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HELP [Erwin King]



29.12.21 23:53

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S’il y avait bien un type de personne que le Conseiller Hodgkin n’avait nulle envie de désigner comme son associé, c’était un aubergiste exubérant et féru de compagnie mortelle. Il pensait à tout sauf à cette éventualité alors qu’il se consacrait à son activité quotidienne : dans une tranquillité qui n’était troublée que par le son étouffé d’un gramophone, interrompu lorsqu’il s’aperçut qu’il avait de la visite, il classait des dossiers et vérifiait des comptes. Il avait du personnel pour ces menues tâches mais tout devait passer sous son regard avant d’être validé. Avec une rapidité qu’il n’aurait pas aimé voir comparée à celle d’un ordinateur, il feuilletait les listes en fronçant les sourcils. Parfois cela signifiait qu’il approuvait ; parfois, qu’il désapprouvait. Aucun éclat.

Jusqu’à ce que la porte s’ouvre.
Il savait exactement à qui il avait affaire, et néanmoins, tel le Major Fermor et le Capitaine Moss à la fin d’un certain film en noir et blanc s’entendant qualifier de véritables professionnels, il lui fallut de longues secondes pour pleinement réaliser ce qui lui arrivait.
Ses réflexes, entretemps, avaient pris le dessus. Il s’était levé rapidement et avait rejoint le nouveau venu en lui tendant une main dont il retira le gant blanc juste à temps, estimant qu’omettre cette étape aurait été une forme d’insulte. Et pour l’instant, l’aubergiste exubérant n’avait rien mérité de tel.
Néanmoins, comme par un tour de magie, les livres de comptes disparurent dans un tiroir. Ils étaient codés et certainement indéchiffrables, mais néanmoins ça ne regardait personne. C'était son trésor.
Et quoi manque de couleur ? Cette fois il n'était pas tout en noir... Il y avait du gris unpeu partout.

"Je suppose que vous entendiez cela comme un compliment mais... Veuillez ne pas me définir comme "sympa", je vous prie, je n'aime pas les abréviations."

De côté, sans fixer directement son visiteur, ce qui lui aurait paru discourtois, Tommen reconnut que ce n'était pas une vilaine manière de se présenter ; certes, il associait fortement la couleur bleu océan avec sa Créatrice, dont ces tenues mettaient prodigieusement la chevelure en valeur, mais de toute façon il pensait beaucoup trop à elle ces derniers temps et il était résolu à ce que cela cesse. Il avait pris quelques solides résolutions, à vrai dire. Certaines faisaient de son bureau un refuge où il se remettait les idées en place. Mais ses fautes passées venaient l'y poursuivre. Et par faute, on pouvait tout à fait entendre "bonne action inconsidérée."

"Quand vous dites notre affaire..."

Il se souvenait de ce qu'on lui avait offert à boire lors de leur dernière (et première) rencontre. Il allait lui rendre la politesse bien sûr. Il avait de quoi boire ; pas question de perdre son self-control au travail. Et ordinairement, ceux qui venaient le voir dans ce bureau étaient de dignes dirigeants de la cité, pour qui rien n'était trop bon. Pas la peine de faire de grand effets de manche : il se contenta de verser un verre d'une bouteille sans étiquette. Naturellement c'était de la qualité parce que c'était lui qui le servait. Il n'était là ni pour faire la conversation, ni pour se faire mousser. - Ni pour faire mousser le précieux sang qu'il inclinait selon l'angle précis nécessaire pour maintenir sa tenue parfaite, un rideau de velours noir aux reflets de lave en fusion.

"Je puis vous garantir qu'à moins de se promener dans l'épaisseur du mur, nul n'entendra ce dont nous conversons."

Et c'était parfaitement possible. Un certain passage dans le creux de ce mur lui était parfois bien utile. Trop pour qu'il en galvaude inconsidérément la position, assurément. Surtout à un bavard qui vivrait encore des siècles, si personne ne mettait fin à ses jours lors d'un coup de sang, justement, songeait-il en tendant le verre destiné à Erwin ; et puis, trop pour ne pas en évoquer du tout la possible existence, paradoxalement, parce que tout le monde autour du Conseiller savait qu'il avait coutume de disparaître comme un courant d'air, sans que personne le voie passer, et d'apparaître tout aussi discrètement. On se doutait bien de ce que cela recouvrait.

"Si je puis me montrer curieux... Quelle couleur ajouteriez-vous ? Ce carmin ne vous suffit pas ?"
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23.02.22 11:09

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Invité

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Ah, il n'aimait pas les abréviations ? Un irrépressible sourire amusé étira en grand les lèvres d'Erwin à qui il vint soudain à l'esprit de grandes phrases grandiloquentes dont il pourrait faire usage pour compliment Tommen, mais quelque chose lui souffla qu'il valait mieux garder ces munitions-là pour un autre moment qui serait stratégiquement plus approprié. Il se contenta donc de hausser les épaules d'un air faussement nonchalant qui ne trompait personne, hochant la tête de façon entendue quand il fut question de "l'affaire" pour laquelle il venait s'entretenir avec le Conseiller ô combien toujours aussi sérieux. Ahlala, mais que fallait-il donc pour faire réagir cet homme ? Ah oui c'est vrai, un bébé qui pleure en réclamant du lait, il avait presque failli oublier.

- Vu qu'il n'y a pas de passe-muraille dans cette cité -ou alors il me faut vite partir à sa recherche- je pense qu'on sera tranquilles comme vous dites. Merci pour le verre.

Le brun récupéra la boisson que son vis-à-vis lui tendait, ayant noté l'absence d'étiquette sur la bouteille. Il le porta à son nez et prit le temps de le humer, percevant la qualité qui n'était pas sans rappeler celle qu'il possédait à son auberge pour les invités spéciaux dont faisait justement partie l'immortel qui lui faisait face, ce dernier ayant visiblement tiqué sur son commentaire à propos de la décoration des lieux.

"Si je puis me montrer curieux... Quelle couleur ajouteriez-vous ? Ce carmin ne vous suffit pas ?"

Toujours en quête de perfection ou bien réelle curiosité ? Quoi qu'il en soit, Erwin retint un rire qui résonna à demi dans sa gorge alors qu'il secouait la tête, s'efforçant de maintenir sous contrôle son esprit instable : il était là pour quelque chose de plus important que lui-même, tout du moins à son sens, alors il devait se maîtriser un minimum.

- C'est évident voyons, du vert. Ca manque de vie ici, vous devriez avoir des plantes, ou alors des tentures, du vert pour rappeler la verdure dont nous avons tous besoin, mais aussi du jaune et du bleu qui se marient très bien ensemble et qui rappellent l'extérieur, comme par une belle journée d'été avec son ciel bleu et son soleil éclatant. Le noir et le gris, c'est classique, tout comme le carmin, mais ça ajoute un peu de gaieté que d'avoir affaire aux couleurs primaires. Vous saviez que jadis avant la fin du monde, on a longtemps cru que le rouge était l'une des trois couleurs primaires alors qu'en réalité c'était le vert ? C'est dingue non ? Jaune, vert, bleu, tout ce qu'on retrouvait dans la nature en grande quantité, c'était ça la vérité, et même si ce n'est que par petites touches, ça ferait sensation dans votre bureau.

Le strigoï leva son verre pour y tremper les lèvres, un frémissement courant brièvement le long de son échine avant qu'il ne prenne une bonne gorgée, soupirant doucement en semblant se détendre un peu et abaissant le verre pour tourner vers Tommen ses yeux noirs brillants d'un vif éclat.

- Cela dit on a jamais assez de carmin-là, ça je vous l'accorde bien volontiers.

Quelques brèves secondes de flottement puis la tête se secoua légèrement, mouvement saccadé comme lorsque l'on s'arrache à quelque pensée obsédante, puis l'aubergiste afficha de nouveau son sourire léger et amusé.

- Et donc, notre affaire oui !

Comme si c'était le Conseiller qui l'avait rappelé à l'ordre et non qu'il l'avait fait lui-même.

