[RP COMMUN] - Cuir & Dentelle.

Il avait reçu l’invitation évidemment, même s’il sentait que c’était essentiellement une volonté de se moquer de la part de Dorian. Voire même un pari conclu avec Kresnik ou Erwin sur sa venue ou non. Il avait, bien sûr, mis de côté l’enveloppe sans lui prêter la moindre attention. Qu’est ce qu’un Légat viendrait faire dans une soirée de débauche ? Qu’est-ce qu’un castrat viendrait faire dans une fête où le mot sexe était écrit en gros et en lettres lumineuses ? Qu’est-ce qu’un Prince viendrait faire à l’anniversaire d’un vulgaire prostitué ? Il avait d’autres choses à faire. Il était bien supérieur à ce genre de soirée où l’alcool, la drogue et le sexe coulaient à flot. Mais c’est justement parce que c’était ce genre de soirées qu’il s’était alors mis en tête de trouver de quoi se parer et traverser les rues de la Cité, bien trop calmes et douces même en plein hiver. Ne s’embarrassant pas d’un quelconque manteau, le froid glacial ne l’atteignant pas davantage que les interpellations de sa mémoire, il marchait d’un pas décidé vers l’Oasis Pleasure, son regard traînant sur le ciel étoilé qui se voilait de manière particulièrement charmeuse ce soir. Sans doute était-il en retard. Il espérait ne pas arriver trop tard à tout le moins. Trop tard pour quoi ? Elle travaille de manière habituelle en ces lieux, ce ne serait pas une soirée plus différente des autres. Il chassa cette pensée fugace d’un geste vif de la tête et accéléra l’allure, esquivant une flaque d’eau d’un pas chassé qui lui fit glisser sur le visage un sourire fugace. Attrapant de sa main gantée de cuir un lampadaire, il utilisa ce dernier pour tourner rapidement autour, son cœur se faisant plus léger et renouant avec une époque qu’il pensait lointaine et résolue. Il avait bu avant de venir. Beaucoup pour trouver le courage de se délaisser de son carcan militaire, revêtir un t-shirt noir et un pantalon en cuir du même ébène. Ce n’était certainement pas la première fois qu’il se rendait à l’Oasis Pleasure évidemment mais généralement, il y pénétrait discrètement et filait vite en chambre loin des regards indiscrets, payant des prostitués et les observant faire sans jamais participer. Il n’avait pas de quoi procurer du plaisir et n’en ressentait jamais au point que l’on pouvait se demander ce qu’il venait véritablement y faire, si ce n’est passer le temps. A l’exception d’une fois. Une personne.

Il adressa un signe de tête au vigile auquel il présenta son carton d’invitation avant de pénétrer à l’intérieur des lieux interdits. La différence avec l’extérieur était particulièrement importante : il faisait aussi torride à l’intérieur que le vent était glacial à l’extérieur, il y avait autant de monde pressé les uns contre les autres que les rues étaient désertes, les lumières rouges et sensuelles étaient braquées sur un seul et unique corps qui se déroulait entre des soirées que la lumière blafarde de la lune et des étoiles ne dissimulait pas grand-chose à l’extérieur. Promenant son regard sur le centre d’attention de la pièce, il manqua un battement en observant de longs cheveux bruns et un corps féminin se dissimulant autant que se révélant sous les regards avides et concupiscents. D’un réflexe, il avança sans faire attention autour de lui alors que ses yeux métalliques regardaient de manière acérée la danseuse des airs. Il ne prêta pas attention au jeune homme à moitié nu et au corps couverts de tatouages auprès de son ami Erwin, renversant ce dernier et le verre qu’un serveur venait de déposer entre ses mains sur une humaine à ses côtés. Non, il détaillait la danseuse avec une peur viscérale d’y voir celle qu’il était venu voir, voire surveiller. Elle virevolta dans les airs et son corps se dévoila en même temps que son visage. Il était soulagé. Ce n’était pas Bianca. Rassuré, au moins temporairement, il attrapa un verre de sang alcoolisé qu’il ingurgita d’une traite alors qu’une des prostituées des lieux se rapprochait de lui. « Légat ! Cela faisait longtemps ! » s’exclama-t-elle avant de lui demander. « Faites moi danser. » Soulagé et l’esprit léger, il accueillit cette requête et la dirigea vers la piste de danse, ne se préoccupant plus de la danseuse des airs.

Spoiler:

Même si les activités au sein de New Abbostford ne manquaient pas la plupart du temps, il était certain que cette soirée organisée par les soins du Prince Lockwood dans son propre établissement resterait à jamais graver dans les mémoires. Après tout, ce n’était pas tous les jours que le favori d’un des héritiers De Conti, qui plus son amant et calice, fêtait son vingtième anniversaire. Un âge sans doute insignifiant pour les nombreux vampires qui peuplaient la cité mais un pallier pour les milliers de mortels présents. Existence marquée par un temps éphémère prêt à s'éteindre à tout moment, les enregistrés voyaient la vie bien différemment de celle de leurs homonymes strigoïs. C’était normal après tout et Bianca faisait partie de ceux qui avait décidé de croquer la vie en pleine dent pour ne rien regretter.

