grand que ce à quoi je m’attendais, les cheveux aussi noirs que prévu et un petit quelque chose dans le regard qui m’interpelle. Une lueur que je vois parfois chez certains de mes clients les plus réguliers. Mais il m’est impossible de deviner de quoi il en retourne exactement, surtout aussi bref fut cet aperçu. Peut-être même ai-je rêvé ? Je m’approche, ma cape autour de moi, les bras enroulés sous ma poitrine et je m’installe dans un coin mais en évidence malgré tout. Il faut qu’il me remarque. Qu’il vienne vers moi de lui-même. Que je le teste. Je fais mine de souffrir légèrement en me déplaçant mais sans que ça ne soit trop et toujours avec une certaine pointe de fierté -parce que ce sentiment à la peau dure quand on travaille à l’Oasis.

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03.03.24 12:12

Lucius Malkavian
The Devil Within | Lucius 1b13b969adb0c0a3415ef5bcf3449082ea707fb2
Je peux te sourire, mais dans ma tête, je t'ai déjà sans doute brûlé sept fois.
֎ Faciem : Joaquin Phoenix
֎ Officium : Prêtre et conseiller de l'égalité
֎ Locus : Le Sanctuaire
֎ Creator : L'Ombre
֎ Nuntium : 268
֎ Adventus : 04/10/2021
֎ Multicomptes : Omen
֎ Pseudo : Shenzy
The Devil Within | Lucius 3abb9ffe5b6ca9a5bdc0a701d720f48a4093f4d1
Lucius Malkavian
La Régence
https://lrth.forumactif.com/t2186-lucius-malkavian-la-folie-est-un-don-de-dieu https://lrth.forumactif.com/t2188-lucius-malkavian-les-vivants-savent-qu-ils-sont-fous#51023
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La colère, comme l'amour

est aveugle

@Elianne Woodlow


2390 | Le Sanctuaire

Mon regard se perd dans les flammes de la grande cheminée du sanctuaire. Je suis là, parmi mes protégés qui dorment de tout leur saoul et de leur souffle apaisé. Avoir une vie diurne est une chose à laquelle j'aspire, mais dont je ne suis plus capable. Je repense au temps où une vie souterraine était possible, une vie derrière les écrans lumineux, une vie qui ne me convenait déjà plus. Je soulève une buche pour la placer au centre des flammes qui ne tardent pas à venir tâtonner cette nouvelle nourriture, timidement d'abord, puis plus férocement. Les moments de calme, dans mon existence, sont très rares, et sont consacrés exclusivement à la contemplation, pour ne pas craquer, pour ne pas donner raison aux gens qui m'ont enfermé avec les fous.

Je ne suis pas fou.

Ce sont les autres, qui le sont.

Tous les autres.

Ces flammes sont si magnifiques que mes lèvres s'entrouvrent. J'ai envie de remettre une buche juste pour sentir un début de chaleur, une morsure bienvenue, un danger latent. Ma main s'approche tranquillement des flammes tandis que mes yeux dansent avec elles.

"Révérend ?"

Je me retire de ma contemplation en sursautant, comme si je m'étais brûlé, ou plutôt comme si j'avais été pris sur le fait de commettre l'irréparable. Un jeune homme se tient non loin de moi, encore vêtu d'un pyjama. Visiblement, il a eu vraiment peur. Il cherche en lui-même une excuse pour m'avoir interrompu.

"Nous allons ouvrir les portes pour la journée, mon Révérend."

Sans dire un mot, j'approuve de la tête. Mon existence m'a déjà rattrapée, mes devoirs m'appellent et ils sont nombreux. Je redeviens celui que je suis en public et je lui fais un sourire bienveillant et aimable avant de me redresser. Mon corps qui communique avec moi, m'envoie de la douleur de courbatures ou d'épuisement me manque cruellement. J'ai l'impression de ne plus être vivant, de ne plus ressentir d'émotions comme avant... ou de ne ressentir que des émotions sombres.

Les humains envahissent la salle et je me tiens à l'écart du soleil qui est projeté par les portes ouvertes. Heureusement qu'un bâtiment religieux demeure toujours un peu sombre. Cela m'a toujours fasciné à quel point le fait qu'eux seuls tiennent avaient été pratiques pendant mes voyages. C'est un peu comme, malgré l'Apocalypse, ces endroits étaient curieusement adaptés à un vampire cherchant une ombre sûre dans son pèlerinage.

Quelque chose me tire de mes réflexions, un battement de cœur nouveau, un souffle. Mon regard se perd dans la foule et je remarque une jeune fille que je connais de quelque part sans réellement savoir où je l'ai vue exactement. Elle n'est jamais venue ici, c'est une certitude, et elle a l'air en état de détresse le plus total. Je m'approche directement vers elle, j'entends un cœur calme qui tranche avec l'odeur du sang séché. Elle a été mordue, plusieurs fois. Si j'y prête attention, je pourrais presque reconnaître le vampire qui lui a fait ça. Une fois arrivé à sa hauteur, je m'agenouille devant elle pour m'adresser à la nouvelle venue.

”Bienvenue à vous. Je suis Père Lucius, à votre service. Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ?”

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16.03.24 11:05

Elianne Woodlow
The Devil Within | Lucius Vu9h
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The Devil Within


Le voilà. Je le sens s'approcher de moi sans même avoir besoin de lever davantage les yeux en sa direction. Côtoyer ces immortels à longueur de temps depuis toutes ces années me facilite la tâche. Ils possèdent tous ce petit quelque chose qui les distingue de nous, pauvres mortels. Ils possèdent cette aura, cette prestance presque surnaturelle qui les rend uniques. Je ferme les yeux pour me reprendre et ne pas me perdre dans mes pensées. Je ne suis pas ici pour m'extasier devant celui-ci, d’autres bras m’attendent à l’Oasis. Il me faut me reprendre. Mais c’est une chose aisée à faire dans mon domaine. On apprend très vite à passer d’une pensée à l’autre pour ne pas se laisser totalement distraire. Je ferme néanmoins ma paume droite et la serre fort, histoire de sentir mes ongles grignoter ma chair. La douleur, fugace, me ramène totalement à l’instant présent, au moment même où il se poste devant moi. Il n’a rien d’envahissant mais sa présence enveloppe l’air d’une étrange façon. Presque douce.

Je redresse les yeux pour croiser les siens lorsqu’il prend la parole. Trop doux. Même sa voix est posée et maîtrisée à la perfection, comme s’il ne voulait pas m’effrayer. Qu’il est mignon. Encore un qui succombe au jeu de l’humaine en détresse ? Je resserre ma poigne autour de ma cape, comme pour me protéger davantage, presque naturellement. Après tout, jouer la comédie est devenu une seconde nature chez la plupart des Péchés, à tel point qu’il est difficile de savoir quand nous sommes vraiment au naturel. L’est-on seulement  un peu ? J’en doute. Mais là n’est pas la question et ce n’est pas le moment pour ce genre de divergence.

« Je suis si fatiguée. » Je souffle, presque lasse, en l’observant de plus près. Comme si je ne me rendais pas compte de ce qui sortait de ma bouche. Mais chaque mot est pensé et pesé. Et s’il ne tombe pas dans mon jeu ? Alors ça voudrait dire que j’ai du soucis à me faire quant à ma place de Péché.

Je me perds momentanément dans l’observation de son visage si proche. Ses traits sont fins, la commissure de ses lèvres donne l’impression qu’il esquisse régulièrement des sourires. Et en parlant de ses lèvres, cette cicatrice a l’air profonde. Les Immortels ne sont-ils pas censés être parfaits ? Je réfrène ma terrible envie de venir passer le bout de mes doigts -ou de ma langue- sur cette trace de vie si visible. Et je me reprends pour lâcher des yeux cette particularité. Mais l’ai-je trop longtemps regardé ? S’en est-il rendu compte ? Et si c’est le cas, que va-t-il faire ? Je fais signe de me reprendre et le lâche des yeux un instant, pour poser mon regard sur ce qui nous entoure, sur tous ces gens -pathétiques- qui viennent trouver je-ne-sais-quoi entre ces murs imposants.

« Je ne sais pas pourquoi je suis venue. »

J’avoue à demi-mot, comme pour justifier que je n’ai rien à faire là. Y ai-je ma place ? Bien évidemment que non. Pas au milieu de tous ces êtres cherchant protection et aide. Ils me donnent presque envie de vomir, eux et leur faiblesse. Ils mériteraient tous d’aller faire un tour à l’extérieur de la Cité pour voir qu’ils ne sont pas aussi mal lotis.

« Que faites-vous ici ? Pourquoi sont-ils si nombreux ? »

Qu’il prenne ma question pour lui personnellement ou pour l’ensemble de ses employés-?- importe peu. Même si j’ai une petite préférence pour la première option. Je sais ce qu’ils font ici : ils rendent la vie plus facile à des moins que rien. A tous ces humains qui attendent bien gentiment qu’on vienne les sauver. Je ravale cette douce colère qui n’est jamais très loin, l’apaise pour la rendormir. J’ai entendu parler, sûrement de la part d’un de mes clients, d’un concept d’évolution qui me gardait que les plus forts et résistants, les plus débrouillards. Pourquoi n’y avons-nous pas le droit, ici aussi ? A l’extérieur, c’est d’une logique infaillible, alors pourquoi pas ici ? Leur sang est-il seulement agréable en bouche ? Je sors de mes pensées pour écouter sa réponse, après tout, je suis ici pour lui.

Ai-je conscience de ne pas avoir vraiment répondu à ces interrogations ? Bien sûr. Je ne lui ai pas encore donné mon prénom volontairement. S’il veut l’obtenir, il va falloir qu’il me donne envie de le lui révéler.

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29.03.24 16:40

Lucius Malkavian
The Devil Within | Lucius 1b13b969adb0c0a3415ef5bcf3449082ea707fb2
Je peux te sourire, mais dans ma tête, je t'ai déjà sans doute brûlé sept fois.
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The Devil Within



Par un effet étrange, la musicalité de son corps, ses battements de cœur, son souffle, la pulsion de son sang à travers ses veines... ne fait absolument pas écho aux autres personnes présentes ici. Cela s'explique par ses quelques mots. Elle est épuisée. Elle me regarde tandis que je l'observe. Si je n'ai pas beaucoup d'expérience dans le domaine des bagarres de rues, j'en ai dans le fait de soigner certaines blessures. Aucune d'entre elles ne semble profonde, mais chacune a l'air d'avoir été pressée. Sur le corps de cette jeune femme, il y a l'odeur de beaucoup de vampires. Je ne suis pas dupe quant à ce qu'elle fait, ni quel genre de personne elle doit être. Et cela me dégoûte, non pas d'elle, mais de la part de mes pairs qui m'apportent une fois de plus la preuve ultime de leur bestialité.

