| A difficult man [Swansea]
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| |  23.04.23 23:56 | |
| | Invité  Invité | "Sachez que vous avez au moins un ami dans cette cité. On n'a pas de patience quand on recherche un ami perdu, on ne l'épuise pas comme une proie, on ne joue pas avec lui, ce ne sont pas mes manières."
Il y avait un reproche dans la voix de Hodgkin. D'un regard en biais, sans faire mine de se déplacer, il suivait des yeux les actions de son captif en essayant de comprendre à quoi il s'occupait ; mais au fond, il était hanté par d'anciens écrits, et il savait qu'ils étaient pris dans une de ces histoires qui ne se terminent jamais bien pour personne.
Toi, jeune homme, ne te désespère point, car tu as un ami dans le vampire, malgré ton opinion contraire.
Le monde avait-il vraiment sombré ? Qu'appelait-on le monde ? Partout, il restait des statues, renversées, brisées, enfouies dans la terre, mais elles étaient trop gigantesques pour être détruites. Des bouddhas et des christs semés un peu partout comme autant de graines stériles. Quelques mérinos et élans géants, des têtes de kelpies en Ecosse. La Statue de la Liberté. La Renaissance, à Dakar. La Naissance d'un Homme Nouveau, à Séville. Et la statue de l'Egalité, quelque part en Inde, et sa cousine celle de l'Unité, qui les dépassait toutes.
Tous ces noms de territoires ne désignaient plus rien aujourd'hui, même s'ils lui auraient permis de suivre les cartes d'autrefois pour retrouver leur route, mais les silhouettes de pierre et de métal se dressaient toujours, titanesques.
Et il était bien placé pour savoir que derrière quelques-unes de ces entreprises pharaoniques se tenaient des architectes vampires, leurs richesses, leurs visions, leur folie. Les vampires le savaient, aussi bien que les hommes à la vie si vite enfuite. Un jour venait la mort, et ne restait qu'une chose : le tombeau. A une telle distance dans le temps, cela et leurs descendants, c'est tout ce qui témoignait de leur lointain passage, et il était bien difficile de les distinguer. Mais bien sûr, Swansea ne voulait pas parler philosophie. Il voulait parler souvenir, et aveux.
"Qu'entendez-vous par activement ? Je n'ai jamais été très actif dans les affaires humaines. J'ai bâti une ville et je l'ai perfectionnée, renforcée, en sachant qu'un jour elle serait un refuge nécessaire. Ajoutez mon silence à mes autres culpabilités. Mais je n'avais pas d'avertissement précis à donner, et qui aurait écouté un homme aussi étrange que moi ? Ai-je l'air des anges qui sortent de la nuée pour prévenir les mortels de leur destin ?"
Et il s'aperçut soudain qu'il riait. Il n'aurait pas dû le faire maintenant, ou de cette façon. Son rire était sinistre.
"Ne me répondez pas. Je sais de quoi j'ai l'air." |   | |
| | 29.05.23 23:56 | |
| | Aloysius Swansea ![A difficult man [Swansea] - Page 5 02f098555aa24dd4501b5097bb5108e46b81724d](https://64.media.tumblr.com/c8cece5764251af0758ca5d21ac22c0c/01b3e6d04957fc1c-ab/s540x810/02f098555aa24dd4501b5097bb5108e46b81724d.gif)
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C'était malin, mais le vampire ne répondit pas franchement à la question posée. Essayait-il de se soustraire à la vérité en déroutant son interlocuteur ? Swansea resta le regarder avec une mine déconstruite, les sourcils froncés. Car de plus, l'autre se mit à rire alors qu'il n'y avait strictement rien de risible. « Votre réponse est trop évasive.. Par 'activement', j'entendais ; Avez vous délibérément massacré des milliers d'humains durant la fin des Temps, de la même façon que vous avez décimé ces pauvres hères dans l'usine ? Qu'est ce que vous faisiez, pendant que vos pairs rendaient tous ces hommes exsangues ? ..Un conseil.. Ne vous engluez pas dans la stratégie du mensonge. » Il peinait à croire que le nocturne soit resté neutre durant cette période.