Travaillant à l’Oasis Pleasure et amie bienveillante de la petite starlette de la fête, c’est tout naturellement que la demoiselle avait reçu son carton d’invitation comme bien d’autres privilégiés. Un pass envié par beaucoup mais qu’elle avait gardé précieusement jusqu’à son arrivée devant les portes prestigieuses de cet endroit de rêve. Habituée des lieux, elle afficha un doux sourire à l’encontre des vigiles gardant l’entrée, ne dérogeant à aucune règle. Un sourire partagé par ces derniers et dont les regards ne purent s’empêcher de dévier sur la silhouette de la miss élégamment dissimulée sous un épais manteau fourré pour la protéger des morsures du vent glacial de la nuit, à défaut de toute autre canine aiguisée. S'insinuant dans l'antre de tous les désirs, Bianca se délesta de sa première couche de vêtement pour laisser apparaître sa véritable tenue à la vue de tous. Au vu du dress code de la soirée, l'hispanique avait joué le jeu en revêtant un ensemble de cuir qui mettait diablement ses formes en valeur. Pour se distinguer du reste de la foule, la demoiselle avait opté pour du blanc dont la composition se scindait en deux parties distinctes : un haut court soutenant sa poitrine et dévoilant une bonne partie de son ventre ainsi qu'une d'une minijupe ajustée révélant ses longues jambes fines ; le tout agrémenté d'une paire d'escarpins dans les mêmes tons marquant un galbe d'autant plus sensuel. Rien d'étonnant alors que la plupart des regards s'arrêtèrent sur elle dès son entrée dans les entrailles du bordel de luxe marqué par une chaleur envoûtante et une odeur de stupre imprégnée dans les murs. Même si elle restait un fruit défendu aux yeux des tentateurs, enregistrée privilégiée du Légat, la brunette n'en restait pas moins une sublime tentatrice qui aimait jouer de ses charmes. Consciente de sa beauté et de ses traits singuliers, elle appréciait grandement l'idée de plaire, d'autant plus que son maître avait décliné l'invitation du Prince. Du moins c'est ce qu'elle pensait.

Après avoir salué la plupart de ses collègues de boulot, Bianca accepta volontiers un verre d'alcool de la part d'un des serveurs pour se diriger vers le centre de la salle, croisant sur son passage la Conseillère Bozena qu'elle admirait depuis toujours et Agatha sa mère de substitution en train de laisser leurs mains se mouvoir sur leur corps enlacés. Un spectacle qui lui fit hausser un sourcil tout en ne pouvant retenir un petit gloussement amusé. Rares étaient les choses qui pouvaient choquer la belle, encore moins lorsque l'on avait pour habitude de travailler dans une maison close. Un autre mouvement de tête, et là voilà qui reconnaissait le propriétaire des lieux ainsi que d'autre visages familiers tels que Lyn, une amie d'enfance dont la simple présence dans cet endroit prêtait à sourire. Mais ce fut l'arrivée tant attendue d'Ephraim qui poussa Bianca à se glisser parmi la foule pour aller saluer son petit chouchou. Dramaqueen insupportable pour beaucoup, elle avait toujours eu une profonde affection pour le jeune Lawrence qu'elle trouvait follement rafraîchissant. « Mais quelle beauté ! Joyeux anniversaire ma petite Diva adorée ! », souffla la latina dans le creux de l'oreille du gamin avant de déposer un baiser rouge pourpre sur sa joue d'albâtre. Une risette sincère sur les lèvres, elle s'éloigna ensuite pour laisser son chouchou profiter de sa fête comme il se doit. Sur le chemin elle stoppa son action lorsque son attention fut happée, comme celle des autres, par l'assombrissement des lumières et les premières notes d'une toute autre musique. Sur la scène venait de commencer une prestation pour le moins délicieuse portée par une ravissante créature jusqu'à lors inconnue et accompagnée de son pianiste. Tous deux captèrent l'attention des lieux avant qu'un tonnerre d'applaudissement ne retentissent pour saluer le spectacle et que la soirée reprenne son cours.

Ayant vidé son premier verre, Bianca en repris un deuxième. Elle comptait bien profiter de la soirée d'une manière ou d'une autre mais très vite plusieurs hommes ou femmes, vampires ou humains la prirent pour cible sans lui laisser réellement de répit. Cherchant du regard un quelconque salut, elle le trouva dans la vision bienveillante de son grand frère fraîchement retrouvé. Ni une ni deux, elle s'excusa pour rejoindre rapidement Tiago déjà accompagné. Arrivant dans son dos, elle l'interpella en tapotant de son doigt entre ses omoplates. « En voilà une tenue pour le moins sexy ! », le taquina-t-elle aussitôt, ses lippes ourlées d'un rictus complice spontané. Si elle n'avait encore parlé à personne de ces retrouvailles, la barmaid refusait l'idée d'agir comme une parfaite inconnue avec lui.  Pourtant, elle ne manqua pas de saluer le reste du groupe dans lequel s'était retrouvé son aîné quelque peu gêné. « Erwin, ravi de vous voir ce soir ». Elle se tourna vers les deux autres femmes. « Agatha, c'est agréablement surprenant de poser les yeux sur toi ici. Tu es sublime ainsi ». Puis ce fut au tour de Wanda, accompagnée d'une légère révérence au vu de son rang. « Conseillère Bozena, c'est un plaisir. Je suis fan de votre robe ».

Lorsqu’elle toucha de nouveau les pieds sur terre, une salve d’applaudissements la cueillit. Son coeur bondit en avant déjà fortement emballé par sa prestation. L’effort physique, la concentration, la musique, l’art en lui-même l’avait plongée dans une sorte de transe divinement agréable. Ceci était certainement lié au mélange d’endorphine et d’adrénaline qui faisait vibrer son corps et bouillir son sang. Alors quand le public la félicita, cela fit monter son bonheur à son paroxysme et fit doucement naitre une chaleur en son ventre. Gracieusement elle s’inclina puis se détourna offrant une dernière vision de son dénudé derrière.

Elle replongea dans l’ombre et gagna l’arrière scène. Elle se posa quelques instants, savourant sa victoire et enfila un short en similicuir et une paire de talons pour parfaire sa tenue. Enfin elle rejoignit son maitre afin d’avoir son avis sur sa prestation et récupérer son pendentif de calice, objet le plus précieux qu’elle possédait en ces lieux.
Face à son divin et galvanisée par sa prestation elle lui offrit un sourire enfiévré.
« Satisfait ? » Demanda-t-elle d’une voix basse. Le regard brillant qu’il posa sur elle répondit affirmativement à sa question et manqua de la faire défaillir. L’art quelqu’il soit avait toujours cette faculté de les réunir sur les braises ardentes et sensuelles de la passion. Toutefois, ce soir, ils n’étaient pas là pour jouir pleinement de la compagnie de l’autre, même si clairement l’échange de leur regards fiévreux appelait le contraire. Hélas pour elle… Cependant Andromaque lutta, de tout son corps et toute son âme. Une lutte qui ne fit qu’attiser le feu qui doucement commençait à bruler en elle. Yomi détacha la chaine qu’il portait autour du cou afin de passer le précieux pendant par dessus sa tête. Lorsque ses doigts frôlèrent sa peau, sensibilisée par l’effort physique qu’elle venait de faire, son coeur manqua un battement et elle retint sa respiration, un regard brillant planté dans celui de son précieux maitre. Elle sentit aussitôt une douce chaleur l’envahir, son corps répondant comme d’habitude bien trop rapidement à l’attraction magnétique qu’il exerçait sur elle. Les mots qu’il prononça alors exaltèrent bien plus ses sens et elle ne résista que difficilement au charme dont il irradiait. Après quelques mots elle lui confia son désir de le retrouver prochainement puis sous son inclinaison l’abandonna à d’autres plaisirs.