À nouveau, je me sens comme un imposteur, comme un monstre, parmi mes réfugiés.

"Vous avez très bien fait de venir."

J'espère qu'elle n'en doute pas. Je me redresse, nous n'allons pas rester ici. Il faut que je m'occupe d'elle personnellement. Son cœur reste calme, quoique légèrement rapide, mais régulier. Elle n'est pas blessée. Outre sa musicalité, elle n'est définitivement pas comme les autres, je ne sais pas ce qu'elle veut, et cela me met profondément mal à l'aise de ne pas savoir comment lui venir en aide.

"Je recueille les gens qui en ont besoin, les victimes d'injustice, la plupart du temps..." La seconde question me fait avoir un sourire triste. "Ils sont nombreux aujourd'hui parce qu'ils sont persécutés et pris en grippe. Une femme qui a eu un bébé dont elle ne voulait pas vraiment, un homme qui recherche sa sœur portée disparue, mais dont tout le monde se moque, un enfant que son maître veut vendre à l'Oasis pleasure pour des besoins... particuliers."

J'en ai trop dit, je le sais, mais je ne me suis jamais caché de l'aversion que j'ai pour cet endroit. Si je ne recherche pas frontalement à le fermer, j'aimerais au minimum que leurs employés aient des droits. L'humanité a déjà marché sur le chemin qui consiste à traiter plus bas que terre tout ce qui leur semble inférieur, et cela nous a mené à là où nous sommes aujourd'hui. Autant ne pas continuer sur cette lancée. Un homme passe près de nous et commence à regarder notre nouvelle invitée d'un peu trop près. Est-ce qu'il la connait ?

"Venez avec moi."

Me redressant, j'ai une hésitation avant de me raviser à tendre la main à la femme. Même si elle m'inspire de la sympathie, il est inconvenant pour moi d'imposer un quelconque contact physique à qui que ce soit. Je l'amène jusqu'à la cuisine, beaucoup plus calme. Je suis heureux d'avoir à nouveau des denrées alimentaires propres à la consommation des humains. Je fais bouillir de l'eau afin de faire du thé. C'est la seule chose que je puisse partager avec mes protégés. Une fois la boisson servie, je prends place devant la femme. Je la contemple encore un peu, écoute à nouveau la musicalité de son corps.

"Hé bien, racontez-moi. "

Et avant qu'elle ose me poser la moindre question, j'ajoute.

"Racontez-moi tout ce que vous souhaitez, qui vous êtes, le besoin que vous avez eu de venir ici. Prenez tout votre temps, rien ne presse. Est-ce que vous avez faim ?"

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29.03.24 23:55

Elianne Woodlow
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Il me rassure de sa voix bienveillante, me dit que j’ai ma place ici, parmi tous ces humains en quête de soutien. Pourtant, quand mes yeux se posent autour de nous, je n’ai qu’une envie : quitter ce lieu. Je suis certaine qu’il n’y a rien de vrai dans tout ce qui nous entoure. Ce Père en tête de la liste. Comment peut-il passer ses journées entouré d’autant d’êtres si faibles ? Je ne comprends vraiment pas. J’attends sa réponse, je l’observe attentivement comme pour tenter de lire dans sa gestuelle ce que sa voix ne me dira pas. Sera-t-il honnête avec une inconnue ? J’ai de terribles doutes là-dessus. Personne ne l’est vraiment. Jamais.

Je suis néanmoins surprise par ce qu’il me répond. Des victimes d’injustice ? Je fais mine de réfléchir à ces propos. Possède-t-il seulement la même définition du mot “injustice” que la plupart des gens ici ? Il est possible que la réponse soit négative. Comment le pourrait-il ? Chacun a sa propre vision de l’injustice, en fonction de ses désirs et ses attentes, de son passé et de son vécu. Je garde le silence car je sais que mes pensées ne sont pas celles qu’une jeune femme en détresse doit avoir. Avec ma force de caractère, je n’ai rien en commun avec ces autres humains, si ce n’est notre espèce. Je reporte toute mon attention sur Lucius et note ce sourire triste. Joue-t-il aussi bien la comédie que moi ? Ou est-il sincère dans ce qu’il ressent ? D’aucun dirait que les immortels ne peuvent pas ressentir ce genre d’émotion mais je ne suis pas d’accord. Malgré leur condition, ils sont capables -parfois- de bien plus de sentiments que les humains. Alors je lui laisse le bénéfice du doute quant à ce qu’il laisse apparaître.

Persécutés ? J’hausse un sourcil sans l’interrompre. Je me renferme presque dans ma cape lorsqu’il termine sa tirade. Presque comme pour cacher un peu plus de mon corps. Je pourrais me trahir à agir ainsi, lui donner un indice de l’endroit d’où je viens mais je suis sûre qu’il en sait beaucoup plus sur moi qu’il en laisse paraître. Ne dit-on pas que les immortels ont des sens bien plus développés que nous ? J’en ai eu la confirmation par le passé : un client qui avait senti l’odeur d’un de ses rivaux -ou je ne sais quoi- sur moi malgré ma toilette faite. Pour sûr, Lucius sait ce que j’ai fait cette nuit, peut-être même avec qui. Et visiblement, il n’a pas une très bonne opinion de l’Oasis. Comme beaucoup d'individus dans cette Cité, parce que c’est bien de dénigrer cet endroit de vice. Mais comme beaucoup, y a-t-il déjà mis les pieds pour un peu de plaisir ? Si c’est le cas, il sera alors comme beaucoup : un putain d’hypocrite. Combien de clients m’ont déjà murmuré qu’ils détestaient l’OP et la façon dont nous étions traités, tout en se payant mes services ? Bien trop pour que le compte ne soit retenu.

Mais que fait Lucius pour tous ces gens ? Leur donne-t-il une épaule pour pleurer ? Une oreille pour écouter leur malheur ? Un endroit où se cacher ? Où oublier leur ennui ? Je dois avouer que je ne comprends pas ce besoin de se voiler la face. Si cette femme ne voulait pas de ce gosse, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait retirer avant l’accouchement ? Ou même tuer après ? Je sais, ces pensées doivent paraître horribles alors je les garde pour moi. Mais ça arrive bien plus souvent qu’il n’y paraît, ce genre de chose, et cette femme ne serait pas ici à se plaindre si elle avait prit une autre décision. Je croise le regard d’un homme, probablement un client de l’Oasis vu sa façon de me regarder. Mais pas un des miens, alors il a le droit à un regard dédaigneux de ma part. Je suis un Péché, pas n’importe quelle pute du coin, il ne faudrait pas l’oublier.

Je suis Lucius sans un regard de plus vers cet amas d’humains et je suis Lucius. Devrais-je avoir peur de me retrouver seule avec l’immortel, alors que je ne le connais pas ? Peut-être. Mais ce n’est pas le cas. Un jour, cette attitude me coûtera sans doute la vie mais qu’importe. Vivre avec des regrets et de “si” amènent bien trop d’amertume et j’ai assez à faire avec ma colère pour ajouter un autre sentiment permanent en moi.

Je m’installe et je dois reconnaître qu’il fait bon dans cette cuisine. Sans faire trop chaud, la température est agréable et les odeurs le sont tout autant. Je le remercie pour le thé qui sent bon. J’entoure mes mains autour de la tasse un peu brûlante et me retiens de soupirer lorsqu’il m’invite à parler. Alors c’est vraiment ainsi qu’il occupe ses journées ? A écouter des inconnus lui raconter leur vie ?

« Le thé suffira, merci. » Je ne viens pas faire la manche non plus.

Et malgré les bruits qui courent, l’Oasis nourrit convenablement ses bons atouts. Atouts dont je fais partie, évidemment. Je soupire légèrement avant de porter la tasse à mes lèvres. Malgré la simplicité de ce geste, il n’en est pas moins souple et élégant. Il faut dire que les habitudes de bien paraître ont la vie dure. Puisqu’il a tout son temps, je joue un peu sur la longueur, en buvant quelques gorgées avant de reposer la tasse.

« Je n’ai pas eu besoin de venir ici. Du moins, je ne le pense pas. »
Je suis légèrement plus droite, moins renfermée mais pas encore hautaine. « Comme vous l’avez sans doute deviné, je viens de l’Oasis Pleasure et il est parfois difficile de trouver un peu de repos. »

Je ne le lâche pas des yeux alors que je lui avoue d’où je viens, pour capter la moindre de ses réactions. Va-t-il avoir un mouvement de recul ? De dégoût de partager un thé en ma compagnie ? Il arrive, qu’à l’extérieur de l’Oasis, ce soit le genre de réaction qui s’accompagne d’une telle déclaration. Mais je m’en fous. J’aime danser et être désirable. De plus, ma condition de Péché me permet de bénéficier d’appartement individuel mais il n’a pas besoin de le savoir dès à présent.

« Et je me suis souvenu de ce qu’on dit de cet endroit… J’ai voulu le voir par moi-même. »


Je porte de nouveau la tasse à mes lèvres, me demandant si je continue de parler ou si je le laisse répondre quelque chose. Je tranche rapidement et poursuis sur ma lancée :

« Est-ce donc ça que vous faites de vos journées ? »
Voilà, la question est lancée. « Vous écoutez des gens se plaindre ? » Je laisse échapper un sourire amusé et ajoute. « Nous avons presque le même boulot : j’écoute aussi ceux qui viennent me voir. »

Bien sûr, les confidences sur l’oreiller ne sont sûrement pas du même acabit mais la ressemblance est un peu trop frappante pour que je n’en fasse pas la remarque. Va-t-il s’en offusquer ? Ne connaissant pas l’individu, je ne peux émettre aucune hypothèse.

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30.03.24 11:26

Lucius Malkavian
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The Devil Within



Pourquoi ai-je cette impression étrange que ma vie vient de prendre un nouveau tournant, de l'un de ceux que je n'ai absolument pas choisis ? Mon regard se fait plus attentif sur cette femme. Je sais que chaque marque qu'elle porte provient de quelqu'un que je ne peux que détester du plus profond de mon être. Naturellement, cela peut provenir d'une personne qui lui a demandé son avis, avec qui elle était d'accord, mais alors que mes yeux trouvent et caresse une nouvelle balafre, je me mets à en douter. L'odeur de ces blessures me prend au nez et à la gorge tant et si bien qu'une légère lisière rouge commence à briller au coin de mon œil. Non, je ne serai pas émotif pour si peu, j'en ai vu d'autres, plein d'autres. La chose qui m'est insupportable en cet instant est de savoir qu'il y en a qui prennent plaisir à faire cela quand d'autres sont payés, ou ont simplement le droit de survivre. Quel intérêt ? Quel gâchis...

