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[FB] Parabiosis



17.07.23 13:37

Daria Vasily
[FB] Parabiosis 5d2w
"Olen jääst ja lumedest."
֎ Faciem : E. Forest
֎ Diem natalis : 330 ans
֎ Officium : Employée de l'ombre pour le compte de McCormick
֎ Locus : Black Lane
֎ Creator : Jaroslav Zelivský
֎ Nuntium : 172
֎ Adventus : 22/05/2023
֎ Pseudo : Febrilis
[FB] Parabiosis Jwbb
Daria Vasily
Les Apatrides
https://lrth.forumactif.com/t2071-daria-vasily#50659
[FB] Parabiosis 6t5q
Parabiosis
Quelqu'un mesure en sanglotant
l'étendue de l'aube.
Quelqu'un poignarde l'oreiller
en quête de son impossible
place de repos.

A. Pizarnik.

avec @Ephraim Lawrence.

Elle gît sur une élégante causeuse, inerte, les paumes tournées vers le ciel, telle l’ombre déposée sur le drap mortuaire. Ici, Dame Mort entre et sort sans pouvoir accomplir sa besogne. Elle rôde derrière les carreaux, défie les globes d’oiseaux, tombe sous la coupe de Borée, attendant patiemment qu’on lui rende cette diablesse échappée au caveau. Rien ne semble pouvoir troubler ce rêve et ce repos, la longue chevelure noire, ployée avec grâce tout autour du visage, ne dévoile qu’à peine la figure marmoréenne. Les paupières, surplombées par de très longs cils laissent deviner le dessin légèrement irrégulier de hauts sourcils noirs. Les lèvres entrouvertes portent encore le vestige de leur crime : repues de nef humaine, dionysiaques pétales de luxure. Dans cette retraite claustrale, la pensée exulte, institue dans son rêve la cérémonie d’un triomphe. Elle cherche un repos connu d’elle seule, rôdant vers le rien et à la fois vers mille chemins. Rien ne dure qui ne soit tour à tour objet de fuite et de pesanteur. Elle se laisse aller à de caressants remous, cherche le silence et le confort des ténèbres. Son vaisseau, sur l’abîme, court sans boussole et s’éloigne dans une crinière d’écume. Échappée aux rudesses du sort, elle s’éloigne sans remords. La couleur, le contour subsistent à peine, extase voisine de la belle mort ; béate et éteinte sous l’immobile azur, ici, plus rien ne parle que sous sa peau. Elle voudrait dormir au fond du tombeau, ne plus souffrir ses maux. Oublieuse du temps, et de ses terrestres attachements, son âme appelle le dénouement, embrasse la faucille, se courbe devant Atropos l’inflexible, qui se contente pourtant de ranger l’outil, brisant ses espoirs d’un seul mot : « Bientôt... ».

Arrache donc ce fil de ton rouet et libère-moi de mes fers, sorcière !

Ce n'est que de longues heures plus tard que les paupières abandonnent le sommeil. L’œil d’un bleu pâle, emprunté à un ciel d’orage, se fixe sur le petit salon circulaire, sur les tentures de velours masquant les murs et la porte. Un immense tapis oriental couvre le sol, les meubles et bibelots, accumulés en nombre, donnent un charme voluptueux à la pièce, calculée pour perdre l’attention du convive et le laisser tomber dans une béatitude discrète. L’effet fantasmagorique est fortement accru par l’introduction d’une odeur sacrée d’encens. Dans l'air chaud, des voix montent brusquement du rez-de-chaussée, accompagnées par la mélodie d’un instrument de musique polyphonique. Daria écoute d’un air alangui, la certitude lui vient d’avoir déjà entendu ce cantabile. Il lui faut un long moment alors pour reconnaître Mendelssohn. Un mélange fort tiède s’instille dans ses veines, amertume et colère, l’esprit goûte pourtant un calme profond et ne se laisse pas envahir. Il lui semble voir l'ombre d'un cavalier sur une jument andalouse, qui, emporté dans le bras du vent, surgit brusquement dans le champ désert de son esprit. Le Sire. L’illusion qui chemine la tire tout à fait de sa rêverie, et c’est à peine si elle entend l’intrus se glisser dans le boudoir. Un jeune vampire, vêtu d’un habit brun, en culotte et bas noirs, pénètre en effet dans la pièce par une petite porte dérobée. Accomplissant sa tâche avec zèle, il est venu interrompre les ivresses de la cliente, consultant sa montre qu’il replace avec soin dans l’une de ses poches avant d’annoncer d’une petite voix de chantre :

- Madame… Il est temps de libérer les lieux.

Elle ne daigne pas répondre. La curiosité raffermit une volonté pressée d’aboutir et d’en finir avec sa besogne : il approche, jetant un regard sur l’anatomie plaisante de la non-morte, satisfait, semble t-il, d’entrevoir furtivement la courbure d’un sein à peine couvert par l’ample chemise blanche. Un sourire éclaire un court instant le visage mis en émoi par ces charmes subtils. Il se mord l’intérieur de la joue, ne pouvant goûter au miel et souffrant alors sa peine. Les choses se précipitent brusquement lorsqu’il aperçoit l’ombre d’un corps sur le tapis. Ses libidineuses fantaisies s'estompent aussitôt, la stupeur s’amplifie lorsqu’il remarque les deux accrocs sur la gorge. Il se précipite alors, comme pris de démence, s’agenouille au pied du divan, pour mieux secourir l’inconscient. La bouche est tordue et le visage crispé, il examine avec une attention sourcilleuse le blessé, prend le pouls, mettant aussitôt le feu à l’huile de ses paroles.

- Juste ciel, il est au seuil de la mort ! Qu’avez-vous fait !?

Impossible de prolonger plus longtemps l’état de grâce, elle maudit l’importun venu clore si brusquement ses rêveries. Elle accueille sa parole sans émoi particulier, passe une main dans sa chevelure en considérant enfin le corps étendu sur le sol. Elle trouve à peine l’élan de bouger, car c’est une rude corvée de commander aux gestes désormais. Son langage contraste fort avec son apparence et cette ambiguïté confirme alors sa pensée : au lieu de le prendre en pitié, voilà qu’elle dresse intérieurement son procès. Elle redresse lentement le buste et boutonne son vêtement. Étirant langoureusement ses membres, elle incline avec flegme sa tête d’avant en arrière, les yeux fixés sur le plafond, se levant pour enfiler ses hautes bottes et déplisser son pantalon.

- Ces pratiques sont d’un autre temps ! Nous ne pouvons tolérer de telles façons, McCormick en sera informé, soyez sûre d’être exclue de ses commerces et de ses assemblées. C’est scandaleux, je vous demande instamment de quitter les lieux !