Aussitôt elle rejoignit l’ensemble des convives, se mettant en chasse. Fouillant la foule du regard, elle se demanda ce qu’il était le mieux de faire. Aller présenter ses hommages au Prince De Conti comme le protocole l’exigeait ou bien aller féliciter la vedette de cette soirée. Elle décréta alors qu’il était préférable d’aller se présenter au véritable seigneur de cette soirée. Et puis de Prince elle n’en avait qu’un… Repérant l’objet de sa convoitise elle fendit alors la foule, gracieuse et déterminée comme jamais, répondant par un sourire mutin aux regards et félicitations qu’on pouvait lui porter. Personne n’osa entraver sa route et elle en fut ravie. Sur sa route elle se saisit d’une coupe de champagne qu’elle vida d’un trait pour se donner non du courage mais un peu plus d’ardeur. Elle finit par se joindre au petit groupe que formait le jeune homme en compagnie d’une jeune femme. Tout deux étaient exquis et séduisant, aguichants dans leur accoutrements, dévoilant des formes gracieuses et en dissimulant d’autres plus secrètes.

« Bonsoir. Voilà donc le véritable seigneur de cette étourdissante soirée. Ephraim c’est ça ? » Demanda-t-elle, un sourire chaleureux sur les lèvres. « Je suis Andromaque ; et mon maitre le Prince Yomi Voltchenkov espère de tout coeur que le spectacle vous a plu. Et je l’espère aussi… » Elle laissa alors son regard arpenter lascivement le jeune homme de haut en bas et de bas en haut. Elle avait entendu les rumeurs, et les compliments qui fusaient sur Ephraim. Il était une diva, la coqueluche de ceux lieux et le favori du Prince Dorian. Le charisme qui émanait de lui rendait hommage à sa réputation, et son physique ne laissait guère indifférent non plus, si tant est qu’on savait apprécier un physique tout en finesse et très certainement en muscle.
Doucement elle s’approcha alors de lui afin de poser délicatement ses lèvres sur celles de l’humain. Elle lui offrit un doux baiser qui se mua rapidement en une embrassade passionnée, collant délicatement son corps contre le sien, une main s’agrippant fermement à la boucle du harnais qui lui ceignait le torse. Après quelques secondes d’un échange enflammé elle rompit enfin le baiser et se recula, avant de lui offrir de nouveau un sourire des plus chaleureux.

« Joyeux anniversaire. »
Dit-elle tout simplement. Son prince avait offert au jeune homme une prestation artistique de choix à travers elle, et elle avait décidé d’ajouter son propre présent à ce cadeau. Après tout, l’on fêtait un anniversaire ici !

Spoiler:

Fendant la foule jusqu'à eux, ce fut une de ses rares amies d'enfance, la plus belle, la plus rafraîchissante, la plus assurée et la plus adorée aussi qui vint les saluer et embrasser la Diva, lui souhaitant un bon anniversaire comme toute amie se devait de le faire, pour le plus grand plaisir de Lyn qui songeait déjà à tout ce dont elles allaient pouvoir parler après cette soirée mémorable.

- Bonsoir Bianca ! Tu es superbe, je crois que même le Légat ne résisterait pas.

Un clin d’œil entendu, car après tout les deux jeunes femmes se plaisaient à discuter de tout quand bien même elles ne devaient officiellement jamais évoquer certaines choses en public. Elle la regarda s'enfuir jusqu'à d'autres invités, reportant son attention sur la star de la soirée qui avait décidément l'air de s'amuser follement malgré la plaisanterie douteuse que fit Ephraim et qui lui ressemblait parfaitement, cette allusion sur le fait qu'il soit un homme depuis ses quatre ans tirant à sa cousine un regard faussement mécontent, les yeux plissés et une moue qui se voulait grognon alors que le léger sourire en coin trahissait l'ensemble, aussi sûrement que le bref rire amusé qui lui échappa lorsqu'il lui demanda s'il avait l'air d'un dur à cuir dans sa tenue de soirée.

- Assurément, tu vas tous les faire tomber à tes pieds j'en suis sûre.

Comme d'habitude, se retint-elle de dire, sachant pertinemment que nul ne pouvait résister bien longtemps à la Diva si celle-ci avait décidé de pourchasser quelqu'un de ses attentions. Seuls les rustres et les plus renfermés parvenaient à le repousser, et ils étaient beaucoup trop rares pour que la jeune femme en tienne compte. Ephraim commençait à évoquer le Commandant lorsque les lumières s'éteignirent soudain, à l'exception de la scène de l'Oasis Pleasure qui se para d'une teinte rougeoyante, la musique résonnant à leurs oreilles, les emportant tous dans un monde à part le temps d'un spectacle aérien qui fit s'ouvrir grands bien des paires de yeux. Lyn fut soufflée par la grâce, la beauté et la puissance qui se dégageaient de la scène, se sentant elle aussi l'envie d'être à sa place juste pour éprouver la sensation de liberté qui se dégageait du spectacle. Lorsque celui-ci prit fin, les applaudissements résonnèrent à travers toute la salle, l'humaine se joignant à ceux-ci avec un sourire enchanté, se tournant de nouveau vers son cousin quand l'artiste eut quitté la scène.

- C'était magnifique ! Ça c'est un cadeau digne de toi, il fallait au moins ça pour te faire honneur !

