Reconnaissance [PV Lucius]

C'est vrai que cette vie est toute nouvelle pour moi, et je ne pense pas qu'il s'agisse tant d'un problème de sécurité que de m'habituer à ces nouvelles capacités hautement déstabilisantes. Je quitte la chambre pour accompagner Lucius jusqu'à la cuisine où la lumière des bougies offre un étrange halo chaleureux comparé aux lumières électriques auxquelles je suis habituée. Je m'assois sur une chaise et l'écoute me parler de notre échange d'hier et...

"Je repensais à ce que vous m'aviez dit... Vous pensez réellement que je pourrais avoir des problèmes à être trop proche des gens que je soigne ? Je pensais que les gens pouvaient avoir confiance, c'est avant tout pour cela que je suis devenu prêtre, pour être un guide qu'on peut reconnaître à son vêtement."

Je n'ai jamais dit ça... si ? Je ne m'en souviens pas, même si ça aurait pu s'en approcher... Je hausse mentalement les épaules et souris à Lucius. C'est probablement quelque chose qui doit tourner dans ses pensées, quelque chose de récurrent qu'il a du mal accepter peut-être ?

- Vous savez, il y a tellement de faux prêtres et de faux hommes de foi maintenant parmi les vampires. Ils se font passer pour des sains pour mieux attirer les innocents et les naïfs, et ainsi se nourrir d'eux. Cela arrive encore dans les contrées loin de toute cité, mais de ce que j'en vois vous n'êtes pas comme ça et c'est rassurant.

Je n'aurais pas voulu que mon ancêtre soit un menteur et un meurtrier d'innocents en quête de protection, ça non.

"Pardon... je... Parlez-moi de votre rêve, je vous prie."

Il semble troublé, mais je lui souris toujours, ne voulant pas le perturber inutilement.

- J'ai rêvé de mon... de celui qui m'a transformé. Il est enfermé aux cachots pour m'avoir transformé sans autorisation, quand bien même c'était pour me sauver, et cette n... aujourd'hui j'ai rêvé que j'étais dans le cachot avec lui, il était même étonné de me voir, et j'ai voulu le toucher et je me suis éveillée. C'est étrange non ?

Je ris doucement, un peu gênée de cet aveu sur le contenu de ce rêve. Je n'ose pas dire à Lucius qu'Omen et moi avons partagé bien plus que ce lien d'éternité du temps de mon vivant.

- C'est un peu indiscret mais... vous êtes en contact avec la personne qui vous a transformé ?

J'aimerais en apprendre davantage sur lui, sur comment il est devenu vampire, comment sa vie a basculé lui qui était promis à tant de choses. Mais soudain je sens une douleur me transpercer et je porte la main à mon ventre, ouvrant la bouche pour exhaler un petit son étranglé. La faim est là, et elle me déchire les entrailles.


@Lucius Malkavian

"Vous en avez dû en rencontrer beaucoup, si vous dites qu'il y en a tellement. Vous me les présenterez..."

Moi ? En rencontrer ? Il semble prendre cela si au sérieux que je me sens honteuse d'avoir été si catégorique, parce qu'en fin de compte, j'ignore si de telles personnes existent encore.

"À dire vrai, on m'a vraiment reproché mon choix de vocation, et on m'a tellement montré du doigt que j'ignorais qu'il en eut encore. De plus, personne n'a la foi, en ces temps troublés d'ombres et de sang. Je suis sincèrement triste de savoir que ceux qui auraient pu avoir confiance en des prêtres ne finissent pas se faire abuser."

Je lève doucement les mains et secoue légèrement la tête.

- Ah non, non, je n'en ai jamais vu moi-même et j'ignore s'il en reste encore, mais c'est ce que mes parents et leurs parents avaient eux racontaient, qu'il y avait des faux prêtres qui avaient profité de la fin du monde pour s'en prendre aux gens qui étaient perdus. Personnellement je crois que vous êtes le seul qui soit encore en activité, en tout cas à ma connaissance.

Honteuse de ma bêtise d'avoir parlé sans savoir, je change de sujet et évoque le rêve que j'ai fait et qui m'a troublé au point que je me fais violence pour ne pas aller rejoindre Omen sans attendre.

"Non, cela n'a rien d'étrange. Les rêves que l'on fait juste après sont parfois troubles, parfois plaisants. Il ne faut pas trop y accorder de l'importance."

Donc je n'ai pas à m'inquiéter ? Tant mieux, même si je sais que tu es encore au cachot tandis que moi j'ai osé m'enfuir... qu'en penseras-tu quand nous nous reverrons ? Curieuse de savoir si Lucius est encore en contact avec son créateur, j'ose lui poser la délicate question...