L’hématophage, à l’extérieur si calme, est brusquement la proie du plus déchaîné des orages : une expression de colère se fixe peu à peu sur sa physionomie. Que son comparse crie et la congédie ainsi ranime toutes les capacités que recèle son ire.  Elle parait changée, affichant un rictus atroce, fermant les yeux, consciente que la domesticité était contrainte de mettre ses gens à l’abri de ses insatiables voracités et à raison : satisfaisant son appétit glouton, elle avait tôt fait d'engloutir le pauvre mouton.

- C’est que cette société de bons bourgeois se débat dans les formes les plus grossières... Et ce gentillâtre vient troubler ma tranquillité en prétendant insinuer une leçon. Il a, en morale, les sentiments les plus convenables, les plus distingués, son vocabulaire est remarquable de pureté mais il préfère dissimuler ce qu’il est, paraître en costume de gentilhomme et répandre ses plus vertueux dogmes. En faut-il du vernis pour abuser le bon peuple… N’est-ce pas là l’œuvre du plus fieffé hypocrite, sinon du plus mauvais esprit ?

- Il suffit…! Il ne tient qu'à vous et à vous seule de gouverner vos penchants ! Sachez que toute la lumière sera faite sur les circonstances de cet incident. Priez maintenant pour que cette affaire ne franchisse pas les portes de cet établissement : je vous conseille de faire profil bas pendant quelques temps. Force doit rester à la loi, madame, quoi que vous en pensiez.

- À la loi...?

C'en est trop. Elle ne relâche pas sa défense, fatiguée de le voir s’en référer encore à l’usage et au règlement, sa colère enfle, elle vient saisir la poche de sang, mise quelques heures auparavant à sa disposition, et la jette à ses pieds, n'y ayant pas même touché. Elle accumule les termes de mépris, emportée, fâchée qu’on tente la soumettre à de tels procédés. La modulation, la netteté et la profondeur de sa voix accentuent davantage l’énergie qui l’anime.

- Tu peux garder ceci, et ne plus en offenser ma vue… Tu me crois l’esprit étroit, doctrinaire en diable ? Il n’existe pas une vérité sur laquelle nos semblables se soient mis d’accord, pas un principe moral qu’ils aient en commun. Les qualités que nos contemporains prêtent à ces coutumes ont le creuset de l’imposture, et pis encore : du pédantisme. Ces raffinements de conscience m’exècrent, le vice n’a d’autre forme que l’effort par où nous prétendons nous conformer. Je ne sais que trop ce que ces travaux dissimulent. Outre blasphémer notre nature, et railler la crédulité des hommes, ils ne parviendront, au mieux, qu'à ranimer les vieilles rancunes. Ne les croyez pas dupes et aveugles de la tyrannie qui se joue ici. Mais va. Cours donc informer ton patron. Ne relève jamais les incohérences et les contradictions des principes que tu sers, demeure aussi sot que dévoué : l'on ne pourrait rêver meilleur laquais.

Ce serait pure perte de temps que de prouver à cet homme qu’il avait tort, elle ne s’inflige donc pas un dessein aussi parfaitement inepte et quitte prestement le salon, le ton haut et outré finissant de l’irriter. Elle presse la cadence, descend en hâte au rez-de-chaussée où elle se heurte aux sages et aux misanthropes venus fréquenter ce lieu de toutes les déchéances. La légèreté de son pas ne trahit pas son passage mais quelques uns, cependant, la regardent comme font les agonisants au fond des hospices, poussant des râles et tendant leurs mains moites en croyant pouvoir retenir un peu plus la mirifique apparition. Allongés, ils ont les lèvres molles et le regard vide : on entend à peine leurs paroles, transformées en murmures à peine intelligibles. Les têtes penchées contemplent fixement le vide, d’étranges visions semblent agiter par instants les carcasses alanguies : dans les yeux blancs passent l’onde et le sursaut du délire. Les figures ont pris des blancheurs de cire, les tempes en sueur transsudent les tempêtes des cervelles abêties. Telle était l’ivresse des gens du monde grisés à l’opium. Pareils aux mannequins immobiles, ridicules dans leur plus simple habit, elle attend que la Camarde vienne les prendre, car c’est ce qu’ils semblent, pour la plupart, être venus chercher ici. Ses yeux s'étrécissent tandis qu'elle observe avec une satiété somnolente ce spectacle désolant. Rassemblant ses quelques effets, la colère quitte peu à peu sa mauvaise tête, elle ne cherche même plus à comprendre et élucider les raisons qui l'ont poussée à provoquer un tel esclandre.

Tout en flânant à travers les rues bondées, elle repasse minutieusement dans sa mémoire les informations récemment recueillies. Elle s’est fait préciser l’adresse de l’amant fréquenté par le garçon de l’OP, entreprend ainsi une petite excursion chez lui. Des nuages noirs s’amoncellent en altitude, où d’une ou d’autre part éclatera bientôt l’orage. Ses iris sombres se perdent dans la foule, vont de badauds en badauds, une belle et forte brise pousse d’innombrables fragrances à ses narines. Un mauvais esprit s’allume en elle, elle met dès lors de la bonne volonté à se laisser enivrer, à renforcer ses désirs naissants, suivant néanmoins sa route avec décision. Elle marche ainsi trente minutes environ, sentant brusquement une grande aversion pour le labeur qu’elle s’est imposée. La ville défile avec ses architectures hétéroclites comme un décor peint sans une once de goût et de raffinement.

Une belle mais petite maison, au milieu de jardins ornés, marque la fin de sa pérégrination. La demeure atteinte, elle chemine lentement vers la porte, qu'elle entreprend alors de forcer. Elle entend cliqueter le crochet, signe que la serrure vient de céder, pénètre alors en la silencieuse maisonnée. L’ombre emplit les pièces aux volets fermés, elle parcourt du regard la cuisine et la table entourée de deux chaises. La demeure est en désordre, ce qui n’étonne guère l’intruse qui traverse une minuscule salle remplie de bibelots, jusqu’à gagner la chambrée d’où lui parviennent quelques souffles torpides.

