[FB] One way or another ft Omen

Quelques jours plus tôt.

Les secousses de la charrette réveillent la jeune fille qui s’est assoupie, la tête sur les jambes de son maître. Elle le déteste et pourtant, ses doigts froids et fermes sur sa nuque ont un certain pouvoir apaisant. Il est parvenu à la calmer alors que la panique commençait à la submerger dans cet endroit si étroit. Artorias lui sourit lorsqu’elle se redresse, son sang ne fait qu’un tour face à cette mine. Maria déteste le voir sourire ainsi. Cela n’augure jamais rien de bon, pour elle. Pourtant, il ne fait que lui indiquer qu’il ne leur reste qu’une ou deux heures maximum avant leur arrivée à destination. Voilà pourquoi il a l’air content. Elle hoche la tête et note que le jour doit sans doute se lever sur la charrette protégée. Il fait moins sombre. Pourrait-elle ôter les tissus et autres protections pour qu’il soit tué ? Aussitôt cette pensée lui vient qu’elle le regarde en coin, persuadée qu’il l’a entendu. Mais il ne réagit… Il lui attrape soudainement le poignet. Fermement, assez pour lui faire mal. La gamine lève les yeux dans sa direction, terrifiée qu’il ait compris son désir mais il ne semble pas s'intéresser à elle. Toute son attention est fixée sur l’extérieur. Qu’entend-t-il ?

Maria obtient la réponse quelques minutes plus tard : ils sont attaqués. Des voix humaines crient des ordres avant que la charrette ne soit stoppée. Artorias s’empare de sa cape, en préparation de la suite. Quand la porte s’ouvre sur eux et qu’il fait l’erreur de la lâcher pour se couvrir de sa cape, l’enfant déguerpit. Maladroite et dans la hâte, elle tombe sur le sol en loupant la marche mais elle se relève rapidement, la douleur, elle sait la faire taire. Alors elle se met à courir sans un regard vers la charrette et l’ordre de son maître de revenir.

Maintenant.

La nuit est tombée depuis quelques heures, les sons aux alentours sont angoissants. Elle entend ceux que l’on nomme “enragés” au loin. Mais ça ne semble aucunement stresser les hommes qui l’ont rattrapé ; ils continuent de parler, de rire parfois. Les bras autour de ses jambes, Maria essaye d’entendre la voix de sa mère. Elle fredonne l’une de ses chansons pour faire taire les bruits. A-t-elle bien fait de se sauver ? Elle pensait fuir Artorias, que s’éloigner de lui était la meilleure des solutions… sans imaginer que ces hommes ne seraient d’aucune aide. Pire, qu’ils l’attacheraient et qu’ils ne seraient pas mieux que son maître.

Ses poignets lui font de nouveau mal à force de tirer sur la corde. Elle n’a aucune envie qu’ils reviennent dans sa direction. La gamine tente alors de mordre ses liens, de les couper avec les dents… Sans grand succès. Elle cherche quelque chose de coupant. Elle sait que le sang, bien que poisseux, permet aussi de rendre plus glissante une entrave. Si elle parvient à se couper assez pour imbiber les cordes, peut-être qu’elle pourra s’enfuir de nouveau. Mais il n’y a rien à sa portée. Pas même un cailloux sur lequel s’écorcher.

Inspirant profondément, Maria vient alors se mordre la base du pouce droit. Pourquoi n’y a-t-elle pas pensé plus tôt ? Les dents sont pourtant de très bonnes armes ! Mais si les morsures des vampires ne sont pas si douloureuses, la sienne l’a fait pleurer. C’est beaucoup plus pénible à supporter. Mais elle ne lâche rien et elle parvient à se mordre assez pour se faire saigner. Elle accentue la plaie pour que son sang puisse aller jusqu’à la corde et crache ce qu’elle a dans la bouche. Elle déteste ce goût.

« Hé. Vous avez entendu ? »

Maria se fige en imaginant que l’un des hommes parle d’elle. Elle est pourtant silencieuse !

« Des enragés ? » Demande un autre.

« Impossible. Ils feraient plus de bruit. C’est ton imagination ducon. Bon. Va chercher la fille. Qu’on s’occupe un peu. »

Des bruits de pas  se font alors entendre, ils viennent dans sa direction. Angoissée à l’idée qu'ils viennent la chercher, elle tire comme une furie sur ses liens; sans entendre les pas qui viennent dans sa direction.