"Non, et j'espère ne jamais l'être. Comme vous, il ne m'a pas laissé le choix. Cependant, contrairement à vous, j'étais en pleine santé et j'avais une vie à vivre, si modeste soit-elle. Le suicide m'est interdit, sans cela, croyez bien que je ne serai plus de ce monde depuis bien longtemps. Il m'a forcé à faire certaines choses, à certains sacrifices, à faire... je ne souhaite cela à personne."

... bien plus délicate et douloureuse que je ne le pensais. Je me sens triste pour Lucius, triste que sa condition lui ait été imposée de cette façon, que ce ne soit pas arrivé parce qu'il mourrait ou parce qu'il l'a voulu. Instinctivement je serre mon poing contre mon coeur et hoche doucement la tête, l'air compatissante.

- Je suis désolée, je ne voulais pas vous rappeler de mauvaises choses ni raviver votre peine.

Qu'est-ce que je pourrais faire pour l'aider à oublier ça ? Probablement rien, c'est là le lot de tous les immortels, je le savais déjà avant et maintenant je ne peux que l'expérimenter en plus.

"Dois-je vous escorter quelque part, cette nuit ?"

Ah, oui... Ils se sont probablement déjà rendus compte que j'étais partie... L'angoisse m'étreint soudain et je prend une rapide inspiration avant de hocher vivement la tête, passablement nerveuse.

- Oui s'il vous plaît, je... en fait je me suis enfuie alors que je devais attendre dans une chambre de la Tour qu'on décide du sort de mon créateur. J'avais faim et je devenais folle à tourner en rond, j'avais envie de sortir et...

Bien que je n'ai jamais été pratiquante, je pourrais presque demander pardon à Lucius et à Dieu pour ce que j'ai fait, mais cela n'est pas dans mes convictions ni mes pratiques alors je m'abstiens, même si je comprends mieux pourquoi les gens sont parfois si dévots.

- Est-ce que vous pourriez me raccompagner près de la Tour ? J'essaierais de rentrer discrètement toute seule ensuite, je ne voudrais pas qu'on croit que vous êtes mêlé à ma fuite d'une façon ou d'une autre, vous avez déjà fait énormément pour moi.

Je lui souris, sincèrement reconnaissante, avant de porter une main à ma gorge et de tousser un peu.

- Est-ce que je peux abuser encore de votre gentillesse et vous demander un verre d... de sang ? J'ai peur de ne pas réussir à me contrôler sur le chemin si je ne mange pas quelque chose, enfin si je ne bois pas.

Il va falloir que je m'entraîne à utiliser le bon vocabulaire aussi.


@Lucius Malkavian

Il me dit qu'il n'y a aucun mal et, étrangement, je le crois sincère même si je doute que cela ne lui ai pas causé du mal, justement, quand bien même il ne m'en tiens pas rigueur.

« S’il devait arriver quoi que ce soit à votre créateur, sachez que vous pourrez toujours venir me trouver. »

Vraiment ?

- C'est... C'est très gentil, merci. Merci Lucius.

Je lui suis sincèrement reconnaissante pour cette offre qu'il me fait. J'avais déjà prévu de revenir le voir pour que nous puissions parler, échanger sur toutes sortes de sujets et pas seulement celui de notre possible lien de famille, mais savoir que je peux venir le voir en cas de besoin... cela me donne quelque chose auquel me raccrocher au-delà de Toi, même si à choisir j'espère qu'il ne t'arrivera jamais rien et que nous ne serons plus jamais séparés. Tiens... étrange pensée, et pourtant c'est ce que je ressens. Est-ce que ce serait ça, le lien entre un infant et son créateur ? Ou bien est-ce que c'est à cause de ce que j'éprouvais déjà pour Toi avant de devenir vampire ?

« Ne vous inquiétez pas pour moi, ou ma réputation. »