Elle demeure quelques secondes sur le seuil, à un demi-mètre de distance du couple. Une main appuyée sur le cadran de la porte, elle observe tout ce que cette scène offre de turpitude. La chambre est encore remplie de parfums d’amour, criant l’usage impie que les amants semblent avoir fait de leur nuit. Elle observe les profils d’Apollon, leurs sublimes contours : macabres sont les pensées qui s’amoncellent alors : courent de-ci-de-là, dans l’âme, les volontés les plus infâmes. Sur la bouche surgit une expression diabolique, elle contemple les contours des gorges, qui rivalisent avec l’or le plus pur, la gracieuse proéminence des veines qui vibrent sous la surface épidermique. L’air porte avec lui les souffles humains, elle écoute les battements de cœurs, les respirations, jouissant du caractère exceptionnel de ce phénomène, goûtant alors une suprême et morne volupté. Au bout d’un court instant, le garçon aux côtés de Lawrence se met à bouger, un léger tremblement court sur ses membres, il semble brusquement s'extirper du sommeil.

Ses intraitables audaces l’incitent à sourire à l’inconnu, l’enjoignant, d’un mouvement du menton, et d’un doigt porté sur ses lèvres, à prendre congé sans discuter. Stupéfié par la terreur, prêt à défaillir, le jeune homme obtempère et gagne la porte en tremblant. Elle adore survenir à l’improviste, agir pour le bon ordre de ses affaires en imposant des audiences extraordinaires à ses subalternes. L’espace qu’elle franchit d’un seul pas est soigneusement mesuré, elle s’arrête au pied du lit et observe de toute sa hauteur le jeune homme encore endormi. Dans la posture où il est trouvé, il court un grave danger. La tête renversée sur l’oreiller pousse un grondement indistinct, comme troublée dans sa rêverie. Les paupières se soulèvent un court instant, les lippes remuent paresseusement. Elle demeure là longtemps, jouissant de la vue du frêle oiseau. Se penchant au dessus de lui, elle procède à une analyse plus attentive : sans masque, sans travestissement, il dévoile une physionomie absolument charmante : aucun défaut perceptible, des traits réguliers et délicats, des lèvres à l’ourlet ravissant : une Eve tentatrice sous les traits d’un bel adonis, un visage à déchaîner les plus vives et les plus païennes passions. N’ayant plus d’yeux et d’oreilles que pour lui, elle peine à arracher aux régions les plus profondes et les plus secrètes de son entendement son désir de mordre et de faire couler le sang. Les circonstances et une certaine inclination d’esprit semblent jouer en sa défaveur, aussi, s’arrache t-elle à cette odieuse contemplation, et à ce qu’elle renferme de plus impropre. Elle préside maintenant un conseil des plus terre-à-terre : comment allait-elle l’extirper du sommeil ? De la plus douce des manières ou sans délicatesse ? Ces questionnements étaient naturellement grotesques : méritait-il seulement de doux traitements ? Non. Arrivée à hauteur de la table de chevet, sur la gauche, elle remonte l’une de ses manches et saisit d’une main ferme le verre d’eau à demi rempli.

C’est alors que s’élevèrent de furieux cris qui, à travers le silence de la nuit, réveillèrent en sursaut les habitants des faubourgs alentours.

Avec une agilité merveilleuse, il bondit hors de sa couche. Ayant expédié tambour battant son affaire et ne jugeant pas convenable de le tourmenter davantage pour le moment, la gorgone contourne le lit, ignorant superbement le garçon arrosé qui l’observe d’un air incrédule, les yeux semblant lui sortir de la tête. Pendant quelques minutes, il reste muet et immobile, peinant à remettre pied dans le présent. Un examen minutieux rétrécit encore le champ d’investigations de la brune : tout à fait sobre, bien qu’en proie aux plus sombres humeurs, elle en tirerait certainement quelque profit cette nuit. Deux grands plis d’amertume encadrent la bouche bien dessinée, son regard attrape précipitamment la porte et il se rue dans la pièce voisine en jurant, nu comme au premier jour. Ses rages s'accroissent encore lorsqu’il comprend n'avoir plus que pour compagnie l'infâme sorcière : où donc était passé son amant ? Les yeux de la brune brillent soudain, après avoir suffisamment rassemblé ses idées, elle porte ses mains dans son dos, le suivant d’un pas lent, ne lui accordant pas davantage de répit alors même qu’il cherche de quoi se vêtir.

- Mes hommes t’ont attendu, hier. Imagine quelle a été ma surprise lorsque j’ai appris que tu ne t’étais pas montré au lieu et à l’heure indiqués...

Il est en proie à une agitation manifeste ; déconcerté, il s’essuie le front d’un air pensif. Après une analyse scrupuleuse, distinguant les plus légers signes de malaise, elle comprend qu’il cherche, avec l’opiniâtreté du désespoir, une fable à lui raconter. Il s’apprête à parler mais elle claque de la langue, déroulant aussitôt la lame d’une mer emportée :

- Ravale ce que ta bouche veut me servir de mensonges, il faudrait être bien sot pour me parler faux. N’emploie pas de tels biais avec moi, surtout si tu tiens à rester entier.

Elle se dirige vers la porte avec placidité, la figure du garçon est encore rouge de colère, il tombe dans le mutisme, sujet à une malchance lui jouant des tours successifs. Le tempérament est au plus haut degré sensitif, excitable à l’excès mais il doit apprendre à se maîtriser. Il enfile un habit hautement parfumé, il est dans un tel état de désarroi qu’il semble avoir tout à fait perdu sa langue. La diablesse ne le quitte pas du regard, une contrariété manifeste ourle ses lèvres pleines, elle approche, ne se tenant plus qu'à quelques centimètres de la figure juvénile, murmurant alors : 

- Tu instaures le désordre dans mes affaires, Ephraim, et je ne peux décemment pas le tolérer... J’aimerais à présent que tu y procèdes sans incident et surtout que tu t’y consacres pleinement. Ne me fais pas regretter notre collaboration ni m’interroger sur son bien-fondé.   

Elle le toise encore longtemps puis finit par se détacher de lui. Aucun bruit ne vient troubler le silence, si ce n'est l'air frais qui siffle par les fentes d'un volet. Elle inspire, lui tourne le dos, immobile. Sa pensée est emplie des desseins les plus terribles, n'essayant même plus d'échapper à la souillure nauséabonde du chemin qu'elle emprunte. Les plans se bousculent dans son esprit, battent furieusement au rythme de son ire. Et sans prévenir, elle l'entretient ainsi :

- Es-tu en bons termes avec la responsable de salle de l'Oasis Pleasure, Miss Wuornos ? On la dit bien supérieure à tes confrères et consoeurs, d'une sagacité rare et d'une loyauté sans failles. Ses tournures rondes, son excès de zèle et son éducation plaisent apparemment beaucoup à ton patron. J'ai besoin d'en apprendre davantage sur elle, et sur ses accointances avec lui. Mais pour l'heure, revenons à une affaire de plus haute importance : as-tu le document que je t'ai demandé ?

