I will not ask you and neither would you. [Omen]

@Omen & Circé

I knew that look dear Eyes always seeking Was there in someone That dug long ago So I will not ask you Why you were creeping In some sad way I already know I will not ask you where you came from I will not ask you and neither would you.

Courber l’échine. Sourire. Se faire discrète. Se fondre dans la masse des humains papillonnant autour des êtres immortels considérés comme supérieurs. Mordre sa joue intérieure pour ne pas leur arracher un lobe d’oreille, un doigt et voir si cela repousse. Fermer les yeux lorsque les timides rayons du soleil viennent lui donner la force qu’il lui manque parfois, le ramenant à un passé si peu lointain mais qui lui semble appartenir à une autre vie. Réprimer les frissons en sentant la lumière glaciale de la lune, autant que les regards parfois concupiscents des vampires qui hantent les lieux. Avoir pour seul vocabulaire la déférence et l’acceptation alors qu’elle a pour seule envie de hurler. Cela faisait plusieurs semaines que la jolie blonde travaillait désormais au service de la famille royale. Ne possédant, pour l’heure, aucun maître, elle était mise au service du bien commun, acceptant son sort qu’on lui affirmait si favorable. D’invité de passage en petite main du quotidien, elle avait su se faire discrète, les strigoïs appréciant sa docilité et son apparente soumission. Elle était efficace dans chacune des tâches qu’on lui donnait au point que certains s’étonnaient d’apprendre qu’elle venait tout juste d’être raflée. Elle était faite pour servir et n’avait rien en commun avec les fantasmes de Sauvages qu’ils pouvaient avoir dans leur esprit. Elle se contentait de sourire poliment devant leurs réflexions indues et de ronger son frein afin de pouvoir monter en grade. Son objectif n’était nullement de continuer à servir de domestiques pour les invités de passage, si prestigieux soient-ils. La famille royale était son unique objectif pour des raisons qu’elle ne pouvait partager avec nul autre.

Elle toqua à la porte de la chambre qu’on lui avait assigné. Un nouveau vampire arrivait en ville et il lui fallait lui préparer ses appartements avant qu’il ne pénètre les lieux. Elle devait être rapide et efficace pour qu’il ne remarque pas que cette chambre n’attendait pas que lui. La blondinette poussa un soupir avant de pénétrer discrètement dans cette dernière, vérifiant doucement qu’il n’y avait personne et qu’elle pouvait effectuer son travail en toute tranquillité. Son regard glissa furtivement vers les lumières de la ville et de manière plus éloignée vers le quartier rouge. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de Lysander malgré ses recherches discrètes. Elle espérait que rien ne soit arrivé à son frère mais connaissant l’extravagance de ce dernier, c’était sans doute peine perdue. Elle se disait que les Mères l’auraient prévenu si un quelconque malheur était arrivé. Mais comment l’auraient-elles même su ? Alors qu’elle terminait de préparer le lit du nouvel arrivant, elle entendit la porte s’ouvrir et se retourna. Les mains croisées devant elle, le regard posé au sol, les genoux légèrement fléchis dans une sorte de révérence soumise, elle s’excusa : “Pardonnez moi. J’ai bientôt terminé de préparer votre chambre.” Une onde glaciale parcourut la pièce alors qu’elle restait figée dans son salut telle une statue de sel attendant que le nouveau venu ne la libère de ce carcan de politesse. Elle risquait d’être sermonnée pour ne pas avoir terminé sa chambre avant qu’il ne la pénètre, ce qui l’agaça profondément. Jusqu'à présent, elle n’avait jamais fait l’objet de la moindre remarque ou observation. Quel que soit ce vampire, il était hors de question qu’il ne ruine leurs plans.

@Circé Helios

Le seul critère pour mettre au point un tour d’entrée : il doit créer un problème, poser une question. Il s’agit bien de se révéler suffisamment intriguant avant même que le premier effet ne se soit produit.

Me voilà enfin arrivé dans cette grande ville. Naturellement, je n'ai pas dit mon vrai prénom, je me contente de flamber un peu avec mes toutes nouvelles richesses. S'ils savaient... Les apparences sont souvent trompeuses, réellement trompeuses. Je salue mes paires alors que le soleil se lève. On m'indique une chambre, je hausse un sourcil. Une chambre ? Serais-je plus surveillé que je ne l'aurais escompté ? En tout cas, je remercie très chaleureusement la famille royale, faisant mille et une flatteries, allant jusqu'à faire glousser les dames, et rire les hommes.

