[FB] Chicken run ❧ Ephraim

@Aloysius Swansea & Ephraim

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Il fallait croire qu’il était un peu masochiste sur les bordes et c’était sans le moindre doute le cas compte tenu de son historique et des informations qu’il tentait de réunir pour retrouver la trace non pas de Travis Grant, ce vampire qui avait veillé sur lui et l’avait reconstruit après l’abandon de son premier Maître qui avait manqué de le détruire. Non, il cherchait à obtenir toute information qui pourrait le mener à Varro, son tout premier Maître, celui par les yeux duquel il observait le monde. Il ne pouvait imaginer disparaître dans les limbes de la mortalité sans jamais reposer les yeux sur lui, sans jamais laisser son regard se perdre dans le visage sec et dur du strigoï, sans entendre le souffle court dans le creux de son cou alors qu’une chaleur aussi diffuse que surprenante l’envahirait dans chaque particule de son corps. Oui, il était un peu masochiste sur les bords et la cicatrice qui, bien qu’estompée au fil des mois, ne semblait pas avoir été une alarme suffisante pour le maintenir éloigné du bureau de Jaroslav. Concentré, il prenait bien garde de remettre en place chaque livre qu’il déplaçait, veillant à ce qu’aucun grain de poussière ne soit dérangé et dénonce sa présence en ses lieux. Le fait de savoir que le propriétaire de l’Oasis Pleasure était en mission extérieure l’avait incité à reprendre là où il avait été cruellement arrêté quelques mois plus tôt. Cette fois-ci, le terrifiant et implacable vampire ne pouvait apparaître derrière lui comme par malédiction et faire couler son sang. Le problème, c’est qu’il avait beau se concentrer, il ne parvenait à ne rien tirer des papiers qu’il découvrait au fur et à mesure de ses recherches. Il ne constituaient pour lui que des suites de dessins répétitifs sans le moindre sens. Il aurait dû prêter plus d’attention aux cours de lecture et d’écriture qui leur étaient dispensés mais il était trop occupé à pomper, éventuellement sur, son voisin.

Il poussa un petit soupir de frustration alors qu’un bruit étouffé le mit en alerte. Se redressant tel un faon, il se concentra pour entendre des bruits de claquement de bois et de pas. S’il n’avait les sens aussi aiguisé qu’un vampire, il savait que mis à part lui, personne d’autre ne devait se trouver dans les lieux : les employés étaient tranquillement à leurs domiciles en train de vaquer à leur occupation et n’arriverait que dans 4 ou 5 heures ; le soleil brillait trop pour qu’un vampire n’erre même dans les couloirs du lieu de plaisir. Prudemment, il s’éloigna du bureau de Jaroslav et remarqua une ombre projetée sur sa gauche. Il suivit cette dernière, confirmant la présence d’un inconnu. Les bureaux du strigoï se trouvaient près de la salle, lui permettant d’avoir un œil sur tout depuis son fauteuil et force était de constater que quelqu’un était bien en train de naviguer dans celle-ci sans en avoir l’allure des lieux. Avec la grâce et la délicatesse de ses talents de danseur, bien utile pour l’espionnage en toute discrétion, Ephraim suivit l’origine exacte des discrets bruissements avant de se retrouver face à un odieux voleur.

“Retire tes sales pattes de mes affaires !” s’offusqua-t-il en s’emparant de son string à paillettes avec véhémence, ne supportant pas l’idée que cet être vil qui l’avait - littéralement - trainé dans le purin lors de leur dernière rencontre puisse toucher à la délicatesse de ses tenues. S’il insistait pour récupérer son vêtement intime c’était pour mieux le brûler par la suite désormais que le malotrus l’avait frôlé. “Qu’est ce que tu fais là ? Pourquoi tu me voles mes affaires ? Je suis bien trop cher pour toi. C’est pathétique ce que tu fais!” l’incendia-t-il avant de le pousser à l’intérieur du bureau de Jaroslav, souhaitant confiner l'esclandre au cas où quelqu’un arriverait en avance. “De quel droit tu penses pouvoir être ici?”