«  Merde. Aller. »

Ses tremblements n’aident probablement pas. Et pourquoi ça ne fonctionne pas, avec son sang ?!

La gamine serre les dents et les poings quand l’homme vient dans sa direction. Elle tire de toutes ses maigres forces sur la corde, espérant presque un miracle, qu’elle finisse par lâcher avant qu’il ne l’atteigne. En vain. Pourquoi ça ne se passe jamais comme elle le veut ?! Mais l’adolescente ne se laisse pas faire pour autant. Ils ne sont pas Artorias alors elle ne les craint pas comme elle le craint lui. Elle se débat, donne des coups de pieds pour qu’il ne s’approche pas. L’homme y répond en la frappant dans le ventre. La douleur est vive et la fait tousser mais quand il vient délier la corde de son piquet, Maria pousse sur ses jambes pour lui donner un coup de tête sous le menton. Il jure et frappe de nouveau, au visage cette fois. Le goût du sang se fait sentir dans sa bouche. Sa réaction ne se fait pas attendre : elle lui crache à la figure. Mais malgré sa hargne, elle se retrouve trainée et écartée des autres.

Il parvient à l’immobiliser dos contre un arbre, les mains au-dessus de sa tête, toujours attachées par cette foutue corde. Pourquoi le sang n’a-t-il pas fait son boulot ?! Peut-être parce que c’était peut-être voué à l’échec depuis le début… La gamine le regarde s’agiter d’une main, baissant son pantalon. Qu’il ne pense pas qu’elle le laissera faire avec le sien ! Il n’est pas question que…! Elle se fige quand un autre homme arrive. A deux ? Elle se met à trembler à cette idée. Ce n’est jamais une bonne chose quand ils sont plusieurs. Et elle est déjà bien assez impuissante sans qu’il ne vienne participer ! Ou peut-être est-il comme Artorias, à aimer regarder ? Pour un peu, ce serait un moindre mal.

Mais alors qu’elle s’attend au pire, elle sursaute en voyant une espèce de pic sortir du torse de son ravisseur. Son sang lui éclabousse le visage et une grande partie de ses vêtements. Il lui faut un instant ou deux avant de comprendre la cause de tout ce sang. Le nouvel arrivant vient de tuer son compagnon ? Interdite, cette fois, elle ne pense pas à fuir alors qu’ils s’éloignent d’elle et disparaissent de sa vue. Les sons que produit l’homme sont tout bonnement horribles.

Maria ne bouge pas d’un cil, espérant presque que l’arbre accepte de fusionner avec elle pour lui permettre de disparaître. Mais non. Elle voit l’inconnu revenir vers elle, tranquillement. Une arme à la main. Il ne l’attaque pas ? Il ne profite pas d’être seul avec elle ? A ces mots, elle le regarde avec de grands yeux ahuris. Il la vouvoie, il lui dit “s’il vous plaît”... Pour … Attirer les autres ? Pour leur faire subir la même chose ? Elle s’essuie alors le visage -ou étale le sang, au choix- à l’aide de ses avant-bras et hoche la tête. S’échapper d’un homme est sans doute plus facile que de fuir un groupe.

Maria crie. Un cri à mi-chemin entre la peur et la douleur. C’est qu’elle a appris ces nuances auprès d’Artorias et de ses amis. Et elle a appris à les utiliser pour son propre bien.

« Merde mec ! Sois plus discret ! »

De nouveaux bruits de pas arrivent dans leur direction. Va-t-il réellement s’en prendre à eux ? Et pour quelle raison ? La gamine se rend alors compte qu’il est vampire. Trop angoissée, elle n’avait pas fait attention à cette information jusqu’à maintenant. Elle pense aussitôt à Artorias avant de le chasser de son esprit. Elle connaît l’entourage de son maître et elle est sûre de ne jamais l’avoir vu, lui. Ce n’est qu’une coïncidence. Ou alors, c’est son sang qui l’a attiré ? A défaut d’avoir pu la libérer de ses liens, ça lui a permis de le faire venir pour qu’il chasse ces hommes ? Elle l’espère que son regard se pose sur l’un de ces brigands.