Ses agates se posèrent sur les paluches sales de l'hématophage, où sous ses ongles habituellement propres, demeuraient encore résidus de barbaque humaine. A le jouxter de si près, Al' captait une odeur désagréable ; celle des fluides divers qui s'étaient déversés sur sa cape - De quoi donner la gerbe. « Vous devriez faire quelque chose, vous sentez la mort. » Souligna t-il. A leurs pieds, la flaque aux reflets vermeil s'étendait à vue d'oeil. Al' s'en écarta. « Et accessoirement, j'ai vu assez de sang pour aujourd'hui. » Il se détourna de l'aïeul pour gagner le lit sur lequel il se laissa choir. Il soupira ; L’absurdité de la situation lui faisait douter de la réalité des choses.
Il rattrapa son sac, en extirpa cette fois relique, une chaîne en argent qu'il éleva à hauteur d'yeux. Breloque de bonne femme représentait un piaf perché au centre d'un anneau. Ornement lourd de souvenirs gagna son cou, malgré qu'il n'était pas homme à bijou. Là, il était certain de ne pas le perdre. Tout en menant ses petites affaires, il s'adressa au vampire qu'il n'avait plus dans son champ de vision puisqu'il lui tournait désormais le dos. « J'ai du mal à concevoir qu'une amitié vampire/humain soit possible. C'est comme demander à un loup de sympathiser avec une biche. Nous connaissons d'avance le fin mot de l'histoire. » Ne restait plus dans son cabas trempé que son arme. Inutilisable en l'instant. Il roula la besace en boule et la fourra sous le cadre du pieu. En se redressant, il poursuivit ; « Il y a toujours une sorte d'ascendance qui subsiste, parce que les vampires se croient au dessus de tout. Vous avez eu beaucoup d'amis humains depuis que vous êtes passé de l'autre coté ? .. J'aimerais savoir comment ces histoires se sont soldées. Et pas de réponses évasives cette fois ci. » Il lui lança un coup d'oeil significatif par-dessus son épaule.
☙ ❧  « Volubilis, bien que tu fanes, l'aube se lèvera encore » Gengen'ichi
by Wiise | | | |
| | 30.05.23 23:37 | |
| | Invité Invité | "Je ne mens pas. C'est mon caractère. Je suis indifférent. Je me moque des conflits humains ou autres, je ne m'intéresse qu'aux pierres." Tommen sourit d'un air désolé, tout en retirant ses hardes sales pour les jeter dans un sac et les enfermer. Il n'avait rien à raconter, et son auditeur était certainement déçu. Pourtant, son maître se mettait à nu, comme on le lui réclamait, à tous les niveaux. Swansea n'aurait pu rêver un maître plus obéissant ! "Vous pouvez me haïr pour ce crime-là, non ? Enfin, vous pouvez aussi ne pas me croire."
Mais bien sûr, Swansea voulait en savoir plus sur ses amitiés humaines. Eh bien, c'était tout naturel. On ne s'engage pas dans un bois sans se renseigner sur ses chemins, et sur sa faune, et avant tout sur son histoire.
"J'ai eu, en particulier, un excellent ami. Nous avions beaucoup en commun. Il a connu une mort terrible. Je l'ai livré à ma créatrice, quand il l'a capturée et affamée." Tommen s'interrompit et rectifia, en passant le tissu humide au long de son corps, comme s'il lisait les images du passé dans les reflets du feu sur sa peau : "Elle l'avait capturé, pour être exact, mais il ne s'était pas laissé dévorer si facilement. Il est presque arrivé à la chasser hors de ma vie... et au dernier moment, je l'en ai empêché."
Un ricanement lui échappa. Dit comme cela, le conte semblait si absurde. Et pourtant il n'y avait qu'une manière de le dire. Comment aurait-il pu déguiser cette amertume qui le submergeait ? Comment aurait-il pu la désigner par un nom plus clément ? Il était embarrassé de devoir y réfléchir. C'était le genre de sujet dont il aurait voulu se défaire à jamais, remiser dans les archives de la cité, sous une dalle de pierre et une chape de plomb. Mais il ne pouvait pas se le permettre, il en avait assez de sembler absurde aux yeux de son enregistré. Il était fatigué de ce rôle, le rôle du vampire.
"Pourquoi ? Bonne question. Bien sûr mon instinct me disait de la sauver, de lui donner à boire. Je ressentais sa soif dans mon corps. Mais il y avait autre chose."