Je souris doucement et hoche la tête : soit, je n'évoquerais plus le sujet alors, ou en tout cas pas pour le fait de me ramener à la Tour. Comment pourrais-je ne pas m'inquiéter pour quelqu'un d'aussi bienveillant et altruiste ? Et qui en plus est probablement un membre de ma famille ? Impossible, la famille c'est sacré, n'en déplaise à mon... mon... comment le qualifier ? Mon grand-oncle ? Mon oncle vampire ? Il accède à ma demande et me sers un verre de sang qui, s'il n'est pas fraîchement tiré d'une veine, ne m'en paraît pas moins appétissant. Je me jette sur le breuvage et je sens mes dents racler malgré moi contre le verre dans un bruit désagréable qui me fait grimacer. Mes oreilles sont encore trop sensibles, c'est horrible comme son ! Je m'efforce de faire attention, mais termine le verre avec un goût de trop peu qui demeure. A ma grande surprise, Lucius m'en ressert un autre que je bois presque aussi vite, puis un autre que cette fois je remarque être moins rempli. La cruche serait-elle presque vide ? Je me force à boire plus lentement, à prendre des gorgées moins grandes, mais le termine là encore trop vite pour ne pas trahir ma soif. J'ai l'impression d'être une enfant mal éduquée, mais cela n'arrête pas Lucius qui me sert encore une fois, et encore une fois en plus petite quantité, et je crois comprendre qu'il veut m'aider en faisant cela. J'ignore comment cela fonctionne, mais je m'efforce de mon côté de boire plus doucement et je finis le dernier petit fond servit avec une lenteur que j'ose songer à qualifier d'exemplaire... et en plus la faim est passée !

« Allons-y alors, je vais vous ramener. »

J'acquiesce et lui emboîte le pas, quittant le Sanctuaire tout en restant prudemment à ses côtés, mon regard allant et venant entre les rues et le ciel où tout me paraît plus clair et lumineux que dans mes souvenirs de mortelle.

- J'aurais une requête.

Que j'ose finalement dire après de trop longues secondes de silence.

- Puisque nous allons être amenés à nous revoir et que vous êtes très probablement un membre de ma famille, enfin que je suis un membre de votre famille, est-ce que nous ne pourrions pas décider d'un titre par lequel je pourrais vous appeler en plus de votre prénom ? Enfin titre n'est pas le bon terme, mais disons un... un statut, comme un oncle ou quelque chose du genre.

Est-ce que c'est exagéré ou même prématuré ? Nous progressons d'un pas régulier dans les rues et je suis agréablement étonnée de ne plus être incommodée par la faim qui me taraudait et qui semble pour l'instant belle et bien apaisée. La Tour, immense, se dresse à quelques centaines de mètres seulement et se rapproche bien trop vite à mon goût.

- Je me sens en sécurité avec vous... et j'avoue que j'en suis heureuse et soulagée. Je me sens moins seule dans ma nouvelle condition, c'est bizarre non ?

Alors que Tu es là pour moi, même si Tu es encore enfermé, je ne serais jamais seule tant que Tu seras là et je le sais, mais là c'est différent, c'est une autre sorte de lien, quelque chose de... d'indéfinissablement familier.


@Lucius Malkavian

"Mon vrai titre officiel, ce serait... 'mon frère'."

Je le regarde, étonnée. Mon frère ? Je croyais que c'était "Mon Père" pour un prêtre ? Peut-être que mes souvenirs de ce que j'en ai lu sur le sujet ne sont pas exacts, en tout cas puisqu'il le dit c'est que cela doit être la bonne façon de procéder.

"Mais sinon, je ne sais pas. Appelez-moi comme vous le souhaitez. Ne m'en veuillez pas si je vous appelle 'Ma soeur'."

Je souris et secoue la tête, joignant mes mains dans mon dos tout en continuant de marcher, le pas plus léger tandis que je me sens définitivement plus à l'aise en compagnie de Lucius.

- Ça ne me dérange pas, si c'est comme ça que l'on dit.

J'éprouve le besoin de lui confier mon ressenti, j'ai toujours dit qu'il ne fallait pas se priver de le faire quand il s'agissait de quelque chose de positif car cela fait toujours plaisir à la personne qui reçoit le compliment. Cette fois ne déroge pas à la règle quand Lucius me dit que c'est un "immense bonheur" que je ne me sente plus seule en sa compagnie. La joie est partagée, ça c'est vraiment une bonne chose.

"Je vous laisser aller seule ? Ou préférez-vous que je vous accompagne et que j'explique la situation ? C'est vous qui choisissez."

J'hésite alors que nous ne sommes plus très loin de la Tour, mordillant ma lèvre inférieure avant de sentir le contact d'une canine qui me fait arrêter immédiatement. Il va falloir que je perde cette habitude sinon je vais finir par me blesser.

- Je repense à ce que vous avez dit tout à l'heure et... Peut-être que si vous me raccompagnez en disant bien que vous m'avez trouvé en train d'errer, vous n'aurez pas d'ennuis à cause de moi. Je crois qu'à ce stade ils ont déjà dû se rendre compte de mon absence et je n'échapperais pas à leur mécontentement.

J'espère seulement que ce n'est pas Toi qui en feras les frais ni n'en payera les conséquences... qu'est-ce que j'avais en tête en m'enfuyant, franchement ? Moi qui d'ordinaire pèse toujours le pour et le contre, qui évite de décider sur une simple impulsion irréfléchie... Pardonne-moi, Omen.

