" Let’s have a Black celebration Tonight to celebrate the fact that we’ve seen the back of another Black Day. "Depeche Mode
Je suis née et j’ai grandie au pic de la civilisation humaine, au fait de ses accomplissement sociaux et technologiques. On pouvait voyager jusqu'à l'autre bout du monde en une journée, parler avec des gens qui se trouvaient très loin instantanément, partout. On volait dans le ciel dans des machines, on allait même jusque sur la lune. Tout était possible, tout était permis, tout était disponible en abondance immédiatement, tout le monde ou presque vivait dans l’opulence. C’était la fête toutes les nuits. J’en rêve encore en m’endormant.
Après une école d’art, je suis devenue Tatoueuse professionnelle, faisant de mon corps même une oeuvre d’art. Et c’est au cours d’une soirée que mon chemin a croisé celui de Claudius, qui fit de moi ce que je suis a présent, une créature immortelle de la nuit. Qui aurait pu refuser cela?
Nous ne fûmes amants que trop brièvement, il m’apprenait a boire du sang et en retour, je l’aidait a naviguer l’époque dans laquelle nous vivions.
Quand les vampires se révélèrent au monde afin de le sauver, j'était extatique, criant fièrement sur tous les toits ce que j'étais devenue.
Mais hélas, ce comportement fit de moi l'une des premières vampires enlevées, torturées et expérimentées dessus par le laboratoire Squibb. Mon apparence me permis sans doute de survivre, car les humains aimaient non seulement ma beauté, mais aussi a pouvoir apaiser leur culpabilité en montrant ce qui ressemblait à un monstre et non a quelqu’un de normal. Tant d’autres moururent là bas.
Ni vampire, ni humain compatissant, nul ne vint a notre secours.
Dans la confusion causée par l’apparition des premiers enragés , je parvint a séduire un garde avant de l’égorger et parvint seule a m’échapper, laissant mes compagnons d’infortune à leurs sorts, ne sauvant que ma misérable peau.
Les années qui suivirent ne sont qu’un flou indistinct de rage et de sang. J’étais si furieuse, si en colère, j’ai commis des massacres, allumé des incendies, fait sauter des ponts et des barrages. Les enragés avaient une excuse pour leurs comportements, je n’en avait aucune, et je fut bien plus meurtrière.
Je ne prétendrais pas avoir pris partie à la construction des villes. J’ai passé de très nombreuses années dans la solitude et l’isolement. J’ai mis des décennies avant de me rapprocher d’une citée. Je ne leur faisait pas très confiance aussi.
Je culpabilisait, m'imaginant partiellement responsable de la naissance des enragés et de la fin de la civilisation humaine. Je voyais les enragés non seulement issue de mon sang et des expériences que j'avais subie, mais aussi de ma colère et de la rage aveugle qui m'habitait alors. Ils étaient comme l'écho de mon hire, tuant indistinctement humains et vampires, car tous m'avaient mentis, abandonnés et trahis.
Comme nous tous, le suicide m'a tenté plus d'une fois, voyant un monde disparu qui ne reviendrais jamais, une souffrance infinie sans issue, la perte inexorable et répétée des rares êtres auquel j'ai pu m'attacher, mais chaque fois, ma nature profondément égoïste m'a sauvée. Je voulais vivre, survivre, mais si je devais être seule à tout jamais.
J'ai accepté le monstre que j'était et j'ai fait le deuil de l'humaine pleine que j'ai été. Il ne m'aura fallu que quelques centaines d'années.
Je n’ai rejoint New Abbotsford que très récemment, offrant mes services de tatoueuse à la cité et à la reine après quelques années passé à New Bellingham, et avant cela, une longue période en tant que solitaire, errante de par le monde. Je reste toujours très évasive sur ce que j’ai fait et où j’ai été, tentant visiblement a dissimuler nombre de crimes et d’atrocités. De trahisons et de déchirures aussi. On se méfie de moi et on me regarde de travers, mais l’argent que j’apporte ouvre toutes les portes, même si on pourrait légitimement se demander où je l’ai volé. Je suis si nouvelle ici que je n’ai même pas d’humain! Juste un logement.
Si les cicatrices physiques de toutes ces années de solitude, d'horreurs, de massacres et de tueries se sont effacées, laissant mon corps ainsi beau que la nuit où je fus convertit, celles, plus profondes qui déchirèrent mon coeur et mon âme demeurent. profondément enracinés.