- J'ai pu faire le nécessaire et tout se passe parfaitement bien. L'affaire prospère et grandit doucement, mais sûrement, il faudra du temps pour voir ce qu'il adviendra, mais tout est organisé et peut désormais suivre son cours. J'en assurerait la surveillance de manière régulière autant que ponctuelle selon les besoins, mais vous avez peut-être des questions à son sujet. C'est que ça change vite ces petits êtres, à peine tourne-t-on la tête cinq minutes qu'ils vous font un sourire à tomber, de vrais séducteurs nés.

Plaisante un peu le brun, prenant place sur l'un des sièges à disposition tout en sifflant son verre avec un appétit certain, tout en prenant le temps de bien apprécier la qualité de son repas ainsi ingéré. Tommen n'était pas sans savoir que beaucoup de vampires de la cité avaient des besoins et/ou des envies plus élevés que ce que les restrictions de distribution de nourriture pouvaient autoriser, ce qui avait notamment conduit à la naissance d'un marché noir. A voir Erwin boire de cette façon, il était évident que le nombre de repas autorisé ne lui suffisait clairement pas malgré son âge qui commençait à se faire respectable.

- Est-ce que je peux me montrer curieux à mon tour ?

Depuis quand demandait-il la permission ? Effectivement, bonne question, et c'est dans un sourire que l'aubergiste attendit à peine deux secondes avant de reprendre la parole.

- Ça vous arrive souvent de vous accrocher vous-même un boulet aux pieds ou bien c'est une toute nouvelle lubie ? Et par boulet, je ne parle pas seulement de moi hein, mais aussi de notre petite affaire, même si à mon sens c'est plus une bénédiction qu'autre chose une fois que la logistique est rodée.

Mais lui-même était un boulet de qualité, le genre qu'on appréciait porter plutôt que de le traîner, parce qu'être un bon boulet c'était avoir une utilité certaine dans ce monde quoi qu'en disent les mauvaises langues. D'ailleurs, est-ce qu'il était mauvaise langue le Conseiller ? Au propre ou au figuré ? Faudrait tester pour voir, les deux, évidemment.


@Tommen Hodgkin
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26.02.22 23:38

Invité
Anonymous
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« Vous voyez des sourires séducteurs partout, c’est un problème que je n’ai pas, » murmura Tommen en allant s’emparer d’un boîtier de bois verni, au couvercle sculpté d’un motif de blason. Il avait cherché en vain d’où pouvait venir ce motif, et ce mystère le passionnait ; il aurait été bien déçu s’il avait su que c’était une création fantaisiste, bricolée sur un marché de Noël de jadis par un artisan qui surfait sur la vague de films à la mode.

« Et je n’aime pas le vert. »

Il y avait beaucoup de choses, dans ce début de conversation, qu’il n’aimait pas. Ce qu’il aimait en revanche, c’étaient les comptes bien organisés. Il disposa devant le jovial envahisseur un manuscrit rédigé soigneusement en deux exemplaires. Un assez long manuscrit. Ça ne lui avait pas pris plus de quelques minutes, cependant, c’était un contrat standard. Avant de parler de s’attacher des boulets au pied ou autres métaphores, encore fallait-il rendre le détail de la chose officiel. Tommen aurait pu se contenter de dire qu’il avait beaucoup réfléchi à cette ‘affaire’ et qu’il ne comptait pas se dégager de ses obligations, mais ça l’aurait beaucoup gêné. Tant qu’il se comportait en comptable, il était dans son élément.

« Voici vos engagements et les dates de mes inspections durant les vingt prochaines années. J’ai calculé large. »

Sa main promena un index décisionnaire au long d’une liste froide et complète. Du moins, il avait essayé de penser à tout. Au bas de la liste figurait un espace destiné à leurs signatures. Ce n’était pas la chose la plus prudente à faire, mais les principes de Tommen s’opposaient radicalement à la réclamation d’une signature si il ne donnait pas la sienne en retour.

« Si l’une des dates proposées ne vous convient pas – vous consulterez votre agenda tout à loisir et vous me le ferez savoir – nous en fixerons une autre, tout est marqué à titre indicatif. Vous voyez, pour écrire quelque chose. »

Tommen n’aurait pas pu exprimer plus clairement que parler ne lui était pas très facile. Quand il se réfugiait derrière sa plume, c’est que les armes du quotidien lui faisaient défaut. Il avait une solution pour détourner la conversation vers un autre sujet, mais ce serait peut-être pire. L’autre sujet était probablement en train d’essayer de s’évader de chez lui, au même moment ; une chose que la petite créature évoquée par Erwin ne ferait pas avant un long moment.

« Pour les questions… hm. Voudrez-vous un autre verre ? Je n’aimerais pas que vous me sautiez à la gorge. »

Avec un fin sourire qui ne se dessinait que dans ses yeux et n’atteignait pas les coins de ses lèvres, il rapprocha la bouteille. La manière de boire qu’il avait devant les yeux était d’une part légèrement rassurante en ce qu’elle lui donnait une mesquine impression de supériorité, au moins dans un domaine, et d’autre part, ...comique ? Non, ce n’était peut-être pas le mot, mais ça l’amusait. Bah, mieux valait ne pas y réfléchir, sa vie était déjà bien assez compliquée. Tant qu'il arrivait à trouver un peu de légèreté inoffensive dans leur échange, c'était déjà un avantage.

« Il se pourrait que j’aie agrandi ma collection depuis notre rencontre. Ne vous en faites pas, cette fois je ne réclamerai pas votre intervention. C’est effectivement une toute nouvelle lubie et ça s’arrêtera là, c’est déjà assez compliqué en l’état. Mais… »

Son visage se froissa d’une rare grimace, et il jeta un coup d’oeil en coin à l’invité surprise qui, jusqu’à maintenant, s’était montré si intéressé par sa manière de vivre et ses petites particularités. Peut-être parce que Tommen était secret et imperturbable. Il lui était facile de tout savoir au sujet d’Erwin tandis que ce dernier devait batailler un peu pour en savoir davantage. Le regard du Conseiller revint se poser sur l’étiquette de la bouteille, avec laquelle il jouait sans se resservir, plutôt pour s’occuper les mains qu’autre chose. Sa voix tomba à un niveau à peine audible, mais entre vampires, ce n’était pas une difficulté de communication ; ils en avaient bien assez d’autres, au moins leurs oreilles ne leur faisaient pas défaut.

« ...Mais tant que vous êtes là, si d’aventure vous avez des conseils, je suis preneur. »
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18.04.22 9:16

Invité
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Invité

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Qui a dit que voir des séducteurs partout était un problème ? Oh allons ! Est-ce que ce cher Tommen serait timide ? C'est bien possible, cela dit c'est difficile à dire car Erwin ne le connaît pas encore assez pour savoir ce que recèle ce comportement en apparence si rigide et distant, détaché sans l'être vraiment, et surtout enclin à la réflexion là où lui va préférer l'action. Ahhhh Tommen, Tommen, Tommen... Mon petit Tommen, comment faisais-tu avant que j'arrive ? Ton existence devait être bien morne et ennuyeuse ! C'est ainsi que le brun ne peut s'empêcher de sourire, à croire que c'était là quelque chose qui faisait partie de lui au point que voir cet éclat disparaître était proprement anormal. Il n'aimait donc pas le vert ? Qu'à cela ne tienne ! Le bleu c'est beau aussi !

- Et pourquoi pas du bleu alors ?

Non, il ne lâcherait pas l'affaire comme ça, sûrement pas, et lorsqu'il avait une idée en tête, il était difficile de l'en détourner à moins de trouver un subterfuge pour le faire dévier de sa direction, ce qui en revanche était beaucoup plus facile à faire qu'il n'y paraissait et... ah tiens ! Une diversion ! Tommen venait de déposer devant son compère un manuscrit reprenant avec un soin méticuleux les termes de leur arrangement.

« Voici vos engagements et les dates de mes inspections durant les vingt prochaines années. J’ai calculé large. »

Inspections ? Quoi, comme un collecteur d'impôts ou quelque chose du genre ? Intrigué, l'aubergiste prit le document en main avec une certaine précaution emprunte de gravité, bien qu'il fronça les sourcils d'un air intrigué, parcourant rapidement le document avec la force de l'habitude : sous ses dehors de comique, il n'en demeurait pas moins un tenancier au fait de tout ce qui était contrats et autres documents légaux, déjà de son vivant. Les yeux noirs suivirent l'index blafard qui souligna une série de dates clefs, provoquant un froncement de sourcils chez le brun qui afficha une légère moue.