L’appât qu’elle représente en cet instant fonctionne à merveille. Les deux autres hommes viennent à sa rencontre. Alors ainsi, il n’y a pas que les vampires qui apprécient ce type de son ? Cette découverte n’est pas des plus plaisantes pour la jeune fille. Dans sa cité, les humains s’entre-aident. Elle a été bien naïve de penser qu’il en serait de même à l’extérieur. Un frisson d’effroi la parcourt de nouveau quand le bruit se fait de nouveau entendre. Elle n’aime pas du tout ce genre de son. Pas plus qu’elle apprécie de voir les deux hommes arriver, dont un visiblement déjà prêt pour elle. Maria fronce les sourcils, prête à se défendre s’ils s’approchent trop d’elle. Se défendre ou s’enfuir. C’est sans doute ce qu’elle devrait faire en fait…

Alors que cette pensée se fait de plus en plus présente dans son esprit, le corps du premier type atterrit non loin de ses pieds, la faisant de nouveau sursauter. Mais c’est quoi ce malade ?! La gorge d’un des hommes se retrouve ouverte, comme une seconde bouche, béante. Comme tous les vampires, il est extrêmement rapide. Lui échapper ? Comment ? L’index de l’inconnu entre dans son champ de vision alors que l’envie de déguerpir d’ici est de plus en plus pressante. Vitale même.  Il lui intime de rester sur place ? Il revient ? Hors de question pour Maria de l’attendre bien sagement. Qui sait si elle n’est pas la prochaine sur la liste ? Artorias ne lui répète-t-il pas que les jeunes gens sont les plus délicieux ?

Une fois qu’elle se retrouve hors de son champ de vision -du moins, c’est ce qu’elle pense- elle commence à s’en aller. Sans lui tourner le dos. Il n’y a nulle part où se cacher. Elle a beau regarder dans tous les sens, il n’y a rien qui ne puisse l’aider. Mais peut-être que si elle parvient à gagner du temps, le soleil pourrait être son allié ? Elle doit juste patienter assez longtemps. Alors elle décide de s’arrêter. Courir la fatiguerait et même si elle ne se fait pas beaucoup d’illusion, elle préfère garder autant de force qu’elle peut pour lui échapper.

Envoyé par Artorias. Alors il est vivant. Est-ce que la déception de la jeune fille se lit sur son visage ? C’est même certain. Pourquoi rien ne fonctionne jamais comme elle le souhaite ?! Maria ne bouge pas alors qu’il s’approche. Elle sait maintenant qu’il ne lui fera pas de mal : son maître ne le tolérerait pas. Pas s’il n’est pas présent pour voir et intervenir. Si elle déteste Artorias, elle sait aussi qu’il ne mettrait jamais sa vie en danger. Pas maintenant en tout cas. Elle n’a pas encore l’âge.

Ses yeux se baissent sur ses poignets, sur ses liens et sur le sang qui macule tout le bordel. Ce qu’elle a essayé de faire ? Elle soupire à sa question. Se trouvant très stupide.

« A ton avis ? » Elle lui tend les poignets, pour qu’il daigne la détacher ; sait-on jamais… « Tirer sur les liens ne servait à rien alors… J’ai pensé qu’avec un peu de sang… Ça glisserait. » Maria relève les yeux vers son sauveur-ravisseur et ajoute. « Tu me les retires oui ? Ça fait mal… C’était une idée à la con. Mais d’habitude, ça fonctionne avec les menottes… »

Elle garde les mains hautes, devant le nez d’Omen pour qu’il la libère. Bien qu’elle ne se fasse pas grand espoir sur le fait qu’il s’exécute vraiment. Enfin… il ne va pas lui faire croire qu’il craint qu’une ado de 14 ans puisse avoir le dessus sur lui. Pas après ce qu’elle vient de voir.

Laissant ses poignets aux mains du vampire, Maria note l’idée de mordre la corde la prochaine fois que la situation se présentera. Elle y a songé également mais elle a opté pour l’autre solution… Visiblement, ce n’était pas la meilleure. Elle note également l’information concernant le gonflement des jointures. Elle n’a jamais fait attention à ce genre de détails.