Mon récit ne se perd pas dans ma contemplation, et j'arrive à rester stoïque pendant le temps de l'échange. Je parviens même à m'isoler avec elle. Cela fait naître un sentiment d'intimité que je ne suis pas certain de vouloir en cet instant. C'est cependant nécessaire, elle a besoin de moi. Cette dernière pensée est immédiatement démentie par ses propres morts. Une femme qui a envie d'avoir un sentiment de liberté, ou une sensation de force ? Elle n'a pas à essayer de m'épargner ce genre de chose. Je l'accepte pour ce qu'elle est, rien de plus.

L'Oasis Pleasure...

"Non, je ne l'aurais pas deviné. Ce n'est pas ce qui vous caractérise, pour moi. Contrairement à la plupart des vampires de la cité, je n'y ai jamais mis les pieds."

Fort bien ! Encore une preuve de plus que les employés là-bas ne sont pas si bien traités qu'on essaye de prétendre ! S'ils ne peuvent même pas s'accorder un minimum de repos, c'est tout simplement scandaleux. J'inspire lentement, et expire, plus pour essayer d'évacuer ce sentiment horrible qui s'insinue en moi, que pour réellement me détendre. Respirer ne me sert plus à rien, après tout. Je déteste cet endroit, il n'apporte que du malheur sous une belle illusion scintillante. Il offre à tous, employés et clients, le fait d'être en compétition les uns avec les autres. Dans un monde comme le nôtre, je n'en vois pas l'intérêt.

"Je suis navré d'entendre cela. Vous pouvez venir vous reposer ici autant que vous le souhaitez. Vous ne serez pas dérangé."

Alors cet endroit est connu de tous. Je hoche la tête. C'est une triste constatation, mais c'est toujours cela. Quand les victimes et les opprimés seront les plus nombreux, je ne donne pas cher de l'avenir de cette cité. Je pose ma tasse, un tantinet brutalement, à sa question.

"Ça, quoi ?"

Mes sourcils se froncent, certain que je ne vais pas apprécier ce qui va suivre. Puis, j'éclate de rire, un rire nerveux, un rire fou. Heureusement que nous sommes isolés. J'arrive à reprendre contenance quelques longues secondes après.

"Ma chère mademoiselle. J'écoute, je comprends, j'abrite, je nourris, je protège, j'essaie de décider de nouvelles lois pour le bien de l'humanité, pour l'équilibre, j'essaie de les faire adopter, je me bats, nuits après nuits, dans un monde dans lequel les gens, vampires comme humains, sont devenus des animaux qui n'aspirent qu'à être triste, et à souffrir le plus possible. J'essaie de changer les choses avant qu'il ne soit trop tard."

Un nouveau ricanement, presque hystérique, avant que j'arrive à me calmer totalement.

"Mais ce que vous faites, j'en serai bien incapable. Je... n'ai... jamais... Offert mon corps à qui que ce soit. Le moindre contact physique est quelque chose qui ne se fait pas à la légère. L'acte charnel est sacré, contrairement à l'argent qui est un corrupteur fort."

Voilà où se trouve toute la différence entre elle et moi. Naturellement, je ne suis plus forcé au célibat depuis très longtemps. Mais ici, la vie de couple n'est en rien enviable. Comment vouloir quelqu'un qui a déjà appartenu à d'autres ? Comment vivre dans un endroit où il n'y a qu'à mettre la main à la poche pour obtenir les mêmes faveurs que l'on obtient à force de patience, d'amour, et de confiance ? Non, tout cela n'est pas pour moi.

"Cependant, je dois bien admettre que vous devez avoir accès à des informations qui seraient intéressantes et compromettantes, comme lors d'une confession, j'imagine. Et si vous me parliez de votre quotidien à l'Oasis ? Comment vous êtes vous retrouvé là-bas ?"

Je ne l'imagine pas avoir une place misérable, d'une part, c'est un établissement de luxe, et d'autre part... L'employeur qui aurait osé la sous-estimer est le dernier des imbéciles.

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30.03.24 21:49

Elianne Woodlow
The Devil Within | Lucius Vu9h
֎ Faciem : Anya Taylor-Joy
֎ Diem natalis : 25 ans, née le 11 août 2365
֎ Officium : Danseuse et prostituée au Oasis Pleasure - Colère
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֎ Nuntium : 120
֎ Adventus : 06/01/2024
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S’il ment, alors Lucius le fait très bien. Mais quoi de plus normal pour quelqu’un qui a sans doute traversé quelques siècles ? Si de pauvres humains sont capables de masquer leurs émotions et jouer avec, ça doit être un jeu d’enfant pour quelqu’un comme lui. A moins qu’il ne soit réellement jamais allé à l’Oasis ? Il ferait partie d’un nombre sûrement très restreint d’individus qui peuplent la Cité. Il ne serait pas venu, même par curiosité ? Pour voir de ses propres yeux ce qui s’y passe ? Je retiens un sourire à l’idée de le faire venir, un jour. Peut-être est-ce un petit défi personnel que je me lance. Nous verrons avec la suite des événements, s’il vaut la peine que je me donne du mal.

Je garde le silence encore un peu, la mine songeuse, le temps d’essayer d’analyser ce qu’il peut bien voir en moi et qui me caractérise. Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Il voit une pauvre humaine, esclave de sa condition, obligée de se vendre chaque nuit pour rester utile aux yeux de ceux qui l’ont acheté ? Cette vision m’enrage à l’intérieur. J’ai choisi ma position. J’ai choisi de rentrer dans cette putain de Cité. Pense-t-il que la vie, libre, à l’extérieure, est plus envieuse ? Est-ce qu’avoir la faim, le froid, la peur et la crasse comme amants journaliers est plus appréciable qu’un corps froid entre ses cuisses ? J’inspire longuement et essaye de chasser certaines pensées de mon esprit. Il n’est pas encore l’heure d’imaginer des plans pour lui faire regretter ce qu’il peut bien penser. Arrête avec tes spéculations. Tu réveilles la Bête pour rien Lia.

Comme pour le provoquer -à défaut de lui en vouloir vraiment- j’ôte délicatement ma cape, et la plie pour la poser sur le banc à côté de moi. Je me retrouve en nuisette, d’une belle couleur bleu roi, qui laisse voir mes blessures mais également les muscles fins et gracieux jusque là cachés. Je suis fière d’être un Péché, d’être parvenue où je suis aujourd’hui et de garder ma place depuis tout ce temps. Pourquoi devrais-je en avoir honte ? Je l’observe, surtout ses yeux. Par où vont-ils venir se perdre ? Mon cou, encore marqué par quelques morsures ? La naissance de ma poitrine qui se perd sous le fin tissu ? Mes bras, fins et musclés, quelque peu jaunis d’anciens bleus en train de s’estomper ?

« Je suis intriguée. Qu’est-ce qui me caractérise, selon vous, mon Père ? » Ma voix se fait plus suave, plus douce et également plus basse. Est-ce du flirt ? Pas encore.

En fonction de sa réponse, peut-être laisserais-je de nouveau mon esprit chaotique reprendre ses droits et imaginer des façons de me venger de son affront. Se venger d’un immortel ? C’est risqué. Mais peut-être pourrais-je trouver façon de l’atteindre sans jamais le toucher -physiquement- ? Je chasse vite tout ça de mon esprit et ajoute plutôt :

« Est-ce par dégoût, que vous n’y êtes jamais venu ? »

La question peut être brutale, j’en conviens. Tout comme la réponse qui pourrait l’accompagner. Mais la brutalité fait partie de la vie, il faut savoir l’accepter.

Voir son corps se tendre légèrement et presque de manière imperceptible me donne quelques informations. Serait-il énervé par ce qu’il entend ? Par les conditions de certains humains à l’Oasis ? Visiblement, il me croit sur parole. Il ne remet pas en doute ce que je lui annonce. Parce qu’il est plus facile d’entendre cette version ? Qu’en serait-il, si je lui disais que je ne suis pas si mal là-bas ? Que je n’échangerais pas ma place pour un autre boulot ? Quelle serait sa réaction si je lui avouais le prochain palier de mon avenir ? Celui auquel j’aspire depuis des années ? Il est trop tôt pour venir parler de ça.

J’incline la tête à son invitation. Je reviendrais en ces lieux s’il me donne une raison de le faire. Mais je suis certaine qu’il le fera, peut-être malgré lui.

Oh ? Une lueur délicate passe dans mes yeux lorsque le son de sa tasse se fait entendre, sans me faire sursauter. Cela aurait pu, mais il est compliqué de surprendre par le bruit, quelqu’un qui travaille dans un lieu qui ne dort jamais vraiment. Je l’observe entièrement et je souris en entendant son rire. Il ne le contrôle pas. C’est un son qui chante sur mon derme, qui glisse sur ma peau à m’en donner des frissons. Voilà. C’est bien mieux que son image d’homme stoïque et maîtrisé. Mais je m’interroge. Que s’imaginait-il derrière mon ça ? Probablement autre chose que mes paroles. Aurait-il quelque chose à cacher, derrière ce masque de contrôle ? Je me mords légèrement la lèvre inférieure avant de chasser toutes les pensées qui m'assaillent. Je vais revenir. C’est maintenant une certitude. Je penche la tête sur le côté au fil de sa tirade. Je ne me sens pas triste. En colère, en quasi permanence. Mais certainement pas triste. L’est-il, pour généraliser ainsi ? Peut-être. Est-ce pour cette raison qu’il œuvre autant au bien des humains ? Pour compenser sa propre tristesse ? Pour se racheter ? Pour combler un vide qu’il ne parvient pas à oublier ?