« Si l’une des dates proposées ne vous convient pas – vous consulterez votre agenda tout à loisir et vous me le ferez savoir – nous en fixerons une autre, tout est marqué à titre indicatif. Vous voyez, pour écrire quelque chose. »

- Tout me convient parfaitement, mais vous pourrez aussi passer à l'improviste de temps en temps, un peu de spontanéité n'a jamais tué personne. Encore que...

Ajouta-t-il avec un sourire qui revenait à la charge sur ses lèvres tandis qu'il reposait le document devant lui, attrapant la plume de Tommen pour signer d'une écriture impeccable et soignée, de celles que ceux de son époque ne possédait pas mais que les contemporains du Conseiller, en revanche, utilisait justement. Pas une tâche, pas un seul accroc, et une belle arabesque soulignant le nom de "King" comme s'il lui importait de le faire ressortir. Reposant la plume sur son support jouxtant l'encrier, le brun souffla doucement sur le contrat avant de le redonner à son... associé ? Futur ami ?

« Pour les questions… hm. Voudrez-vous un autre verre ? Je n’aimerais pas que vous me sautiez à la gorge. »

Futur ami, sans hésiter !

- Oh pour ça vous n'avez pas à vous en faire, je ne saute à la gorge de mes semblables que quand ils ont de réelles intentions de me tuer, ou de s'en prendre à un de mes protégés.

Ce qui ne l'empêcha pas de tendre son verre avec un large sourire pétillant de joie saupoudré de cette folie qui ne le quittait jamais.

- Ou si l'on dit du mal de Père, mais ce n'est pas votre genre donc vous n'avez pas à vous en faire pour ça.

Déjà qu'il avait du mal à exprimer clairement son ressenti, de toute évidence, alors aller tenir des propos profondément insultants à l'encontre d'un autre ancien, c'était tout sauf probable et cela l'aubergiste lui-même en avait parfaitement conscience.

« Il se pourrait que j’aie agrandi ma collection depuis notre rencontre. Ne vous en faites pas, cette fois je ne réclamerai pas votre intervention. C’est effectivement une toute nouvelle lubie et ça s’arrêtera là, c’est déjà assez compliqué en l’état. Mais… »

Oh ? Un autre humain sauvé des griffes de la Mort ? Erwin haussa un sourcil et suspendit son bras alors qu'il s'apprêtait à boire le verre ainsi servit, scrutant de ses yeux couleur ténèbres le Conseiller qui semblait en proie à une certaine... gêne ? Non, ce n'était pas juste de la gêne, il avait l'air embêté, pas tant contrarié que contrit, incertain quant à une chose qu'il devrait faire et...

« ...Mais tant que vous êtes là, si d’aventure vous avez des conseils, je suis preneur. »

Clignement des paupières, cils qui battent rapidement l'air alors qu'un autre parfaitement étonné s'affiche ouvertement sur le visage d'un aubergiste absolument surpris. Tommen ? Lui demander des conseils ? "Un conseiller qui demande des conseils, on aura tout vu !" "Chut ! Tais-toi toi ! Tu vois bien qu'il est embêté, le pauvre, je le comprends." Lentement, Erwin reposa son verre auquel il n'avait qu'à peine touché malgré sa soif toujours si oppressante et il porta sur son aîné un regard compréhensif emprunt d'une légère gravité, son sourire d'ordinaire provoquant et/ou amusé se muant en quelque chose de plus compatissant et bienveillant.

- Je sais qu'il est plus facile de faire comme si on maîtrisait tout que d'accepter de demander de l'aide, c'est une belle marque de confiance que vous me faites là, ça me va droit au coeur.

Pas de moquerie dans la voix, pas de ton espiègle non plus, cependant le brun prit malgré tout une profonde inspiration inutile et récupéra son verre, buvant une gorgée parfaitement contrôlée avant de fixer le Conseiller d'un regard vif et incisif.

- Je pourrais vous donner mille conseils différents qu'aucun ne suffira vraiment si je ne sais pas ce dont vous avez besoin. C'est à propos de votre nouvelle acquisition, c'est ça ? Il ou elle vous mène la vie dure ? Un de mes enregistrés avait été libre toute sa vie hors de la cité avant d'être capturé et forcé à devenir esclave, ça n'a pas été facile pour lui de s'acclimater et même si maintenant tout va bien, je suis sûre que si l'occasion lui était donné de s'enfuir il le ferait sans hésiter. Bien sûr c'est blessant parce que j'ai tout fait pour qu'il se sente bien avec nous, je traite les humains comme mes employés, pas comme mes serviteurs, mais même comme ça ce n'est pas pareil qu'être réellement libre et je le sais. Au final, tout ce qu'on peut faire, c'est les aider à supporter cette existence alors qu'ils devraient savourer leur liberté.

Cette fois le verre fut vidé en quelques rapides et grandes gorgées, l'immortel poussant un lourd soupir en observant sa coupe, s'absentant quelques brèves secondes avant de se passer la langue sur les lèvres et de relever les yeux sur Tommen.

- Vous n'avez jamais perdu votre liberté, n'est-ce pas ?

Cela ne sonnait pas tant comme une question que comme une affirmation.

- Vous n'avez jamais été entravé et contraint par la force durant des jours, des semaines, des mois, des années. Peut-être avez-vous été malmené durant votre existence, je le vois bien, je vois cette douleur même si je ne sais pas à quoi elle est du, mais la véritable privation de liberté, pure et dure, est une épreuve autant pour nous que pour eux. L'exercice le plus important et le plus difficile pour réussir à appliquer les conseils que je vais vous donner, c'est de tenter de vous mettre à la place de votre nouvelle acquisition.

Acquisition... Lui aussi avait été une "acquisition" pour les laboratoires squibb, et il détestait profondément cela, il détestait ce mot et tout ce qu'il pouvait signifier, tout ce qu'il impliquait aussi, mais il ne pouvait pas le reprocher au Conseiller. Après tout, il était trop âgé pour voir les choses uniquement du point de vue mortel, et cela n'empêchait pas Erwin de l'apprécier de plus en plus.


@Tommen Hodgkin

Spoiler:
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18.04.22 13:21

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En écoutant avec attention, en compilant les données, Tommen disparut en lui-même pendant une minute, inexpressif comme il aurait pu l’être s’il était tombé endormi sans se coucher ni fermer les yeux. Il ne pouvait certainement pas venir en aide à son visiteur concernant l’enregistré dont il se plaignait – enfin, il ne se plaignait pas exactement. Il y avait là un sentiment subtil que Tommen reconnaissait tout en peinant à le nommer. Une acceptation qui n’avait rien de souhaitable mais qui était la seule réaction décente. Il avait réfléchi à ce sujet lors d’une nuit dans la forêt, peu de temps auparavant, lors d’une de ces errances sanglantes dont il ne pouvait se priver ces dernières semaines.

« Je ne sais pas pourquoi je vous dis ça… Peut-être parce que je suis, comme je le disais tantôt à quelqu’un, pathologiquement honnête... »

Peut-être parce que vous me témoignez spontanément cette même sympathie dénuée de jugement ou de crainte qu’il m’a montrée, et que je ne trouve habituellement que chez ceux qui ignorent tout de moi, de nos hiérarchies et de nos modes de vie ? Peut-être parce que vous êtes fou, et que cette folie vous rend aussi compréhensible à mes yeux que les bêtes des bois et leur chaos sanguinaire, si familier, si éternel. Bien davantage que nos petits jeux d’échiquiers. Peut-être parce que vous buvez le sang que je vous offre, et que c’est déjà un pacte en soi, partagé avec si peu d’autres, que vous en ayez conscience ou non. Oui, parce que vous en avez conscience.