Le sourire de l’immortelle, dont le sens exact lui échappe, donne beaucoup à penser au jeune homme. Face au vaste crépuscule, il sent une bise glacée frapper son coeur et alentir brusquement la course de son sang. Quel sombre stratagème pouvait être à l'oeuvre ici ? Elle ne lui laisse pas le loisir de s'interroger davantage pourtant, tendant la main en attendant de recueillir le précieux document, elle incline légèrement la tête, soufflant sur un ton qui n'augurait rien de bon :

- Allons, donne, et hâte-toi de t'habiller, nous sortons.


ntbu.gif

Lit by calcium light,

We reached denouement,

And in the still of the night,

We were smashed to pieces.

ntbu.gif
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12.08.23 14:34

Ephraim Lawrence
[FB] Parabiosis 47d7625676b77c48040f59d38f19ded5
֎ Faciem : t. chalamet
֎ Diem natalis : 22 ans - 23 novembre 2367
֎ Officium : prostitué et danseur - orgueil
֎ Locus : new abbostford
֎ Tutor : cité
֎ Matricule : NA6738501
֎ Nuntium : 1650
֎ Adventus : 13/04/2018
֎ Color : #009999
֎ Multicomptes : fitzwilliam h. ; circé h.
֎ Pseudo : nepenthès
֎ Crédits : ethereal.
Ephraim Lawrence
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Parabiosis.

@Daria Vasily

Février 2390 | Quartiers résidentiels

“Reste dormir avec moi.” Le corps élancé et souple du danseur retomba lourdement sur les draps sentant la fleur d’oranger, le souffle court et le palpitant se remettant à peine de l’orgasme qu’il avait à peine surjoué. “Reste toute la nuit.” Il sentit les bras de son amant entourer son torse qui n’était plus aussi imberbe qu’autrefois. Son physique s’était fait plus anguleux au point que si l’on passait le doigt sur sa mâchoire on risquait sérieusement de s’y couper. Son physique de jeune éphèbe qui faisait tourner les têtes des plus pervers au même titre qu’éveiller l’instinct maternelle des individus de sexe féminin qu’il croisait avait disparu pour laisser place à une tension permanente. Sous sa peau d’albâtre se tendaient des muscles fins et secs qui promettaient néanmoins et toujours milles et un plaisir qu’il aurait été bien difficile d’obtenir ailleurs. Il reprenait doucement son rythme, mettant son coeur à dure épreuve mais cette fois-ci de manière exclusivement physique.

Les premiers temps, il avait eu l’impression d’un sempiternel retour en arrière. La douleur et la déchirure avaient laissé la place à un monstre noir obscur qui engloutissait tout sur son passage, comme s’il était rongé de l’intérieur. Il avait alors eu du mal à quitter sa chambre, devenue trop petite et étouffante par rapport aux appartements du Prince. Il avait évidemment fait des efforts pour paraître aussi désirable et joyeux qu’habituellement. Il refusait de devenir cette ombre pathétique que de nombreux danseurs devenaient quand l’intérêt décroissait. Il se devait de ne pas sombrer et de ne pas donner de mauvaises idées aux clients. Le pauvre petit Icare qui s’est brûlé les ailes en voulant s’approcher trop près du soleil : observez sa carcasse désarticulée gisant désormais sur le sol, sans qu’aucune vie, aucun intérêt ne puisse plus en surgir. Non, il n’offrirait jamais le tableau de l’amoureux éconduit. Bravache, il avait fait mine de ne pas être affecté de la rupture entre Dorian et lui, de la haine qui avait remplacé l’amour dans le regard du Prince lorsque ce dernier se posait sur lui, du mépris de succomber à la défaite face à un fantôme qui continuait de hanter le seul être qu’il ait jamais aimé sincèrement. Il était Ephraim Lawrence. La star de l’Oasis Pleasure. Celui pour qui des vampires affronter les Enragés et autres dangers du voyage pour le voir se déhancher sur scène. L’Emeraude étincellante sur laquelle les rumeurs les plus folles couraient. Il ne se laisserait pas abattre ou voir son nom terni d’une quelconque manière.

Alors il avait continué de danser. De devenir l’Orgueil personnifié. De rire. De paraître. De résister avant de faire mine de succomber. D’engranger les fortunes qu’il continuait de ne pas déclarer dans leur intégralité. De feindre ou de ressentir des orgasmes. Salvatore était précisément l’un de ces vampires auquel il accordait son intérêt de temps à autres. Il n’était pas le plus riche, ni le plus beau. Mais il avait quelque chose chez lui qui le poussait à accepter son offre. Peut-être était-ce ces grands yeux ourlés de traits noirs, oscillant entre vert profond au plus sombre des bruns. Peut-être était-ce délicieux accent quand il lui murmurait milles et une promesses de le traiter comme le trésor qu’il était. Peut-être était-ce ce corps svelte sur lequel des lignes sombres se dessinaient et qui lui rappelait un autre corps. Peut-être était-ce ces longs cheveux sombres dans lesquels il se perdait alors qu’il cédait aux puissants coups de rein du milicien. Peut-être était-ce également l’ennui et la volonté de se perdre. Toujours est-il que ce soir, comme de nombreux autres soirs depuis des mois, il se retrouvait dans son humble demeure à faire mine d’avoir autre chose à faire une fois la jouissance ultime atteinte.

“Tu n’as pas assez.” finit-il par répondre, la voix rendue rauque par leurs exercices. “J’ai encore une bourse pleine de pièces d’or.” proposa-t-il, entraînant un rire en cascade chez l’humain. “Tu es sûr que c’est d’or dont elle est remplie ?” ricana le mortel, qui avait bien remarqué que son amant se trouvait déjà au garde à vous. “Reste.” l’incita-t-il à nouveau, le couvrant de baisers et finissant par le faire céder dans un soupir. “Juste pour cette nuit.”

