[RP COMMUN] - Cuir & Dentelle.

Force était de constater que l’attitude de Tiago était sensiblement différente de la dernière fois où ils avaient été menés à se croiser. Il fallait dire que les circonstances étaient également différentes et bien plus agréables. Le sourire en coin d’Ephraim s’accentua en constatant que l’ancien Sauvage commençait à apprécier certains aspects de la Cité qu’il avait appris à abhorrer durant des années, voire durant l’intégralité de son existence. Lui et Ephraim étaient si différents, n’ayant rien en commun et pourtant le jeune homme avait décidé de tout mettre en œuvre pour lui faire apprécier les bienfaits des lieux, en commençant par les plaisirs que pouvaient offrir un endroit comme l’Oasis Pleasure. Son regard ne quittait cependant pas son cher et tendre Maître, appréciant le spectacle que celui-ci offrait avec la jeune danseuse des airs, lui faisant atteindre d’autres hauteurs et lui donnant foncièrement envie de montrer lui aussi au septième ciel. Mais ce soir était différent. Ce soir, c’était lui le Maître et Dorian l’esclave. Ce soir, une confiance en lui à toute épreuve inondait ses veines comme jamais auparavant. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait ressenti un tel pouvoir de séduction émaner de lui tant le Prince de la Cité avait secoué tout son univers. Et ce soir, il se rappelait qu’avant Dorian, il y avait foule qui se pressait devant sa chambre pour quelques heures de volupté avec l’émeraude étincelante du lieu de plaisir suprême de New Abbotsford. « C’était une proposition à durée déterminée dans le temps, mon biquet. » Si Bianca savait qu’elle parlait à son frère de cette manière, ses oreilles siffleraient à n’en pas douter. Fort heureusement pour lui, elle avait déjà fort à faire avec son intriguant mais si glacial Maître. Il allait ouvrir sa bouche pour lui répondre qu’il était hors de question qu’il ne quitte son esclave d’un soir des yeux et plus encore qu’il n’en profite pas pleinement lors de cette soirée où il était un peu plus roi que d’habitude en ces lieux lorsque les paroles de Tiago lui parvinrent tant à ses oreilles qu’à son esprit quelque peu absorbé par un désir obnubilant. Aussitôt, il se retourna, mettant de la distance entre eux et les sourcils froncés, il répéta, un air hébété : « Tu n’a jamais quoi ? » Evidemment, il l’avait compris immédiatement, la sagacité du danseur pour ce genre de chose étant bien plus affûtée que pour le reste des choses. Dans la semi pénombre, il se passa la langue sur les lèvres, les sourcils légèrement froncés, réfléchissant comme s’il pesait le pour et le contre.

Finalement, un large sourire se dessina sur ses traits d’albâtre et ses pupilles vert d’eau pétillèrent de malice. « Dans ce cas, il faut que ce soit mémorable. » Il lui adressa un clin d’œil avant de le faire prestement tomber sur l’un des divans de velours rouge où des couples se découvraient ou se redécouvraient déjà. Le dominant de sa hauteur, il jeta un coup d’œil au couple à leur droite, ou plutôt au trouple auquel participait allègrement Manns, un des meilleurs danseurs des lieux, après Ephraim évidemment ; un coup d’œil à sa gauche qui n’était autre que Dorian et sa partenaire dont la grâce se réverbérait jusque dans ses gémissements sous les coups de langue du Prince. Immédiatement, avec un naturel déconcertant des mains se mirent à caresser le torse musclé de Tiago tandis que celles d’Ephraim glissaient fermement sur son entrejambe, la pétrissant, la durcissant, la faisant rouler entre ses doigts experts alors que le cuir de son pantalon devenait comme une seconde peau sous la chaleur ardente de l’étreinte. D’un geste agile, le diadème toujours sur ses boucles brunes, il enjamba les corps et s’installa derrière lui, se penchant de manière accroupie à son oreille alors que Manns commençait à butiner le corps ferme et légèrement caramélisé de l’Enregistré. « Embrasse-la » lui proposa-t-il en faisant un signe de tête vers Andromaque, ses doigts se perdant dans les boucles d’ébène de Tiago, ses ongles dessinant des arabesques sur son crâne et provoquant, parmi toutes les caresses avides reçues, une chair de poule qui recouvrait son épiderme. « Ou embrasse-le. » l’incita-t-il alors que les mains de Manns s’immisçaient dans son pantalon pour le libérer de son carcan textile. Ephraim l’observa faire et ne put s’empêcher de commenter avant que Manns ne glisse sa langue sur toute sa longueur : « Oh le grand garçon. »

Satisfait de la tournure que prenait la soirée, il se redressa légèrement et observa les lieux tel le roi fugace qu’il était. Les gémissements de plaisir avaient désormais pris le pas sur les rythmes langoureux des musiciens. Les danses se faisaient aussi bien allongées que debout mais de manière sensiblement intime. Tout le monde avait l’impression d’apprécier la soirée qui était la sienne. Indubitablement ses 20 ans étaient célébrés comme il se devait et de la plus belle manière qui soit : celle qui correspondait le plus au nymphomane suprême. Ou presque. Son regard coula sur son esclave pour la nuit et son entrejambe lui rappela qu’elle aussi aimerait pouvoir s’amuser et goûter des délices jusqu’à présent inédits. « Si vous voulez bien m’excuser. » s’enquit-il auprès de ses partenaires de jeu avant d’enjamber à nouveau le sofa. « Je dois m’amuser un peu avec mon cadeau. » Il s’installa à côté de Dorian dont il détourna le visage pour l’embrasser avec langueur, appréciant de sentir le suc intime de la danseuse sur ses lèvres, la langue pénétrant doucement la bouche du strigoï, s’électrisant lorsqu’elle rencontra son alter ego. « Viens avec moi, toi. » Il ne le tutoyait jamais en dépit de leur intimité réelle et inédite pour le jeune homme. Mais habituellement, il ne lui donnait jamais d’ordre non plus. « Ce soir, c’est moi qui te baise. » lui murmura-t-il dans le creux de l’oreille avant de le contraindre à le suivre et de l’amener dans une des chambres de luxe qui entourait la salle où l’on pouvait voir sans être vu. Derrière les vitres teintées, la salle apparaissait être une explosion de corps enchevêtrés et des kilomètres de peau nues. Mais il ne voyait que le doux visage de son Maître, ou plutôt de son esclave. Il le projeta violemment sur la vitre teintée d’où personne ne pouvait les voir et se colla immédiatement à lui, ses mains parcourant son corps assombris de tatouage. « Ce soir, c’est moi qui te fais jouir. » C’était la première fois qu’ils étaient dans une telle position et à un autre moment, si la confiance en lui ne parcourait pas ses veines comme en cet instant, si la lourdeur de la tiare sur ses boucles ne lui donnait pas cette impression de suprématie, il aurait hésité sur la démarche à suivre, ne sachant comment faire jouir Dorian autrement qu’en le laissant le pénétrer. Mais ce soir était différent. « Déshabille-toi. » lui intima-t-il puis : « Déshabille-moi. »

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