« Je sais me taire mieux que mentir. Et nous n’en sommes plus à nous taire. »

Tommen reprit le verre vide, passa le bout des doigts sur la bordure en observant les reflets danser au long de la surface luisante, inspira cette odeur de sang qui l’avait tant horrifié dans les premiers temps, et chercha comment il allait offrir cette réponse honnête qui était la seule concevable. Comme l’avait dit King, il ne pouvait le conseiller qu’en sachant exactement à qui et de quoi il parlait. Il s’agissait simplement de faire la fin du chemin qu’il avait sciemment commencé.

« Je sais ce que c’est de perdre sa liberté. Dans des – circonstances – violentes. Mais, étant jeune enfant, je me suis plié au joug et… comme vous pouvez le voir, considérablement assagi. Si je sers convenablement la Cité dorénavant, c’est qu’on m’a formé à être un bon serviteur. C’est donc, techniquement, une bonne chose. »

Un de ces sourires qui ressemblaient à tout sauf à des sourires, et qui donnaient à son visage l’aspect d’un masque de théâtre aux yeux morts, s’afficha tandis qu’il abandonnait l’objet pour se concentrer sur le congénère en face de lui. Il n’avait pas seulement perdu sa liberté, il avait perdu sa capacité à s’exprimer. On lui avait enseigné que ce n’était pas ce qui était attendu de lui. Et pourtant, il n’avait jamais pu perdre de vue le vague souvenir qu’auparavant, dans une autre vie, quelque chose avait existé, à cet endroit de son coeur. Il y avait là un champ de ruines qui avait été une cité autrefois, et dont on pouvait encore déceler le contour de bâtiments calcinés. Il n’y avait pas rien : il y avait des fantômes.

« Nous oublions le détail de notre vie humaine, avec le temps. Créatures aveugles et sourdes que nous étions alors, comme votre petit protégé oublie déjà tout ce qu’il a perçu depuis le ventre de sa mère. Mais quelques événements marquants peuvent laisser une trace au fer rouge. Et parfois, notre développement en tant que vampires ne fait qu’approfondir cette marque, la rendre indélébile. Vous avez un rapport particulier au sang, à ce que je vois ? Je dirais que chez moi c’est l’inverse. Mais vous avez raison, ne parlons pas de nos créateurs. »

Le Conseiller reprit en mains les documents dont l’encre avait séché, les écarta soigneusement, et entreprit de griffonner du bout de sa plume, étendant une tache d’encre pour former un croquis d’une confusion extrême, mais dont émergeaient peu à peu des contours dramatiquement évidents. Il les dessinait parfois, ces formes, généralement pour lui-même. Des cadavres au sol, démembrés, surplombés par des ombres difformes aux yeux luisants et aux crocs sortis. Des mares de liquide sombre et poisseux, où se reflétait une lune glaciale, qui s’accrochaient aux pas des bourreaux et aux fragments épars des victimes. Non, il ne savait pas s’exprimer, mais il savait particulièrement bien dessiner ce qui le tourmentait. Et quand il en avait terminé, généralement il noircissait la page afin qu’on n’y voie plus que le résultat d’un encrier renversé.
L’encrier, c’était son âme.

« Il me fallait un Sauvage capturé, je ne pouvais envisager autre chose. Est-ce là un crime qu’il ne me pardonnera pas, selon vous ? De trouver dans son malheur un écho dont j’avais besoin ? Non, vous auriez besoin de le rencontrer pour me dire cela, je suppose. »

La plume griffait le papier. Le dessin se compliquait. Il ne se représentait jamais que de dos, puisqu'il était le témoin de la scène. Deux scènes emmêlées.  Un enfant armé d'un outil grossier, un homme aux bras croisés et au visage baissé qui semblait prier. Plus il détaillait et moins la scène avait de sens. Une meute, une femme échevelée, des montagnes aux arêtes tranchantes, les voûtes d'une salle gothique... Et toujours plus de ce liquide sombre, odieux, qui envahissait tout. Comme si la pointe de la plume ne faisait que creuser une ancienne plaie.
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03.08.22 13:56

Invité
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Pathologiquement honnête ? Certainement oui ! De cela Erwin ne doutait pas une seule seconde et il opina du chef en guise d'assentiment silencieux quant à cette affirmation aux allures d'évidence. Il avait immédiatement repéré cela chez Tommen, cette façon de se taire lorsqu'il n'avait rien à dire qui ne soit utile ou convenable, préférant le silence que de révéler le fond d'une pensée qui sortirait comme elle lui venait, à peu de choses près, un peu comme lui le faisait aussi bien que son esprit soit des plus chaotiques en comparaison de l'ordre implacable qui régnait dans celui qui lui faisait face. Le fait qu'ils n'en soient plus à se taire en disait long sur la gravité de l'échange qu'ils s'apprêtaient à avoir et le strigoï tendit non pas seulement ses oreilles, mais également tous ses sens afin de pouvoir écouter entièrement l'ancien qui s'adressait à lui. Car celui qui croit n'écouter qu'avec ses oreilles est plus sourd que n'importe qui dépourvu d'audition.

« Je sais ce que c’est de perdre sa liberté. Dans des – circonstances – violentes. Mais, étant jeune enfant, je me suis plié au joug et… comme vous pouvez le voir, considérablement assagi. Si je sers convenablement la Cité dorénavant, c’est qu’on m’a formé à être un bon serviteur. C’est donc, techniquement, une bonne chose. »

Non, ce n'était pas une bonne chose et si le doute aurait pu tenter de s'immiscer, le sourire carnassier du Conseiller valait plus que mille mots aux yeux de l'aubergiste qui l'observait à présent avec un regard non pas mort malgré son expression faciale des plus calmes, mais avec des yeux d'un noir profond dans lesquels brûlait une flamme ardente que rien ne pourrait jamais éteindre, hélas. Il avait été perdu, non pas juste physiquement en étant contraint, mais mentalement en ayant plus le droit de se rebeller et, tout comme le brun qui avait été entravé au point que son esprit avait dû trouver une réponse chaotique pour survivre, le blond de son côté avait développé un esprit aiguisé et une verve admirable

« Nous oublions le détail de notre vie humaine, avec le temps. Créatures aveugles et sourdes que nous étions alors, comme votre petit protégé oublie déjà tout ce qu’il a perçu depuis le ventre de sa mère. Mais quelques événements marquants peuvent laisser une trace au fer rouge. Et parfois, notre développement en tant que vampires ne fait qu’approfondir cette marque, la rendre indélébile. Vous avez un rapport particulier au sang, à ce que je vois ? Je dirais que chez moi c’est l’inverse. Mais vous avez raison, ne parlons pas de nos créateurs. ».

Frémissement, juste avant que Erwin ne se rappelle que son verre était encore plein, le portant à ses lèvres pour le boire bien de trop rapidement pour que cela ne trahisse pas une soudaine agitation mentale.

- J'en ai été privé durant trop longtemps, mais ce n'est ni le lieu ni le moment de l'évoquer.

Eclat de sanité au milieu d'un chaos hurlant et vociférant sous la surface, timbre de voix emprunt de gravité avant que le sourire impertinent ne refasse surface, balayant l'intangible qui menace sans cesse de s'effriter jusqu'à disparaître pour ne laisser que l'être exacerbé par un meltingpot d'émotions toutes plus agitées et contradictoires les unes que les autres. Hormis Honey, son Père, Héloïse et quelques rares personnes à ne pouvoir être comptées que sur les doigts des mains, combien en ce monde connaissaient la sinistre vérité ? Et parmi eux combien avaient dit qu'ils auraient préféré ne pas savoir ? Heureusement le mouvement de la plume de Tommen eut le mérite d'accrocher son attention et Erwin laissa son esprit s'apaiser dans cette contemplation teintée de révélations. Cela manquait de rouge. Oui, cette encore aurait dû être rouge...

« Il me fallait un Sauvage capturé, je ne pouvais envisager autre chose. Est-ce là un crime qu’il ne me pardonnera pas, selon vous ? De trouver dans son malheur un écho dont j’avais besoin ? Non, vous auriez besoin de le rencontrer pour me dire cela, je suppose. »

- Le voir sera plus sûr en effet, je ne suis pas de ceux qui se font un avis sans rencontrer les gens, surtout un humain qui était libre et qui s'est retrouvé entravé.