Elle ne perd pas une miette de son doigté lorsqu’il joue avec la corde et la libère de ses entraves. C’était si facile que ça ? Alors que la gamine se dit qu’elle devrait essayer par elle-même ce qu’elle vient de voir, Omen balance au loin la corde, réduisant à néant sa possibilité de s'entraîner.

« Il faut que je revois ça. » Déclare-t-elle avec un certain aplomb. Acceptera-t-il de le lui remontrer ? Elle pense avoir capté le truc, la boucle par-dessus le pouce mais il a était un peu trop rapide. N’a-t-elle pas loupé un détail ?

Docile par nécessité, elle le suit jusqu’à la rivière. Elle l’observe nettoyer son arme.

« Comment s’appelle ce truc ? » Qu’elle demande avant qu’il ne prenne la parole.

Non pas qu’elle puisse s’en procurer un mais… Cela doit être efficace également sur un vampire non ? Si l’on vise le cœur… Elle soupire pour elle-même en se disant qu’il est bien trop imposant pour elle et qu’il lui sera sans doute d’approcher Artorias avec… Idée à la con. Je les enchaîne… Maria s’approche à son tour de l’eau pour plonger ses mains dedans, elle frotte le sang qui s’y trouve pour en retirer un maximum. C’est particulièrement désagréable, cette sensation de sang séché sur la peau, ça tiraille. Elle retire son premier tee-shirt pour le tremper dans l’eau, pour essayer de retirer le sang qui s’y trouve aussi et surtout, pour se servir du tissu pour se nettoyer le visage avec. L’adolescente frotte tout autant que ce qu’elle a fait avec ses mains.

« Quelle ville ? New Abbotsford ? » Ils sont trop loin de sa cité natale, en tout cas, pour un vampire. Bientôt le soleil va pointer le bout de son nez. Et c’est la seule autre ville qu’elle connaît, au moins de nom. « Artorias. En général, les vampires connaissent son nom. »

Il fait partie des gens importants dans la ville. Omen ne lui porte pas plus de respect que cela pour l’appeler “machin” ? C’est étrange. Elle essore, tant bien que mal, son tee-shirt, qu’elle garde en main, en se disant que ça ne l’étonne pas qu’il paye cher pour la récupérer. Qu’est-ce qu’elle pourrait offrir à Omen pour qu’il ne la ramène pas ? Maria soupire intérieurement, elle n’a absolument rien de valeur. A part son sang.

« Si je te donne de mon sang, tu acceptes de ne pas me ramener à lui ? » Elle tente le coup, même s’il lui dit non, elle n’a rien à perdre de toute façon. Et évidemment, c’était pour temporiser un peu la suite des explications. S’il ne connaît pas Artorias, alors il ne connaît pas non plus ses activités.

Maria se redresse, se passe la main sur la nuque, mal à l’aise et finit par parler. Peut-être qu’il aura pitié et acceptera son sang ? Elle en doute, peu de vampires font preuve de pitié, mais encore une fois, elle n’a rien à perdre.

« Les humains ne servent qu’à son bon plaisir, à lui et ses amis. » Elle lève ses mains pour qu’il puisse voir ses poignets, propres mais marqués de cicatrices, signe que ce n’est pas la première fois qu’elle est attachée et qu’elle tente de se libérer. « Il tente de m’initier à ces plaisirs, à votre monde, par tous les moyens qui lui passent par la tête. » Elle laisse retomber ses mains contre son corps et sourit, presque fière d’elle. « Mais je n’aime pas ça. Alors il m’attache. » Quand vraiment elle a peur, elle se déchaîne pour tenter de fuir, qu’importe si c’est Artorias auprès d’elle. « Je ne veux pas retourner là-bas. » C’est l’évidence même. Elle ne veut pas y retourner car il ne sera sûrement pas content de sa fuite. Quelle punition lui réserve-t-il ? « Tu ne pourrais pas dire que tu ne m’as pas trouvé ? J’te donnerais vraiment autant de sang que tu veux… Fin’ pas trop quand même… »

La gamine regarde autour d’elle sans savoir ce qu’elle pourrait bien faire pour survivre dans un pareil lieu. Elle n’a aucune expérience en chasse, elle n’a aucune expérience à l’extérieur de la cité. Elle ne sait même pas monter dans des arbres ! Des fois que ça pourrait lui sauver la vie face à des monstres ? Elle soupire, visiblement, rester ici n’est peut-être pas non plus la meilleure idée de la nuit.