Quand je monte, je peux enfin souffler, je montre mon vrai visage. J'entends un être vivant dans la chambre, je la pousse du bout des doigts, mais ce n'est que pour trouer une humaine. Rien de bien dangereux... En apparence.

"Tiens, je ne savais pas qu'ils faisaient livrer ce genre de choses dans les chambres directement."

Et puis je percute que ce n'est que la femme de chambre. Mes yeux s'ouvrent tout grand. Quelle mine d'information précieuse cela doit être !

"T'inquiètes pas pour la chambre. S'il te plaît arrête ce genre de manières, pas avec moi..."

Et je ferme la porte d'un coup de talon, elle se retrouve dans la pénombre avec moi. Tout le monde à un prix, et je payerai cher, vraiment très cher, pour l'avoir à ma botte.

"Ça te plaît de travailler ici ?"

Je m'approche du lit et commence à m'étirer, la nuit a été extrêmement longue. Je me rends compte que je n'arriverai pas à la faire parler comme ça.

"Allez, détends-toi, t'as personne à impressionner ici. Dis-moi, comment tu t'appelles ?"

Déride-toi. Je t'assure qu'il vaut mieux m'avoir dans son camp. On pourrait même s'entraider, t'en penses quoi, petite souris. Je suis sûr que tu passes inaperçu absolument partout. Moi je sais être discret en ville, ou dans la nature, mais toi, tu peux être invisible. Tu n'es pas cette petite fille innocente et insipide, je le sens.

"T'es supposée être à mon service, ou quelque chose dans ce goût-là ? Allez, échappe un instant à ta conduite maniérée."

Cette fois, je me laisse aller sur le lit, complètement, totalement.

"Viens t'asseoir, t'auras qu'à dire que j'ai été pénible sur un détail."

...ce qui n'est pas spécialement faux en soit.

@Omen & Circé

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Les yeux fermement ancrés sur le sol mais les autres sens en alerte, la domestique se meurtrit dans une position de contrition, semblable à celle que les Mères lui faisaient prendre lorsqu’elle était prise en faute. Elle connaissait la servilité et la docilité mais cela n’empêchait pas ses poings de se serrer en entendant le vampire approcher, la vile créature de nuit commentait sur ce qu’elle n’était pas et avait juré de ne jamais être. Sa détermination et sa rage ne faisaient que grandir constatant le peu de cas que ces monstres faisaient des êtres humains. Comme s’il s’agissait de simples objets à leur disposition qui n’avaient pas d’âme, pas de volonté propre. La mâchoire crispée, elle ne broncha cependant pas, gardant le silence comme son rang inférieur l’exigeait. Ce n’était peut être pas la première fois qu’elle rencontrait un strigoï. Ni la première fois ou dernière fois qu’elle se ferait sans doute malmenée, les immortels de la Milice et le marchand d’esclaves n’avaient pas leur pareil en la matière. Mais c’était la première fois qu’elle se retrouvait en tête à tête avec un vampire, sans qu’aucun autre battement de cœur ne se joigne au sien, sans qu’aucun souffle glacial n’alourdisse l’air. Si elle osait, si elle le pouvait, elle relèverait la tête pour l’observer, voir enfin ce à quoi les grands méchants loups de son enfance avaient en commun avec ces démons. Mais là encore, elle n’en avait pas le droit. Ni, il fallait bien l’avouer, le courage. Comment avait-elle pu penser être prête quand le fait de se retrouver seule dans une pièce fermée avec un vampire lui faisait trembler les jambes. Elle lissa sa lourde jupe longue, reconnaissante de ce qu’elle parvenait à dissimuler sa peur avant que cette dernière ne parvienne aux narines de son interlocuteur.