Affirma la jeune femme avant de saisir au vol un verre qui passait par là sur un plateau, buvant une grande gorgée pour ensuite souffler fortement, s'éventant de la main par réflexe, le rose aux joues.

- Tu sais qui c'était ?

Il ne fallut pourtant pas beaucoup plus de temps avant qu'une silhouette ne fende la foule jusqu'à parvenir à eux et, à peine était-elle à mi-chemin que l'électricienne la reconnue immédiatement, posant sa main sur le bras de son cousin avant de lui désigner la femme d'un geste du menton, un sourire montant irrépressiblement à ses lèvres alors qu'elle avait déjà hâte d'apprendre à la connaître davantage.

- Bonsoir.

La salua-t-elle en retour, lui laissant le champ libre avec Ephraim qui, adorant être la vedette déjà d'ordinaire, n'allait certainement pouvoir qu'apprécier d'être ainsi flatté par une artiste aussi belle et talentueuse que celle qui se joignaient à eux. L'électricienne cligna des paupières en entendant le nom du maître d'Andromaque, se rappelant bien qu'un prince Voltchenkov était arrivé récemment en ville. Qu'il offrit ainsi un spectacle au Calice du Prince Dorian en disait long sur cet homme, pour autant la jeune femme n'eut pas le temps de se poser plus avant la moindre question car déjà la brune s'avançait vers son cousin pour l'embrasser et... et ça, ça c'était un baiser des plus intenses qui eut le mérite de faire rougir Lyn, laquelle bu de nouveau une grande gorgée de son verre en détournant brièvement les yeux, se raclant poliment la gorge avant de reporter de nouveau son attention sur eux. Ah ça, elle pouvait bien lui souhaiter un joyeux anniversaire après un tel cadeau, n'importe quel homme se serait senti plus que joyeux.

- Bon, je te l'accorde, là on est dans une soirée très particulière comparé à ce qui se faisait avec le tout-venant, mais je t'assure que tu vas trouver ça fun oui, tu verras ! Dès qu'une jolie femme ou un bel homme à ton goût te fera les yeux doux, tu comprendras.

Telle avait été l'affirmation d'un Erwin aussi à l'aise et heureux qu'un poisson dans l'eau, se frayant un chemin après avoir déposé le cadeau auprès de la pile des autres pour finalement se diriger droit vers deux des plus belles femmes qui soient présentes à cette soirée, quand bien même celle-ci en regorgeait, Oasis Pleasure oblige. Saluant les dames avec un baise-main d'un temps qu'il n'avait lui-même jamais connu personnellement, il les avaient complimentées avec un sourire chaleureux et espiègle, laissant le soin à son Enregistré de se présenté comme bon lui semblerait, hochant simplement la tête d'un air approbateur quand celui-ci affirma "travailler" pour lui. C'était là la plus pure vérité tout en étant sujet à interprétation, une réponse habile malgré l'apparente hésitation qui rendit fier le propriétaire de l'auberge.

Alors c’est vous, le propriétaire de l’auberge du Port ? On m’avait dit que vous étiez parti, mais vous voilà revenu, et en charmante… et fraîche compagnie.

- Ma réputation me précède donc, c'est un honneur que vous me faites.

Affirma le Strigoï avec un sourire amusé, appréciant d'ores et déjà la tournure avenante que prenait son audacieuse approche.

— Crois-tu que ce Tiago va se faire un torticolis à force de chercher quelqu’un ou l’un d’eux va-t-il nous offrir enfin un verre avant que l’on meure de soif ?

Les lumières s'abaissèrent pile à cet instant alors que le brun s'apprêtait à les inviter, son attention tout comme celle de l'assemblée entière se tournant vers le spectacle aérien qui se joua sur scène, entre beauté et puissance, entre talent et légèreté, entre... Les tons rouges, l'enchaînement des mouvements, firent ressurgir par flashs des souvenirs qui se superposèrent à la magnifique œuvre d'art vivante qui se tenait sur scène, et l'expression de l'immortel s'assombrit, ses yeux noirs brillant d'un sombre éclat alors qu'il détournait le regard de la scène, prenant une inspiration inutile et ne suivant plus du tout ce qui se passait alors. Ce fut à cet instant précis que le Légat choisit de faire connaître sa présence, bousculant l'Enregistré sans ménagement, faisant alors se renverser le verre sur la pauvre humaine aux côtés de la Conseillère. Erwin secoua la tête et grimaça à l'intention de Heinrich qu'il irait embêter tout à l'heure pour la peine, profitant d'avoir une excuse pour ne plus regarder la scène pour tendre un mouchoir rouge vif à l'infortunée, tandis que la lumière revenant à la normale.

- Permettez que je vous aide, je doute que ce soit comme ça que vous vouliez votre verre, le Légat est si brusque des fois.

L'immortel fit un clin d’œil à la jeune femme, juste avant d'apercevoir un visage familier qui arrivait dans le dos de Tiago.

Retenant son sourire, il laissa les retrouvailles se faire entre ceux qu'il prenait pour des amis, saluant la magnifique brune avec un large sourire.

- Bianca, ravie de vous voir aussi, j'ignorais que vous aimiez ce genre de soirée. Votre tenue est renversante.

La complimenta-t-il sincèrement avant de reporter son attention sur les deux femmes à leurs côtés.

- Puisque mon ami ici présent à trouvé une déesse pour se pavaner à son bras, puis-je en faire de même avec vous, belle Agatha ?

Demanda Erwin en proposant son bras à l'humaine, dardant sur Wanda un regard pétillant tout en semblant attendre son approbation, ne voulant pas qu'une femme aussi influente et redoutable prenne en grippe ses habituels agissements si cavaliers.

- Tiago est extrêmement exigeant en matière de tenue, il m'a fallu plus d'une heure pour lui en trouver une qui lui convienne, et pourtant un rien lui va.

Affirma-t-il à l'intention de Bianca avant de reporter une fois encore son attention sur les deux femmes qui lui faisaient face.

- Alors mesdames, un verre ?

