Aloysius Swansea ❣

Chronologie.

Automne 2350

Naissance dans la bordure de New Bellingham.  


Eté 2380

Trois jours. Cela faisait trois jours que la gosse veillait son père. Dissident battu pour excès de zèle, non loin des portes de la cité. Révolte solitaire, ou plutôt, accès de folie. Le trépas de l’homme tardait malgré qu’il commençait à pourrir sur place, la vermine s’infiltrant par-delà les plaies ouvertes pour y pondre des œufs.  L’on pouvait sentir des relents âcres, nauséabonds, portés par la brise chaude.

Trois jours. Étrange que la gamine n’ait pas été embarquée, les marmots, habituellement, ils en étaient friands. Ce n’était peut-être qu’une question de temps. Et gosse enrôlée deviendrait sylphide, destinée à se vautrer dans le stupre, à gonfler le harem du Prince. Future poupée défoncée aux cuisses ruisselantes de foutre.  

Swansea expira profondément. Serait-ce raisonnable que de s’incomber de la vie d’une autre, de devoir en prendre soin, en permanence ? Oh, il avait attendu et espéré, qu’une autre âme charitable récupère l’angelot égaré. Hélas les temps étaient durs et le chacun pour soi prévalait sur tout le reste. L’on se sauvait soi-même, avant de sauver les autres.  



Des bruits de pas alertèrent l’orpheline en devenir ; elle posa ses agates sur l’inconnu qui s’accroupit à ses côtés. « Je ne te promets pas un conte de fée... Mais ça ne coûte rien d'essayer, pas vrai ? » Démarche maladroite, il lui tendit une main ; « En attendant de trouver une solution. » La gamine lança une ultime oeillade humide à son géniteur, espérant une approbation, un signe infime qui ne vînt jamais.  « Eh le sauvage !  » Sommation lancée par l’un des singes haut perché de la sécurité - Celui-ci craignait que le vagabond abrège les souffrances de l'agonisant. La fillette posa derechef sa menotte dans la paluche ouverte, s’en remit au quidam ; Cela ne pouvait pas être pire que ce qu’elle avait déjà vécu.


Ce qui ne devait être que temporaire s’éternisa et le cabot solitaire s’attacha à Tina. Tina et son innocence, ses rires d’enfant. Ses questions pertinentes et les plus burlesques. Ses idées abracadabrantesques. Petite luciole de ses nuits.


2382

Un hiver, il faillit la perdre -  le froid, ainsi que l’humidité légendaire de New Bellingham eurent presque raison de la résistance de sa protégée. De peu il parvint à la sauver, à l’aide d’onguents et de ‘repas’ plus consistants. Sang troqué au marché noir contre un peu de barbaque.  

Si auparavant, l’envie de s’expatrier dans une autre cité lui titilla plusieurs fois l’esprit, voir Tina frôler la mort incita Aloysius à trancher. Au terme de multiples tergiversations mentales, il décida de changer de cap. Incertain quant au chemin à prendre pour fuir, il se hasarda une nouvelle fois auprès du marché noir. Tomba sur un individu particulièrement louche qui accepta de l’aider, en précisant cependant que le deal serait sous couvert de La toile. Caïnite singulier inspirant de la méfiance, Al’ posa ses conditions - Ni servilité, ni extravagance. L'olibrius le guida à travers les zones infestées de dangers puis disparu, une fois la quête menée à terme. Non sans préciser qu’il reviendrait chercher son dû.

Début de l’an 2383

Approche / premières interactions avec la Meute.

2384

ll lui suffisait de fermer les yeux pour tous les revoir. De fouiller dans le palais de sa mémoire, pour retrouver des fragments de souvenirs - Et il revoyait sa mère avec son air grave, vieille avant l’heure à se faire tant de soucis. Ainsi que son père, cette force de la nature. Carcasse massive et poigne rude, verve inexistante.