Cette fois, c’est à moi de rire. Un rire qui n’a rien de forcé et qui n’est pas là pour le flatter. Un rire car je suis vraiment amusée par ce que j’entends. Mais je ne me moque pas de sa vision des choses. Seulement…

« Avec une telle pensée, je serais sans doute morte depuis des années. Mon corps est un outil, comme le stylo est celui de l’écrivain. Rien de plus. Mais chaque touché est pensé et n’a rien d’anodin pour autant. » Je marque une courte pause, avant de rebondir sur l’une de ses paroles qui me semble bien trop importante pour être oubliée. Tout amusement dans ma voix ayant disparu, je suis presque sérieuse. « Jamais vous dites ? » Cette fois, c’est moi qui suis presque triste pour lui. Pas étonnant qu’il soit si sérieux s’il n’a jamais goûté à pareil plaisir de la vie. Je soupire et prends mon visage en coupe, coudes toujours sur la table. « L’argent n’est pas toujours le moteur, même pour moi. » Il m’arrive de ne pas faire payer un client, parce que j’y trouve mon compte, moi aussi. Mais bien sûr, le suivant paye double. « N’avez-vous donc jamais eu assez confiance en quelqu’un pour y songer ? »

S’il vient me parler d’amour dans l’équation pour passer à l’acte, là, nous serons très certainement sur un autre sujet de discorde. Le seul amour que j’ai jamais ressenti était pour ma jumelle. Aujourd’hui, je suis bien incapable de dire si cette émotion fait encore partie de moi. J’apprécie certains de mes clients réguliers, j’apprécie les moments passés en leur compagnie et ce que nous faisons mais ce n’est en rien de l’amour. Je sors de mes pensées fugaces lorsqu’il admet néanmoins que nous pouvons obtenir des informations tous deux. J’hoche la tête, de manière entendue.

« Le sang et la sueur permettent en effet de délier les langues et parfois d’alléger la conscience. »


Je m’empare de la tasse délaissée. Il serait dommage de ne pas terminer ce thé. J’en bois alors quelques gorgées, laissant le silence s’installer doucement entre nous. Cela me permet de m’interroger. Dois-je lui dire d’où je viens ? Ou est-ce que je garde cette information pour plus tard ? Vais-je lui révéler ma place de choix à l’Oasis ? Peut-être. Je repose ma tasse, vide, avant de répondre, avec une certaine honnêteté.

« L’on raconte que ma place à l’Oasis est dûe au vampire qui se trouvait aux remparts de la Cité. »


Je me souviens encore avoir fait la seule chose dont j’étais encore capable malgré la fatigue et la faim : danser pour entrer. Je me lève alors, avec délicatesse et grâce. Je lui fais une révérence parfaite et fais quelques pas dans la cuisine. Du moins, ce que la place me permet de faire. Mon corps me tire un peu à cause de ma nuit passée, les quelques plaies présentes sur mes cuisses ne demandent qu’à se rouvrir si je tire trop. Je vais devoir m’en occuper si je ne veux pas que cela me crée des problèmes.

Je m’éloigne un peu de lui pour observer le reste de la cuisine, caresse certaines surfaces et je découvre une pomme. Rouge et parfaite. Je me stoppe face à elle et m’en empare -ne m’a-t-il pas proposé à manger un peu plus tôt ?- et en quelques pas félins, je reviens m’asseoir en face de lui.

« Contrairement à ce que vous devez penser : j’aime ma place à l’Oasis. » Je croque dans la pomme, son goût ravive mes papilles et son jus glisse au coin de ma lèvre. Jus que je ne perds pas, l’attrapant délicatement avec le bout de ma langue. « C’est parfois fatiguant, je l’admets mais j’ai travaillé très dur pour être ce que je suis. Pour y avoir ma place. Pour être regardée et désirée. C'est une sorte de pouvoir vous savez ? »

Lui avouer que je suis l’un des Sept Péchés de l’Oasis ? Je ne suis pas certaine qu’il sache ce que cela signifie. Et pour un peu, j’imagine que pour un Père, ce serait presque dérangeant ?

« Vous dites travailler pour l’équilibre. Mais quel est-il réellement ? » Je marque une pause, le temps d’une croque de plus dans cette pomme et j’ajoute. « Je viens de l’extérieur, où la peur de devenir un enragé est une amante parmi tant d’autres maux. Où leurs cris résonnent chaque putain de nuit. Où les humains libres n’ont rien à envier aux immortels de ces murs. » Ma langue claque entre mes lèvres alors que je reprends. « Vous savez, j’ai davantage confiance dans les vampires qu’en mes semblables. Vous avez quelque chose de plus authentique. » Je n’en dirais pas plus sur ce que je pense d’eux, ce n’est pas le propos en cet instant. Mais je continue sur ma lancée. « Pourquoi aider des êtres faibles ? Qu’avez-vous à y gagner Père Lucius ? Les hommes seront toujours envieux de leur voisin, qu'ils soient vampires ou non.  »

Outch. Peut-être n’aurais-je pas dû aller si loin dans mes questions. Pas avec un immortel que je connais seulement depuis quelques vingtaines de minutes. Mais jouer avec le feu ne m’a jamais fait peur et c’est une bonne façon de le tester, lui. Et puis, il n’y a étrangement aucune trace de jugement dans ma voix, je cherche sincèrement à comprendre sa démarche.

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31.03.24 17:36

Lucius Malkavian
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Je peux te sourire, mais dans ma tête, je t'ai déjà sans doute brûlé sept fois.
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Notre entretien est ponctué par le fait qu'elle retire lentement sa cape, presque comme pour se dévoiler petit à petit. Je regarde sa peau, mordue, abimée, à l'odeur de dizaine, de centaines, de salives, et sans doute d'autres fluides corporels. Quelque chose en moi s'allume, une colère sourde, celle de savoir que sitôt qu'elle sera repartie de là où elle vient, ce petit manège recommencera. Croiser une femme qui se donne à tant d'autres est toujours quelque chose de très perturbant chez moi. Rapidement, j'arrive à éteindre cette flamme... et je détourne les yeux.

"Ce qui vous caractérise est le fait que vous soyez ici, chez moi, et que vous y êtes en ce moment. Pour ma part, c'est tout ce qui devrait m'intéresser." Naturellement, je lui dois une plus ample explication. "A titre plus personnel, c'est le fait que vous soyez encore en vie, apparemment bien portante, et ce que vous allez faire à partir du moment exact de notre rencontre." En d'autres termes, comment ais-je changé le cours de son existence, et si je l'ai changée pour le mieux. Je suis perturbé par à la fois le calme soudain de sa musicalité, et la puissance de la pression sanguine dans ses veines.

Nous parlons de l'Oasis Pleasure et elle, comme tant d'autres, semble étonné au fait que je n'y ai jamais mis les pieds. Je n'ai pas à m'en expliquer, contrairement à tous les clients qui y vont.

"Non, ce n'est pas par dégoût, mais... Qu'y ferais-je ?"

Nettoyer, panser les plaies, écouter les gens qui ont besoin de parler... autant que je le fasse ici. Pour ce qui est des rapprochements physique, cela m'est impossible, et cela me sera sans doute à jamais impossible. Les corps qui se trémoussent sont, pour moi, autant d'esprits sans rêves, ou seuls ceux qu'on a bien voulus leur laisser. Pour la seule personne qui y travaille que je connais, je sais son regard, sans vie, où toute la passion a été remplacée par de la lubricité feinte... et onéreuse.

Parfois, j'entends les pulsations de son sang dans son corps qui deviennent presque erratiques, et parfois, tout cela se calme en une curieuse harmonie qui traite de l'habitude. J'essaie de ne pas pencher ma tête, j'essaie de ne pas m'enivrer de cette curieuse musique, j'essaie de rester tout à fait neutre... Jusqu'à ce que la nervosité me gagne, et qu'elle ne me voit rire. Mon rire est l'une des choses que seules quelques rares personnes peuvent entendre, il est vrai, il est le dernier rempart qui cache le vrai fou que je suis. Rapidement, j'arrive heureusement à me calmer. Être comparé à une prostituée, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, et je ne trouve pas cela insultant pour moi, mais plus pour la pauvre femme qui voit son dur labeur être rabaissé au rang d'homme d'Église.  

Ma lente et pernicieuse torture perdure quand elle compare son corps à... un outil. C'est ce qu'on a essayé de lui faire croire, que son corps ne lui appartenait pas... Visiblement, c'est impeccablement réussi. Dire que tant de passion sont gâchées.

"Chaque touché est important, j'en conviens, mais il est corrompu par l'argent. C'est trop, pour moi. Je détesterai l'idée de forcer qui que ce soit sous prétexte que je suis là pour la payer, pour la protéger, ou ne serait-ce que lui dire ce qu'elle aurait envie d'entendre."

C'est déjà trop avec le sang que je consomme, c'est pour cela que je m'astreins à des périodes de jeûnes régulières, et parfois sévères. Le détail de ma chasteté qui persiste encore aujourd'hui semble confusément l'atteindre. Je secoue la tête avec un sourire. Personne n'a été capable de me séduire jusqu'à maintenant, ce genre d'arme ne fonctionne pas avec moi. La jeune femme détrompe mon idée que tout se monnaye, mais je sais qu'elle fait ce qu'elle fait à défaut de connaître mieux. Sa nouvelle question a tout de même le don de me perturber tant elle n'est pas loin de la vérité.

"C'est exactement cela." Mon regard se perd dans ma tasse où le liquide ambré tourne à cause de sa chaleur. "L'acte charnel est... une puissante récompense, une motivation on ne peut plus efficace... L'humanité a fait, par le passé, des choses horribles dans le but de gagner du temps, d'avoir tout, tout de suite. L'appât du gain ne fonctionne pas sur moi." Mes yeux reviennent dans les siens. "Jusqu'à présent, du moins, les seules personnes qui ont essayé de se rapprocher de moi ainsi étaient toutes en train de... jouer. Femmes comme homme, d'ailleurs."

Jouer contre quelqu'un, à son détriment, cela me révulse au plus haut point. Je veux de la complicité, de l'affection mutuelle, de la joie, que cette personne veuille être avec moi comme je veux être avec elle... Mais c'est interdit, dans le monde dans lequel nous sommes. Voilà pourquoi je garde la soutane, encore et depuis toujours.

Le fait d'alléger sa conscience sur l'oreiller d'une prostituée m'arrache un petit rire dédaigneux, beaucoup plus maîtrisé que celui exprimé précédemment.

"J'imagine, oui."

Quoi de mieux, après avoir abusé de quelqu'un, que de lui parler de ce qu'on a pu faire d'encore pire ? Immédiatement, je fais à nouveau taire cette flamme au fond de moi. Malheureusement pour moi, elle ne continue pas plus son histoire. Elle se lève, et je me lève à sa suite, rangeant mes mains dans mon dos, et observant malgré moi le moindre de ses mouvements. Après avoir saisi une pomme, elle préférant m'affirme qu'elle apprécie ce qu'elle fait. De cela, je n'en doute pas une seule seconde.

"Vous avez du pouvoir, sans doute bien plus qu'on ne veut vous le laisser croire."