L’idée qui consiste à apprendre auprès d’un vampire, des techniques d’évasion -sûrement toutes relatives- plaît étonnement beaucoup à Maria. Si elle a déjà pu voir différents nœuds, elle n’a jamais songé trouver moyen de s’en libérer autre qu’en essayant de forcer dessus. Alors elle hoche la tête, toute ouïe face à ce projet. Encore plus à la fin de ses paroles. Ne jamais cesser de chercher. Elle sourit, se disant qu’elle n’a jamais cessé de chercher un moyen de fuir Artorias, surtout depuis qu’il lui a révélé son dessein final et cette tentative de transformation.

« J’ai hâte d’apprendre tout ça. » Et elle ne ment pas. Si elle peut apprendre, de n’importe qui, des méthodes de fuite, elle ne va sûrement pas cracher dessus. Elle est jeune, certes, mais son envie d’échapper à son maître motive son apprentissage.

La gamine observe le harpon et sourit sur le “normalement” utilisé. En effet, ces hommes ne ressemblaient pas spécialement à des poissons… Elle écoute attentivement l’explication et se demande sur combien de distance cette corde peut aller. Et c’est silencieux ? Elle chasse quand même rapidement l’idée de… Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi il fait ça, elle se retrouve avec l’arme entre les mains. N’a-t-il pas peur qu’elle s’en serve contre lui ? Bien sûr que non. Avec sa rapidité, il sera sur elle avant même qu’elle n'ait appuyé sur la gâchette. Elle plante ses pieds bien au sol pour être stable, retient sa respiration comme il le lui a dit et après avoir visé, elle tire. Et touche sa cible. Fière d’elle, son sourire s’agrandit.

« C’est vrai que c’est drôlement silencieux comme truc ! »

Et… Elle s’approche de l’arbre pour aller défaire le pic, ou du moins, c’était son intention mais il semblerait que ce soit bien trop enfoncé dans le tronc pour sa force d’adolescente. Elle tire dessus vivement et finit par soupirer pour le laisser faire.

« C’est pas si simple à retirer. C’était pour ça, les bruits étranges, quand tu étais seul avec les hommes ? »

Elle lui rend son bien et fronce les sourcils à l’annonce du village de pêcheurs. Elle n’a jamais entendu parler de ça ! Mais en même temps, c’est normal. Pourquoi son maître s’encombrerait à lui expliquer des environnements qu’elle n’est pas censée voir ?

« Il y aura du poisson à manger ? » Le bruit qu’émet son ventre indique que cette question est parfaitement intéressée. Oui, elle a terriblement faim. Elle n’a pas mangé depuis qu’elle est partie avec Artorias, depuis… Deux ou trois jours.

Maria hoche la tête pour confirmer qu’elle parle bien de son sang. Elle n’a que ça à lui offrir qui ait de la valeur. Les vampires ne raffolent-ils pas du sang humain ? Et puis, elle est en bonne santé ! Elle n’a jamais bu une goutte d’alcool -ok, peut-être un verre ou deux, en cachette- et elle n’est que très rarement malade ; alors pourquoi il refuserait ? Elle le laisse regarder ses poignets, sentant cette emprise délicate, comme s’il ne voulait pas lui faire mal. La gamine redresse la tête pour le regarder. Le monde vampirique ne ressemble pas à tout ce que lui a montré Art…y ? Elle rit à cette appellation qu’elle trouve amusante. S’il l’entendait… Dans le fond, elle se doute que tout le monde n’est pas comme Artorias mais elle n’a connu que lui et son monde. Que lui et sa traite d’être humain. Elle sait ce qu’on dit de lui, elle sait qu’il a toujours utilisé les humains à sa guise, même bien avant sa naissance.