La blondinette eut un sursaut quand il reprit la parole de manière bien trop familière. Elle se savait peu de choses mais elle n’y avait jamais eu droit jusqu’à présent. Elle leva furtivement les yeux vers le nouveau venu avant de les baisser à nouveau, ses poings se crispant sur sa lourde jupe alors qu’elle tentait de calmer les battements effrénés de son cœur en l’entendant claquer la porte d’un coup de pied. Une boule commença à se former dans sa gorge. Mères ou non, obéissance servile ou non, s’il tentait quoi que ce soit à son encontre, elle n’hésiterait pas à se défendre et à ne pas se laisser faire. Peu importait le plan. Elle n’était ni ses frères, ni ses sœurs. Le visage toujours baissé mais suivant discrètement le moindre de ses mouvements, elle déclama comme on répétait un poème appris par cœur, sans grand enthousiasme. « Je remercie chaque jour New Abbotsford de me donner gîte et couvert. Je demeure avec reconnaissance au service de cette dernière. » Ce n’était sans doute pas une réponse mais c’était la seule qu’elle pouvait donner en cet instant précis alors qu’elle ne savait pas ce qu’il avait en tête. « Circé, Monsieur. » répondit-elle en lui adressant une légère révérence, conservant ses distances et son attitude servile. Peut-être finirait-il pas la laisser partir si elle lui rappelait constamment qu’elle n’était qu’une domestique et ne pouvait lui apporter rien d’autre que de changer ses draps, attiser le feu ou lui amener un plateau.

Sa respiration se bloqua quelques instants avant qu’elle ne lui jette un nouveau regard d’appréhension furtif. « Je suis au service de la Cité. » le corrigea-t-elle d’une voix ferme et suffisamment sèche pour qu’il comprenne qu’elle n’était pas de ces danseuses du club où officiait son cadet ou de celles qui se plaisaient à imaginer le même destin que celui qui s’était attiré l’amour du Prince de la Cité pour un temps. Elle n’était pas de cet acabit. Elle lui adressa néanmoins un furtif sourire de politesse avant de ne pas totalement se le mettre à dos. Elle n’oubliait pas que la porte était close et que malgré sa détermination et ses quelques talents, elle ne faisait pas le poids face à un être immortel. L’espace d’un instant, elle le jaugea avant de se plier à sa volonté, concession qu’elle voulait bien faire mais selon ses propres conditions. Elle s’approcha du lit sur lequel il venait de s’avachir en totale confiance, peut être trop. Savait-il qu’elle ne possédait pas sur elle une arme, une goutte de sang d’enragé, la lumière du soleil avec elle ? Ou avait-il l’habitude de sa supériorité au point de ne pas voir le danger que pouvait représenter la morsure d’une simple araignée ?

Elle continua son chemin et tira la chaise attenante au bureau à environ 2 mètres du lit, s’y installant en ramenant ses mains et son chiffon sur ses genoux. Alors qu’il semblait avoir les yeux fermés, elle en profita pour l’observer avec une attention accrue. « Souhaitez-vous que j’attise le feu ? » finit-elle par demander, s’enfermant là encore dans les tâches qui lui revenaient sans s’aventurer ailleurs.

@Circé Helios

Le seul critère pour mettre au point un tour d’entrée : il doit créer un problème, poser une question. Il s’agit bien de se révéler suffisamment intriguant avant même que le premier effet ne se soit produit.

C'est moi où elle est nerveuse, celle-ci ?

Merde, je sais amadouer n'importe quelle bête sauvage, mais je ne sais pas parler aux êtres humains. Je n'ai jamais su, d'ailleurs. Voilà pourquoi je me suis engagé sur un navire pirate, il y a longtemps et que ne pas mettre le pied sur la terre ferme pendant des années ne me dérangeait pas plus que cela.

Je siffle de dépit et lève les yeux au ciel.

"Mais bien sur... T'es reconnaissance pour être une esclave de la cité. A d'autres, s'il te plaît !"

Bon, un peu de bonnes manières.

"Enchanté, Circée."

Ah tiens ! Au service de la cité, donc. Je regarde d'un peu plus près et avec un peu plus d'attention cette jeune personne. Est-ce qu'il lui ont lavé le cerveau à ce point-là ? Non, je ne le crois pas. Je pense que c'est un masque magnifique pour une jeune humaine magnifique plein d'un magnifique potentiel.

"Du coup, t'as pas un... j'sais pas comment ça s'appelle... Un vampire attitré ?"

J'inspire et souffle un rire silencieux.

"Je n'y entends rien en hiérarchie."

Ce n'est pas que tout le monde devrait être égaux, loin de là. Cependant, pour moi, ce sont les survivants et les types futés qui devraient diriger le monde. Les "bien-nés" me sortent un peu par les yeux, façon de parler, parce que ce serait très douloureux.

Et tout en bas de l'échelle, il y a des créatures comme Circée, qui peuvent se faufiler à peu près n'importe où, comme un chat, et dont personne ne se méfie. A mon avis, ce sont ces bestioles-là qui devraient diriger le monde, dans l'ombre, si les vampires à la tête de la citée sont trop stupides pour s'en méfier.