Sa mâchoire se contracta comme si ses crocs lui-même cherchaient à l'empêcher d'en dire trop. Oh, bien, il pouvait toujours se draper dans quelque chose et sortir quand son aveu serait fait, pour s'abriter des éventuelles conséquences. Il ne savait pas, d'ailleurs, quel mal son interlocuteur risquait de lui faire. Il ne le soupçonnait même pas d'en avoir l'intention. Mais cet instinct dont il avait parlé savait qu'il s'apprêtait à dévoiler une plaie ouverte, la faille dans les écailles du dragon. Et le dragon enroulé autour de son coeur tremblait.
"Au temps où j'avais un coeur, j'ai voyagé avec quelqu'un qui a été exécuté, sous mes yeux, et je suis resté très solitaire par la suite. Je ne sais pas si j'ai formé ma personnalité sur cette base ou si elle était déjà telle qu'elle est auparavant. J'étais trop jeune pour que cette question ait un sens. Et à chaque fois que je me suis attaché à quelqu'un, réellement attaché, je me suis attendu à ce que la nuit le dévore. Ce n'est pas une surprise pour moi, ce n'est pas quelque chose que je peux empêcher ou que je cherche à empêcher."
Jusqu'à ces quelques nuits passées. A son tour, il coula un regard en biais en direction du mortel. Il résista à l'envie de fuir, mais ses mains se replièrent sur ses épaules et ses bras se recroquevillèrent, et ses cheveux humides retombèrent devant son visage ; et il disparut en lui-même, aussi absent de la pièce qu'il pouvait l'être.
Eh bien, il était temps de se rhabiller avec quelque chose de propre, mais son malaise avait fait progresser son indifférence légendaire d'un cran, et il s'était placé dans cet état d'esprit où plus rien n'avait d'importance. | | | |
| | 03.06.23 22:47 | |
| | Aloysius Swansea
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Le récit lui sembla tellement irréel qu'il changea de position afin de pouvoir observer son narrateur le conter. Le pire, c'est que Hodgkin était bel et bien sérieux lorsqu'il affirmait avoir offert son meilleur ami en pâture à sa créatrice. La stupéfaction s'imprima sur la trogne de l'enregistré - Comment pouvait-on laisser son meilleur compagnon trépasser, qu'importe le scenarii exact ? « Si c'est ce genre de destin funeste que vous réservez à vos amis, je préfère de loin conserver le statut d’esclave ! » Était-ce ce à quoi il devait s'attendre, dans un futur plus ou moins proche ; servir de casse-croûte à une mégère vorace ? « Et où se trouve cette créatrice désormais ? .. J'espère ne jamais devoir la rencontrer. » Dit -il ironiquement, refroidi par cette anecdote dramatique.
Le nocturne continua à s’épancher et pour une fois, Aloysius se retrouva un peu dans ses mots. « S'attacher, c'est souffrir automatiquement à un moment ou à un autre. En ne s'attachant à personne, on ne risque rien, l’esprit reste sauf. » Parce que solitaire, il l’était également et c'était par choix ; Trop de personnes chères avaient disparu prématurément et à chaque fois, c’était un déchirement. En vérité, il avait le cœur morcelé par autant de pertes, mais s‘évertuait à conserver une image de roc. Puisque de toute façon, il fallait continuer à aller de l’avant. Pourtant, myocarde tremblait encore pour un vivant, son dernier talon d'Achille. Mais cela, Tommen l'ignorait encore.
Al’ capta un message subliminal dans le laïus de son interlocuteur. ‘La nuit dévorait ses amis sans qu’il ne l’en empêche’.. Pourtant, c’était bien lui, Tommen Hodgkin, qui avait fait diversion auprès des enragés pour les mener à leur perte. Aloysius s’abstint cependant de tout commentaire - l’autre aurait été capable de contester, juste pour la forme et cela n’aurait fait qu’accentuer son malaise apparent. Ils demeurèrent alors ainsi - un temps silencieux, le mortel se contentant d'observer de loin un caïnite déconnecté.
Ainsi posé, l’antique avait l'allure d’un télamon. Mais comptait-il s'exhiber de la sorte toute la nuit ? .. Al’ passa par-dessus le lit, accosta de nouveau la malle qu’il rouvrit. Il en ressortit au pif une épaisse chemise de nuit à franges spéciale grand-mère, plutôt vieillotte, qu'il froissa et lança sur le conseiller. « Et bien ne restez pas ainsi, enfilez quelque chose. » Il regagna sa place.