C'est moi qui ne suis pas fait pour ce monde.

"... Alors dans ce cas, je réitère ma question : que puis-je pour vous ?"

Elle s'intéresse soudainement à moi, et je me sens alors très fatigué. Une fatigue morale, due au fait que je ne puisse pas me concentrer sur la personne qui me fait face. Je n'aime pas qu'on me regarde, qu'on m'étudie, ou qu'on me pose de questions sur ce que je fais. Cependant, je ne ment pas, ni directement, ni par omission.

"Je suis le conseiller en charge de l'égalité entre les humains et les vampires."

Je suis sans doute très mauvais dans ce que je fais, vu l'avancement des choses. Pourtant, j'ai l'impression d'être celui qui travaille le plus.

"Je viens de l'extérieur aussi. Je ne suis pas ici depuis très longtemps, mais je me suis si longtemps battu contre les vampires puissants de cette ville qu'ils m'ont offert d'essayer de redresser la situation par moi-même. Je ne pensais pas que ce cadeau empoisonné viendrait avec son lot de scorpions."

Immédiatement, je me ressaisis, je ne suis pas ici pour me plaindre. Elle préfère les vampires aux humains ? Ce n'est pas étonnant. Les vampires représentent le pouvoir, l'argent, son fonds de commerce, comme les humains représentent le mien.

"J'aide les faibles parce que personne ne le fait."

Les humains sont ici un troupeau de moutons. Une brebis galeuse est abattue sans sommation. Ni plus, ni moins. S'il n'y a personne pour essayer de récupérer les bêtes égarées, alors elles sont simplement perdues. Un jour, mes pairs comprendront à quel point ce bétail est composé d'être pensants, souffrants, réfléchissants, agissants. Ils comprendront leurs erreurs.

"Je n'ai rien à y gagner."

Ou du moins, rien que cette existence puisse m'offrir. J'aspire juste à voir les vampires oppresseurs être brulés... Et si je dois faire partie du lot, alors ainsi soit-il.

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01.04.24 0:50

Elianne Woodlow
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Même si je parviens à le cacher, je dois reconnaître que je suis assez étonnée, voire perturbée par le fait qu’il ne réagisse quasiment pas à la vue de mon corps si peu vêtu. Je dois dire que je n’ai pas l’habitude de laisser si indifférent un interlocuteur. Bien sûr, il y a toujours des personnes à qui nous ne plaisons pas mais il y a toujours un moment de jugement avant de prendre cette décision. Cette fois, j’ai l’impression qu’il n’est pas passé par ce stade. C’est étrange pour quelqu’un comme moi, pour qui le corps doit être désiré s’il veut valoir quelque chose. Pire, voilà qu’il détourne les yeux. J’aimerais m’énerver pour ce qui se passe mais étrangement, je n’y arrive pas ; pas tout à fait car quelque chose me dit qu’il ne cherche pas à m'offenser. C’est une situation pour le moins inhabituelle. Quelque chose semble véritablement le déranger dans cette vision.  Quoi donc ? Avec ce qu’il me dit, j’imagine qu’il s’agit sûrement du grand nombre de mes clients qui me collent à la peau malgré l’eau savonneuse utilisée pour tenter de les faire disparaître. A moins que ce ne soient les marques encore visibles ? Je n’ai pas l’occasion de me faire plus d’hypothèses qu’il me répond. Et comme depuis le début de notre conversation, je l’écoute sans feindre mon intérêt.

« Vous avez une façon de penser bien particulière Père Lucius. » Cela aurait pu être une insulte mais ça n’en est pas. C’est une simple constatation suite à ses propos. Propos qui me semblent bien futiles car je suis incapable de comprendre le sens qu’il y met. « Vous voulez jouer un rôle dans la vie de tous ces gens…? Je ne saisi pas pourquoi se donner tant de mal pour des… Inconnus. » Pour un peu, le terme “faibles” aurait pu m’échapper.

Si mon intention première, en foutant les pieds ici, était de jouer avec cet immortel, pour le tromper, je dois avouer qu’il m’intrigue assez pour que j’en oublie mon rôle de brebis égarée. Mais je n’oublie pas pourquoi je suis ici.

« Vous pourriez épargner à l’un des employés une soirée qu’il ne désire pas ? Un contact qu’il ne veut pas. » J’hausse une épaule et ajoute. « Mais j’imagine que payer pour de la compagnie, quelle qu’elle soit, vous insupporte ? »

Peut-être est-ce parce que je suis à l’Oasis depuis mes sept ans que je ne comprends pas sa vision des choses. Que je ne saisi pas où est le mal de payer pour des services, qu’importe leurs natures. Est-ce le fait de tout rapporter à l’argent qui le chagrine autant ? Je songe sincèrement à ce qu’il dit et fini par me faire la réflexion qu’il ne doit pas apprécier les faux-semblants. En somme, tout ce qui caractérise l’Oasis et ses employés. Nous sommes ce que nos clients veulent après tout.  

Une multitude de pensées me passent à l’esprit mais aucune n’est assez structurée pour que je puisse réellement lui répondre quelque chose. Si nous n’avons plus de clients, s’ils se mettent tous à penser comme lui, l’Oasis viendrait à disparaître. Etrangement, cette idée me terrifie plus que je ne l’aurais soupçonné et il n’est pas question que je le dise à voix haute, à qui que ce soit d’ailleurs. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’établissement est mon chez-moi, même si personne ne m’y attend. Je n’y possède peut-être pas grand-chose mais c’est l’endroit qui m’abrite depuis que je suis dans cette Cité. Certains employés pourraient vouloir le voir fermer mais je n’en fais pas partie. Après tout, qu’est-ce que des gens comme moi pourraient faire d’autre ?

« J’aime danser et la sensation que cela m’apporte ; est-ce également contre vos principes de payer pour voir un spectacle pour lequel nous nous entraînons des heures par jour ? Car c’est aussi, ça, l’Oasis. »

Je ne suis pas qu’une putain. Je suis une danseuse avant tout.

Est-ce que mon regard trahit cette pensée ? Probablement. Je sens la colère revenir à la charge à l’idée d’être réduite uniquement à une catin. Ça fait partie du job mais ce n’est pas ma priorité. J’inspire et passe à autre chose. Je ravale cette douce émotion en me disant qu’il ne me sert à rien de réagir de la sorte, c’est même particulièrement ridicule de ma part.

Je l’écoute et je comprends un peu mieux pourquoi il n’a jamais couché avec qui que ce soit. Il se prend beaucoup trop la tête et je ne saisi pas pourquoi. Il place l’acte sexuel sur un pied d’estale que je ne comprends pas plus. Une récompense à quoi exactement ?

« Je ne comprends. » Je fini par le dire à voix haute, certaine qu’il se moquera sans doute de ma non capacité à cerner ce qu’il veut dire. « Ce serait une récompense à quoi au juste ? »

Je dois avoir l’air ridicule et je suis bien heureuse que nous soyons que tous les deux pour entendre cette conversation. Je ne suis pas la fille la plus intelligente qui soit -loin de là- mais je n’aime pas quand quelque chose m’échappe.

Je balaye presque le fait qu’il soit d’accord avec moi concernant le certain pouvoir que nous pouvons avoir, ceux qui écoutent. Malheureusement, je sais aussi qu’un jour, si l’un de mes clients dit quelque chose de trop précieux, il pourrait me faire taire. C’est un pouvoir à double tranchant et je ne suis rien, pour personne, pour que cela ait une quelconque importance. Tout est à relativiser, quoi qu’on en dise et qu’on pourrait vouloir.

J’hausse une épaule quand il me pose de nouveau la question de son utilité pour moi. Je n’y répondrais pas maintenant. Pas avant que nous n’ayons terminé cette conversation. Pas avant que je ne décide si réellement je reviendrais ici. La réponse est presque évidente à mes yeux mais je ne souhaite pas l’admettre encore totalement. En tout cas, il y a une de ces phrases qui tourne dans mon esprit comme un leitmotiv de fond et qui changera peut-être ma façon de m’adresser à lui.

C’est très subtile mais je vois un changement chez lui lorsque je l’interroge à mon tour. N’aime-t-il pas parler de lui ? Préfère-t-il uniquement écouter ? Je termine ma pomme avant de remettre ma cape sur mes épaules. Cela ne sert plus à rien de me pavaner devant lui s’il n’y est pas réceptif. Pas même pour une petite goutte de sang.

Je retiens un sourire à la charge qui lui est donnée. Une égalité, entre nos deux espèces ? C’est une utopie qu’il est impossible d’atteindre.

« Ne dit-on pas que les hommes se battaient entre eux, dans un passé lointain ? Sans même avoir à parler d’immortels, il y aura toujours des inégalités. Votre tâche sera sans doute sans fin Père Lucius. »

N’est-ce donc pas une perte de temps que d’essayer de changer les choses ? Je ne peux pas lui dire ces mots, ça reviendrait à dire que son poste de conseiller ne sert à rien et personne n’aime entendre ce genre de chose.

« Les faibles ne s’aident pas non plus entre eux. Pas sans y trouver un intérêt. »
Je marque une courte pause et détourne un instant le regard, me focalisant sur le feu en train de brûler non loin. « La période de quarantaine est un exemple flagrant. J’avais sept ans, la peau sur les os et je me souviens encore de coups d’autres enfants, plus grands, uniquement parce que j’ai demandé à entrer dans la Cité et qu’eux ont été raflés. » Je reporte mon regard dans ses yeux et ajoute, le voile de mon passé s’éloignant de mes propres iris. Mais ma colère de me souvenir de ce que j'étais à cette époque, si pathétique, toujours présente dans les veines. « Aujourd’hui, je comprends leur haine mais n’auraient-ils pas dû aider une plus faible qu’eux ? Est-ce que les adultes qu’ils sont devenus aideraient quelqu’un dans le besoin ? J’en doute. »

Nous n’avons pas la même vision de nos propres races et de l’autre. Etre humain et faible ne devrait pas tout justifier. Tout comme être vampire ne devrait pas permettre de tout faire. Mais pense-t-il vraiment pouvoir y faire quelque chose ? Je me lève de nouveau et viens me mettre à la fenêtre qui donne sur ce lieu de repos, où s'amassent les autres humains en quête de réconfort.