Il en fallait beaucoup pour impressionner Ephraim. Et il en fallait tout autant pour qu’il accepte de ne pas être au centre de l’attention, de voir quelqu’un d’autre performer à un niveau équivalent ou même supérieur à lui-même. Habituellement, il aurait froncé les sourcils et aurait pris sa mine des mauvais jours, annonçant son mécontentement. Mais le spectacle qui avait été offert par la sensuelle inconnue l’avait laissé dans un tel état d’excitation et d’enthousiasme qu’il ne semblait pas dans son état normal. Et ce sans encore de substances exotiques dans les veines. Les yeux brillants et le sourire large sur le visage au point qu’il en avait mal aux joues, il baissa les mains après avoir largement applaudi, cherchant du regard son Maître pour le remercier du cadeau ou lui demander de qui il s’agissait. Un léger rire s’échappa de sa gorge à la réflexion de sa cousine préférée (et unique) avant de répondre en hochant négativement la tête : « Absolument aucune idée. Elle ne fait pas partie de l’OP. » Un sourire coquin sur les lèvres fines, il prit le parti de la titiller comme il aimait tant le faire. « Je les connais toutes personnellement et intimement, si tu vois ce que je veux dire. » Il s’esclaffa en observant une teinte légèrement rosée s’emparer des joues de la jolie électricienne. Mais son attention fut rapidement détournée lorsque la sublime créature qui avait attiré tous les regards quelques instants auparavant apparut comme par magie devant lui. Elle était encore plus belle de près. Evidemment, compte tenu de son expérience et des fonctions qu’il avait si longtemps occupées, Ephraim avait connu bon nombre de femmes à la beauté époustouflante et qui la surpassaient sans doute pour certaines. Mais le spectacle qu’elle venait de donner, l’allure qui émanait d’elle lui ajoutait une aura des plus attirantes, voire magnétiques. L’espace d’un instant, il resta coi avant de reprendre de sa superbe. « Et pas que pour cette soirée. » répondit-il sans se démonter. Il ne se prostituait peut-être plus mais il n’en demeurait pas moins qu’il demeurait la star des lieux. Ses danses sensuelles sur scène, d’un tout autre genre que celle qui venait d’être présentée, attiraient encore et toujours, même au-delà des murs de New Abbotsford. « Vous remercierez votre Maître alors pour moi. Ce spectacle était absolument divin. » s’adressa-t-il à la jeune femme, s’interrogeant cependant sur la raison pour laquelle un Voltchenkov, qu’il ne connaissait pas, veuille lui faire un tel cadeau. On ne pouvait pas dire que ses relations avec la belle-famille de son Maître et de sa meilleure amie soient au beau fixe. Il détestait le Roi, parce que Dorian le détestait. Il méprisait Alec, parce que leur plan à trois avait été désastreux en tout point de vue et l’en avait presque vacciner. Il avait de la rancune contre Ismaël pour avoir humilier sa meilleure amie. Que lui voulait ce nouveau venu ? Et surtout, cette famille avait-elle un quelconque lien avec des lapins pour se reproduire autant ?

Il fut coupé dans ses réflexions internes lorsque son cadeau l’embrassa doucement avant d’approfondir ce baiser. Par réflexe et habitude, il glissa une main sur la chute de rein de la belle et glissa l’autre sur son visage, répondant langoureusement à son baiser en fermant les yeux. Sans dissimuler l’excitation qu’il avait précédemment ressenti, il frotta son intimité contre la sienne, se durcissant plus encore au passage, avant de se détacher d’elle. Totalement perdu, se demandant même pendant quelques secondes où il était et avec qui il était, il devait bien reconnaître qu’elle savait y faire. S’humectant la lèvre inférieure sans la quitter des yeux, son regard glissa sur sa silhouette des plus affriolantes et il dut calmer ses ardeurs et son instinct.  A défaut, il aurait bien considérer qu’au-delà de la danse aérienne, la demoiselle était un cadeau qu’il aurait déballé en public là maintenant tout de suite s’il le fallait. Un mouvement sur sa gauche lui rappela pourquoi il ne le fit pas. Le Prince. Se raclant la gorge et remettant en place ses abrutis sans se gêner du spectacle qu’il pouvait offrir, il la remercia avant de lui préciser : « Merci pour ce cadeau. Vous êtes nouvelle, il n’y a pas de mal. Mais la prochaine fois, sachez que je n’embrasse plus qui que ce soit si ce n’est mon Maître. » Dorian était le seul qu’il s’autorisait à embrasser ; le seul qu’il avait envie d’embrasser. Plus encore maintenant qu’elle l’avait excité comme pas permis. La soirée avait débuté depuis peu mais au vu de son état, le ton était déjà donné. « Cependant, je suis ouvert à d’autres possibilités… » Il glissa son doigt fin sur la poitrine rebondie de la jeune femme. Un sourire lubrique étira ses lèvres fines. C’était sa soirée : s’il avait envie d’enchaîner et de faire enchainer les orgasmes sans plus attendre, qui pourrait l’en empêcher ?

Spoiler:

Les lumières de la scène s’évanouirent lentement, plongeant le corps de ma belle Andromaque dans l’obscurité. Mes doigts se posèrent avec douceur sur une dernière note, unique, calme et s’estompant en même temps que les courbes de la danseuse. Je fermai les paupières un instant. Je n’avais pas eu le temps d’observer les regards qui se posaient sur elle, trop occupé à jouer. Comme d’habitude, je m’étais laissé emporter par la musique et les mouvements aériens devant moi pour en venir à oublier la raison de ma présence en ces lieux. Descendant de la scène après elle, dans la pénombre, je restai silencieux, encore dans un état légèrement second. Ce fut Andromaque qui me réveilla complètement de ma léthargie musicale.

— Très satisfait… répondis-je en repoussant une mèche de son visage.

Elle avait déjà eu le temps de se changer et m’observait avec attention pour connaître mes impressions. Un désir que je connaissais bien allait et venait en vagues lentes mais puissantes lorsque je la regardais. Ses prestations me faisaient souvent cet effet et parfois, ils nous arrivaient de céder aux passions de l’inspiration, mais pas ce soir. Ce soir, elle devait s’intégrer à ces gens et montrer son potentiel. Je ne doutais pas qu’elle saurait s’amuser au passage et peut-être prendrai-je part au spectacle. Les prochaines heures nous le diront.