« Alors il veut simplement que je lui ressemble… Que je devienne une vampire comme lui. »

Mais peut-être que si Omen accepte de ne pas la ramener vers lui, elle pourra échapper à ce destin tout tracé ? Elle l’espère vraiment. Mais cet espoir est bien vite anéanti lorsqu’il lui annonce qu’il ne peut pas, qu’il va remplir son contrat. Bien sûr. C’était couru d’avance ! Comme si, pour une fois dans sa vie, les choses allaient aller dans son sens. Ça se saurait quand même ! Maria le fusille presque du regard quand il poursuit, lui indiquant qu’elle doit être docile. Elle ne l’a jamais vraiment été et son attitude de rébellion s’est même accentuée depuis quelques mois alors… Crocheter les menottes ? Cette fois, ce plan l’intéresse. Lui révéler tout ce qu’il demande ? Bah… pourquoi pas ! Ca ne peut pas lui faire de mal, à elle mais si ça peut permettre d’en faire à Arty-Artorias !

« C’est une grande maison. Je passe mon temps à l’étage, avec ma mère et ma sœur. Mais la nuit, il m’enferme dans la chambre juste à côté de la sienne. » Pour qu’elle puisse être à portée de ses envies. Elle secoue la tête, se passe une main sur sa nuque et poursuit. « Y’a Mike et Rowan qui montent la garde oui. Bien que j’ignore pourquoi vu que j’ai jamais réussi à me barrer. » Elle souffle, déçue de ses propres capacités médiocres en évasion. « J’ai déjà essayé de passer par la fenêtre… Mais… J’me suis pété une cheville. Et depuis, il a mis une grille… »

Quant à savoir s’il y a des choses à voler… Elle réfléchit et essaye de faire le tour du propriétaire mentalement. Il y a plein d’objets en tout genre. Certains dont elle ignore à quoi ils servent.

« Il y a des bijoux, des armes, de vieux livres -parfois dans une autre langue- et plein de trucs que je ne connais pas. Des vieux trucs. » Elle marque une pause avant d’ajouter. « Mais voler Artorias n’est vraiment pas une bonne idée. Il a déjà coupé la main d’un enregistré parce qu’il lui avait pris une espèce de boussole. Dont il ne se servait même pas ! »

L’homme en question voulait sans doute s’en servir s’il était parvenu à sortir de la ville. Chose qu’il n’a jamais pu faire…

Alors cette arme n’est pas uniquement faite pour tuer, elle est faite pour s’assurer que la cible n'ait presque aucune chance de s’en sortir. En tout cas, pour un humain. Est-ce la même chose pour un vampire, si l’on vise bien ? Maria ne peut s’empêcher d’avoir ce genre de pensées, tout en sachant que ça n’arrivera jamais. Demander à Omen pourquoi il utilise ce type d’arme ? La gamine pense avoir compris : c’est rigolo, comme il dit. Et elle imagine que venant d’un vampire, cette explication vaut tous les choix du monde. Elle hoche la tête quand il lui indique s’être nourrit sur les types. Alors il ne compte pas s’attaquer à elle ? A vrai dire, s’il devait le faire, cela serait sans doute déjà fait. Mais son maître doit lui avoir interdit de la toucher.

Maria a l’eau à la bouche quand il lui sort une liste de ce qu’elle pourrait manger. En vérité, il y en a un ou deux qu’elle ne connaît pas mais elle s’en fiche. Tant que ça se mange, elle ne fera pas sa difficile. Alors elle a presque hâte d’arriver dans ce village. Peut-être même qu’elle pourra trouver un moyen de lui fausser compagnie, une fois le jour levé ? Elle n’écarte pas cette éventualité de son esprit.

Pendant leur avancée, un premier endroit qui se fait plus sombre, que la lumière de la lune ne parvient pas à lui donner assez de visibilité, elle attrape la main froide d’Omen pour la garder dans la sienne. Elle aurait aimé être plus forte que ça mais la gamine a l’impression que les ombres bougent, qu’elles s’approchent d’elle pour l’engloutir. Alors elle se contente de regarder le sol, de ne surtout pas lever les yeux et elle garde la main de cet inconnu dans la sienne. Et s’il tente de la reprendre ?  Maria doute qu’il ait très envie d’assister à une scène de panique… Parler de sa vie ne l’aide pas non plus à faire fi de cette peur. Après tout, c’est à cause d’Artorias si elle craint autant l’obscurité et ce qui s’y cache.