Pourquoi l'avoir acheté ?

- Pourquoi fallait-il qu'il soit "sauvage" ? Pour la franchise dont il pourrait faire preuve ? Pour le goût du risque ? Le frisson de sentir quelqu'un de réellement vivant et pas juste une coquille vide élevée pour obéir aveuglément et sans discuter ?

Il y avait tellement de raisons, de possibilités, mais il y avait aussi cette plume qui courait encore et encore sur le papier, noircissant d'encre la page qui s'imbibait d'ombre et de ténèbres et... lentement, Erwin souleva son verre et vint l'incliner au-dessus de la feuille, laissant deux petites gouttes carmines, tout ce qu'il restait de sa substance, tomber sur le papier à côté de la flaque noire à laquelle elles vinrent se mélanger. Satisfait, il poussa un lourd soupir inutile et posa le verre sur le côté, allant s'asseoir lourdement dans le fauteuil face à celui du Conseiller comme s ce simple geste venait de lui coûter autant d'effort qu'une course effrénée durant une nuit entière.

- Qu'est-ce que vous voulez faire de cet homme que vous avez pris sous votre aile ?

Parce que c'était de cela dont il s'agissait, pas juste une acquisition, mais une appropriation, un peu comme lui avec ses propres enregistrés Matthew et Tiago. Ils étaient à lui, mais ils étaient surtout sous sa protection et il n'aspirait qu'au meilleur pour eux selon ses propres moyens. Bien sûr il n'était ni roi ni prince, mais il ne manquait de rien et il espérait pouvoir offrir suffisamment de confort à ses enregistrés pour qu'ils puissent à leur tour aider leurs semblables.

Imbécile d'utopiste.

- Je peux vous aider à créer un dialogue entre vous si vous avez du mal à communiquer, je peux vous montrer comment lui prouver qu'il peut vous faire confiance, assez au moins pour ne pas croire que vous allez abuser de lui comme le font certains autres vampires.

Le sourire revint doucement à ses lèvres.

- Au moins cela évitera qu'il n'essaye de s'en prendre à vous durant votre sommeil.


@Tommen Hodgkin
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06.08.22 15:29

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Tommen tomba dans un long silence. Il percevait le bien que faisait le sang en circulant à travers son système trop ancien. L'eau qui imbibe la terre poussiéreuse et ramène les lueurs de la vie sur la face de la roche mate. Le cycle qui se poursuivait depuis les origines de la chimie terrestre. Qu'était-il, en regard de tout cela, et comment osait-il élever la voix pour réclamer ? Que devait penser le grand ordre millénaire en le regardant s'agiter comme il le faisait en cet instant ? Cette brève méditation le laissa lui-même perplexe.

"Il fallait que ce soit un sauvage parce que c'est aussi ce que je suis."

Comme ce devait être amusant à entendre... Quand on le voyait à son bureau, son verre à la main, son costume parfaitement en place, chaque mèche de cheveux méticuleusement rangée. Comme il était loin de ce qu'il prétendait, comme il était loin de chez lui. Ses yeux se fermèrent ; il ne voulait pas voir ce qui se peindrait sur le visage de son interlocuteur en réaction à ces mots. Erwin était si expressif. Ce serait aussi violent qu'une gifle.

"Qu'il me fasse confiance ou non, qu'il essaie de me tuer ou non. Au moins nous aurons une petite chance de nous comprendre. Je n'en ferai rien de plus sans doute. Je ne sais pas." Mieux valait l'avouer, et se l'avouer, avec humilité : il entrait en eau profonde et l'espace devant lui était intégralement composé de ténèbres. Les yeux clos, comme les lynx qu'il croisait parfois dans la forêt, quand ils lui accordaient leur pleine confiance. "Quand on cherche des solutions pour ne pas devenir fou, c'est sans doute qu'on l'est déjà."

Les yeux rouverts erraient sur la table, en quête de quelque chose pour fixer son attention et paraître distrait, mais il décida finalement d'affronter son interlocuteur. Cet homme n'était pas si effrayant que ça, n'est-ce pas ? Il avait fait toutes sortes d'efforts pour rendre cet échange acceptable. Il était très attentif. Un peu trop, peut-être. S'il avait fallu s'inquiéter de quelque chose... Tommen appuya son coude sur la table, et sa mâchoire sur le bout de ses doigts, affichant en surface une stabilité optimale. Une façade de marbre sans la moindre brèche. Mais au fil des siècles, bien des statues de marbres avaient été érigées pour représenter bien des empereurs et des esclaves, des dieux et des démons... La matière utilisée pour la tâche ne disait rien de la personnalité que l'on y insufflait, ni de ce que l'on pourrait lire dans les yeux blancs ou creux, à suffisamment s'en approcher.

"Soit, vous m'aiderez donc une fois encore. Vous allez devenir mon humanologue attitré, à la longue... Et moi, j'observe que je ne vous sers pas à grand-chose. Vous savez à quel point j'aime les comptes bien ordonnés."

Une distraction passagère ? Des trésors de patience ? Oui, certes, c'était évident, mais ça ne payait pas la dette que Tommen était en train d'accumuler au fil de leurs rencontres. Qui sait, le temps passant, la politique et les affaires lui donneraient peut-être l'occasion de faire franchir à ce trouble-fête trop souriant quelque précipice qu'ils n'imaginaient pas encore. Pour sa part, il se le promettait.

"Nous en reparlerons. Je passerai vous chercher un de ces soirs, quand vous aurez le temps pour une entrevue complexe."


Et il tint parole. Sa parole, c'est tout ce qu'il avait pour l'heure, et la volonté que témoignait Erwin King de lui prêter une oreille attentive ; comment d'ailleurs savait-il que Tommen n'appartenait pas à la fraction de vampires qui abusaient de leur pouvoir, tels les odieux mutins de l'Arctic ? Comment pouvait-il en être certain ? Il aurait été si facile de mentir. Et pour un être aux penchants pervers, si gratifiant, sans doute. Tommen, dont l'âme vacillait entre l'ancienne créature qu'il connaissait par coeur et celui qu'il était peut-être quand il lâchait prise moralement, s'étonnait de rencontrer une telle certitude chez un quasi inconnu. Pour sa part, il ne savait qu'une chose : il allait conduire Erwin à son adresse, le présenter à son nouvel enregistré, et advienne que pourra.

Entretemps, il avait reçu un certain courrier de la part de ce dernier, ayant trait à une toute autre affaire, dont il ne souhaitait aucunement s'entretenir ce soir. Il avait simplement signalé à l'aubergiste, en le retrouvant, que son message avait été transmis à qui de droit, comme demandé.
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07.08.22 10:00

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Tommen ? Un sauvage ? A bien y réfléchir, c'était d'une logique imparable : cette franchise à couper au couteau, ce contrôle pour mieux dissimuler les pulsions cachées sous la surface, ce sourire qui reflétait davantage celui d'un animal tentant d'imiter un humain... Erwin hocha la tête avec un air approbateur emprunt de gravité que son interlocuteur n'eut pas l'occasion de voir, ayant fermé les yeux, puis il l'écouta et l'observa avec attention tandis qu'il avouait ne pas savoir quoi faire exactement de son nouvel enregistré. Ah la solitude, c'est fou comme elle nous fait faire des choses qui nous compliquent l'existence tout en la rendant plus palpitante, n'est-ce pas ?

"Quand on cherche des solutions pour ne pas devenir fou, c'est sans doute qu'on l'est déjà."

- Oui, d'ailleurs souvent on le sait déjà, c'est juste que c'est devenu normal d'être fou alors ça n'a plus vraiment d'importance.

Après tout, qu'est-ce que la normalité ? Des codes sociaux fondés sur des principes de vivre ensemble imposés par des êtres qui ne sont même plus de ce monde depuis des siècles, des millénaires même ! L'ordre approximatif avait permis au chaos de se démarquer mais il n'était qu'illusion, façade et faux-semblant pour permettre au tout un chacun de vivre commodément. Que restait-il des êtes une fois que l'on enlevait tout principe de loi et d'ordre ? Le Conseiller a relevé les yeux sur l'aubergiste et les deux s'observent chacun à leur façon, statue de marbre parfaite aux allures d'intouchable éternel face à l'exubérance temporairement immobile et attentive.