Il se souvenait également de Phoenix, ermite instruit, qui s’improvisait philosophe. C’est Phoenix qui lui apprit à lire, à l’aide de notes sur papiers bigornés et de vieux ouvrages aux pages manquantes. C’est Phoenix qui lui conta des bribes d’histoire, de cette époque où les rejetons du diable ne dominaient pas le monde. «  Ne les juge pas trop sévèrement Aloysius. Ils étaient humains comme toi, avant de sombrer et d’embrasser le monde des ténèbres. » Swansea allait contester, mais une voix fluette l’incita à revenir à la réalité. Il émergea de son rêve ; « Aloysius ! » Aucune réaction. « Al’, Al’, Al’, Al’ …  » Ce genre de réveil était exaspérant. Il ouvrit à demi les paupières, posa ses agates fatiguées sur la bouille de Tina qui le surplombait. « Un oeil en enfer, et l’autre au paradis. » Allusion à ses yeux vairons. « Arrête avec tes conneries, tu veux ? » Ronchon tourna le dos à la chieuse « Al’ … Al’ ? »« Hmm.. »« Promets moi que tu ne me laisseras jamais tomber. Promets moi qu’on restera toujours ensemble. » Silence de plomb. « Tiens toujours tes promesses, ou alors, n’en fais pas. »  disait Phoenix. Plus facile à dire qu’à faire, pas vrai ?   « Je te le promets. »



> Gamine confiée à la Meute, malgré ses réticences. Rancoeur non contenue, Tina lui en voulut. Mit du temps à s’épanouir auprès de sa nouvelle famille, malgré les visites incessantes de Swansea.
Mais c’était mieux ainsi - Qu’elle puisse grandir et façonner sa propre vie, dans le giron d'un groupe aux membres soudés.  


2389

Les battements de son cœur étaient trop lents ; L’homme avait déjà un pied dans la tombe. La fin commençait à s'esquisser sur son faciès disgracieux. Aloysius savait pertinemment, que ce sauvage ne pourrait lutter indéfiniment. C'est qu'ils étaient nombreux, en ce moment, à trépasser prématurément. Bien qu’impuissants face au mal qui gangrenait la bordure, les soigneurs n'avaient de cesse d'être sollicités par les âmes désemparées. L'on réclamait leurs baumes, leurs sirops, bien qu’inefficaces sur le long terme. Qu'importe. Pour les proches des condamnés, l'inaction était plus terrible encore à vivre que les vaines tentatives.
Swansea trempa le chiffon dans l’écuelle de flotte, l’essora et le repositionna sur le front brûlant du souffrant. Il lança un regard aux marmots, blottis dans un coin de la cahute. Gamins attendaient sentence. Il se tourna vers la mère de famille, lui annonça la couleur ;
« C’est grave Estella. Pour ne pas te mentir, je doute qu'il survive. » Nana ne contint pas plus longtemps ses larmes.  « comment je vais faire. Je n’ai que lui. et les petits... Je .. Aloysius je t’en prie fais quelque chose. » La main moite de la concubine affligée alla chercher celle du solitaire. Mais que pouvait-il faire de plus ? Une expression contrite orna momentanément la goule du trentenaire. Restait une ultime solution, non sans risques. Il creva le silence, exposa ses intentions ; « Il y a une excursion en ville, demain. Je ne te garantis rien… D’ici là, courage. » Il quitta la funèbre maison.

> Échec de l’expédition, sauvage se fait alpaguer. Il est proposé à la vente sur la place publique, acheté par un conseiller indécis qui finit par s'en défaire - Swansea est ramené au transitoire.
> Devient la propriété de la cité ; Enregistré public.
> Approché par les membres de la lanterne, il accepte de rejoindre leurs rangs. Avec la ferme intention de nuire aux hématophages.
> Cela fait maintenant un mois que Tina - raflée - évolue au sein de la cité. Les deux expatriés se sont retrouvés au détour d'une ruelle. Gamine devenue jeune femme est désormais dame de compagnie auprès d'une vampire esseulée. Si pour Aloysius elle reste la môme insouciante qu'il a toujours connu, ce n'est pas le cas des vampires qui l'inondent de regards lubriques. Autant que faire se peut, il continuera à la protéger envers et contre tous.



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