" Fate whispers to the warrior, « You can not withstand the storm. » The warrior whispers back, « I am the storm. » "Robert Sullivan
3 FÉVRIER 1740"Katherine, mon amour,
C’est avec le coeur mort que j’écris ces quelques lignes. Si j’avais su quel désastre prendrait le court de ma vie aux vues des récents événements, je me serais abstenu d’embarquer une nouvelle fois sur le Conqueror et serais demeuré éternellement à tes côtés.
Comme le dignitaire de la marine va te l’apprendre en te remettant cette missive, notre bâtiment s’est retrouvé aux prises avec les espagnols. Nous pensions qu’il ne s’agissait que de flibustiers agissant pour leur couronne mais non. Ces hommes étaient en réalité des pirates et un accord avait été au préalable passé avec le second de notre bâtiment. Nous avons été trahit mon amour et aujourd’hui le Conqueror ne conquiert guère autre chose que le fond et les poissons...
J’ai peur Katherine. Peur de ce que l’obscurité me réserve, peur de ne plus être à tes côtés. Car c’est du bord des ténèbres que je trace ces mots. La nuit me rappelle à ses côtés et ainsi je m’en vais. Mais si loin de toi que s’en va mon coeur, happé par le froid et la mort, je te jure mon amour que mes sentiments à ton égard t’accompagneront pour l’éternité. Je te promets de t’avoir toujours été fidèle ainsi qu’à la couronne de nos pères. Cette mutinerie... que Dieu me pardonne...
A cette missive je joins un petit paquet. Il s’agit un modeste présent acheté sur un marché de la Nouvelle Orléans. Ou du moins ce qu’il en reste. J’en avais acquis deux, l’un pour toi et l’autre pour notre magnifique Isabelle, mais dans la mutinerie, je ne crains que l’un ne se soit perdu. J’en suis navré. Porte le mon amour, et quand tu le jugeras bon, offre le à notre enfant. Qu’elle le porte pour son mariage. Choisi lui un homme bon et droit qui saura lui donner tout l’amour qu’elle mérite. Mais j’ai confiance en toi pour veiller sur son coeur… Je regrette tellement de ne pas pouvoir être à tes cotés pour l’élever et la regarder grandir. Pour vous protéger.
Comme le blé de tes cheveux me manque. Comme le parfum de ta peau me manque. Comme les vagissements de notre fille me manquent.
Le temps semble s’arrêter si brutalement pour moi mais aussi s’étirer éternellement. Pardonne moi ma Katherine. Où que je sois, quoique je fasse dans cette vie qui m’attends, de l’obscurité où je me trouverais, je te fais le serment mon amour, de toujours veiller sur toi et sur notre enfant. Souviens toi de moi, vis ta vie, prend soin de notre enfant et aime librement. Et surtout n’oublie jamais que le si longue que soit une nuit d’hiver, le soleil la suit toujours.
Dans cette vie ou dans l’autre, à toi pour toujours.
Ton époux."
2026 - CAMP PENDLETON - BATTERIE 3%"Lucrezia !
Bordel de merde ! Répond !
C’est avec désespoir et la trouille au ventre que je tente par un email.
Je n’arrive pas à te joindre ! Ni toi ! Ni Louis ! Et ni Yulian et Lyuba !! Bon sang mais où êtes vous ? Le réseau internet fonctionne encore mais pour combien de temps ? Ton téléphone tombe directement sur messagerie, et je crains que depuis ce main le réseau ne passe plus. Si en plus de ça nous sommes privés de moyens de communications !
Ma soeur je t’en supplie, montre moi un signe de vie. Dis moi que tu es vivante et que tu as des nouvelles de notre famille. J’ai peur, et voilà bien longtemps que ce n’était plus arrivé.
J’ignore si tu le sais déjà mais Los Angeles est tombée. Je t’avais dit être en partance pour Londres mais au décollage un homme à muté. C’était horrible et… j’ai pas très bien compris sur l’instant. Il avait du être contaminé ou je ne sais quoi, résultat nous nous sommes écrasés peu après le décollage. Je ne sais même pas pourquoi et comment je suis encore en vie. Apparemment ce virus se transmet par morsures. Mais le type avec qui je suis actuellement me dit qu’un de ses nouveau né à viré monstre dans sa transition. Je n’y comprends plus rien, et ne pas savoir où vous êtes me rend hystérique… Dans le moindre doute Lucrezia n’infante pas ! Et fait passer le mot au sein de notre communauté ! Mais dans quoi est-ce que le monde a sombré ?
