Fire meet Gasoline feat Lucius Malkavian

Les braise enflammées s’envolaient dans les ténèbres absolues de cette nuit sans lune et sans étoiles, dansant dans le ciel, tandis que la silhouette fine et sensuelle de la nouvelle venue dans la cité dansait autour du bucher.

Les nouveaux arrivants humains étaient presque toujours traités avec défiance et précaution, afin de préserver la ville de toute nouvelle contamination catastrophique. Ils étaient placés en quarantaine, lavés, interrogés et quand il en était décidé, certaines de leurs affaires et vêtements étaient brûlés.
C’était ce genre de bucher qui brulait ce soir.
Les souvenirs, les précieuses et seules possessions de certains, impitoyablement réduits en cendre afin de sauvegarder la vie de tous.

Belinda souriait devant le spectacle des flammes de son sourire sadique, dément et dangereux. Elle aimait les flammes et la destruction, elle en était même excitée, et la détresse et les larmes des malheureux ne faisait qu’ajouter à sa jubilation.
Elle était venue, car c’était son métier, les tatouer, les marquer comme du bétail. Et le strict nécessaire de son travail accomplie, elle était sortie dans la cour, danser autour des flammes. La détresse et les larmes des humains l’avaient saoulée.
Elle était si récemment arrivée à New Abbotsfort qu’elle n’avait pas encore d’humain à son service, ni ne s’était fait connaitre ou remarquée. Et elle ne connaissait encore presque rien de la ville et de ses habitants.
Son apparence la rendait pourtant remarquable. Singulièrement mince, ce qui la faisait paraitre plus grande qu’elle ne l’était, elle était largement couverte de tatouages et de piercing, choses d’une singularité extrême. Tout de noir vêtue, aux longues bottes de cuir a talons exagérés et à la robe très largement décolletée, provocante de toutes les manières, elle s’amusait a imaginer le monde entier brûler. Elle avait rejeté sa pèlerine, laissant ses épaules et le haut de ses bras nus, c’est un corset qui avait la difficile charge de maintenir ses seins dans sa robe et de les empêcher de jaillir quand elle sautait, les pressant de manière si insolemment charnelle.
Elle était indiscutablement vampire et même de loin, nulle n’aurait pu la croire humaine, et il était rare que cela si flagrant. Elle semblait venir d’ailleurs, totalement décalée avec le décor, la vie et les circonstances.

En voyant les flammes, elle avait sourit, et laissant tomber la pèlerine a capuche qu’elle portait d’ordinaire, sortant dans cette cour glacée comme si elle entrait dans une intime chambrée, elle avait levé les bras, fermant les yeux un instant, savourant la chaleur du feu, se remémorant de musiques et chansons plusieurs fois centenaires désormais.
Telle une sorcière des bois médiévaux tombant en trance dans des bacchanales interdites, elle agitait les bras au dessus d’elle tels deux fascinants serpents et ondulait le ventre d’une hypnotisante manière.
Dans sa tête et pour elle seule, la musique résonnait et l’invitait a danser.
Au cours de sa vie, le feu avait été souvent quelque chose de plus rare que l’on aurait pu le soupçonner , car quand on ne vivait pas dans un lieu clos et protégé, où ce genre de chose est très réglementée, les feux risquent d’attirer l’attention et le danger pour les vampires au contraire des temps anciens où les flammes protégeaient les humains des bêtes sauvages.

Elle tournait, tressautait, et ondulait dansant autour du bucher, sans prêter la moindre attention aux regards posés sur elle. Une part d’elle se souvenait encore de l’époque où elle n’était pas vampire, et où une telle insouciance l’aurait mis en grand danger, où la condition de femme la contraignait a devoir toujours se méfier et craindre ce qui pourrait lui arriver. Comme elle avait adoré devenir un des plus dangereux prédateur que la terre ai porté. Elle n’avait jamais regretté sa transition, même sous les tortures, les persecutions, elle se sentait fière, plus sans doute qu’aucun autre vampire.