- Seules les émotions importent mon cher Tommen, être fou ou non n'est qu'accessoire, ce qui compte c'est ce que l'on ressent.

"Soit, vous m'aiderez donc une fois encore. Vous allez devenir mon humanologue attitré, à la longue... Et moi, j'observe que je ne vous sers pas à grand-chose. Vous savez à quel point j'aime les comptes bien ordonnés."

- Je sais oui, mais ce n'est pas grave, nous avons l'éternité pour les équilibrer.

Oui, il vient bien de sous-entendre qu'il ne comptait pas le lâcher de toute l'éternité et, si vous en doutez encore, c'est que vous connaissez mal le phénomène.

"Nous en reparlerons. Je passerai vous chercher un de ces soirs, quand vous aurez le temps pour une entrevue complexe."

- J'ai tout le temps du monde, passez quand vous voulez.



Leur entrevue s'était achevée là et le fait est que lorsque la nécessité de faire appel à quelqu'un de confiance et de haut placé s'était présentée, c'est vers le Conseiller que l'homme se tourna afin de signaler et rapporter des faits qui s'étaient déroulés dans les clapiers de la cité. L'aubergiste n'attendait pas de réponse à cela, il se doutait qu'à présent des rouages d'une toute autre envergure s'étaient mis en branle et il ne lui appartenait pas de s'en occuper, en tout cas pas pour l'instant.



Lorsque Tommen se présenta à lui pour lui présenter son enregistré, Erwin était particulièrement de bonne humeur mais, fidèle à lui-même, il avait revêtu un pantalon et une chemise simple le faisant passer pour monsieur tout le monde, un sourire vissé aux lèvres comme s'il n'allait plus jamais arborer d'autres expressions et le pas sautillant de celui qui trépigne d'impatience malgré un minimum de retenue... un minimum.

- Ah j'ai hâte de le rencontrer! Comment s'appelle-t-il ? Est-ce qu'il vous a dit son âge ? A-t-il des proches dans la cité ou bien la bordure ? Comment a-t-il été capturé ?

Assommant le Conseiller de questions, le Strigoï semblait être branché sur du courant continu et ne s'apaiserait probablement pas tant que sa curiosité n'aurait pas été rassasiée.


@Tommen Hodgkin
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07.08.22 13:11

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Après avoir réitéré à quel point il était reconnaissant de cette aide impromptue, le Conseiller s'était dit qu'en fait, c'était Erwin qui s'amusait le plus dans cette affaire. Est-ce qu'ils étaient donc déjà quittes dans cet échange ? allons bon, que tout cela était donc compliqué.

"J'avoue que je n'ai pas pensé à poser ces questions."

La vie à la maison avait été mouvementée. Les sorties étaient l'occasion de ne plus y penser, plutôt que de le ressasser et d'en tirer des bilans. Voyons, quelles informations avaient été accumulées jusqu'à maintenant ? Inutile de préciser qu'ils étaient sortis des remparts et que, bien sûr, le mortel incriminé n'avait rêvé que de s'échapper pendant cette petite promenade des plus illégales, et que Tommen avait dû le traîner jusqu'à leur logement commun, en ignorant ses protestations et ses arguments de marchand de tapis.

Il lui avait promis d'autres sorties semblables, qu'il avait lui-même âprement marchandées comme un échange de bons procédés avec une attitude correcte en ville. Il espérait pouvoir l'amener en société, lui présenter quelques personnes qui pourraient veiller sur lui le cas échéant, et surtout le cultiver un minimum. Mais tout cela était de son ressort, et ne contribuait guère au portrait de l'individu lui-même, aussi il le passa sous silence.

"Voyons, que je réfléchisse... Il mange du jambon et... il veut des couvertures pour dormir... il se plaint tout le temps, et il vole mes affaires, enfin, il les prend sans me demander mon avis. Ce n'est pas comme s'il pouvait les emporter bien loin. Il refuse radicalement de tailler sa barbe ou de porter des costumes."

Tommen avait regardé brièvement sa main en parlant : il comptait sur ses doigts. Il conclut par une affirmation qui recouvrait, principalement, le fait qu'ils ne s'étaient pas entretués (pas encore) alors que, parfois, ce n'était pas l'occasion ni l'envie qui avait manqué :

"C'est un gentil garçon."


Mine de rien, les déplacements à travers les rues n'étaient pas directs, il avait coutume de se perdre un peu dans les ruelles avant d'arriver chez lui. Lorsque ce fut chose faite, il s'engouffra dans le sous-sol insignifiant d'un immeuble comme tous les autres, par ce qu'il avait arrangé comme la porte d'un quelconque local de sécurité auquel il était prudent de ne pas chercher à accéder inconsidérément. Il comparait ces lieux à l'auberge et se disait que c'était une opposition parfaite : d'un côté, un temple à l'introversion, recelé au fond d'une caverne qui ne s'ouvrait qu'aux initiés ; de l'autre, un autel à l'extraversion, animé continuellement au beau milieu de la place publique.

L'accès aux galeries souterraines était une faiblesse de leurs remparts et, même si il aurait fallu être bien malin pour s'y repérer une fois franchi son lieu de vie, les malins, cela existait. Tommen ne prenait aucun risque, et gardait ce petit secret tel un dragon. Enfin, Swansea était au courant à présent, mais quelque chose lui disait qu'il ne ferait pas commerce d'une telle information ; même les filous ont parfois des standards. Quant à son invité de ce soir, s'il avait dû se méfier de ses intentions, il aurait fallu le faire bien plus tôt. Au point où ils en étaient...

"Ah oui, il s'appelle Swansea, je ne sais pas si je vous l'avais précisé. Il a un prénom aussi, il me semble, je vous retrouverai ça. Je ne l'utilise pas. Vous utilisez leurs prénoms, naturellement ?"

Désastreux ? Mais non, ce n'était pas désastreux. Il faisait réellement tout ce qu'il pouvait, et sans ambitionner de grands compliments lyriques, il supposait au moins que ce détail-là serait reconnu. Parce que, par moments, il n'était pas sûr que son enregistré fasse semblant de lui trouver tous les torts du monde par pure malice ; par moments, on aurait dit qu'il le pensait vraiment, et ça, ce n'était pas très juste. Enfin. La clé tourna dans la serrure au bas des escaliers ténébreux, et la porte s'ouvrit.

Il y avait toujours un petit moment de nervosité, en ouvrant sa porte. Enfin, si on avait mis le feu, il l'aurait senti longtemps avant d'arriver... Non, récemment il était un peu plus nerveux parce qu'il se méfiait de lui-même surtout, il avait eu quelques gestes particulièrement violents - envers une femme emprisonnée, rien que ça, et puis tout ce qui avait suivi - il ne fallait pas y penser. En se composant ce qui ressemblait à un sourire, il entra dans son logement et écouta le silence, tâchant de localiser l'autre habitant ; il avait coutume de le repérer et de se rendre là où il le trouverait, quitte à lui faire un peu peur, il trouvait ça plus efficace que de faire reconnaître sa présence et attendre que ce malappris daigne venir le saluer. C'était le genre de chose sans importance qu'il lui apprendrait en temps et en heure.

Non, le silence était opaque. Tommen fronça les sourcils, seul signe de l'anxiété qui le paralysait à mi-chemin de l'antichambre. Allons, ça ne mourait tout de même pas si vite, ces êtres-là ? Et cela aussi, il l'aurait perçu à distance.
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14.08.22 23:33

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Erwin ne pensait pas en matière d'échange équivalent, quand bien même il tenait mentalement des comptes d'une précision à faire pâlir de jalousie le plus méticuleux des comptables. Non. Son plaisir était ailleurs et, de toute évidence, passait par la découverte de nouveautés de toutes sortes d'ordre, y compris faire la connaissance d'un humain dont il ne savait pour l'instant rien mais qu'il espérait bien avoir l'occasion d'apprendre à connaître.

"J'avoue que je n'ai pas pensé à poser ces questions."