« Vous m’avez demandé ce que vous pouviez faire pour moi. Je vais être honnête avec vous. » Je me retourne pour lui faire face et m’adosse contre un mur, leur vue m’insupporte plus que je ne voudrais le dire. « Je suis venu pour vous. » Adieu mon petit manège, je ne jouerais pas avec lui en me faisant passer pour ce que je ne suis pas ; étrangement, je suis sûre que ça ne pourrait pas durer très longtemps. Et puis, n’a-t-il pas laissé entendre qu’il n’aimait pas qu’on se joue de lui ? « Des vampires respectueux, j’en connais mais vous êtes une classe bien au dessus. » Je me rapproche de lui, s’il s’est remis debout, je viens à quelques centimètres de lui sans pour autant le toucher, levant les yeux dans sa direction. « Je ne vous crois pas quand vous dites faire tout cela sans rien attendre en retour. Personne n’est aussi généreux. » Je me recule de quelques pas, sur la pointe des pieds pour lui rendre son espace vital. « Je suis venue car vous m’intriguer et pendant notre conversation, ce sentiment s’est accentué. Votre retenue m’intrigue. Que cachez-vous ? Ne laissez-vous donc jamais vos émotions parler ? »

Je me mords la lèvre inférieure en me disant que j’ai sans doute dépassé les limites. Qui suis-je pour lui parler ainsi ? Personne. Je ne suis pas aussi franche avec un vampire que je viens de rencontrer normalement. Mais je ne sais pas m’excuser et le dire sans le penser ne serait pas honnête.

« Cette démarche est sans doute malsaine de ma part et je n’avais pas prévu de vous l’avouer mais puisque j’ai entendu vos propos sur les personnes qui s’approchent de vous pour jouer, j’ai décidé d’être franche et de ne pas faire partie de ce groupe. » Je laisse échapper un soupir et referme ma cape. « M’autorisez-vous à revenir ? »

Je ne suis pas certaine d’écouter sa décision s’il me répond pas la négative, après tout, je veux voir combien de temps il passe à aider ces minables humains. N’a-t-il pas des moments de relâchement ? Pour quelqu’un qui se montre si vertueux, je veux le voir quand il dérape de son droit chemin. Non pas pour le moquer ou le culpabiliser mais parce que je suis certaine qu’il y a une certaine beauté à ce moment. Le lui avouer ? Je suppose qu’il me prend déjà bien assez pour une folle, inutile d’en rajouter.


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01.04.24 14:58

Lucius Malkavian
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Je peux te sourire, mais dans ma tête, je t'ai déjà sans doute brûlé sept fois.
֎ Faciem : Joaquin Phoenix
֎ Officium : Prêtre et conseiller de l'égalité
֎ Locus : Le Sanctuaire
֎ Creator : L'Ombre
֎ Nuntium : 268
֎ Adventus : 04/10/2021
֎ Multicomptes : Omen
֎ Pseudo : Shenzy
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The Devil Within



Surprenamment, je m'en sors assez bien avec la femme qui me fait face. Cependant, je sais qu'à partir du moment où je vais m'attacher à elle, ce qui ne tardera probablement pas, tout va basculer. Je pense que mon sommeil sera perturbé par d'étranges songes composés de tentures rouges, d'argent échangé, et de marques sur la peau. Je me déteste d'être ainsi, mais je détesterai être autrement. J'efface cette pensée derrière un sourire devant le compliment.

"Ah oui ? Merci." Être différent de mes paires est une bonne chose. Je hausse les sourcils. C'est bien la première fois qu'on me demande le but de mon œuvre avec une telle insistance. Je me sens flatté. "Pour qu'ils se sentent bien et heureux."

Mon visage devient plus sombre. J'ajoute d'une voix plus morne, sur le ton de la confidence.

"Et aussi pour essayer de racheter ce qui me sert d'âme. Je sais que c'est sans doute peine perdue, mais je veux essayer, et je ne trouverai pas le repos avant d'avoir réussi."

Ce qu'elle me dit par la suite me coupe totalement. Je me redresse.

"Je..."

Les fois où je ne sais pas quoi répondre ont dû se compter sur les doigts d'une seule main en plusieurs siècles d'existence. Je tourne la tête, pensif, mon regard dans le vague. Et si je faisais ce genre de chose : payer pour... ne pas avoir de service et ainsi effectivement libérer sa soirée à une péripatéticienne ? Bien sûr, je perdrais sans doute la totalité de mon argent, ma réputation en un temps record, mais n'est-ce pas ce que je devrais faire ? Pour le bien des employées ? Cependant, rapidement, en soupesant cela, je me rends compte que ce ne sera pas possible. Dommage.

"... À dire vrai, c'est une excellente idée." Je pince les lèvres, hésite sur ma formulation, et reprends d'un air navré. "Mais il faut que je me rende à l'évidence. Si je veux aider la population... les employés qui en ont besoin dans l'Oasis Pleasure, je me dois d'en rester à l'extérieur, à montrer l'exemple, d'une certaine manière, à prouver qu'on peut très bien vivre heureux sans avoir besoin de ce genre de services." Mais je ne rejette pas l'idée pour autant. "Si tu as vent d'employés qui voudraient avoir leur soirée libre, n'hésite pas à me le faire savoir. Je verrai ce que je peux faire."

Si cela ne peut pas se faire à grande échelle, je peux au moins le faire ponctuellement. Je reste un tantinet harcelé par cette idée, et je pense que cela va rester encore longtemps. Naturellement, je me fais suffisamment confiance pour savoir que jamais je ne tenterai quoi que ce soit, mais je connais aussi la réputation de l'Oasis Pleasure, et je serait bien stupide si je le sous-estimais... Et alors... je pense que non seulement je ne pourrais plus me regarder en face, mais je serais aussi une honte pour le conseil.

"J'adore la danse, ou du moins, j'aime tout ce qui est de l'ordre de l'artistique. Seulement, ça m'insupporte de savoir que vous dansez avant tout pour séduire, et non pas pour vous-même... Et pire encore... de séduire un potentiel client, et pas quelqu'un qui vous tient à cœur. Cependant, j'apprécierais sans doute beaucoup de voir le fruit de votre travail, mais j'ai peur de ne pas savoir le savourer à sa juste valeur."

Je fais un sourire, léger, à la femme dont j'ignore encore trop de chose à mon goût.

"Vous l'avez dit vous-même, j'ai une manière de penser qui diffère de celle des autres. Heureusement pour vous."

Mon visage est plus détendu alors que je lui explique les tenants et aboutissants de ce que je veux dire à propos du fait d'être dépendant d'une facilité à laquelle je n'ai pas l'intention de céder. Je réfléchis à la suite de mes mots, pour lui répondre le plus précisément possible.

"Je suis vieux, mademoiselle, très vieux, trop vieux. Peut-être que c'est pour cela que cette tentation marche aussi peu avec moi. Cependant, une relation charnelle ne devrait pas céder à la facilité de l'argent ou de la puissance. Les personnes se donnent aux autres depuis la nuit des temps et je n'ai pas à juger cela... Mais pour moi, et pour moi uniquement, donner son corps ne devrait se faire uniquement parce qu'on en a envie avec l'autre personne. L'argent, ou la classe sociale de l'autre en face ne devrait même pas être prise en ligne de compte. L'idée de faire en sorte que cet acte soit... commercialisé... qu'on peut l'obtenir facilement en échange d'une contribution... cela me révolte." Je fais un rire léger, gêné. "Mais je parle sans aucune expérience, naturellement."

J'aimerais me dire que mon avis ne concerne que moi... Mais si quelqu'un passe la nuit avec quelqu'un d'autre pour une tout autre raison que pour son plaisir, alors cela s'appelle un viol. Et je trouve cela intolérable que des personnes se fassent violer, nuits après nuits, et trouvent cela parfaitement normal, s'en contentent, ou même se sentent privilégiées. Mes dents se serrent avant que je ne me force à me détendre.

"Avez-vous déjà été avec quelqu'un, qui que ce soit, par envie ? Et non à la recherche d'une quelconque rétribution ?"

Le fait est que j'ai du mal à me dire que je suis désormais dans un monde où la sexualité est à ce point banalisée. Dire qu'en tant qu'adolescent, je frissonnais des pieds à la tête dès l'instant où la femme de mes pensées posait ses yeux sur moi. Cette sensation était si vivace que je doute que l'acte charnel ne puisse rivaliser avec. Je sais que je suis mort, mais je pense que ce monde est mort avec moi.

"Ma tâche sera sans fin. Vous avez parfaitement raison. Si votre idée est de me croire stupide à vouloir le faire à tout prix, c'est parfaitement exact. Mais... j'y crois." et la croyance, pour moi, est sacrée. "Les hommes se sont toujours battus, effectivement. J'espère que les choses changeront. On ne peut pas se permettre le luxe d'être les uns contre les autres dans le monde dans lequel nous sommes... et pourtant j'ai la sensation que plus ça va, plus on trouve de nouvelles méthodes pour se détester."

Malheureusement, elle ne m'apprend rien. Je sais tout cela.

"Je suis tout à fait d'accord avec vous. Vous n'auriez pas dû être traités ainsi, en aucun cas. Et voilà pourquoi je me bats, pour qu'il n'y ai plus de petite fille avec la peau sur les os, pour que personne ne se sente le besoin de se battre, pour promouvoir la compassion. J'espère que les adultes qu'eux sont devenus essaient de se racheter, et j'espère que vous n'avez vous-même pas l'intention d'agir de même."

Si elle avait toute mon attention, cette fois, la totalité de mes sens lui sont accordés. Alors je vais enfin savoir ce qu'elle attend de moi, et je me tiens prêt. Elle est venue pour moi ? Si j'avais pu, mes joues auraient été actuellement en feu. Son compliment me donne un goût étrange, comme s'il n'en était pas réellement rien... De plus, elle est proche, beaucoup trop proche. J'inspire. Grave erreur. Son odeur entre directement dans mes narines et est analysée le plus finement possible.

"Merci beaucoup..."

Ses yeux essaient de percevoir au travers de moi, et cela me met très mal à l'aise. J'ai la sensation qu'elle peut voir toute la noirceur de mon âme brûlée, qu'elle creuse la suie qui la recouvre, qu'elle l'a met à nue. Je n'aime pas qu'on me regarde, pas ainsi. Je n'aime pas non plus qu'on cherche encore. Et j'aime encore moins l'idée qu'on découvre quoi que ce soit sur moi. Je sens mes yeux s'agrandir et mes pupilles se dilater.

"Mademoiselle." je déglutis, plusieurs fois. Si je souhaite me sortir physiquement de là, je vais être obligé de la toucher. "Il ne vaut sans doute mieux pas que je laisse parler mes émotions."