Perdue dans sa transe, dans sa danse, Belinda posait et faisait glisser ses deux mains ouvertes sur son visage. Le passé des malheureux nouveaux arrivants brulait devant elle, il ne reviendrait jamais. Elle adorait ce concept de table rase.
Effacer tout ce qu’elle avait endurée, tout ce qu’elle avait vécue et subie et renaitre, neuve, cette idée l’embrasait. Elle tirait sur ses vêtements, les sentant soudain comme oppressant, , dégageant un peu plus ses épaules et ouvrant davantage son décolleté. Ses seins n’étaient qu’a un centimètre de bondir hors de son corset. Elle aurait voulu arracher ses vêtements un par un pour les jeter et les consumer dans le bucher, avant d’y entrer elle même.
Parfois, elle se demandait si elle pouvait muer tel un serpent, si elle se brulot ou s’arrachait la peau intégralement celle-ci réapparaîtrait immaculée.
Cette démence pouvait se lire dans son regard, sur son visage. Elle était folle, sur le fil, sur le point de sauter.

Elle était incandescemment indécente et provocante, ne dansant pourtant que pour elle même. Elle aurait voulu pouvoir danser nue. Elle l’avait déjà fait, mais pas ici, pas dans cette cité.
Elle tendait ses bras au dessus du brasier comme dans une invocation païenne, effleurant de ses mains les flammes sans crainte de se bruler, le regard possédé, inconsciente de ce qui l’entourait, perdue dans sa danse, ondulant frénétiquement, écoutant les chansons qui n’existaient plus que dans sa tête, souvenirs entêtants d’un monde a jamais disparu et qu’elle aspirait parfois a rejoindre dans le néant.

Elle chantonnait une mélodie centenaire…
« This is me, for forever
One of the lost ones… »

Quelqu’un lui saisis le bras, pas violemment ni brutalement, mais déclenchant pourtant une réaction animale immédiate.
Tel un serpent ou un chat, Belinda se retourna vivement vers le prêtre, levant une main griffu et surtout ouvrant la bouche, dévoilant ses crocs comme dans une attaque instinctive, une posture agressive de menace envers quiconque osait poser la main sur elle, elle feulait presque. Ce n’était qu’une posture, qu’une réaction induite par des milliers d’aggressions subies. Elle ne frappa ni ne mordit pas l’homme qui voulait son attention.
Elle le considéra un très bref instant de son regard reptilien comme on considère une proie, faisant incliner sa tête sur son cou dans une rotation de considération, et referma la bouche, re-dissimulant ses crocs inhumains derrière ses fines lèvres. Sa main levée se détendit, cessant d’être menaçante et vint se poser sur la joue de l’inconnue.
Elle leva et glissa sa jambe pliée contre celle de cet étranger, s’approchant de lui comme pour danser avec lui, contre lui, mensuellement, approchant dangereusement son visage du sien, commençant a l’enlacer voluptueusement tel un mortel python sa proie.

Il lui murmura qu’il aimait sa danse, et lui intima de la suivre car il devait lui parler.
Elle eu un petit sourire indécent comme si il lui avait fait une suggestion des plus sexuelles.

Elle considéra un instant de resister, elle aurait voulu continuer a danser. Elle inclina la tête légèrement de côté, réfléchissant, puis l’abaissa, comme vaincue, s’inclinant.
Elle ne connaissait pas cet homme, ni vraiment cette ville encore. Peut être était-il quelqu’un d’important ou d’autorité. A peine arrivée, elle ne pouvait pas se permettre de faire une scène, de briser des règles qu’elle ignorait. Il lui fallait en apprendre davantage avant de pouvoir se permettre ce genre de libertés.
La société et ses contraintes étouffantes se rappelaient à elle en une seconde.

Telle une adolescente entrainée par ses parents, elle se laissa guider dans le froid et les ténèbres, loin de la chaleur et de la lumière des flammes.
Une pensée l’amusa soudain : Peut être voulait-il la violer ?
Elle avait l’impression d’être une élève dans une école privée catholique surprise par un des prêtre professeur. Elle le suivi sans resister.

Elle ne disait rien, se contentant de le dévisager, de le déshabiller du regard. Elle attendait le sermon.