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by Wiise | | | |
| | 04.06.23 1:01 | |
| | Invité Invité | Des gouttes d'eau isolées roulaient ça et là, jusqu'à ce que tout soit sec. Le rougeoiement palpitant dans l'âtre avait tout emporté. Les larmes n'existaient plus. Etait-ce cela que l'on ressentait, en regardant le soleil ? Soudain, une claque de tissu vint frapper la peau nue et réveiller l'esprit en sommeil. Tommen s'empara du vêtement, le déplia, le regarda avec circonspection, se fit en son for intérieur une réflexion personnelle dont il ne partagea rien. Et alla fouiller à on tour dans la malle.
"Il y a certainement mieux que ça. Permettez. Allons bon, qu'avons-nous là..." Le harnais le déconcerta. Il renonça rapidement ; cette stupide chemise, au moins, serait à sa taille. Et il aurait été bien menteur de prétendre qu'il n'avait pas porté ce type de tenue pendant de longs siècles. Au moins, Swansea n'aurait pas à imaginer. Il y avait des anecdotes comme ça qui étaient mieux montrées que racontées.
Une fois la chose mise en place, le vampire dut bien constater qu'il ne se sentait pas habillé. Un réflexe venu du fond des âges lui réclamait de passer par-dessus les froufrous qui chatouillaient ses jambes quelque chose comme un haut-de-chausses, des bottes, bref, un semblant de décence. Evidemment, pour une telle tenue, il aurait dû passer commande.
"Ma créatrice s'est de nouveau exposée à la mort, et cette fois j'ai résisté à la tentation de partir à sa recherche. J'ignore où ses cendres se trouvent sur cette terre. Toujours est-il que j'ai cessé de ressentir sa souffrance. Ou elle a disparu, ou quelqu'un l'a nourrie."
Il secoua la tête ; il ne voulait pas imaginer. Ses lèvres se retroussèrent sur une grimace d'horreur, instantanée mais frappante sur son masque ordinairement si indifférent, presque sculpté dans cette pierre qui avait toute sa fascination. Puis il se retourna et fixa son regard droit sur le mortel qui le jugeait si durement, alors qu'il lui confessait les plus ardents bûchers que son âme avait dû traverser.
"Vous avez eu bien de la chance, et vous avez eu une vie bien courte, si vous n'avez jamais été réduit à trahir personne."
Il s'assit en tailleur au bout du lit, et à nouveau, se figea dans une immobilité totale d'animal à l'affût ou de statue perchée sur le coin d'un tombeau. Il aurait aimé recevoir des confidences en retour, mais cet exercice d'échange lui était si étranger qu'il ne savait pas les réclamer. Le seul fait d'être encore dans cette pièce, de n'en avoir pas été chassé comme un lépreux après ce qu'il avait fait, était un mystère en soi, qui l'hypnotisait. | | | |
| | 09.07.23 21:59 | |
| | Aloysius Swansea
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Fameuse image, que celle du nocturne engoncé dans cet habit de vieille rombière - L’on aurait dit un sénile farfelu échappé d’un hospice. Al’ ne pouvait rire de cette cocasserie, car il savait que sous l’accoutrement de mère-grand se cachait le grand méchant loup. « Votre relation avait l’air ‘particulière’, au vu de vos dires. »
Lorsque Hodgkin prit place, l’enregistré s’éloigna vivement de lui, jusqu’à être dos contre la tête du lit. Il ne se ferait jamais à cette tendance à la promiscuité qu’avait le vampire. D’ailleurs, supposé nervi leva une paluche, conjurant l’élan de Tommen. « N’approchez pas davantage. » C’était un avertissement, un feulement de chat. Qu’il se remémore cette fois ou il avait osé s'avancer un peu trop près. « Une vie bien courte ? Juste une vie d’homme, probablement bien dérisoire comparée à la vôtre. Mais peut-être toute aussi chaotique, car la chance, justement, m’a souvent fait défaut. Pour le reste, j’ai des principes et je les respecte, mais vous serez peut-être la première personne que je trahirais. » Il lui adressa une oeillade entendue, parce qu'entre eux, rien n’était encore totalement gagné.