Quelques heures plus tard,

Alors qu’une seconde plus tôt, il était en train de nager avec des dauphins dans un océan de nuage, il se retrouva foudroyé par quelque menace invisible et projeté dans le droit glacial de l’océan au point de suffoquer. D’un bond, il sauta hors du lit, tiré de son sommeil amplement mérité et ne comprenant pas ce qu’il venait d’arriver. Son visage ruisselait encore des lames de fond alors que ses pupilles observaient, dubitatives, ces draps qui avaient été le berceau de plaisir et de bien-être jusqu’à quelques instants auparavant. Ils étaient désormais vides. Il jeta un regard incompréhensible sur la silhouette sombre qui se trouvait désormais à côté et qui n’avait strictement aucune espèce de rapport avec Salvatore. Le cerveau encore endormi et ne parvenant guère à articuler son offuscation, il observa l'Immortelle durant de longue minutes, ne s’embarrassant ni de sa tenue d’Adam, ni de sa présence incongrue au pied de son lit. Enfin du lit du milicien. En parlant de ce dernier, le jeune homme réagit soudainement, sans prêter guère d’attention à la nouvelle venue. “Alva ? Alva ?” appelle-t-il son amant en vain à travers la maisonnée agréable. “Bordel de merde. Mais t’es vraiment un gros connard de me laisser seul à poil avec une vampire. Petite bite.” maugrée-t-il avant de revenir dans la chambre pointant un doigt accusateur sur ladite strigoï. “Et toi ! Ca ne se fait pas de se pointer chez les gens comme ça, sans invitation. T’imagines ? J’aurais très bien pu faire une crise cardiaque et tu te serais retrouvée bien conne. Comment t’aurais fait, hein ?”  Mauvaise foi au vu des exercices cardios qu’il fait jour et nuit. “Tu as fait quoi de cet idiot ? Tu l’as pas mangé j’espère ?” Il s’arrête à quelques mètres devant elle pointant ses mains comme s’il voulait les refermer en poing sur sa gorge blanche. “Tu es vraiment …. urgh!” Mais cela n’aurait servi à rien : aucun souffle ne sort de la poitrine de la vampire.

Alors, il repart, suivi par cette ombre malheureuse, en pestant pour retrouver progressivement ses vêtements et de quoi se recouvrir, remontant le cours de la folie à deux. La mâchoire crispée, il ne peut s’empêcher de se mordiller la lèvre inférieure alors qu’elle pointe une erreur stratégique de sa part. Pourquoi faut-il donc qu’il serve d’outils de renseignement à tout le monde. Il finit par s’y perdre entre Wanda, Jaroslav et désormais Daria. Il ne sait plus quel mensonge il a dit à qui. Enfilant un bas de pantalon manifestement trop grand et rustre pour lui, il commence à ouvrir la bouche pour répondre à la dernière de ses manipulateurs quand elle lui coupe la parole, impatiente de son charabia. Obéissant malgré lui, il enfile une chemise de soie qu’il avait pu oublier par le passé et se laisse sermonner comme un enfant mal élevé, tentant de s’empêcher de rouler des yeux. S’il a la fâcheuse manie de mordre la main qui le nourrit, il sait qu’un tel jeu est dangereux maintenant qu’il n’a plus de protecteur aussi puissant et que l'Immortelle qui lui fait face semble défier toutes règles en vigueur au sein de la Cité. Pour toute réponse, il se contente de silence et hoche la tête, s’avouant vaincu.

“Elle m’aime bien.” se contente-t-il de répondre vis à vis de la responsable de salle. C’est le pendant d’avoir grandi dans ce lieu de plaisir sous le regard maternelle de bien trop nombreuses jeunes femmes en manque d’amour, quel qu’il soit. Ephraim en a toujours été le protégé et du fait de ses accointances avec le propriétaire originel a pu bénéficier d’un traitement différencié. Il ne peut s’empêcher de grimacer en penser aux ‘accointances’ entre la jeune femme et ce terrible vampire, ire commun des individus en pleine conversation. Il préfère ne pas y penser et reporte son intention sur l’impérieuse brunette qui exige le fruit de son dur labeur, en roulant des yeux vers le ciel sans s’en cacher. Sans protester davantage, il va fouiller dans ses affaires pour lui transmettre le précieux document dont il ne voit toujours pas l’intérêt. Sans doute parce qu’il a encore bien du mal à en déchiffrer les curieux signes. “Tiens, voilà. Satisfaite ? Tu peux me laisser vaquer à mes…” Mais la réponse est cependant négative alors qu’elle lui intime de s’habiller. Bien malgré lui, il consent à lui obéir, mais comme toujours à ses conditions. “Attends-moi.” Il est hors de question qu’il sorte des lieux sans s’être débarassé des fluides corporels qui dégoulinent encore hors de lui, l’odeur quasi animal de l’italien sur son dos. Rapidement, il va profiter des bienfaits de la salle de bain de la maison, la fraîcheur diffuse de l’eau et les doux parfums des produits de qualité du milicien lui permet de se redonner allure humaine et à l’égale de sa glorieuse personnalité. Finalement, il opte pour une pièce de cuir noir qu’il revêt à même la peau couplée à un long pantalon noir aux jambes fuseaux avant de finalement rejoindre son opresseure du soir. “Voilà, satisfaite ?” Quel mauvais coup lui prépare-t-elle ? “Je te préviens je ne retourne pas dans le bureau de Jaroslav ce soir. Mon odeur est encore trop présente.”



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❝Don't try to hate me because I am so popular❞
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01.04.24 12:45

Daria Vasily
[FB] Parabiosis 5d2w
"Olen jääst ja lumedest."
֎ Faciem : E. Forest
֎ Diem natalis : 330 ans
֎ Officium : Employée de l'ombre pour le compte de McCormick
֎ Locus : Black Lane
֎ Creator : Jaroslav Zelivský
֎ Nuntium : 172
֎ Adventus : 22/05/2023
֎ Pseudo : Febrilis
[FB] Parabiosis Jwbb
Daria Vasily
Les Apatrides
https://lrth.forumactif.com/t2071-daria-vasily#50659
[FB] Parabiosis 6t5q
Parabiosis
avec @Ephraim Lawrence.

L’indignation du jeune homme ne connait pas de bornes. Elle l'écoute patiemment déverser sa bile, s'attribuer le mérite de l'éloquence, en bombant altièrement son buste de blanc-bec furieux. Elle ne cligne pas des yeux, la ride de son front se creuse durement alors qu'il s'interrompt. « Allons, ne sois pas modeste, continue je te prie… » Le garçon, perdu dans son monologue insolent, ne se dérobe pas, se sentant libre de commander dans la maison de son amant, exigeant, avec beaucoup d'empressement, d'être instruit du motif du départ de son soupirant.

- "L'idiot" s'est empressé de quitter la maisonnée à mon entrée, ce qui laisse présumer de son courage... Je n'aurais nullement soupçonné que tu puisses t'éprendre d'un couard... Veux-tu bien te taire à présent ? De remords, elle n’en a pas l’ombre et elle porte plus loin le regard, un fiacre les attendant à la porte, la brune faisant signe au jeune homme de se hâter mais ce dernier la questionnant, comme de bon juste, sur la destination et le motif de leur sortie, refusant de se trouver encore au devant du danger, et d'avoir à affronter le propriétaire de l'OP. Elle esquisse un semblant de sourire et lui enseigne le chemin du théâtre, près du centre, où elle compte l'emmener cette nuit. « Que ne devrais-je t'imposer la proximité de Sir Zelivský pour te faire payer ton impudence... Non. C'est d'une autre façon que tu devras me servir. En as-tu fini ? » Il la fait encore attendre, revient enfin, paré de ce qu'il a de plus sobre, mais de plus beau, mettant le dernier degré de luxe à son ajustement et la caïnite l'observe, lui abandonnant le soin de la toilette qu'il arborera ce soir.

