The Devil Within | Lucius

Est-ce parce qu’il a la puissance d’être le bourreau qu’il prend le parti d’être une victime ? Encore une fois, je dois dire que je ne comprends pas cette démarche. Il n’y a rien de plaisant d’être la victime de tierces personnes. Est-ce que son principal défaut serait d’être maso ? Ça m'en a tout l’air. Et il cache plutôt bien son jeu je dois dire. J’imagine que si on n’y prête pas attention, c’est une information qui peut passer inaperçue. Je ris cependant à cette différence qu’il m’émet. Un rire qui cette fois, n’a rien de joyeux, presque fade.

«  Je ne coucherais pas avec un humain. Ils prennent sans rien donner. »

Ma voix est sifflante de rage, chose assez rare chez moi, ordinairement, je sais ne rien montrer. Mais pas cette fois. Si je déteste la grande majorité des humains, ce n’est pas uniquement pour leur faiblesse et même s’ils peuvent se montrer brutaux, ce n’est en rien comparable avec un immortel. Je me reprends cependant très rapidement, l’espace d’un battement de cil et chasse cette émotion pour qu’elle ne soit plus visible. Plus calme, des images de mes vengeances passées en tête, j’ajoute.

« En plus d’être de très mauvais coups. » Cette fois, l’arrogance se fait entendre.

Je ne perdrais pas la face pour des hommes qui ne sont plus de ce monde. Et les prochains qui pourraient essayer de me prendre de force le paieront également de leur vie. Mais je garde le fond de cette pensée pour moi. Je doute que ce soit une bonne idée que d’avouer tuer par vengeance. Bien sûr, c’est toujours des accidents, je n’ai aucune trace de sang sur mes mains à proprement parler.

Je l’observe, de nouveau étonnée par sa réponse. Comment peut-il de nouveau faire passer les autres avant lui, même à ce stade ? Je ne cherche pas le bonheur, je sais que ça n’existe pas. Mais s’il pense que c’est possible, pourquoi ne pas le chercher pour lui avant tout ?

« Parce que vous pensez ne pas y avoir le droit ? » Je demande en me disant que j’ai sans doute raison. Surtout quand je me souviens qu’il parlait de se racheter, il y a encore quelques minutes. Qu’a-t-il bien pu faire ? Je me le demande sincèrement. « Je serais sans doute plus là pour voir ça, si ça arrive un jour. » Mais ce n’est pas gênant. A vrai dire, je ne suis pas certaine d'avoir envie de voir ce jour arriver. Enfin si, uniquement pour voir s’il y est parvenu.

Comme si nous nous connaissions depuis des années, Lucius continue de me répondre avec ce que j’imagine de la franchise. Du moins, sa franchise. Alors pour lui, il n’y a que deux solutions pour faire face aux faux-semblants ? Je l’écoute tout en me disant que l’une comme l’autre de ces idées ne sont pas valables. Dans les deux cas, ça suppose posséder ce qu’il cherche sans trouver depuis des siècles : la confiance envers un autre individu. Cette fois, je garde le silence, ne trouvant pas les mots pour lui répondre. Et je préfère me taire plutôt que de dire n’importe quoi.

“ … Mais cette dernière n'existe pas, je peux vous l'assurer.”

Il a l’air de penser ce qu’il dit et je meurs d’envie de lui demander ce qu’il cache pour être si catégorique. Qu’est-ce qui pourrait faire fuir la plupart des gens ? Même des vampires ? A moins qu’encore une fois, nous soyons en totale opposition ? Là où je ne veux que des immortels près de moi, peut-être ne veut-il que des humains ? Alors ce serait quelque chose qu’un humain pourrait accepter venant d’être tel être ? Poser la question dès maintenant serait sans doute impromptu et il ne me répondrait sans doute pas. Je vais devoir prendre mon mal en patience. Mais ça ne fait rien car si je suis Colère, je pourrais également être Patience. Alors de nouveau, je ne dis rien mais je n’oublie pas cette phrase. Nous en reparlerons, plus tard.

« Vous êtes possessif ? » Je souffle, presque amusée à cette découverte mais pas moqueuse. « Détrompez-vous, chaque client particulier. » Bien que je puisse avoir des manières parfois similaires d’un client à un autre, certains se démarquent assez pour avoir quelque chose d’unique. « Mais je pense comprendre ce que vous voulez dire. Il vous faudra donc trouver quelqu’un qui ne vend pas ses charmes ou peut arrêter, pour vous. »

Je ne me suis jamais posé la question car je ne m’imagine pas quitter l'Oasis un jour. Du moins, pas totalement. Je ne veux pas perdre la place que j’occupe aujourd’hui, sous aucun prétexte. Même pour l’une de ces capes rouges ? Tout dépendra du vampire en question et de ce qu’il m’apporte vraiment. Un immortel incapable d’assouvir toutes mes envies ? Ce serait pour le moins désagréable, même avec ce bout de tissu si élégant.

« Me combler ? N’allons pas jusque là. » Je le détrompe sans attendre.

Il lui manque quelque chose pour qu’il parvienne à réellement me combler; quelque chose de plus intense, de plus vrai. Mais je n’en dirais pas plus. Ce n’est pas le propos.

Avoir de la compassion pour deux ? Est-ce sa façon de dire qu’il accepte ceux qui n’en possèdent pas ? Mais est-ce vraiment étonnant venant de lui ? Quelque chose me dit que non. Etrangement, il a l’air d’accepter ce qu’on lui dit sans chercher à faire changer l’autre, du moins, c’est l’impression qu’il me donne. Ce serait presque agréable si c’est réellement le cas. Encore un mystère à élucider venant de lui. J’aimerais voir si c’est réellement le cas ou si ce n’est qu’une façon de parler, une façon d’essayer de faire bonne figure.

Et c’est sur une présentation en bonne et dûe forme que prend fin notre première rencontre. Elle fut riche, agréable et déstabilisante à bien des égards. Je le quitte sur un regard entendu et un rire amusé. Presque intriguée à ce qu’il pourrait bien me dévoiler sur ces mots qui nous caractérise, nous l’Elite.