Un tremblement me parcourt un instant et je plaque ma main contre ma bouche. Il faut que je me reprenne. Je viens de dire tout haut ce que personne ne sait. Si un jour je me laisse aller à mes émotions, le plus violent de ses clients ne serait sans doute rien en comparaison de moi. Ses cicatrices sont si proches à présent... Chacune de ces cicatrices provient d'un vampire... et ce vampire souffrirait bien plus que ce qu'il lui a fait subir... si un jour je laissais fait exploser ce feu au fond de moi. Cette ville partirait en cendres.

"Je vous remercie pour votre honnêteté, mademoiselle." J'hoche la tête, lentement. "Vous serez toujours naturellement la bienvenue."

Malgré moi, avant même de me dire que c'est certainement la pire idée possible, j'ouvre à nouveau les lèvres pour poser une question simple, mais qui fait entrer colère, jalousie, regrets, et surtout... sentiments.

"Puis-je savoir votre nom ?"

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01.04.24 17:27

Elianne Woodlow
The Devil Within | Lucius Vu9h
֎ Faciem : Anya Taylor-Joy
֎ Diem natalis : 25 ans, née le 11 août 2365
֎ Officium : Danseuse et prostituée au Oasis Pleasure - Colère
֎ Locus : New Abbostford
֎ Tutor : Oasis Pleasure
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Elianne Woodlow
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"Pour qu'ils se sentent bien et heureux."

Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit. Je dois foutrement être stupide pour ne pas comprendre sa démarche. Pour ne pas comprendre tout ce mal qu’il se donne pour des êtres qui ne le méritent pas. Pour des êtres, qui la plupart du temps, ne se donnent même pas la peine d’essayer de s’en sortir. Qui attendent que quelqu’un d’autre le fasse pour eux. Et pour le coup, ils ont visiblement trouvé la bonne poire pour ça en la personne de Lucius. S’en rend-il seulement compte ? Que tous ceux qui foulent ce lieu ne sont là que par intérêt ? Qu’ils doivent tous, ou une partie, le détester pour ce qu’il est -la caste des vampires- malgré sa bonne volonté ? Je suis persuadée que la majorité de ces gens, là dehors, n'hésiterait pas à le foutre en plein soleil si cela pouvait leur permettre de vivre mieux, ne serait-ce qu’une heure. J’inspire doucement mais profondément pour ne pas m’énerver face à toute l’absurdité de la situation. Face à ce qu’il fait. Chacun ses choix, n’est-ce pas ? Mais étrangement, je préfère ma place à la sienne. Je ne fais rien, pour personne, sans que ça ne me rapporte quelque chose. Ainsi, personne ne peut abuser de moi. Du moins, pas comme il peut l’entendre. Mais après tout, la chose fondamentale qui nous distingue est située dans notre fonctionnement : contrairement à lui, je ne suis pas quelqu’un de bien ou de gentil. Je donnerais plutôt une corde à cette femme avec son nourrisson, pour qu’ils en finissent tous deux plutôt que de chercher à lui venir en aide.

« C’est stupide. » Je souffle, entre mes lèvres, en me disant l’instant d’après qu’il m’a parfaitement entendu; ouïe vampirique oblige. « Ne pensez-vous pas qu’ils se servent simplement de vous ? Ils ne vous paient pas mais quelle est la différence entre eux et mes clients ? »

C’est étrange de parler autant avec un immortel qui est à l’exact opposé de ce que je suis. Mais ce n’est pas désagréable pour autant. Ordinairement, je côtoie des êtres qui sont habitués à ce monde, qui l’acceptent et ne veulent pas le changer. Certains parler de mieux traiter les humains mais ce n’est sans doute en rien du niveau de ce que Lucius a en tête.

Je sors de mes pensées lorsque ses quelques mots me parviennent. Se racheter ? Nous y sommes. Il ne fait pas ça uniquement pour les autres. Il n’est pas si désintéressé qu’il semble se persuader. Il le fait aussi pour lui, pour sa conscience. Et cette expression sur son visage… J’ai terriblement envie de venir déposer ma paume sur l’une de ses joues fraîches et ressentir toute l’intensité de cette noirceur. Mais je m’en empêche. N’a-t-il pas dit que chaque toucher est sacré ? Ce serait sans doute un affront à ses yeux que de l’y soumettre. En tout cas, aujourd’hui. Que répondre ? Qu’il n’est qu’un imposteur parmi tous les autres ? Je le pourrais, c’est parfaitement dans mon caractère. Au lieu de ça, j’accroche son regard avant de lui souffler un « Merci. » sincère. Il n’était en rien obligé de me faire part de cette information, à moi, une quasi inconnue, qu’il n’a même pas touché. C’est presque perturbant pour moi d’entendre une confidence sans oreiller et je dois admettre que je ne comprends pas bien pourquoi il me le dit. Parce que nous sommes, de plus en plus, honnêtes l’un envers l’autre ? Je sais que les vampires ont une aura qui attire tous les mortels mais j’ai l’impression qu’avec lui, c’est bien plus que ça. Une attraction qui n’a rien de sexuel. Une attraction que je suis incapable de qualifier mais qui ne se rejette pas.

Je suis de nouveau étonnée par sa réaction. Je pensais sincèrement qu’il allait refusé catégoriquement cette idée de mettre les pieds à l’Oasis pour ça. Pour si peu. Et de nouveau, il parvient à happer cette colère qui n’est jamais très loin et qui ne dort jamais vraiment. Il n’est pas question de bonheur à l’Oasis mais uniquement de plaisir, parfois partagé, parfois non.

« L’êtes-vous ? Heureux ? Puisque vous êtes étranger à ces services. » La question tombe, presque comme un défi. Osera-t-il me répondre par l’affirmative ? « Être heureux ne fait pas partie des recherches des clients. Ce serait se voiler la face que de le penser. Il s'agit uniquement de passer du bon temps. » J’hausse une épaule et ajoute, avant qu’il ne me détrompe sur un point. « Au détriment d’autres, sans doute. Mais il y a toujours un perdant et un gagnant dans la vie. » Ma langue claque de nouveau et je refuse catégoriquement de jouer à son jeu. « Il est hors de question que je vous donne ce genre d’information. Si un employé ne supporte plus sa place à l’Oasis, qu’il trouve un moyen de se faire vendre. »

Je calme de nouveau ce flot de rage en moi, douce caresse entre mes côtes, car je ne peux pas la laisser s’échapper. Pas comme ça. Je sais que je suis Colère -et comme chaque Péché, nous portons à merveille ce nom- mais c’est assez rare que je ressente autant cette émotion en compagnie d’une seule personne. Une personne que je suis venue rencontrer et que je n’ai pas la moindre envie de quitter. Masochiste ? Bien sûr.

« Encore une fois, vos idées sont en partie faussées Père Lucius. » Je le détrompe encore une fois sur la façon dont il voit l’Oasis et ses employés. Peut-être certains sont comme il l’imagine, c’est même sûr. Mais je ne fais pas partie de ces gens. « Si je danse, c’est pour la sensation que cela me procure. A moi et à personne d’autre. » J’hausse alors une épaule et lui accorde la suite. « Mais effectivement, le spectacle sert aussi à attirer les regards. Mais pas uniquement, personnellement, je m’en sert aussi pour savoir quel client j’ai envie de charmer. Il y a beaucoup de choses qui se passent dans un regard et pas uniquement de la lubricité. » Je marque une nouvelle pause, repensant à sa formulation “quelqu’un qui nous tient à coeur”. « Comment avoir quelqu’un qui nous tient à cœur dans une Cité où tout est faux-semblant ? Et pas seulement à l’intérieur de l’Oasis. »

La seule personne pour qui, et avec qui, j’ai dansé, c’était Elianne. Et je pense qu’elle restera la seule.

Lucius ne semble pas se moquer de ce qui m’échappe et prend même le temps de m’exposer sa vision des choses. Mais plus il parle et plus je me dis qu’il dramatise beaucoup la chose. A moins que ce ne soit moi qui la banalise ? Avoir grandi à l’Oasis doit y être pour quelque chose et lorsque j’essaye de me souvenir de ma famille, à l’extérieur, aucune image ne me revient. Du moins, pas celles que j’aimerais me rappeler. Mes parents ne se sont-ils pas rapprochés pour une quelconque utilité ? Pour leur sécurité mutuelle ? Je serais incapable de donner une réponse à cette question.

« Merci de ces éclaircissements. » Je soupire un instant avant de poursuivre. « Je suppose que nos visions resterons opposées à ce sujet car vous donnez de l’importance à ce qui n’en a pas à mes yeux. »  Je réponds à son sourire et souffle, le regard presque charmeur. « Et vous n’imaginez pas ce que vous ratez. Avec vos sens si développés et la bonne personne, vous pourriez oublier le monde qui vous entoure. » Est-ce une promesse ? Peut-être. Et dans le fond, je lui souhaite presque de trouver cette personne avant qu’il ne soit trop tard.

Sa question pourrait être déplacée si nous n’étions pas en train de parler si ouvertement depuis un moment. Alors je ne vois aucune raison de ne pas y répondre. Mais je mets quelques instants avant de lui fournir ma réponse, réfléchissant sérieusement.

« Personne. » Comment être avec quelqu’un sans rien attendre de lui en retour ? « Il y a toujours une attente, un besoin. » Je pèse le pour et le contre de lui en dire plus et fini par opter pour continuer. « Mais j’apprécie partager le lit d’un client en particulier. Plus pour ce qu’il est que pour ce qu’il a comme argent ou place au sein de la Cité. » Je souris intérieurement et ajoute. « Il répond également à mes envies en matière de sexe. C’est un partage plus qu’une quelconque obligation. »

Cela m’amuse presque de parler de ça avec un homme d’église qui n’a jamais connu les plaisirs de la chair. Serait-il étonné d’apprendre ce qui me plaît le plus ? Ou penserait-il que ce n’est qu’une déviance ? Un formatage ? S’il ne demande rien, autant ne rien dire pour l’instant.

« Je ne dirais pas que c’est stupide. Si c’est ce qui vous fait vivre, personne ne peut juger ça stupide. Audacieux et perdu d’avance peut-être. » La fin de ma phrase est ponctuée d’un léger sourire qui laisse penser que je plaisante peut-être.

«  Ce qui s’est passé à fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je ne regrette pas ce passé. »
Pense-t-il que j’étais affamée dans cette Cité ? Il n’en est rien. Je mange bien mieux ici que durant toute mon enfance à l’extérieur. Quant à moi. « Je n’ai aucune compassion pour les faibles. » Ma voix se fait presque froide alors que je lui révèle ces mots avant de me reprendre.