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Il plaqua sa langue contre son palais avant de la faire claquer bruyamment comme lorsqu’il s’en servait pour ouvrir le passage devant lui d’un air impérieux ou faire s’éloigner un chien un peu trop collant à son goût. Était-il réellement éloigné de cette situation en observant la trombine de son interlocuteur, toujours aussi peu ragoûtante et odorante ? “Entre autres choses dont tu ne parviendrait même pas à imaginer dans tes rêves les plus fous.” répliqua-t-il tout de go, un flux sanguin se glissant sous sa peau translucide au niveau de ses jours. Peut-être était-il vexé qu’il se rit aussi facilement de lui. Peut-être était-il agacé de voir un vêtement aussi intime entre des doigts aussi vulgaires. Peut-être était-il attristé à l’idée que revoir son bienfaiteur faisait désormais parti d’un passé dont il avait du mal à se dépêtrer. “T’es juste jaloux parce que sur toi, tu ressemblerais à une grenouille au cul plat.” Il récupéra l’objet délictueux en lui adressant un regard noir, se rendant compte qu’il pouvait bien se moquer de son interlocuteur, il n’était pas forcément le plus intelligent des deux en l’ayant amené dans le bureau du patron le moins sympathique des lieux. Il aurait bien du mal à expliquer sa présence si Jaroslav devait ressortir de son caveau mystérieux. Le jeune homme jeta un coup d'œil anxieux à la bibliothèque d’où il semblait avoir surgi la dernière fois et se mordilla la lèvre inférieure. C’était l’occasion idéale, ce dernier n’étant pas en ville et peut-être que ce clown pourrait lui être d’une utilité certaine. Il le donnerait à manger en sacrifice si l’homme d’affaires surgissait. Il avait de plus grandes jambes pour filer et l’autre s’était un peu remplumé : il l’occuperait suffisamment longtemps pour lui permettre de prendre la poudre d’escampette.

“Non.” répliqua-t-il en le regardant comme un demeuré qui ne comprenait rien à la vie. Enfin, quelques années auparavant, ce bureau appartenait effectivement à son maître. Il y retrouvait toujours cette classe britannique qui le caractérisait en dépit des tentatives du jeune prostitué pour le corrompre. “C’est celui de Jaroslav Zeliv … Zelisky … Zelkik … Jaroslav.” Quelle idée de mettre autant de consonnes et de voyelles dans un ordre aussi aléatoire. Il passa invariablement derrière Aloysius, tentant de remettre en place ce qu’il touchait, faisant en sorte qu’à son retour le terrible vampire ne remarque rien. Puis il réalisa que c’était son odeur qui imprègnerait les lieux plutôt que celle de l’odorant humain. Il le laissa alors faire et se débrouiller avec les conséquences. “Mon royaume.” répondit-il, la fierté se dissimulant mal dans les tremblements de sa voix et brillant dans son regard émeraude. “Ne me dis pas que tu ne connais pas l’Oasis Pleasure ?” Il roula des yeux vers le ciel avant de poursuivre. “Temple de luxure et de débauche où ton Maître et d’autres viennent s’amuser.”Il haussa les épaules. “Mais un banal humain comme toi n’aurait jamais pu mettre les pieds ici en temps normal.” Il prit une profonde inspiration avant de se reposer contre le mur de la bibliothèque, observant la salle de spectacle où dans quelques heures il brillerait comme l’étoile qu’il était.

Un bruit de mécanisme s’enclencha et sembla céder derrière Ephraim, entraînant ce dernier dans sa chute en arrière alors que la bibliothèque s’ouvrait pour révéler une pièce secrète. “Aïe !!”

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Il n’eut pas même le temps de lui demander d’où il venait exactement et qu’il n’y avait rien de mal à vivre dans un tel endroit, le sexe faisant partie de la nature humaine. Comme on n’avait eu de cesse de le lui rappeler : ce n’était que de la chair après tout. La douleur irradia de son royal séant tandis qu’il maugréait en se frottant ce dernier, vocalisant sans ambage le fait qu’il préférait d’autres genres de douleurs. Finalement, il se redressa en grommelant, les sourcils froncés et les lippes en avant tel un enfant boudeur, et suivit les explorations curieuses de son acolyte malgré-lui. C’était donc de là que Jaroslav avait surgi la fois précédente où il s’était retrouvé dans son antre. Au vu de la stature imposante et de l’aura mystérieuse de ce dernier, il fallait bien avouer que le jeune homme était déçu. Il ne savait pas vraiment quoi à s’attendre, ceci d’autant plus qu’il ne s’attendait à rien 2 minutes auparavant, mais il était tout de même déçu. Quitte à avoir une pièce secrète, il aurait imaginé qu’elle comprenait des instruments de torture, un autel avec des cheveux de ses victimes ou encore des photographies olé-olé de Wanda. “C’est l’un des propriétaires.” répondit-il d’une voix plate alors que son regard émeraude scannait les lieux, refusant de toucher les draps où le terrible strigoï faisait il ne savait quoi et ne souhaitait pas le savoir. Il s’était toujours demandé d’ailleurs comment il faisait pour ne pas profiter des délices des lieux. Peut-être était-il eunuque. Il vint se glisser au-dessus de l’épaule du fouineur mais rien de bien intéressant ne semblait attirer son attention. Ce n’était qu’un lit qu’il utilisait certainement quand il travaillait trop tard. Pas un cheveu n’était perdu sur les draps blancs laissant penser qu’il puisse partager cet endroit avec quiconque.