Ils sont sur le départ, les routes, fort mauvaises à cause du temps, mettent en peine les chevaux qui s’arrêtent fréquemment et se cabrent dans leurs lourds harnais. Pendant le trajet, tous deux n’ont point d'entretien particulier hormis l’objectif de cette soirée. Tout en expliquant ses intentions à son associé qui, à demi-mots, promet une entière soumission à ses volontés, la strige contemple, dans l’éclairement blême des ruelles, les mises pitoyables des habitants des bas-fonds qui apparaissent à cru dans toute leur pauvreté.

- Je t'emmène au théâtre ce soir car le Vicomte Stingson en personne y est attendu. Je sais de source sûre qu'il collabore activement avec ton Patron mais j'ignore encore son degré d'implication dans ses affaires. Je doute que cette coopération ne soit motivée que par l'argent... J'ai espoir que tu parviennes à lui arracher confidence de ses sentiments les plus secrets à ce sujet. Tu ne le soumettras à tes volontés qu'en attisant son intérêt et son admiration. Tes charmes l'engageront à répéter avec plus de détails encore ce qu'il voudra bien te confier, à condition bien sûr que tu saches en user...

L’immortelle, en descendant du fiacre, redresse un instant la tête comme si elle eût voulu s'abreuver des odeurs et sons épars. La longue allée de platanes qui borde le théâtre est plongée dans une épaisse obscurité. L’édifice est l’un des points de réunion de la noblesse locale. Bâti sur l'emplacement des anciens ateliers de la ville haute, et quelque peu négligé ces temps derniers, il offre à l'oeil un échantillon pittoresque des architectures les plus variées. Une fois entrés dans le vestibule décoré par d'immenses colonnes taillées dans le bois, ils parviennent à hauteur d'une grande porte close où attend un domestique. Ce dernier, en les voyant, pousse les deux battants et les voilà précipités au milieu d'un cercle nombreux de gentilshommes, les éclats de rire et les paroles d'irrévérence plongeant le lieu dans un vacarme assourdissant. De tous côtés des dames folles grincent et se perdent en palabres étourdissantes, s’ébattant au moyen de clichés galvaudés et vides de sens, à peine sauvées par le prestige qu’exerce leur statut d'influentes.

C'est là pour Daria un très grand embarras, car elle est ici pour remplir de pénibles devoirs. Il est des situations dans lesquelles la solitude apporte moins d'ennui que des distractions auxquelles il faut se prêter par complaisance. Ce qui fait la peine des uns fait quelquefois le bonheur des autres. En ruminant tous ses tracas, la brune ne prête point attention à Ephraim qui a maintenant tout le loisir de s'adonner au plus curieux et au plus obséquieux numéro. Et soudain alors, elle sent près d'elle les corps brûlants de femmes et d'hommes, agités par une fièvre nouvelle, et trente minutes passent, durant lesquelles une foule de prétendants et de prétendantes s'avance, tous pour monsieur,  ôtant à la brune sa faculté de penser et éprouvant bien évidemment considérablement sa patience. Ephraim, craignant sans doute de ne pouvoir adoucir la mine patibulaire que la nature et l'habitude avaient répandues sur sa partenaire, lui adresse un sourire inquisiteur, cherchant absolument à corriger son humeur. Il résulte des nuances frappantes entre la manière d'être une femme et celle d'être un homme en société car une femme qui ne sourit pas n'a dès lors plus dignité ni grâce. Avec une ravissante candeur d’enfant, il l'introduit et la présente comme une amie venue d'un lointain pays et étant pour un court laps de temps en visite en ville, et cette farce grotesque à laquelle elle est mêlée lui parait évidemment effroyablement ennuyeuse tant les bavardages ne portent que sur d'insupportables niaiseries. L'éphèbe la considère un temps avec amusement, ravi de la voir tant en difficultés et, par un geste prononcé, semble lui annoncer qu'ils doivent se séparer.

Bon Prince, il lui offre le privilège d’un tête-à-tête avec un baronnet aux pommettes si carminées qu’il ne fait aucun doute sur la composition de son dîner. Il dodeline de sa mince tête, et Daria observe d’un air acéré son menton taillé en pointe, ses canines proéminentes et sa bouche en muselière. Il est, selon son ordinaire, babillard à l’excès. Dans le cours de la conversation, il énonce quelques réflexions générales qui lui paraissent d’autant plus ronflantes qu’elle les a pour sa part depuis longtemps développées. Avec tout l'aplomb qu'on lui imagine, Daria met fin à ses longs raisonnements par quelques saillies qui rendent à la conversation un peu de corps et de vivacité. La brune, déjà lasse, soupire et le vampire fait aussitôt mine de prendre part à ses ennuis. Fort heureusement pour elle, l'entretien ne dure pas longtemps car la première idée qui lui vint peu après fut bien évidemment de le congédier, et elle parvint enfin, suivant l'usage, à l'attacher à quelqu'un d'autre pour le reste de la soirée.

Levant les yeux, elle voit que de nombreuses silhouettes font cercle autour d'elle, le ressac de la vie semble l'étourdir au point qu'elle peut tout juste distinguer les petites taches lumineuses dans les images qui défilent devant elle. L’œil fixe, voilà qu’elle évite soigneusement la présence endémique et contagieuse de ces parasites mais il se produit un brouhaha un peu plus loin, sur sa droite, et subitement, elle voit débarquer un groupe mouvant et sonore avec à sa tête, Stingson.  C’est un haut et puissant homme, de mise stricte et raffinée mais d’allure inquiétante. Sur sa figure anguleuse et affûtée, luisent deux billes d’onyx, qui, par instants, semblent porter des jugements téméraires et peu charitables sur toute cette joyeuse assemblée. Ce n’était pas l’un de ces hommes à se laisser aller facilement aux dissipations car il était, disait-on, d’une gravité sans faille, et ne semblait pencher que du côté de la bienséance. Cela, bien sûr n'était qu'un jeu d'apparences... La gent masculine a, pour la morale, une philosophie variable et pour l’interdit, une attirance quasi-congénitale. Par on ne sait quel miracle, Ephraim trouva moyen de l'enlever à ses hommes et d'unir irrésistiblement son intérêt au sien. Daria les vit tous deux prendre place vers le devant de la scène et entretenir alors une discussion des plus animée.

