My body is a cage (Lysander)

@Lysander Helios & Ephraim

I'm standing on a stage of fear and self-doubt. It's a hollow play but they'll clap anyway. My body is a cage that keeps me from dancing with the one I love. But my mind holds the key.

La nuit avait été courte. Ou longue selon les appréciations de chacun. Errant dans les rues de la Cité qui l’avaient vu grandir et dernièrement s’épanouir, ses pas lourds le menaient vers le seul refuge qui lui restait encore, le seul endroit qui demeurait sien et qui ne pouvait lui être pris : l’Oasis Pleasure. Loué pour toute la soirée par un richissime vampire de passage, il s’était rendu à une soirée privée, son sang se glaçant légèrement en se rapprochant du château. Il n’y avait plus remis les pieds depuis la dispute avec le Prince de la Cité qu’il avait pris grand soin de ne plus croiser, jamais. Il avait eu l’impression de regresser, de revenir en arrière ce soir là. Il avait parfaitement su jouer le jeu, être l’extravagant danseur dont nombre de clients s’arrachaient les attentions. Plus encore maintenant qu’il avait été le jouet privilégié du Prince, ce dont tout le monde avait pu être témoin. Lui qui avait craint que le désintérêt manifeste de Dorian à son égard n’abime sa côte de popularité, il avait pu être rassuré. Tout le monde voulait sa part de l’appétissant gâteau qu’il représentait à leurs yeux. Il en tirait son parti et amassait une colossale fortune qui ne déplairait pas à son ancien maître si ce dernier était encore là. Lorsque les caresses cessaient, que les plaisirs s’évanouissaient et que les lumières du jour révélaient les imperfections que la nuit avait couvert d’un voile de pudeur, l’amère réalité lui revenait à la gorge. Il avait beau tenté de reprendre pied, de redevenir celui qu’il n’aurait jamais dû cesser être, un vague à l’âme demeurait malgré lui. Son sourire n’était plus qu’une armure pour empêcher quiconque de se questionner et de rester trop longtemps sur ses yeux vidés de toute lumière. Son extravagance était suffisamment exacerbé pour empêcher quiconque de le questionner. La manière dont il ondulait entre les corps des uns et des autres était devenue plus que sa marque de fabrique mais bien un moyen de ne jamais rien donner, de ne jamais se laisser approcher.

D’un signe de la main, il salua le milicien qui gardait la journée les lieux depuis que des petites mains chapardeuses venaient se servir un peu trop librement dans le garde-manger des lieux. En passant devant le bureau de Jaroslav, il ralentit le pas, se tendant par réflexe en tentant de percevoir sa présence glaciale ou non. Il était en ville et même si le soleil brillait à l’extérieur, il ne préférait pas prendre le risque de croiser son chemin. A chaque fois, la cicatrice sur sa joue lui faisait mal au simple souvenir de ce qu’il était advenu entre eux quand le gamin avait tenté sa chance. Les yeux se fermant seul, il parvint jusque dans les douches de l’Oasis Pleasure. Cela lui ferait le plus grand bien. Sans doute, irait-il après s’accorder une sieste dans ses draps de soie avant de se préparer pour la soirée où il allait briller sur scène, tel qu’habituellement. Mais avant, il laisserait l’eau chaude ruisseler le long de son corps, emportant avec elle les différents fluides qui avaient eu le temps de sécher et de se coller sur son épiderme de porcelaine. Il passerait le jet de la douche dans son sillon interfessier pour faire en sorte d’en extraire ce liquide gluant dont il avait été rempli en long, en large et en travers toute la nuit durant et qu’il sentait encore s’écouler entre ses cuisses. Un frisson de dégoût glissa le long de son échine dorsale alors qu’il attrapait la bouteille de shampoing pour la vider sur ses boucles brunes. L’odeur délicate de la fleur de violette vint titiller ses narines alors que la sensation sous ses doigts se révélait bien plus délicieuse que les orgasmes qu’il avait feint cette nuit. Ses doigts glissèrent le long de son cou alors que des larmes chaudes s’extrayaient de ses pupilles, se mêlant au rideau de pluie qui tombait sur ses épaules. Bon sang, pourquoi ne parvenait-il pas à l’oublier ? Et pourquoi son souvenir surgissait à l’improviste de cette manière ? Emporté par sa peine, il ne réalisa pas tout de suite que l’eau se tarissait et que bientôt le seul liquide pur qui couvrait sa peau étaient ses propres larmes. Finalement le silence entrechoqué de ses sanglots lui fit réaliser qu’il était nu, à moitié savonné et les cheveux encore couverts de shampoing. “Uh ?” s’exclama-t-il, le sourcil froncé.