"Attiser le..." Mon pauvre Omen, tu as trop l'habitude des femmes à qui on donne de l'argent en échange de faveur de ce genre. "...oh, oui, si tu veux."

J'ouvre les yeux et regarde Circée droit dans les yeux. J'hésites à lui prendre les bras entre mes mains mais je m'en retiens de justesse.

"Dis, si t'oublies toutes tes manières, l'étiquette, et tout ce bordel. Qu'est-ce que t'as toujours voulu sans jamais pouvoir l'obtenir ?"

J'espère que ce sera un objet, quelque chose que je pourrais subtilisé plus ou moins facilement. J'ai envie de l'avoir dans mon camp. Je me plais à me dire que si j'arrive à lui trouver ce que son cœur désire, alors elle pourra m'être utile. De toute façon, un vol est un vol, et c'est toujours une pratique très agréable.

@Omen & Circé

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L’entraînement des Mères s’avère le plus utile en cet instant précis. Détacher tout sentiment. Supprimer la moindre trace d’émotions qui pourraient faire battre son coeur plus que de raison. Devenir aussi froide, solide et indifférente qu’une pierre enveloppée de gel au petit matin. Pour mieux les écraser quand le moment sera venu. Elle ne peut s’empêcher de tiquer lorsqu’il la traite d’esclave, la toute jeune Circé, celle qui courait la forêt et frayait avec Skaen au mépris de l’interdiction familiale, celle qui apprenait à se servir d’un arc alors qu’il lui était uniquement exigé de devenir cette chose délicate et menue, hurlait de réprobation. “Enregistré.” souffla-t-elle entre ses dents sans le remarquer, presqu’instinctivement. Il n’était définitivement pas d’ici pour la traiter ainsi, quand bien même les termes pouvaient bien différer, le statut demeurait. Elle garda le silence, laissant le plus puissant des deux dicter ses termes, et se contenta d’une légère révérence à son salut. Elle ne pouvait pas réellement dire qu’elle soit enchantée de rencontrer un être de la nuit mais, au moins, celui-là n’exigeait pas qu’elle se déshabille. C’était déjà ça de pris.

“Un Maître.” combla-t-elle la formulation choisie par son interlocuteur qui désormais se montrer plus mesuré dans ses propos que quelques instants auparavant. Nul besoin de jeter un voile de pudeur sur ce qu’il avait relevé quelques instants auparavant et dont elle se défendait silencieusement. Elle hocha négativement la tête. “Non, je n’ai pas de Maître, ou de vampire attitré.” Elle laissa quelques secondes s’égrener avant de reprendre. “Je suis généralement attraite au Château et notamment l’aile des Invités lorsque ceux-ci n’ont pas d’Enregistrés domestiques.” Elle jeta un furtif coup d’oeil opiniâtre sur lui alors qu’il paraissait désormais évident qu’il n’en avait ni à sa disposition, ni sous ses ordres. Il lui fallait bien admettre qu’il l’intriguait. Il ne semblait pas être comme les vampires qu’elle avait, malheureusement, l’habitude de côtoyer. Soit des figures rouges qui faisaient mine d’attacher de la considération aux pauvres mortels qu’ils étaient, tout en les considérant néanmoins comme de vulgaires poches de sang malgré eux ; soit des figures noires qui les considéraient comme rien de moins qu’un mouchoir qu’on utiliser pour s’essuyer sa bouche après un repas copieux ou une autre partie de son anatomie lorsqu’on a obtenu ce qu’on désirait. Contrairement à son frère, elle avait la chance de se retrouver plus souvent dans la première catégorie. Mais le strigoï qui lui faisait face lui semblait être un véritable joker, allant de l’un à l’autre sans jamais appartenir à l’une des deux catégories.

Elle se mordit la lèvre inférieure avant de hocher la tête et de se lever à nouveau pour attiser le feu. L’espace de quelques instants, les flammes s’emparèrent de son visage, lui offrant une caresse chaleureuse exquise dans laquelle, elle souhaitait se noyer. Elle  les rouvrit doucement à son interrogation, le trouble passant sur son visage. Un sourire amer se dessina sur ses traits dissimulés alors qu’une pensée insidieuse se glissa en réponse muette : votre mort et celle de tous les vôtres. Ce n’était cependant pas une réponse convenable. Elle prit une inspiration en se relevant après avoir attisé le feu et se retourna vers son mystérieux interlocuteur. “Le soleil.” répondit-elle, un grain de malice illuminant furtivement son regard. “Seriez-vous capable de m’indiquer comment l’obtenir ?” Skaen également mais c’était quelque chose qu’elle devait se sortir de la tête pour les Mères et pour le jeune homme. Elle ne pouvait le faire souffrir comme elle souffrait. “Souhaitez-vous que je vous fasse amener de quoi boire ? Une danseuse ? Quelque chose pour vous détendre après cette longue route ?”