Le brun s'était arrêté pour cligner des yeux comme s'il venait d'entendre une chose si abasourdissante que son cerveau pourtant habitué au chaos avait soudain eu du mal à assimiler.

- Mais... ! Mais de quoi avez-vous parlé alors tout ce temps ?!

Voilà bien une grande énigme des plus étranges pour le strigoï qui emboitait le pas de Tommen d'un pas toujours aussi pressé et sautillant, comme un enfant que l'on emmènerait à la foire et qui aurait hâte d'arriver.

- Que savez-vous au juste sur lui ?

"Voyons, que je réfléchisse... Il mange du jambon et... il veut des couvertures pour dormir... il se plaint tout le temps, et il vole mes affaires, enfin, il les prend sans me demander mon avis. Ce n'est pas comme s'il pouvait les emporter bien loin. Il refuse radicalement de tailler sa barbe ou de porter des costumes."

Cette fois l'aubergiste éclata de rire, un rire clair et amusé, aux accents chaleureux dépourvus de toute moquerie. Le Conseiller était donc aux prises avec un humain qui ne pliait pas l'échine et qui possédait certainement un fort tempérament de survivant, rien d'étonnant pour qui avait été récemment privé de liberté, mais assez pour que le grand blond s'en trouve quelque peu... non pas démuni, mais clairement pas habitué, et pourtant il y avait dans cette façon de décrire l'humain quelque chose de presque possessif. On aurait dit un parent évoquant son enfant adolescent qui refuse d'écouter et de faire ce qu'on lui dit, causant ainsi plus de tracas qu'autre chose à ceux chargés de veiller sur lui.

"C'est un gentil garçon."

Le sourire se fit plus tendre et compréhensif alors que Erwin hochait de la tête.

- Il a l'air de l'être.

C'était donc bien cela, son ami s'était entiché de son nouvel enregistré bien qu'il soit encore en phase d'apprentissage de la vie commune avec un mortel. Assurément, il y avait beaucoup de conseils à donner, à commencer par trouver un autre endroit qu'un lieu en sous-sol pour héberger le pauvre homme. D'accord, en tant que vampires il était très dangereux de vivre dans un lieu possédant des fenêtres, mais de là à vivre sous terre il y avait tout de même une différence toute symbolique en plus d'être physiologique.

- C'est dingue comme vous autres les anciens vous aimez vivre sous terre.

Fit Erwin en une réflexion emprunte de gravité et d'une profonde réflexion, propos soufflés à mi-voix alors qu'il s'était arrêté quelques marches plus haut avant d'arriver à la porte somme toute modeste d'apparence mais qui devait être des plus sécurisées. Il se rappelait l'abri secondaire de son père où il l'avait mené après sa libération des laboratoires Squibb, il se rappelait cette porte faite de métal gris et de sa poignée brillante sous la lumière artificielle, de la fraîcheur qui régnait à l'intérieur de l'abri, de la chambre capitonnée dans laquelle il l'avait installé, ou plutôt enfermé, le temps que tout ce qui devait ressortir ne ressorte, non sans demeurer à ses côtés de l'autre côté de la porte afin de veiller sur son intégrité. Étrange que de tels souvenirs remontent ainsi.

"Ah oui, il s'appelle Swansea, je ne sais pas si je vous l'avais précisé. Il a un prénom aussi, il me semble, je vous retrouverai ça. Je ne l'utilise pas. Vous utilisez leurs prénoms, naturellement ?"

Arraché à sa contemplation de la porte, le brun se secoua un peu et acquiesça machinalement, son sourire revenant à la charge sur ses lèvres.

- Toujours, et je les laisse m'appeler par le mien en retour, je n'ai jamais aimé qu'on me donne du "Maître" à tout bout de chant. Bon bien sûr devant nos visiteurs vampires c'est ce qu'ils font, mais sinon mes Enregistrés savent qu'ils sont libres de faire comme ils veulent.

La porte fut ouverte et quelque chose frappa Erwin qui s'avança à la suite de Tommen en fronçant les sourcils, mettant quelques secondes interminables à comprendre ce que le silence lourd et pesant de l'endroit lui révélait.

- Dites, vous avez bien un humain dans votre parc à humain, n'est-ce pas ?

Pas sûr que celui qu'il considérait de plus en plus comme un ami en devenir ne comprenne la référence, mais qu'importe, la réplique d'origine lui était venu à l'esprit et il l'avait adaptée naturellement sans réfléchir plus avant. S'avançant à la suite du Conseiller, l'aubergiste afficha une moue oscillant entre la déception et l'embarras.

- Vous l'avez envoyé faire une course et il s'y est pris au dernier moment ou bien il s'est enfui ? En tout cas ça ne sent pas le cadavre, c'est déjà ça.

Pas de raison de se priver de ce qu'on pense, quand bien même l'exprimer à voix haute n'est pas forcément la chose la plus délicate qui soit. Erwin se tourna vers Tommen afin de scruter son expression et sa réaction. Colère ou inquiétude ? Laquelle de ces deux émotions allait prendre le dessus sur l'autre ?

- Je peux faire quelque chose ?

Proposa amicalement le brun en s'avançant vers le blond, prêt à encaisser un refus formel si jamais Tommen devait ne pas être d'humeur.

Allez mon vieux, hauts les cœurs ! Tout va s'arranger tu vas voir !


@Tommen Hodgkin
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15.08.22 12:25

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S'il n'avait pas été distrait par les babillages d'Erwin, sans doute le maître des lieux se serait-il rencogné contre quelque coin de mur, sa tête serrée entre ses mains, bloqué momentanément dans sa réflexion. Il n'y avait pas pire désordre que ce vide qu'il avait sous les yeux, et le désordre était néfaste pour sa santé mentale. Pas pire chaos que le néant. C'était étrange de saisir soudain cette notion. Mais il ne pouvait pas la retourner dans sa tête et en tirer quelque enseignement utile alors qu'il était en proie à cette terrible agitation.

Ce n'était pas drôle. Pourquoi Erwin faisait-il des blagues ? Pourquoi cette attitude légère ? Etait-ce donc plus fort que lui, ou croyait-il que cela arrangerait les choses ? Tommen avait quitté son logement en y laissant un être vivant, et à son retour, cet être vivant n'était plus là. Rien d'amusant là-dedans, à moins d'être à ce point partisan de l'humanité qu'un esclave en fuite devenait, dans un sens, une nouvelle positive. Mais ce n'était pas juste un esclave en fuite, que diable. C'était le sien. N'avaient-ils donc pas établi une communauté d'intérêts ?

Non, il n'aurait certainement pas envoyé ce fugueur faire une course pour lui. Elle se serait trop vite transformer en son homonyme : une course à pied, direction la liberté. Il ne parlait que de ça, il ne pensait qu'à ça. Bien sûr qu'il s'était enfui. Il avait emprunté les souterrains, et s'il ne s'était pas perdu en route, il était dans les bois à l'heure actuelle. S'il n'avait pas atterri au beau milieu de la Tour en prenant le mauvais tournant, s'il n'avait pas sauté sur une mine cette fois...

"Je sors parfois, vous savez. Je l'emmène avec moi. Pourquoi n'a-t-il pas pu attendre ? Ah, nous savons tous les deux pourquoi."

Un rire nerveux passa les lèvres blanches du Conseiller, découvrant brièvement l'éclat de ses canines. "Et pourquoi nous vivons sous terre... A Rome, on enterrait face contre terre les morts qui risquaient de tendre leurs mains vers les vivants. Ainsi, même s'ils creusaient la fosse de leurs ongles pour s'échapper, ils ne feraient que s'enfoncer, toujours plus loin dans l'enfer."

Il se dégagea brusquement de la proximité infernale de l'aubergiste, son regard plein de sollicitude et d'optimisme lui faisait mal. Et il avait besoin d'arpenter la neige, il avait besoin de mouvement, et ses pas errèrent à travers le logement silencieux, cherchant la trace de la bête à deux pattes qui l'avait habité dernièrement.