Il referma doucement le passage secret en revenant dans la pièce principale et, ce faisant, un dossier attira son regard entre la rangée de livres ordonnés. Il se mordit la lèvre inférieure avant de s’en emparer et de l’ouvrir avidement. “Attends!” Il leva la main pour l’empêcher de s’échapper alors que ses yeux d’un vert forêt glissaient sur les pages, survolant l’écriture en cursive qui ne signifiait rien pour lui et semblait au contraire se brouiller plus il l’observait. Il releva la tête et demanda d’un air interrogateur : “Tu sais lire ?” Il était une Corneille, un espion au service de la Conseillère Bozena dont il avait rejoint les rangs par amusement d’abord puis, par volonté de bien faire auprès de celle qu’il considérait avec le regard d’un enfant envers la mère qu’il avait choisie. Contrairement à sa mère naturelle, l’immortelle avait toujours veillé sur lui, à l’instar de Travis et de Tobias. Il voulait, pour une fois, montrer qu’elle avait fait le bon choix, qu’il n’était pas qu’exceptionnelle sur scène ou dans l’intimité d’une chambre. Il montra le dossier à l’autre et lui fit une proposition qu’il ne pouvait refuser. “Je t’aide ; tu m’aides.” Voyant que la mayonnaise ne prenait pas, il poursuivit : "Personne ne sera au courant. Il est midi. Jaroslav n'est même pas dans la Cité."

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Bien piètre espion qu’il était, il se demandait parfois pourquoi la Conseillère avait voulu faire de lui une Corneille. Certes, il savait mener sa barque et obtenir satisfaction grâce à ses grandes opales vertes qui ne laissaient que rarement indifférent. On ne se confiait jamais plus que sur l’oreiller auprès d’un amant doué avec lequel on avait partagé l’intimité la plus profonde qui soit. Et en sa qualité de danseur humain superficiel, il représentait bien souvent une négligence telle que les vampires les plus importants ne lui accordaient pas l’importance nécessaire lors de leurs échanges commerciaux en sa présence. Mais pour ce qu’il s’agissait de fouiner et de trouver des documents compromettants, son manque de connaissance laissait à désirer. Il aurait dû cependant suivre des cours comme tous les enfants de la Cité. Peut-être devait-il son manque de connaissance au caractère si particulier de son tout premier Maître qui ne lui voyait que guère plus d’intérêt au-delà de son corps. Peut-être avait-il été trop distrait et ennuyeux durant les leçons, bien trop occupé à découvrir son propre corps et ce qu’il pouvait procurer en lieu et place de son cerveau. Toujours est-il qu’il saisissait une opportunité en la présence du grincheux mortel.Autant que ce dernier lui soit utile pour une fois, autrement qu’en ne lui faisant piquer une crise de nerf.

Un sourire se dessina sur ses lèvres fines quand il accepta de lui faire confiance. “Tu peux me faire confiance.” lui affirma-t-il, sûr de lui. Ce n’était pas nécessairement vrai mais il n’allait certainement pas se vanter d’être entré en coalition avec un tel rustre puant. De celà, il pouvait compter sur lui. Rasséréné, il se rapprocha de son surprenant allié et fronça les sourcils en l’observant déchiffrer ce qui représentait pour lui de simples dessins vide de sens. Ses sourcils firent le mouvement inverse en arc de cercle en apprenant l’existence d’une armée de Sauvages qui faisaient marche vers la Cité et sans pouvoir s’en empêcher, il poussa un petit éclat de rire, imaginant ces hommes des cavernes hirsutes vouloir attaquer les défenses si bien gardées de sa chère Cité. Comme s’ils pouvaient réaliser avec les armes, avec les hautes murailles, avec les crocs acérés des vampires. Il secoua négativement la tête emmagasinant l’information qu’il retranscrira sagement à la Conseillère. Si toute révolution était en marche, même s’il ne comprenait pas vraiment ce que ce terme signifiait, et qu’il n’y croyait pas vraiment, un frisson glissa le long de son échine dorsale en se remémorant la dernière attaque dont la Cité avait été victime. Elle l’avait suffisamment traumatisé pour qu’il n’ait envie de la revivre.