Portant les bras à mon cou, j’ôtai la chaîne de calice pour la lui rendre. J’en profitai pour glisser un pouce sur sa joue encore rougie par l’effort. Son cœur battait la chamade, le sang affleurait sa peau et rendait son odeur encore plus délicieuse que d’ordinaire. Merveilleuse douceur qui n’appartenait qu’à moi alors que j’approchai de ses lèvres entrouvertes…

— Je t’aurais bien gardé pour moi, mais tu dois y aller. Tu sais ce que tu as à faire.

Reculant, je la laissais s’éloigner et me dirigeai moi-même vers le comptoir pour y obtenir une boisson. Mon appétit avait été attisé. Non loin de là, un groupe discutait avec légèreté et mon regard s’attarda sur une jolie brune dont la couleur blanche de sa tenue contrastait avec le cuir et la dentelle noire des autres. Son extravagance particulièrement courte m’arracha un sourire intéressé, mais il y avait trop de monde autour d’elle. Peut-être aurais-je l’occasion de la croiser plus tard. Je tournai la tête vers la piste de danse et… la gorgée de sang resta coincée dans ma gorge. Heinrich dansait. Dansait. Peu importait avec qui. Mais le déhanché inhabituel de mon frère aîné témoignait de son ivresse. C’était bien le dernier de la fratrie que j’aurais mentionné être présent lors d’une telle soirée. Je faillis me diriger vers lui, mais me ravisai en voyant une superbe femme le rejoindre. Oh non, je n’avais aucunement l’intention de le déranger s’il souhaitait s’amuser un peu. Les dieux savaient qu’il en avait besoin.

Patient, je souris légèrement en sirotant mon verre qui, pour une fois, n’était pas si mauvais que cela. Le barman m’observait du coin de l’œil et j’en profitai pour engager la conversation. Non qu’une conversation avec un humain m’intéresse particulièrement, mais s’il souhaitait participer à un autre genre de création artistique, j’étais toujours à la recherche de modèles fascinant et son allure d’éphèbe grec était toujours très inspirant.



@Andromaque Āto @Bianca Alvarez @Heinrich Zachow @Wanda Bożena

Je n’eus pas le temps de le voir venir. L’Oasis Pleasure était bondé, ce soir, et dans le noir je ne distinguais pas ce qu’il se passa. Je sursautai quand un verre se déversa sur moi. Je tournai vivement la tête du côté de Tiago.

— Ce n’est rien, dis-je alors que je pensais tout le contraire.

Un mouchoir rouge s’agita devant moi et je n’hésitai pas une seconde à le prendre pour tamponner le décolleté de ma chemise avec. Cet aubergiste était un vrai gentleman au sourire charmeur. D’après ce qu’il avait vu, ce n’était pas la faute de Tiago mais celle du Légat que je n’avais même pas vu passer si j’empestai l’alcool à présent. Heureusement que cela n’avait pas été du sang…

Je remerciais Monsieur King quand un sourire que je reconnaîtrais entre mille se joignit à nous. Bianca était superbe et inondait son entourage de chaleur et de bonne humeur, comme toujours. J’étais heureuse de la trouver ici. Elle salua tout le monde avec entrain.

— Surprenant ? Et pourquoi donc ? Je ne pouvais pas manquer l’anniversaire de notre danseur préféré et puis… je ne suis pas une nonne, même si j’ai l’air sage en temps normal. Tu es sublime également, ma belle.

L’employé de l’aubergiste sembla un instant désapprouver la tenue de la jeune femme avant que ses lèvres ne disent le contraire. Tiens donc, Bianca ne m’avait sans doute pas tout dit des derniers événements. Il était vrai que cela faisait quelques temps que nous n’avions pas discuté en tête à tête entre filles. Peut-être serait-il bon de rectifier ce manquement très bientôt.

Puisque mon ami ici présent à trouvé une déesse pour se pavaner à son bras, puis-je en faire de même avec vous, belle Agatha ?

Erwin King me sourit en me proposant son bras. Je tournai un regard surpris et fier vers Wanda, qui opina subtilement du chef. Non qu’elle m’obligeait à lui demander son accord dans ce genre de situations, toutefois, je n’aimais pas faire comme si elle n’était pas là lorsqu’elle se trouvait à mes côtés. Trouvant les manières de l’aubergiste agréables et ayant une furieuse envie de danser, je glissai mon bras sur le sien.

— J’ai terriblement envie de danser, Mr King. Nous verrons après pour le verre, voulez-vous.

Je pris sa main dans la mienne et, d’un pas souple, je l’attirai sur la piste pour laisser la musique guider mes mouvements. Il fallut que je prenne ses mains pour les poser sur mes hanches pour qu’il daigne se laisser aller à son tour tandis que la chaleur, les notes lancinantes et la proximité des corps s’occupaient de nous rapprocher.

Tout le monde semble-t-il était arrivé, vêtus de leur plus belle tenue, certaines composées de moins de tissu que les autres. Mais tous apparaissaient voluptueusement sexy pour l'occasion, prêts à profiter de cette soirée comme il se doit. Tant mieux pensa donc le Prince, fier de l'organisation de la fête. Un anniversaire qu'il aspirait à voir inscrit dans les anales de l'établissement. Il voulait que toute la cité en parle le lendemain, que les jaloux se fassent voir, que les ragots aillent bon train. Il n'attendait que ça. Non seulement parce que son ego en désirait toujours plus mais aussi et surtout parce qu'il souhaitait que les 20 ans d'Ephraim reste à jamais graver dans sa mémoire. Si franchir les années n'était plus un pallier aussi renversant que celui des humains, il comptait bien marquer le coup cette fois-ci. Tout ça pour lui, pour cette beaux yeux et sa gueule de petit ange dissimulant un vrai démon aux mœurs légères. Ce diablotin qui était ce soir l'invité d'honneur et dont il se délectait déjà de sa vue. Ayant gardé le secret l'un et l'autre de leur choix vestimentaire, chacun découvrit les apparats de l'autre dans un échange de regard pour le moins équivoque. Un léger sourire en coin se dessina à son encontre, ses perles azuréennes luisant d'une lubricité explicite. Mais son regard dévia sur la jeune artiste qui venait d'effectuer son numéro magistral, cette dernière s'étant approchée de son protégé pour venir littéralement lui rouler une pelle à la vue de tous. Un peu trop entreprenante pour une première celle-là et si en temps normal il pouvait apprécier un tel comportement, ici il s'agissait de son calice connu de tous. Ephraim pouvait coucher avec qui bon lui semblait mais ses lèvres, elles, lui étaient tout bonnement réservées. Un fait qu'évoqua aussitôt son jeune amant dont les paroles parvinrent jusqu'à l'ouïe sur-développée du vampire, un rictus satisfait aux bords des lippes.