« Je sais que ce n’est pas bien mais oui… Si je peux partir, je partirais sans elles. » Elle se passe la main libre sur sa nuque et ajoute. « Clervie et maman ne seront pas transformées. C’est pas le plan d’Artorias. Elles sont Calices mais il n’est pas trop méchant avec elles. » Elle revoit le visage de sa sœur aînée, toujours souriante et bienveillante. « Clervie m’encourage dans mes tentatives de fuite. »

Parce qu’elle ne veut pas voir sa petite sœur mourir en expérimentant la transformation, tout comme elles ne veulent pas que Maria devienne vampire. La principale crainte de la jeune fille est de réellement devenir comme son maître si jamais elle ne meurt pas pendant la métamorphose. Elle ne veut pas devenir aussi horrible que lui. L’adolescente n’est pas aussi gentille que son aînée mais faire souffrir pour son propre plaisir n’est pas dans ses passe-temps préférés…

« Ils sont vampires. Artorias ne fait pas confiance aux humains. » Encore moins des humains pour en garder d’autres.

Elle sourit et secoue la tête. Non, ils ne la laissent pas dans sa merde. Si cela a pu arriver, c’était principalement pour la punir d’avoir tenté de s’échapper.

« J’suis attachée quand il veut… » Jouer ? Se faire plaisir ? L’éduquer ? « J’dors libre dans ma chambre. Et si j’veux aller pisser, j’dois demander à Mike ou Rowan de m’accompagner dans les couloirs… » En vrai, ces deux vampires ne sont pas bien méchants, ils n’ont jamais participé aux soirées de son maître et ils lui ont parfois même apporter de quoi manger quand elle était punie.

Suivant Omen sans le lâcher, du moins jusqu’à l’arrivée de la femme, elle est impressionnée de voir qu’effectivement, il y a ici un petit village. Il n’a même pas de grands murs pour se protéger des monstres ! N’est-ce pas trop dangereux ? Elle lève les yeux vers le vampire à l’approche de l’inconnue. Ils semblent se connaître. Des ennuis ?

« Maria… » Qu’elle souffle pour rectifier son prénom. Même si au fond, ça ne fait pas une très grande différence.

Vu la façon de réagir de la femme, elle connaît -au moins de réputation- son maître. En a-t-elle peur ? Ou pourrait-elle le défier en s’en prenant à elle ? Impossible qu’elle sache combien la gamine est importante aux yeux du vampire. Même si ça se sait qu’il tente de transformer ses “filles” depuis des générations, impossible de savoir qu’elle est l’une d’entre elles. La rançonner ? Maria fronce les sourcils. Elle n’a aucune envie de retourner entre les mains d’hommes pas nets. Peut-être qu’Omen est le moindre des maux, au final ?

Quand l’inconnue s’approche de la gamine et qu’elle lui prend le bras, Maria ne peut s’empêcher de regarder derrière son épaule pour voir s’il suit aussi. Elle n’a pas plus confiance en cette femme à vrai dire. Même si sa prise n’a rien de brutale. Arrivée dans le truc, elle vient s’accaparer une laine qui traîne pour la mettre sur ses épaules. C’est qu’elle a froid depuis un moment, à marcher en pleine nature et en pleine nuit.

« J’ai faim oui. » Dormir sera pour après. Maria sent qu’elle est fatiguée d’avoir autant marché, surtout le ventre vide mais il y a des priorités dans la vie et manger est l’une d’entre elles. « Et tu aurais des vêtements ? » Elle abuse peut-être mais elle n’a rien à perdre à poser les questions. Et vu comment la femme avait l’air de la plaindre… Autant jouer là-dessus pour obtenir ce qu’elle souhaite.

Elle finit par s'asseoir non loin d’un petit feu pour se réchauffer et sourit, amusée de la façon dont l’humaine s’adresse au vampire. Elle le réprimande presque ! A croire que les rôles sont inversés ici et que c’est elle qui commande.

« J'sais pas si elle t'adore mais… Elle est familière avec toi oui. » Ses mains s’approchent du feu avant qu’elle ne décide de retirer ses semblants de chaussures. « Elle a l’air de te connaître… Tu viens souvent ici ? » Elle secoue la tête et pose la vraie question. « Tu vis à l’extérieur des murs ? Tu as l’air à l’aise en pleine nature. »

Bien qu’elle ne sache pas comment il se comporte une fois dans une ville, bien sûr. Mais pour ce qu’elle a déjà entendu, la plupart des vampires ne sont pas très friands des excursions en dehors de la cité.