Il ignora combien de temps ils restèrent se regarder dans le blanc des yeux, Al’ sur la défensive et Tommen dans l’attente. Swansea peinait à comprendre l’attitude du vampire, mais il lui faisait penser à Tina. La gamine, infatigable, l’enquiquinait jusque tard dans la nuit pour avoir des histoires, tandis que lui n’aspirait qu’à une chose ; avoir la paix, comme un vieillard. Ici, il était clair que le nocturne attendait palabres. Or, il était peu probable qu’il se contente de contes fantaisistes. Et la génération de Swansea ne connaissait pas les soirées pyjamas ou l’on se confiait à l’autre sans retenue. Ce n’était pas vraiment son genre de s’épancher de la sorte. « Je n’avais pas pour habitude d’entrer dans la cité, j’avais juste besoin de médicaments pour soigner un souffrant. Avec les autres, nous sommes passés par des souterrains et maintenant je me dis qu’il devait s’agir de vos passages secrets. » Il décrocha son regard de son interlocuteur. « Tout ne s’est pas passé comme prévu. Et à l’heure actuelle, celui que je devais soigner doit être mort. » Silence sinistre. Il s’agissait de ses dernières frasques en tant que “sauvage”, avant qu’il ne se fasse alpaguer. Infimes confidences qu’il jugeait suffisantes.
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| | 29.03.24 13:04 | |
| | Tommen Hodgkin ֎ Nuntium : 18
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 La Régence | "Ma relation est particulière avec tout le monde." Tommen jouait avec les pans de sa chemise, froissant le tissu entre ses doigts comme si c'était son tissage qui lui inspirait une curiosité grandissante. Il évitait de fixer l'humain en face de lui. Cette fois, il risquait fort d'être jeté dehors. "Ma relation est particulièrement particulière avec vous."
Dans un geste mécanique, il se mordit la lèvre et ouvrit sa peau, léchant immédiatement la plaie pour la fermer. Ce n'était pas le moment d'arborer cette bouche rouge qui horrifiait à juste titre l'homme à l'existence de proie. Et ces stupides cheveux qui pesaient devant son front à la manière d'une main qui triturait son crâne et ses pensées. Il n'avait pas ressenti une telle gêne depuis des siècles, littéralement. Mais quitte à avoir commencé...
"Je ne devrais pas prendre tant de peine pour vous fréquenter alors que vous n'avez que rejet pour moi. D'un point de vue logique, cela ressemble à un investissement absurde. Vous l'avez dit : s'attacher, c'est souffrir."
Rapidement, il se leva pour marcher de long en large dans la pièce. Son discours s'animait de gestes saccadés. Ceux-ci l'aidaient à fixer sa pensée, mais il ne savait pas s'ils illustraient celle-ci et le rendaient plus aisé à comprendre, ou s'ils lui donnaient l'air d'un fou. Il était réellement agité, alors à quoi bon s'en défendre...
"Mais la vie est pavée de souffrances et il faut bien aimer certaines d'entre elles, et cela m'intéresse, que vous détestiez certaines parts de moi que je déteste aussi. Je me dis sans cesse que vous me seriez plus reconnaissant de m'éloigner définitivement, mais vous seriez mort. Et je ne peux pas vous laisser mourir."
Le poing serré sur quelque chose d'abstrait qu'il ne saisissait pas réellement, il se tourna vers le fugitif. Trop proche. Il recula contre le mur et s'y adossa. S'il avait simplement pu en faire partie. Un simple buste de marbre au mur. Il n'aurait plus constitué aucune menace, et sa conversation aurait été nettement moins oppressante. Mais ses pouvoirs ne lui offraient pas cette solution.
"Vous êtes aussi intéressant qu'une pierre... Pardon si ce n'est pas le type de compliment que vous appréciez."
Il inclina brièvement la tête. C'était une véritable demande de pardon. Il n'y engageait pas beaucoup d'espoir cependant ; le pardon n'était pas dans la nature de Swansea lorsqu'il arborait cette humeur.
"Auriez-vous des chausses ? Quelque chose pour couvrir mes jambes. Au temps jadis, cette tenue était plus indécente que la simple nudité. On se dénudait sans gêne pour le travail, pour le statuaire, pour les bains - mais cette tenue était spécifiquement celle de la chambre à coucher."
Petit geste évasif, regard fuyant. Swansea comprendrait très bien ce qu'il entendait par là. Tommen était à mille lieues de se figurer qu'aujourd'hui, des types de vêtements existaient semblablement pour rendre le corps plus attractif au lieu de le couvrir pudiquement, et que son fameux harnais de cuir en faisait partie. Il était si loin de ces considérations qu'un cours accéléré n'aurait pas suffi à l'éclairer. Et puis, il n'aurait pas demandé mieux que d'être puni en devant porter une tenue embarrassante, si c'était le prix du pardon. Issu d'un âge brutal, éduqué par l'humiliation, il aurait estimé cet échange naturel.
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