Mais stop à la plaisanterie, les festivités n'allaient pas se faire toutes seules et c'est tout en extravagance que Dorian s'extirpa de la nuée pour grimper sur scène. « Chers dignes représentants d'Apollon et Aphrodite, votre attention s'il-vous-plaît ! », s'exclama-t-il en claquant des mains, obligeant la musique à s'adoucir et les convives à tourner la tête vers son allocution. Retroussant légèrement ses manches d'un air surjoué, il observa certains visages suspendus à ses lèvres. Son égocentrisme ne pouvait être plus poussé en cet instant bien qu'il se retint d'en faire davantage pour en laisser tout le soin à l'invité d'honneur. « Si nous sommes réunis en cette délicieuse soirée c'est pour fêter comme il se doit l'entrée dans la vingtaine de notre petite starlette de l'Oasis Pleasure ! Ah 20 ans !... Ça nous paraît si loin désormais pour bon nombre d'entre nous, n'est-ce pas ? ». Des rires d’acquiescement s’élevèrent dans la salle. « Mais trêve de nostalgie les amis. Aujourd'hui est un jour de fête. Ce soir je veux vous voir vous complaire dans la débauche et la luxure. Alors buvez, planez et baisez jusqu'au bout de la nuit comme si c'était la fin de tous les temps ! ». D'un ton théâtral il leva les bras pour accompagner ses paroles outrancières et les exclamations réjouissantes de son auditoire. Il laissa quelques secondes s'écouler, gonflé à bloc par les applaudissements alors qu'il s'adossait contre la barre de pole dance juste derrière lui. Ses opalines bleutées se mirent à vagabonder pour finalement se poser sur l'objet de tous ces désirs, ses lèvres s'ourlant d'un sourire salace. Il était foutrement sexy dans cet accoutrement , celui-ci ayant davantage misé sur le cuir contrairement au strigoï. «  Puisse cette nuit rester à tout jamais dans ta mémoire. Profite-en, c'est toi la Reine de la soirée Princesse. Mais avant toute chose, laisse-moi t'offrir ton cadeau... ». A ces derniers mots, Dorian sauta de son pupitre de fortune avec une élégance déconcertante, tendant la main dans une chorée organisée pour réceptionner une boîte fermée par un joli nœud par l'un des employés des lieux. Fendant la foule à la vue de tous ces regards alléchants, la dentelle du britannique épousa sensuellement chacun de ses mouvements jusqu'à rejoindre l'ancien prostitué. Son sourire s'élargit davantage une fois face à lui et il ne lui fallut guère de temps pour venir l'embrasser passionnément à la vue de tous. Un baiser qui s'éternisa sans grande surprise avant que l'héritier ne daigne enfin lui offrir le fameux paquet. « Joyeux Anniversaire chaton », dit-il fièrement en le scrutant avec attention. Impatient, il porta toute son attention sur ses réactions lors du déballage du cadeau, attendant que ce dernier en dévoile le contenu. Un véritable diadème de princesse scintillant de mille feux et aux joyaux étincelant de beauté. Une pièce de maître unique en son genre pour cet être tout aussi singulier. Mais comme le Lord excentrique avait décidé de rendre exceptionnel cet anniversaire, les choses ne faisaient que commencer. « Et j'ai un autre cadeau pour toi ». Sans crier gare, Dorian s'agenouilla devant Ephraim sans jamais le quitter de ses iris lagon. Une attitude qui souleva sans doute bien des idées peu farouches parmi les convives et dans l'esprit du garçon. « En cette soirée très spéciale Ephraim, je m'offre entièrement à toi. Pour les heures à venir les rôles s'inversent. Je suis ton obligé et tu peux faire de moi ce que tu veux. Absolument tout ce que tu veux. Tes désirs sont des ordres... Maître », lâcha-t-il d'une voix rauque et diablement désirable. Dorian était peut être Prince de cité et propriétaire de l'Oasis Pleasure, en revanche il se moquait éperdument de ce que l'on pouvait penser de lui face à une telle déclaration. Seul son plaisir et celui d'Eph comptaient, rien de plus.

Il fallait être honnête : il aimait tout de cette soirée. Elle avait tout pour lui plaire : les gens qui s’étaient déplacés étaient plus beaux les uns que les autres, même carrément bandants ; le spectacle offert par la délicieuse jeune femme sur laquelle il caressait la poitrine d’un léger frémissement aiguisait clairement ses appétits ; il était au centre de l’attention plus encore qu’il ne l’avait jamais été et pour la première fois de son existence, il était capable de fêter dignement cet anniversaire. Loin de l’atmosphère ampoulée de la Cité qu’il avait toujours souhaité soulevé la poussière. Loin de l’ombre de Varro qui bien que présent avait été relégué tout au fond de son esprit dans un néant absolu. Mais la cerise sur le gâteau, le summum du plaisir ressenti et du bonheur à l’état pur qui l’envahissait était le fait que cette soirée, sa soirée ait été organisée par Dorian. Au-delà du fait qu’il était particulièrement flatteur pour le jeune homme de savoir sa soirée d’anniversaire préparée en secret et célébré en grandes pompes par le Prince de la Cité, le célibataire le plus couru des environs, c’était surtout une magnifique preuve d’attachement, si ce n’était un autre mot. Le strigoï emplissait son univers de mélodies doucereuses, de papillons dans le ventre et d’étoiles dans le fond des yeux. Il n’avait besoin de plus grand-chose, si ce n’est de la présence de son royal amant. Justement, ce dernier montait sur scène et Ephraim ne put s’empêcher de pousser un léger gémissement en l’observant, la dentelle noire couplée aux ombres de ses tatouages jouant de sensualité sous les projecteurs et causant un impact directe sur son entrejambe qui se durcit en moins de deux et sur sa gorge qui s’assécha dans la foulée. Un large sourire accueillit son discours, couplé sur une teinte rosée qui envahissait ses joues. Il avait 20 ans aujourd’hui, ou peut être hier, ou demain, il n’était après tout pas entièrement sûr de la date exacte, et il était le plus heureux des hommes. Il voulait le crier au monde entier, même s’il n’en avait pas réellement besoin : cela se voyait sur son visage.