“Jamais ils n’y parviendront.” répliqua Ephraim à l’enthousiasme un peu trop débordant de son partenaire improvisé. “Ils ne parviendront pas à traverser les portes et les murs de la Cité, c’est stupide. Ce ne sont que des Sauvages.” Ce dernier mot fut dit avec un mépris non dissimulé avant qu’il termine le fond de sa pensée. “Tu es bien naïf de croire que New Abbotsford pourrait voir son ordre établi à être renversé. Une armée de vampires n’y est pas parvenue, qui te dit que des mortels y parviendront. Il faudrait que…” Il se figea soudainement dans ses pensées avant de les terminer d’un ton lugubre. “... certains soient déjà infiltrés parmi nous.” Son regard glissa sur celui qui semblait si réfractaire à l’ordre établi. Peut-être en faisait-il parti ? Peut-être venait-il de pactiser avec le diable.

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Ce malotru odorant pensait-il vraiment pouvoir faire preuve de supériorité à l’encontre de celui qui était l’émeraude scintillante de l’endroit de plaisir ? Pensait-il vraiment pouvoir être au même niveau que le jeune homme pour les fesses duquel on se battait à force de liasse de titre de propriété, de pochons de pierres précieuses et de produits les plus recherchés et luxueux ? On faisait des kilomètres pour venir le voir, même si cela signifiait entamer un périple dangereux parfois mortel tant les routes entre les Cités ne demeuraient pas totalement sécurisés. Et un fieffé menteur au visage renfrogné de manière permanente pensait sincèrement pouvoir se mettre au même niveau que lui ? Même dans ses rêves les plus fous cela n’était pas même envisageable. Le regard morne, il l’écouta, lancé dans sa litanie monotone pour défendre l’honneur perdu de ceux qu’il voyait davantage comme des animaux non disciplinés et peu ragoutants, un peu comme cette vermine de rats qui couraient partout dans certaines ruelles mal famées que le précieux se gardait ben d’emprunter. Il lui adressa une petite moue dégoûtée, ne parvenant pas à déterminer s’il tentait de lui montrer ce qu’il ratait à n’en faire pas partie ou de lui confirmer que la Bordure n’avait véritablement que peu d’intérêt. « Tu parles de ceux qui sentent mauvais, ne mangent pas à leur faim et voient leur jeunesse et leur beauté se fâner avant même leur 20 ans ? » Il tira la langue dégoutée avant de secouer les épaules quand il tenta de le piquer sur le fait qu’il ne savait pas lire. « Pour quoi faire ? » Pour découvrir les sombres secrets de son patron et les utiliser pour le faire chanter ou pour le faire tomber, d’accord. Mais à part ça ? Il n’en avait pas véritablement besoin compte tenu de la manière dont il menait une existence qui lui plaisait telle quelle. « On nous a donné des cours. Je ne voyais pas l’intérêt. » répliqua-t-il acerbe. S’il avait voulu, il aurait certainement été le meilleur lecteur de toute la Cité mais c’était d’un ennui.