Oh, il avait laissé quelque chose, en guise de "sans rancune et à la revoyure", certainement : une pierre - une assez jolie pierre à vrai dire - mais en ce moment, ce geste semblait monstrueusement ironique. Ce n'était pas juste, songea Tommen en serrant la pierre dans son poing, tenté de la jeter dans le feu. Il avait toutes ces histoires d'autrefois à raconter, tant d'histoires qu'elles lui crevaient le coeur. Il avait vécu si vieux qu'il était désormais une archive vivante. Il n'ouvrait pas ses portes à beaucoup de monde. Et...

"Et il y a l'océan," murmura-t-il, sans savoir si son congénère était toujours à ses côtés. Pourquoi l'aurait-il été ? puisque son divertissement prévu n'était pas au rendez-vous. "J'étais un jeune homme quand j'ai connu l'océan. Je suis tombé amoureux de ses couleurs. Je ne les reverrai jamais. Imbécile que je suis, je n'avais qu'une pensée : mon père aurait voulu que je voie ça. Je ne suis pas né pour rien."

Il frissonna violemment, en proie à une vague de sentiments contradictoires mais tous aussi étouffants, qu'il ne savait pas étiqueter et classer ; et l'on aurait pu voir se hérisser chaque petit cheveu sur sa tête, imperceptiblement, alors qu'une bête fauve se secouait pour la chasse. Il n'y avait qu'une manière de mettre fin à cette situation absurde. Après l'avoir crainte, il la désirait à présent. Il savait parfaitement où il devait chercher le début de la piste, inutile de retourner l'appartement...

"Si je le retrouve - quand je le retrouve - je le tue. Et qu'on ne me parle plus jamais de ces stupides esclaves."

L'une d'eux l'avait rendu fou, et tout le reste en était découlé. C'était à lui que Swansea allait maintenant rendre sa liberté, d'une certaine manière... en apposant le sceau de son sang versé sur le contrat que Tommen prenait envers lui-même. La solitude était son destin, le caveau était sa place, il fallait l'admettre, et incarner enfin le monstre que l'on voyait en lui. C'était tout simple, et il avait eu besoin de bien des siècles pour atteindre cette évidente conclusion. Il aurait dû ressentir une forme de reconnaissance, finalement.
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25.08.22 10:39

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"Je sors parfois, vous savez. Je l'emmène avec moi. Pourquoi n'a-t-il pas pu attendre ? Ah, nous savons tous les deux pourquoi."

Erwin avait hoché la tête sans surenchérir à ce constat commun : l'homme s'était enfui et à raison. Peu importait combien on les traitaient bien, ceux qui étaient nés libres n'aspiraient bien souvent qu'à le redevenir, quitte à risquer leur intégrité physique et jusqu'à leur vie même. Le rire de Tommen attira son attention et lui fit hausser un sourcil : tiens, il n'y avait pas que lui qui pouvait vriller à tout moment ? Que voilà une chose surprenante sans l'être vraiment venant d'un être qui plaçait le contrôle à un tel niveau d'excellence.

"Et pourquoi nous vivons sous terre... A Rome, on enterrait face contre terre les morts qui risquaient de tendre leurs mains vers les vivants. Ainsi, même s'ils creusaient la fosse de leurs ongles pour s'échapper, ils ne feraient que s'enfoncer, toujours plus loin dans l'enfer."

- Hm hm... Père n'a pas connu la chute de Rome, il n'est pas vieux à ce point-là, mais je suppose qu'il connaît cette coutume.

Le Conseiller s'écarta alors que l'aubergiste venait de s'approcher afin de le réconforter, se mettant à arpenter le logement sous le regard scrutateur et attentif de l'humaniste qui pour une fois tint sa langue et ne jeta aucune huile sur le feu dévorant de la déception qu'il percevait chez son ami en devenir. Ah ça, on a si vite fait de s'attacher aux humains, il ne le comprenait que trop bien, et cela faisait toujours mal de recevoir leur défiance et leur mépris quand on ne faisait que leur tendre la main en toute bienveillance. Le brun de son côté savait parfaitement que, peu importe à quel point Tiago pouvait potentiellement lui être reconnaissant, ce dernier n'hésiterait pas une seconde à choisir la liberté plutôt que rester à ses côtés si quelqu'un la lui offrait. Les mortels étaient rarement des amis, et ceux qui le devenaient connaissaient toujours un sort funeste, d'une façon ou d'une autre, rares étant les élus qui parvenaient à gagner leur immortalité et ainsi les suivre dans l'éternité. Cruel destin que celui d'un strigoï, assurément.

"Et il y a l'océan,"

Arraché au flux de ses pensées, Erwin releva ses yeux noirs sur Tommen.

"J'étais un jeune homme quand j'ai connu l'océan. Je suis tombé amoureux de ses couleurs. Je ne les reverrai jamais. Imbécile que je suis, je n'avais qu'une pensée : mon père aurait voulu que je voie ça. Je ne suis pas né pour rien."

Ah, ça je connais, tu te souviens quand on était dans les labos et que j...

"Pas maintenant."

Rabat-joie

Il s'avança lentement vers le Conseiller, plissant les yeux alors qu'il lui semblait percevoir le changement qui s'opérait dans l'esprit et le coeur de son aîné, lequel frissonna violemment et confirma ainsi ce que l'aubergiste redoutait. Oh non pas ça, surtout pas ça.

"Si je le retrouve - quand je le retrouve - je le tue. Et qu'on ne me parle plus jamais de ces stupides esclaves."

- Non vous n'en ferez rien.

Les mains d'Erwin se posèrent sur les épaules de Tommen, lequel de par sa taille bien supérieure l'obligeait ainsi à lever les bras et la tête afin de pouvoir planter son regard dans le sien. Les orbes couleur ténèbres plongèrent dans le lac glacé des yeux du Conseiller qui semblait commencer à perdre sa flamme intérieure. Non, il ne le laisserait pas cela arriver, pas tant qu'il serait présent.

- Vous êtes en colère, je le conçois, vous êtes déçu, je le comprends, et sans doute aussi affligé, vous devez vous sentir trahi, abandonné, rejeté mais, Tommen, ce n'est pas à cause de vous qu'il a fui, ce n'est pas contre vous qu'il a agit de la sorte, mais contre ce système dans lequel il se sentait prisonnier.

Aurait pu en témoigner son frère qui avait récemment quitté la cité, Erwin ne parlait jamais avec un tel sérieux si ce n'est en luttant activement contre la folie qui l'habitait, contre cette voix qui ne cessait de parler encore et encore, juste pour pouvoir repousser tout ce qu'il n'avait jamais réussi à digérer malgré les siècles écoulés. Tenir ainsi son ami en devenir par les épaules, le fixer avec sérieux et parler avec gravité relevaient de l'exploit et rares, trop rares, étaient les personnes qui avaient assistées à cela. Mais le Conseiller n'était pas n'importe qui,  n'était plus n'importe qui, et Erwin se refusait à le laisser sombrer comme lui l'avait fait, fut-ce à sa façon.

- Lorsque vous le retrouverez, je serais à vos côtés, je vais vous aider à le chercher, mais vous ne le tuerez pas, Tommen. Vous le ramènerez, vous lui direz tout ce que vous avez sur le coeur et tant pis s'il n'y comprend rien et s'il n'en croit pas un mot, il l'entendra, de gré ou de force, et avec le temps il finira par l'intégrer. Le tuer serait comme... comme renoncer à l'océan. Même de nuit, l'océan reste magnifique, surtout lorsque la lune l'éclaire et qu'il n'y a que le ressac des vagues sur la plage comme seul bruit à des miles alentours. Pensez à cela, Tommen ! Pensez à ce calme qui vient avec l'océan sous la lune, au sable sous vos pieds, à l'odeur qui flotte dans l'air.

Les mains relâchèrent doucement leur prise pour que l'homme ne se sente pas entravé, Erwin reculant d'un simple pas pour moins avoir à se dévisser le cou pour continuer de regarder le blond dans les yeux, un air déterminé empli de ténacité transparaissant sur ses traits. La folie demeurait, lueur agité au fond des prunelles noires, mais la volonté d'aider parvenait pour l'instant à la tenir à l'écart pour encore quelques secondes...

"Entendez raison Tommen, ne me laissez pas perdre le fil sans avoir pu vous aider !"

@Tommen Hodgkin
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