@Omen & Circé

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Circé avait bien du mal à cerner son interlocuteur. Même si tous les vampires qu’elle était amenée à fréquenter finissaient par se ressembler selon elle, il y avait quelque chose chez ce dernier qui lui donnait une mauvaise impression. Ou une bonne. Elle ne savait pas réellement le déterminer. Ceci d’autant plus que son animosité pour les êtres de la nuit surpassait le moindre de ses sentiments. La malice dans ses yeux ne disparut sans doute pas face à la réponse qu’il lui fournit. Elle avait bien du mal à dissimuler son sourire, oscillant entre fierté d’être bénie du dieu le plus important qui soit et plaisir de voir ce dernier se refuser aux monstres sanguinaires comme son interlocuteur. Elle dut même se mordre l’intérieur pour s’empêcher de lui répondre que rien ne l’empêchait d’aller en profiter également, quitte à y laisser sa vie. Elle ne pouvait cependant se permettre de révéler sa véritable nature et devait continuer de tenir son rôle de domestique effacée et discrète. Ce n’était qu’à cette condition qu’elle pouvait espérer atteindre la mission qui lui avait été assignée et atteindre l’objectif recherché par les Mères et leur dieu. Elle baissa la tête, sagement, humblement. “C’est dommage en effet.” finit-elle par répondre, sans préciser si elle regrettait qu’il ne puisse lui offrir ou qu’il ne puisse en profiter de la même manière qu’elle le pouvait. Son épiderme se couvrit de légers frissons dans cette chambre glaciale quand elle laissa son esprit errer sur le réconfort des rayons solaires, semblable à milles caresses réconfortantes.

Haussant les épaules, elle répondit simplement, bien qu’intriguée au fond d’elle même : “C’est ce qu’il m’est souvent demandé en effet par les membres de …” Elle s’arrêta, conscience que ce n’était pas de cette manière qu’elle devait définir les vampires. “... par les invités et les visiteurs.” Elle adoucit son ton d’un sourire, occultant le fait que bien des invités avaient requis de pouvoir prélever directement leur gourmandise sur elle. Elle avait été horrifiée de découvrir que dans certaines Cités, cela était la norme. En un sens, New Abbotsford pouvait apparaître un havre de paix pour les mortels comparé au sort que pouvaient subir d’autres mortels ailleurs. Mais pour Circé, la paix ne serait trouvée qu’avec l’anéantissement total des strigoï. Et précisément, l’invité dont elle avait la charge tapa dans le mille.

Face à sa suggestion, elle écarquilla ses yeux et une teinte rosée s’empara de ses joues. “Monsieur ne devrait pas parler de ce genre de choses. Cela est strictement interdit par la loi et puni de mort.” répondit-elle immédiatement, un ton légèrement offusqué et clairement inquiet. Quant bien même il s’agissait de son désir le plus cher, elle n’en laissa rien paraître si ce n’est peut-être le temps d’un éclair qui passa dans ses pupilles clairs, ces dernières gelant sur place furtivement et lui donnant une autre allure. Elle n’avait pas dit non. Elle n’avait pas dit oui. Elle s’était contentée de botter intelligemment en touche. Elle se reprit cependant bien vite, témoignant par là même le talent que les Mères avaient vu en elle. Elle jeta un coup d’oeil rapide autour d’elle et vers la porte, quant bien même ils soient seuls en ce lieu. Le risque était élevé tant pour lui que pour elle. Il était strictement interdit de porter atteinte à la vie d’un immortel, même par le biais d’un autre être de la nuit. Il était hors de question qu’elle se laisse entraîner dans une telle conspiration, aussi alléchante que soit cette hypothèse. Elle se tordit les mains et s’approcha d’un pas vers le vampire. “Avez vous déjà tué, Monsieur ?” lui demanda-t-elle à son tour, les sourcils froncés dans une curiosité morbide.