Occupés de leur situation respective, elle observe de temps à autre le jeune homme converser avec le Vicomte puis le voit bientôt se pencher vers lui. Le plus grand talent d'un courtisan est, en ne s'écartant pas des convenances, de s'adapter aux attentes particulières de son interlocuteur, de l'essayer avec prudence pour le cueillir dans un moment où il est hors d'état de soutenir plus longtemps la discussion. Et Ephraim semblait exceller dans ce périlleux exercice. Les yeux du Vicomte brillent d'un éclat étrange et quand le jeune homme se lève pour mettre fin à leur échange, sa main vient discrètement chercher la sienne et la presser avec insistance. Elle avait mal estimé les compétences du jeune homme qu'elle avait réduit à son tempérament dépensier et frivole.

Les rancœurs inavouées engendrent les ambitions les plus infâmes : c'était un acte parfaitement indigne d'elle que de jeter le garçon en pâture au Vicomte dont elle connaissait en vérité les sombres inclinations. Victime d'un complot tramé par un génie infernal, le mortel était condamné à n'être que l'instrument aveugle de son ire. Grand mal lui en fit de se lier à cette femme : jeté au fond d’un éternel champ de bataille, l'enfer se serait ouvert derrière lui qu'il lui aurait été impossible de faire marche arrière et d'en réchapper. Et la confuse sensation d'un fardeau qui lui pesait sur le cœur l'étreignait chaque fois plus despotiquement. Quand on n'existe plus que dans le passé, on tient à tout ce qui le rappelle, la haine qui fermentait depuis si longtemps en son sein, ne connaissait plus ni mesure, ni discontinuation. Les yeux fixés en terre n'auraient su voir autre chose que l'innocence outragée et plonger davantage dans l'abîme dans lequel elle était tombée.

L’étrange et solennelle gravité qui pèse sur l'immortelle se dissipe d’un seul coup. Tandis que le jeune homme se fraye un chemin pour la rejoindre, elle a tout le temps de réfléchir sur la douceur par laquelle orienter maintenant cette soirée et étouffer ainsi sa culpabilité. Une minute au moins s’écoule, puis le pas traînant du jeune homme se fait entendre, gravissant les marches pour venir s'installer à ses côtés. Le cœur humain semble chercher du secours auprès de l'immortelle, le rythme cardiaque, le battement des paupières, le jeu pressé des lèvres sont autant de signes trahissant une angoisse grandissante. Sans savoir pourquoi, le garçon ne pouvait se délivrer de l’impression qu'il courait potentiellement un grave danger. En quelques mots brefs, presque avec indifférence, la caïnite salue sa performance.

- Impressionnant... S'il te convie à un entretien privé, accepte sous l'unique condition de choisir le lieu de votre rencontre. Prétexte de devoir faire preuve de discrétion pour ne pas risquer d'influer défavorablement sur ses affaires et ses relations. Le Vicomte ne saurait souffrir l'opprobre en étant trouvé en compagnie d'un homme... Je trouverai un endroit sûr et suffisamment onéreux pour le convaincre de faire le déplacement. Elle le voit fermer un instant les yeux, peut-être pour ne pas rencontrer son regard puis opiner du chef, son attitude demeurant immuablement obligeante, ce qui ne lui ressemblait pas.

Avant que la pièce ne commence, il se tourne vers elle, semblant se demander pourquoi l'on fait soudainement si grand silence, lui qui était tant usité aux acclamations avant les représentations. D'un mouvement de tête, elle l'encourage à porter le regard sur la scène, songeant pour sa part aux moyens de l'engager vers de plus intellectuels passe-temps. Un soupçon térébrant la surprend soudain : celui de faire une fois encore aveuglément confiance au commandement de ses pensées. N'était-ce pas démonstration de pure vanité que d'envisager élever spirituellement ce garçon ? Ses goûts ne pouvaient-ils être que frivoles et si dénués d'ambition ? L'initier au théâtre de société pourrait être une sorte d'intromission à un nouveau genre de divertissement. À la fin de la pièce, elle s'informerait avec soin de l'effet que celle-ci aura produit sur lui ; et s'il y aura été réceptif, elle s'assurerait qu'il ne manque pas les prochaines représentations. De telles ambitions étaient-elles seulement compatibles avec sa profession ? Quittait-il parfois son lieu de débauche ? Fréquentait-il les salons littéraires, était-il convié, aux bras de puissants, à prendre part à de plus cérébrales distractions ? Elle ne savait même pas comment sa réflexion s'était engagée sur un pareil sujet, ni comment le jeune homme avait pu, en si peu de temps, acquérir un semblant d'empire sur elle au point de l'inquiéter déjà de son avenir et de ses sentiments.

L'acte premier est sur le point de commencer, quelques murmures courent encore sur les bancs. Les rideaux rouge terne masquent encore la scène, une valse suave coule d'une harpe, et les voix des spectateurs s'éteignent finalement. L'immortelle porte un oeil méditatif sur le garçon. L'angle où ils sont assis est à peine éclairé et elle suit du regard l'ondulation des boucles brunes, le mouvement des longs cils bruns alternativement levés ou baissés, la ligne spirituelle du profil, les délicates inflexions de sa gorge. La question est posée juste avant que résonnent les coups du brigadier et que le rideau ne soit levé :

- Est-ce ta volonté propre que d'exercer ces fonctions à l'Oasis, Ephraim ?


ntbu.gif

Lit by calcium light,

We reached denouement,

And in the still of the night,

We were smashed to pieces.

ntbu.gif
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20.04.24 17:49

Ephraim Lawrence
[FB] Parabiosis 47d7625676b77c48040f59d38f19ded5
֎ Faciem : t. chalamet
֎ Diem natalis : 22 ans - 23 novembre 2367
֎ Officium : prostitué et danseur - orgueil
֎ Locus : new abbostford
֎ Tutor : cité
֎ Matricule : NA6738501
֎ Nuntium : 1650
֎ Adventus : 13/04/2018
֎ Color : #009999
֎ Multicomptes : fitzwilliam h. ; circé h.
֎ Pseudo : nepenthès
֎ Crédits : ethereal.
Ephraim Lawrence
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Parabiosis.