Il secoua ses boucles brunes, piquées dans son ego. « Je les fais rêver. Je les fais jouir. Je les fais s’oublier. » Et il amassait une petite fortune, ce faisant, tout comme une quantité de relations intéressantes et d’informations confidentielles. Si seulement, il prenait la peine de s’en servir. « Tu ne sais vraiment rien… » Il fut cependant coupé net dans son élan lorsqu’une voix féminine l’interrompit. Offusqué qu’on le coupe ainsi, il fut néanmoins soulagé de ne trouver que Greta, l’habilleuse qui semblait au bout de son existence. Il ouvrit la bouche pour répondre qu’il voulait à nouveau tenter de faire une pipe à Jaroslav mais son cancaneur fut plus rapide que lui. Il adressa un furtif sourire pincé. Bon sang, savaient-ils l’un et l’autre qui il était ? Etait-ce à la star de l’Oasis Pleasure de montrer les lieux aux nouveaux ? Il avait bien mieux à faire et était bien supérieur à eux pour s’abaisser à les considérer. Et cette Greta qui tombait dans le panneau : Aloysius n’était certainement pas suffisamment taillé pour travailler en ces lieux. Il dut se contraindre à rouler des yeux avant de reprendre la parole : « Oui, et je vais de ce pas lui montrer son poste de travail. C’est le nouveau latrineur. » Il adressa un large sourire carnassier à Aloysius, ses pupilles lui faisant clairement comprendre qu’il ne pourrait briguer d’autre emploi que celui de récurer les latrines et qu’endosser des slips ridicules pour exciter les clients n’était pas pour lui. « Allez viens, mon mignon. » l’alpagua-t-il, lui tapotant dans le dos avant d’inviter Greta à les suivre. « Il faudra vous dépêcher cependant, Mr Lawrence. C’est bientôt votre solo. » Il hocha positivement la tête, jetant un furtif coup d’œil derrière lui en espérant ne pas avoir laisser trace de leur présence.

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Il ne pouvait s’empêcher de profiter avec une satisfaction non contenu de la réduction de son comparse à un poste aussi vulgaire de latrineur. Existait-il une fonction plus déshonorante ? Il n’avait pas oublié les circonstances de leur première rencontre et la manière dont ce dernier l’avait fait choir dans du purin de cheval et lui avait dérobé son précieux médaillon de Calice. Si les choses avaient changées désormais et qu’ils s’étaient, pour ainsi dire, alliés compte tenu des circonstances, il s’amusait grandement de la position, cette dernière lui permettant d’asseoir un peu plus sa supériorité sur le sauvageon. Son petit sourire en coin disparut cependant rapidement lorsque Greta fut emmenée sur d’autres terrains et qu’il se retrouvait en tête à tête avec celui qu’il venait de s’amuser à torturer un peu. Il allait le lui faire payer ; leur relation était faite de coups bas en tout genre, pourquoi s’arrêter là dans l’escalade ? Néanmoins, il ne perdit pas son sang froid et haussa les épaules à son invective. “Pourquoi, ça devrait tourner mal ? Fallait bien que je donne une raison de ta présence.” D’un coup d’oeil dégoûté, il observa Aloysius de bas en haut. “Elle n’aurait jamais cru que tu ais été un amant, un ami ou un homme de Jaroslav. Moins encore un autre danseur. Il te manque quelque chose.” La classe. La richesse. La bienséance. L’aura. Tout dans le brun respirait la rudesse de la Bordure qui entrait en clash direct. La seule possibilité professionnelle au sein de l’OP était donc de s’occuper de ce qu’il s’occupait le mieux : la fiente. Il haussa les épaules face à sa menace, oubliant manifestement qu’Ephraim était tout en haut de la pyramide des lieux et qu’il ne devait aucune explication à qui que ce soit.

“Bon vent !” s’enthousiasma-t-il à l’idée qu’il déguerpisse de sa vue en dépit de leur entente fragile. “Sur ce, certains ont une boîte à faire tourner.” Il se détourna, sans remarquer de prime abord que son interlocuteur choisissait la difficulté plutôt que de prendre la porte de service dans la cuisine. Lorsqu’il entendit un bruit caractéristique, il sentit son sang se geler et il se retourna très lentement, craignant l’accident. “Qu’est ce que … ?” Ses pupilles vertes s’ouvrirent de surprise en découvrant la scène qui se révélait devant lui et causa immédiatement une montée de voix paniquée. “Mais enfin ?! Y avait plus simple pour partir ! T’es pas bien dans ta tête ou quoi ?!” hurla-t-il avant de hocher négativement la tête quand il voulut utiliser son string à paillettes pour colmater la fuite qu’il avait lui même provoqué. Comment allaient-ils pouvoir expliquer ça ? Rectification : comment allait-il pouvoir expliquer ça ? Ephraim ne voulait rien à voir dans cette histoire. “Hors de question !” protesta-t-il. “C’est ta connerie, tu la répares seul!” Mais rapidement ses menaces prononcées quelques instants auparavant lui revinrent en mémoire et il n’eut d’autre choix que de soupirer et de lui remettre le précieux sous-vêtement. “Sors de ma vie.” souffla-t-il d’un ton presque désespéré. “Juste, sors.” Il n’en pouvait plus de la malchance qui entourait le sauvage et qui le touchait donc à chaque rencontre.