Son cœur se mit à battre la chamade lorsque Dorian lui indiqua vouloir offrir son cadeau. Fier comme un coquelet, il se redressa bien droit pour être digne de son amant de Prince et le dévora des yeux quand il raccourcit le chemin qui les séparait. Avait-il conscience que sa simple présence était déjà le plus beau des cadeaux que la Diva des lieux ait jamais pu rêver avoir ? Ses émeraudes étaient hypnotisées par la démarche chaloupée de son divin amant. Comment les personnes autour pouvaient l’observaient sans tomber dans les pommes ? Existait-il même seulement d’autres personnes que l’immortel qui avançait telle une panthère vers sa proie volontaire ? Il l’aimait tant. Il répondit immédiatement à son baiser, plaquant son contre le sien, glissant sa main dans sa chute de rein pour accentuer une étreinte incendiaire dont il ne voulait jamais voir la fin. Le mortel ne put s’empêcher de gémir et de grommeler quand il s’éloigna légèrement de lui pour lui offrir son présent. Et quel présent ! Le diadème brillait de milles feux dans son écrin de feutrine. « C’est … pour moi ? » demanda Ephraim, ne pouvant croire qu’il lui offrait une telle splendeur. Les larmes de joie et de bonheur pur montèrent à ses pupilles alors que ces dernières n’avaient de cesse d’osciller entre la coiffe précieuse et le visage non moins précieux du Prince. « C’est la plus belle chose que j’ai jamais vue. Merci ! » gémit-il, son visage profondément touché contrastant furieusement avec les vêtements bruts et animaux qu’il avait revêtus exceptionnellement ce soir. Il allait remercier dignement celui qui était devenu bien plus que son Maître quand… Tes désirs sont des ordres…Maître.

A l’instar de sa mâchoire qui venait de se décrocher, le diadème offert à l’instant manqua de tomber au sol tant la surprise le prit de plein fouet. « Qu…Quoi ? » Il n’arrivait pas à croire ce qu’il venait d’entendre et pourtant il n’y avait aucun doute possible. Un murmure parcourut la salle, certains s’offusquant à demi-mot du fait que le Prince de la Cité, un vampire et donc un être supérieur, s’agenouillait de cette manière envers l’humain qui, tout aussi important ce soir était-il ne restait pas moins qu’un esclave amélioré. Mais Ephraim n’entendit rien de ce grondement mêlé de choc, de désir, d’envie et de jalousie. Il n’entendait que les tambours sourds de son cœur, les grondements inassouvissables de son désir. Il se passa lentement la langue sur les lèvres, ne quittant pas des yeux le Prince. Ou plutôt son obligé pour cette nuit. Immédiatement, nombre de visions voluptueuses le prirent de court. Ils n’avaient pas pour l’habitude de mettre de freins à leurs fantasmes les plus purs, les plus fous et les plus inavouables. C’était cela aussi qui faisait la force de leur relation. Mais jamais il n’aurait imaginé une telle inversion des rôles, pas même dans ses rêves les plus fous. Et pourtant, son regard s’assombrit de désir à cette idée, son cœur apaisa sa chamade et le désir se fit plus mordant encore qu’il ne l’avait jamais été. Un sourire large se dessina sur ses traits et, alors qu’il installait le diadème sur sa tête, il accueillit dignement ce présent en posant un doigt sous le menton du Prince, son pouce glissant sur ses lèvres : « Redis-le. » C’était la première fois qu’il le tutoyait. La première fois qu’il lui donnait un ordre. La première fois qu’il jouait les dominants. Et bon sang que c’était bon. Son pouce appuya sur sa lèvre inférieure avant de pénétrer cette dernière, l’incitant à le prendre en lui. Alors qu’il le ressortait de cette cavité humide, il l’incita à se redresser et le tenant contre lui, se noyant dans son regard de jade comme s’il était la seule chose de cette pièce. « Embrasse-moi. »

C’était le plus beau des cadeaux qui soit, le plus parfait. Dorian le comprenait comme nul autre et savait parfaitement ce qu’il fallait pour le faire vriller. Cette évolution surprenante de leur relation en faisait largement partie. Il se sentait si chanceux d’avoir trouvé quelqu’un qui le comprenait autant qu’il le complétait. Lui, profondément égoïste, souhaitait à toute personne de connaître pareille félicité. Alors qu’il se détachait de son vampire attitré, une lueur étincelante naquit dans son regard et il tourna les yeux vers la jolie demoiselle qui, quelques instants plus tôt, avait attiré tous les regards alentours et offert un spectacle d’une beauté et poésie à couper le souffle. « Occupe-toi d’elle d’abord. Fais lui perdre à nouveau son souffle. » ordonna-t-il à Dorian avant de vérifier auprès de la demoiselle qu’elle donnait son consentement. Le regard noir de désir, il se recula légèrement pour les voir amorcer les premiers gestes, les mains disparaître et le plaisir amplifiait les lieux. La soirée était encore bien trop sage pour le moment. Il fallait y remédier plus vite que ça. Sans prêter attention et surtout sans lâcher des yeux le couple fugace formé sous ses désirs, il attrapa une coupe de champagne et la déversa sur le premier corps venu pour le lécher et le mordiller avec volupté.

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