@Daria Vasily

Février 2390 | Quartiers résidentiels

Moue dubitative bientôt transformée en moue de profond dégoût. Lui ? S’éprendre de son amant ? S’éprendre tout court ? Plus jamais. Son coeur a été bien trop brisé pour qu’il puisse battre à nouveau que pour autre chose que l’éclat rutilant de l’or, pour les teintes chamoisées des pierres précieuses. Ce dernier n’existe plus et même s’il continue de rugir dans sa poitrine, ce n’est que pour permettre à son hôte de continuer de mener son existence vide de sens. N’est pas vampire qui le désire seulement. “Peuh.” répliqua-t-il d’une mine de dégoût face à l’honteuse réflexion de l’immortelle dont il ne comprenait pas toujours les desseins. “S’il te plait, ne m’insulte pas.” Néanmoins, il finit par calmer son attitude revêche, sans doute pour éviter qu’elle ne coupe ses jolies boucles brunes un peu trop courtes en même temps que son cou et l’écouta, les bras croisés de défiance. Prenant tout son temps pour se présenter sous son meilleur jour, comme de manière habituelle, il la rejoignit dans la lourde voiture à laquelle piaffait d’impatience deux hongres. Au passage, il se rappela la rencontre fortuite dans les écuries avec Aloysius. Même simple mortel, il eut l’impression que cette dernière remontait à un siècle, une période où il pouvait croire au bonheur et où son âme ne s’était pas revêtue d’une teinte nocturne irréversible. Les sourcils froncés, il dut s’accrocher durant le trajet pour comprendre ce qu’elle attendait de lui, alors que leur moyen de locomotion cahotait sur les routes pavées de la Cité. Il ne put s’empêcher de glisser un regard vers la beauté sombre et immuable de celle qui planait désormais au-dessus de lui telle une ombre. “Tu doutes encore de mon pouvoir de séduction ?” commenta-t-il, vexé alors qu’il avait toujours su mener à la baguette quiconque poser le regard sur lui. “Dois-je te rappeler que le Prince de la Cité m’accordait tout d’un claquement de doigt ?” Et que son associé était demeuré insensible à ses charmes. Et que dire de Varro qui ne l’avait jamais jugé suffisamment digne d’intérêt pour revenir le chercher ? Il secoua ses boucles brunes, acceptant le défi relevé, se persuadant autant qu'elle-même. “Laisse faire les professionnels.”

Immédiatement après que les portes du fiacre se soient ouvertes, il retrouve un monde qu’il ne connaît que trop bien et lorsqu’il sort du véhicule, il sait, sans même leur prêter d’attention, qu’il attire sur lui tous les regards. Parmi les vampires de haute lignée, les tenues de prestige et les pierres précieuses qui brillent de mille feux, il sait être le joyau le plus étincelant de tous. Sûr de son aura et de sa beauté, il repère la cible que lui désigne son accompagnatrice et sait exactement comment attiser son intérêt. Rien n’est plus subtil que la froide indifférence. Naviguant de spectateurs en spectateurs, conscient que la pièce de théâtre se déroule autant, si ce n’est plus, en dehors de la scène que dessus, il présente Daria à ses interlocuteurs, jouant les entremetteurs tout en s’amusant silencieusement des embarras de la belle ténébreuse. De temps à autre, ses prunelles couleur des landes se posent furtivement et ingénument sur la silhouette élancée de sa cible, ce qui attire progressivement l'intérêt de ce dernier. Le sourire en coin, il prend congé de la strigoï pour se retrouver en tête à tête avec le Vicomte. La conversation est aisée entre ces deux âmes qui semblent se comprendre à la perfection, le jeune éphèbe sachant jouer de ses charmes comme nul autre et lui permettant de demeurer le joyau étincelant de la Cité, même sans la protection du Prince. Il sait ce qu’il fait. Et il le fait de manière subtile. Tout le monde ici sait que Ephraim Lawrence ne se laisse guidé que par ses bas instincts : le sexe et l’argent sont tout ce qui l’intéresse. La politique et les ruses ne sont évidemment pas de son fait.

Évidemment, tentation est faite et rendez-vous sera manifestement pris.

Revenu auprès de Daria, il écoute les conseils, non les ordres de cette dernière et ne peut s’empêcher de soupirer. D’un simple mouvement de tête, il acquiesce de cette dernière et suivant les usages manifestement en cours au sein de l’établissement, il prend place aux côtés de celle-ci. Si l’ambiance est sensiblement différente de celle qui prédomine à l’Oasis Pleasure, il comprend rapidement vers où tourner son regard, même si ce dernier ne cesse de dévier sur l’assemblée. Son regard acéré remarque les subtilités dans les politesses échangées, les rapprochements sous couvert de l’obscurité et les gestes déplacés qui témoignent bien davantage que les paroles échangées. La question que lui pose sa partenaire le prend de court et il ne peut s’empêcher de se tourner vers elle, presqu’offusqué. “Et où veux-tu que j’exerce mes talents ?” lui répond-t-il sans détour, n’ayant jamais pensé à autre destinée que celle de prostitué. “C’est chez moi.” Son coeur se serre sans le vouloir au même titre que ses mains alors que son esprit erre bien malgré lui vers l’abandon de Varro. “Je ne suis jamais plus heureux que lorsque je sens la lumière de la scène sur ma peau nue, le frisson qui parcourt la salle lorsque je me débarrasse d’une étoffe, la bonne grosse bite bien dure d’un vampire qui me fourre.” Un bruit de gorge réprobateur se fait entendre sur sa droite.

Manifestement, ce n’est pas l’heure des bavardages alors que le silence se fait. Et moins encore de ce type de conversation. “Ou la manière dont j’extrais les gémissements d’une vampire avec ma langue qui se glisse au fond d’elle.” rajoute-t-il avec une lueur de provocation faisant mouche dans les étincelles du regard de la femme qui accompagne le vieil aigri. Il se retourne alors vers Daria, poursuivant comme on le fait à l’Oasis Pleasure, sans prendre garde à ce qu’il se passe sur scène dès lors qu’il n’y est pas. “C’est mon chez moi, ma famille. Le seul endroit où je suis à ma place et où on m’accepte comme je suis.” Ils avaient été là quand Varro l’avait abandonné. Ils avaient été là quand il avait refusé la proposition de Travis. Ils avaient été là quand Dorian lui avait brisé le coeur et l’âme. Il n’accepterait jamais de le reconnaître mais ils étaient sa famille, celle qu’il avait choisie. “Et de toute façon, ce n’est pas comme si je pouvais choisir de toute manière.” termina-t-il en haussant les épaules. Il n’était qu’humain après tout. “Et toi ? Pourquoi New Abbotsford ? Monsieur Iceberg ?” Surnom délicat pour le vampire au regard glaçant dont il portait encore les stigmates sur la joue.

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