Encore une fois, alors que je lui ai expliqué la raison de ma venue ici, il me déconcerte en me remerciant. Parce que je lui ai dit la vérité ? Alors même qu’elle est sans doute dérangeante ?  Ce n’est pas ce qui semble l’envahir à cet instant. Je me perds un instant dans la contemplation de ses yeux, me demandant ce qui se cache derrière ce voile. Quelque chose qu’il veut taire. Quelque chose d’intense à en voir son tremblement. Un frisson me parcourt et il n’est en rien dû à la peur. Il tente de se contrôler, je vois souvent ça chez certains clients, ceux qui ont trop peur de se laisser aller. Ceux qui m’attirent le plus. Je lève la main pour venir à la rencontre de la sienne, je l’effleure sans jamais la toucher mais c’est presque perceptible, cette aura. Je ne détourne pas le regard tant qu’il soutient le mien. Je n’ai jamais eu peur d’un seul vampire, pas même du plus brutal, il ne sera pas le premier. Le lit-il dans mon regard ? Peut-être.

Comment le faire lâcher prise ? La confiance sans doute. Je vais devoir trouver un moyen qu’il me fasse réellement confiance pour découvrir ce qu’il tait aux yeux de tous. Si j’aime autant ce que je fais, c’est parce que j’aime voir mes clients les émotions de mes clients éclater. Tout est plus intense et plus beau dans ces moments. Et je suis sûre que Lucius serait magnifique le jour venu. Et je ne parle pas de coucher avec lui car ça ne rentre même pas en ligne de compte à cet instant. C’est bien plus que ça. Je redescends ma main, sans l’avoir touché une seule fois, malgré l’envie qui me tiraillait.

Et il accepte que je revienne et je prends cet accord comme une porte ouverte pour le découvrir vraiment. En a-t-il conscience également ? Je ne sais pas. Pourquoi prendrait-il le risque avec une personne comme moi ? Nous n’avons pas grand chose en commun après tout. Pas même son envie d’aider les Hommes.

Je souris à sa question, effectivement, je ne lui ai pas encore dit mon nom mais avec ce qui vient de se dire et le fait que nous soyons amenés à nous revoir -souvent-, je le lui donne.

«  Elianne. » Je fais une nouvelle révérence, prenant la pose quelques instants et souffle la suite. «  Aussi connue sous le titre de Colère. » Je me redresse et l’espace d’une seconde, je le laisse voir dans mes yeux l'intensité de cette émotion. Celle qui brûle depuis tant d’années et qui me caractérise vraiment.

«  Je reviendrais Lucius. »

Oui, adieu le “Père” qui commençait à être chiant. Et oui, cela est une promesse. Je ne le lâcherais pas tant que je ne l’aurais pas vu, tel qu’il est vraiment.



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01.04.24 20:19

Lucius Malkavian
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Je peux te sourire, mais dans ma tête, je t'ai déjà sans doute brûlé sept fois.
֎ Faciem : Joaquin Phoenix
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֎ Creator : L'Ombre
֎ Nuntium : 268
֎ Adventus : 04/10/2021
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֎ Pseudo : Shenzy
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Stupide ? Je dois admettre que j'apprécie sa franchise brute. D'ordinaire, les gens usent de plus de politesse que cela pour me critiquer. Cela ne me dérange absolument pas, au contraire, je préfère. Vaincu, je dois admettre qu'elle a tout à fait raison. Bien sûr qu'on se sert de moi. Je l'ai toujours su, dès le départ.

"Je préfère être une victime qu'un bourreau. Et la différence entre mes... ma communauté, et vos clients, ce sont les capacités. Ceux qui viennent vous voir profitent du luxe, mais un homme qui a ce genre de besoin, mais qui vit dans la rue ne peut pas s'offrir vos faveurs. Moi, j'aide tout le monde."

J'en suis encore à me demander comment faire pour subtiliser un employé de l'Oasis pleasure quand une nouvelle question tombe. Son regard se voile d'une tension que je ne lui connaissais pas jusque-là.

"J'essaie... de ne pas me poser la question de mon propre bonheur." Passer du bon temps sans chercher le bonheur. Quelle ignominie. Quel gâchis. Au moins elle est parfaitement transparente là-dessus, je ne peux que lui rendre, à nouveau, sa franchise. "C'est là que je ne suis pas d'accord avec vous. Les gens n'ont pas à être les uns contre les autres. Il existe une autre solution, un équilibre, une égalité est possible où tout le monde trouvera son compte."

Je lève la main pour l'arrêter en un geste sans doute un peu trop impérieux, je ne veux pas entrer dans la confrontation avec elle. Ce n'est pas grave si elle ne peut pas me donner ce genre d'information. Au moins cela m'offre la possibilité d'arrêter de penser à cette possibilité.

"Je suis content que vous dansiez pour vous avant tout, en ce cas. C'est même un véritable soulagement." Une nouvelle question qui me fait sourire à nouveau, jusqu'à plisser mes yeux d'amusement. "C'est une excellente question. Comment faire pour passer au-delà du faux semblant ? Je ne vois que deux solutions : trouver une personne qui est malade de jouer à tous ces petits jeux et qui préfère la vérité, ou trouver une personne qui accepte de jouer franc-jeu au moins avec vous."

Sincèrement, je lui souhaite de trouver une telle personne.

"Tout n'est pas faux-semblant. En grande partie, malheureusement, mais il réside encore ici et là des fonds de vérité. Il suffit de savoir la trouver, et la cultiver."

Ma vision des choses ne provoque aucune moquerie en elle, étrangement. J'avais presque envisagé qu'elle s'en aille en riant, gorge déployée, mais non. Au contraire, elle me remercie.

"...et vous donnez de l'importance à ce qui est futile..."

La suite de sa phrase me provoque des fissons, comme j'en ai rarement eu jusque-là. Je suppose que son corps doit faire soupirer mes pairs, mais ce sont ses mots qui me tiennent en joue.

"Je suppose qu'il me suffit de trouver la bonne personne pour moi... Mais cette dernière n'existe pas, je peux vous l'assurer."

Il me faudrait quelqu'un capable de s'abandonner corps et âme, d'accepter de n'être qu'à moi, de supporter ma folie, ma possessivité maladive. Il me faudrait une personne qui puisse partager avec moi ses propres volontés irraisonnables, une personne parfaitement transparente sur ses envies et ses sentiments… Si mon esprit commence à verser dans la sensation que pourrait avoir ma vie si je n'étais plus seul, je me ressaisis bien vite. Ce n'est clairement pas le moment d'y penser.

"Je ne supporterai pas de n'être qu'un client parmi d'autres."

Pis encore, je ne supporterai sans doute pas de rendre cette compagne aux autres. Je ne réalise que maintenant que je n'ai pas dit que je ne voulais pas oublier le monde qui m'entoure... Avant de réaliser que ce serait un mensonge. J'aspire à l'oublier, au moins pour un instant de pur... égoïsme.... de pure folie.

Je me ressaisis qu'au moment où elle reprend la parole.
...Alors quelqu'un l'intéresse ? Et ce quelqu'un est nécessairement plus qu'un simple client.

Dans mon dos, mon poing se ferme, et se serre. Je sens venir monter en moi mon éternelle possessivité. Jamais je ne pourrais aller à l'Oasis Pleasure, c'est une certitude à présent. Jamais je ne pourrais apprécier les danses de gens qui se donnent à d'autres, le mensonge sur les lèvres lors d'un baiser, la trahison dans un clin d'œil.

"C'est heureux d'avoir pu trouver une personne capable de vous combler."

Cette fois, je donnerai beaucoup pour qu'elle m'avoue m'avoir menti. Je me ressaisis. Je ne me suis pas attachée à elle. Ce qu'elle aime faire avec d'autres ne me concerne en rien. Ce serait différent si nous étions amis, ou même, si elle était une connaissance. J'essaie de me convaincre que je n'éprouve aucune affection pour elle, je ne dois pas en éprouver. Je parle de ma vie en général et elle rebondit dessus immédiatement, me taquinant.

"Je suis content de vous avoir convaincu que ce n'était pas stupide, dans ce cas !"

J'écoute ce qu'elle a à me dire, et même si je trouve cela triste, c'est plutôt positif qu'elle ne regrette rien de ce qui lui est arrivé. Je ne peux decemment pas lui demander d'agir désormais pour le bien commun, mais au moins d'être en paix avec elle-même.

"J'ai bien assez de compassion pour les faibles pour deux."

Je dis cela avec un grand sourire affable. Cela me va de contrebalancer l'esprit de cette ville pour elle. Nous sommes si opposés que nous pourrions tenir sur une balance, à chacune des extrémités. Pourtant, elle n'a pas tort quand elle dit que nous sommes aussi similaires. Sa main se lève, et j'ai l'image violente en tête qu'elle va me frapper. Je ne sais pas pourquoi j'imagine cela, rien dans ses mouvements ne laisse à présager une quelconque violence, rien... Et cependant... A défaut de ressentir de la douleur, je ne sens que la chaleur de sa main sur ma peau, et vais même jusqu'à percevoir la pulsation de son sang qui fait se hérisser mon derme. J'ai faim. Je suppose qu'elle serait amusée de savoir que je ne me suis même jamais laissée aller à me nourrir à la veine, et cela a rarement été aussi tentant. Nous nous regardons dans les yeux, et quelque chose se passe...

... Quelque chose de fâcheux...

J'éprouve désormais de l'affection pour elle. Avec l'affection vient la possessivité. Et avec la possessivité viennent les images. Je ne peux pas faire dans la demi mesure, faire comme si tout cela ne m'affectait pas. Sa main s'abaisse, la menace est passée, pour l'instant.

"Enchanté, Elianne."

Je réponds à sa révérence en faisant une moi aussi.

"Colère."

Alors c'est l'une des sept, le joyau de l'Oasis Pleasure. J'aurais pu m'en douter. Je lui dédie un sourire qui dévoile mes canines, cette fois. Elle reviendra, et cela sonne à la fois comme une promesse, et une menace.

"Dans ce cas je vous raconterai d'où viennent les sept péchés capitaux, et à quoi ils correspondent vraiment."

Au moment où elle passe la porte, mon sourire tombe. Elle ne m'a rien épargné, ni la vue de son corps, ni ses cicatrices. Non, je n'irais pas dans cet endroit infâme. A la place, je vais simplement faire en sorte que Colère, Elianne, veuille me rejoindre à la place d'un de ses clients. Pour elle, je serai sage... Ou pas... Si tel est son désir.

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