Breaking The Silence - Erik Lancaster

Elle est juste là, devant lui, leur corps se frôlant inexorablement tandis que le cheval parcourt la forêt afin de mener ses cavaliers à bon port. Intérieurement le vampire ne peut s’empêcher de rire à la tension qui anime la jeune femme. C’est comme s’il pouvait presque sentir ses phéromones embaumer la nuit, réaction physiologique à la présence de l'immortel dans son dos. Il vient de lui dire que pour résister ou du moins s’habituer à cette aura, il faudrait qu’elle fréquente plus de vampires. Elle lui rétorque que dans ce cas là, ils devront se voir plus longtemps… Un sourire nait sur les lèvres du chasseur. L’inconstance de cette humaine est vraiment déroutante.

— Plus longtemps… Hummm… Tu veux dire, dans d’autres circonstances que de fuir des enragés rassure moi ?

Il a parfaitement conscience de l’effet que sa voix grave, calme et posée, provoque chez l’humaine. Et il serait mentir de dire que cela ne l’amuse pas un peu. Erik n’avait jamais été un grand joueur à ce niveau là. User de l’attraction naturelle liée à sa nature immortelle, en jouer afin de manipuler les humains, et les faire succomber, n’avait jamais été un de ses loisirs. Pourtant il savait combien de ces congénères étaient friands de ce genre de jeu. Généralement il le réprouvait, les jugeait malhonnête et malsains. Mais dans ce cas précis, Opale semblait y être particulièrement réceptive, et oui… c’était amusant. A petite dose.

Leur balade en forêt continua encore quelques temps, et Erik pouvait parfois apercevoir entre les arbres les ombres de ses compagnons, chevauchant eux aussi, silencieusement, en direction du campement de la meute. L’esprit de l’anglais s’aventura vers les membres de ce groupe d’humains dont il avait croisé quelques spécimens quelques fois. Ses pensées s’arrêtèrent un temps sur Emma, une jolie blonde croisée dans des circonstances malheureuses, et s’interrogea sur les enfants qu’ils avaient sauvés ce jour là. Opale avait-elle pu être l’un d’entre eux ? Il en doutait. Mais il serait ravi de savoir si la jeune blonde était toujours de la meute. Revenant à la demoiselle qu’il encadrait de ses bras, il fit mettre à l’arrêt son cheval lorsque Opale le lui demanda. Aussitôt il mit pied à terre et lui tendit la main pour l’aider à descendre. Une fois au sol elle s’empresse de remettre en place sa… toilette, tel un chat que l’on vient d’ébouriffer. Sans mot dire, il l’observe patiemment. Elle prend alors une grande inspiration et… il sourit franchement.

— Je ne manquerai pas de faire appel à tes services si le besoin s’en fait sentir.

Elle enchaine ensuite avec des remerciements qui se muent instantanément en déni des plus radical. Il fait mine de reprendre son sérieux, sourcils légèrement froncés, visage grave.

— Agréable… Non. Surtout pas. Grand Dieu ! Ce serait folie !

N’y parvenant plus il finit par étouffer un rire, perdu par le mode de pensée de la jeune femme. Une seconde elle menace de le transpercer avec sa flèche puis lui demande de l'emmener en balade en forêt. Un instant elle lui dit presque vouloir passer plus de temps avec lui, mais il ne faudrait pas que cela devienne agréable. Malgré lui il ne connait qu’une façon de faire dans ce cas là. La manger. A-t-elle seulement conscience des messages qu’elle envoie dans ses contradictions ? Secouant la tête, visage toujours souriant, Erik ne tarde pas à se remettre en selle. La jeune femme esquisse alors une révérence.

— Fais attention à toi Schtroumpfette, et soigne cette vilaine main.

Une fois dit, il fait tourner les talons à sa monture et s’enfonce dans la nuit, tandis que l’humaine saute dans un arbre pour s’évanouir dans les fourrés.
Quelques dizaines de mètres plus il est rejoins par ses hommes qui n’ont rien perdu de l’échange, même à distance.


— Bizarre cette fille. Bon sang ! Ce que ma mortalité et ses contradictions ne me manquent pas !!

— Tu m’étonnes.