- J'avoue que j'ai peur d'y aller toute seule après m'être enfuie, c'est idiot, j'aurais dû y réfléchir avant.

Je regarde Lucius avec un air désolé et inquiet à la fois, me demandant ce qu'il peut bien penser d'une telle attitude. Il n'a pas l'air d'être prompt à mal juger, mais le fait est que je n'ai pas respecté les ordres, ou consignes, ou peu importe comment ils appellent ça.


@Lucius Malkavian

Lucius me guide jusqu'à l'entrée et j'ai bien du mal à ne pas me raccrocher à son bras et... et finalement je ne peux pas m'en empêcher lorsque j'aperçois les portes, pénétrant avec lui à l'intérieur de la Tour pour interpeller le premier garde venu.

"Bonsoir. Je me présente, je suis Lucius Malkavian. Je viens vous ramener L....Lyn ici présent. Voyez-vous, je considère cette jeune personne comme ma sœur. J'ai toujours été proche de ma sœur. Cependant, ces derniers temps, elle n'a plus donné signe de vie, et pour cause, la mort avait frappé. Du coup, ce soir, elle est sortie pour venir me trouver et me tenir compagnie. Je n'ai pas osé la renvoyer parce que le soleil allait se lever, alors je vous la ramène à la première heure en gage de bonne foi."

Je le regarde avec un air passablement fasciné pour le coup : il semble si sincère en disant cela, et je réalise qu'en vérité il n'a pas menti, tout au plus arrangé un peu la partie où il est question du fait que je sois sortie pour venir le trouver. C'est plutôt lui qui m'a trouvé, et sauvé du soleil, mais je me garde de le préciser et me contente de hocher la tête à l'intention du garde.

"Si cela vous arrange, je peux tout à fait l'héberger le temps que..."

"Ce ne sera pas nécessaire. Je vous remercie."

Non, évidemment que non, ils ne me laisseraient pas libre de me déplacer je le sais.

"Hé bien bonne nuit, Lyn. Repassez chez moi quand vous le voulez."

- Ce sera avec plais...

"Elle n'en aura pas le droit."

Je me pince les lèvres pour ravaler mes mots et mon indignation : je n'ai rien à dire.

"Et pourquoi donc ?"

Ma main serre un peu le bras de Lucius et je lève sur lui un regard désolé, secouant doucement la tête alors que le garde lui répond.

"En attendant le procès de son créateur, elle doit rester sous notre contrôle."

Pas besoin de s'emporter pour ça, c'est ce que mon regard laisse entendre, mais loin de s'irriter, Lucius conserve un calme incroyable et je sens la tension me quitter de nouveau tout en l'écoutant.

"Je comprends. Heureusement qu'elle est venue me trouver alors. Qui sait ce que j'aurais fait si elle n'était pas apparue dans mon existence. J'étais très inquiet pour ma sœur, vous savez. Je pense que le conseil n'aurait pas apprécié devoir se séparer d'un de leurs conseillers pour une bêtise administrative pareille."

Un de leurs conseillers ? Mais j... hein quoi ?! Je reste toute aussi muette que le garde tout en dévisageant Lucius qui n'a pas même cessé de sourire, laissant son bras aller quand il s'avance vers l'homme.

"Je vous remercie des soins que vous lui apportez. Sachez que je saurai les consigner dans mon rapport."

... Ça, c'est une menace à peine voilée. Je n'en reviens pas et hésite entre sourire et me faire plus petite encore pour éviter de provoquer plus de remous.

"A plus tard."

Comprenant que Lucius s'apprête à partir, je reviens vers lui et prend sa main dans les miennes, hésitant avant de lever un regard reconnaissant sur lui, souriant doucement.

- Merci pour tout L... Mon frère. Je ne l'oublierais pas.

C'est bien ainsi qu'il voulait que je l'appelle, n'est-ce pas ? Je lui offre un sourire plus serein et tranquille, sachant qu'il a veillé par ses mots et son statut à ma sécurité malgré ma fuite, puis relâche sa main et le laisse s'éloigner tout en le suivant du regard jusqu'à-ce qu'il soit hors de vue. C'est là que le garde s'approche de moi, tendant le bras avant de se raviser et de me désigner le chemin d'un geste.

"Suivez-moi, je vous ramène à votre chambre."

Je vais probablement en entendre parler et avoir droit aux sempiternelles remontrances, mais je peux me raccrocher à Lucius et à son aide à ce sujet, même si c'est un peu de l'abus de ma part. Il va falloir que je te raconte tout ça dès que je pourrais, Tu ne vas pas en revenir. Cette nuit, j'ai retrouvé un Frère.


@Lucius Malkavian