Lucrezia, je t’en supplie, si par miracle ce mail te parvient, donne un signe de vie.
Je suis actuellement coincé dans un bunker de Pendleton avec d’autres vampires et quelques humains. Nous avons rejoint la base militaire dans l’espoir de mettre la main sur des armes qui nous permettraient si ce n’est de nous débarrasser de ces créatures, au moins de nous défendre. Le virus progresse tellement vite…
Je compte remonter vers le nord. Le moyen de transport dépendra de ce que nous trouverons.
J’espère aussi mettre la main sur une CB. Si tu pouvais en faire autant. Je ferais toutes les ondes à chaque couché et levé du soleil. Se déplacer continuellement semble pour l’instant la seule solution. Si tu es à l’abri, restes-y. Dis moi simplement où te rejondre. Il faut que nous organisions nos forces. Et je ne crains que certains humains n’aient raison. Nous allons devoir nous allier avec eux. Ceux qui sont avec nous semblent vouloir nous accompagner et sont d’accord pour nous fournir un peu de sang (dans le doute Malcolm a fait une saignée au scalpel). Je crois qu’ils ont compris que nous étions leur seule chance contre ces monstres. J’ignore ce qu’il faut faire. Si seulement nous pouvions en discuter en famille… Bref. Ma putain de batterie s’acharne à me dire qu’elle est faible, donc j’envoie avant que ça coupe.
Donne moi un signe. Je t’attends sur la CB. En espérant que tu reçoives ce mail…
Ton frère."
OCTOBRE 2217Droit et fier sur son cheval, Erik contemplait, immobile, le goulet sous ses yeux. Alignés à ses cotés, ses hommes étaient prêts. Tous attendaient le signal qui signerait la mort pour certains, la vengeance ou la justice pour d’autres. S’il avait eu un coeur, ce dernier se serait mis à battre la chamade, à la même vitesse qu’une monture au galop. Car pour sur, il se serait mis à battre au rythme de la cavalcade effrénée qui se jouait devant lui. Emprisonné entre deux falaises, un cheval venait de surgir de l’obscurité et s’engouffrait rapidement. Dans ces pas, trainait, sanguinolente, la tête d’un cerf vénérable qui laissait derrière lui une trainée rougeâtre sur laquelle la lune se reflétait. Sacrifice premier de cette bataille à venir. La monture compris rapidement le piège dans lequel le menait son cavalier, lequel talonnait l’animal avec une rage désespérée. Le cheval céda aux ordres et s’engouffra un peu plus loin. Une lumière jaillit soudain, signal d’une sentinelle. Retentirent alors les cris et les grognements.
Erik baissa de nouveau les yeux sur la crevasse en dessous de lui. Le cavalier avait mené sa monture jusqu’au bout du goulet. Relevant la tête et la tournant vers la gauche, le vampire, d’un signe de tête, ordonna l’évacuation du rabatteur. Habilement dressé, le cheval sauta sur une passerelle qui silencieusement se mit à évoluer dans les airs. Son cavalier coupa aussitôt la corde qui le rattachait à la tête du roi de la forêt.
C’est à ce moment précis que les créatures se précipitèrent dans le passage. Sous, lui, il sentit son cheval tressaillir, impatient d’aller à la guerre. Dans les rangs des vampires, la tension était plus que palpable. Un murmure silencieux passait entre les hommes, et chacun était prêt à périr ici cette nuit. Les créatures se jetèrent sur le cadavre. Erik leva la main. En silence, tous les hommes à pied s’approchèrent de la crevasse et déversèrent un liquide poisseux et visqueux. Les créatures levèrent la tête comprenant soudain que des proies se trouvaient juste au dessus d’elles. Des torches furent allumées et rapidement jetée dans la fosse. Cris et hurlements brisèrent le silence de la nuit.
D’un nouveau geste, Erik ordonna à ses hommes de reculer, puis ils reformèrent la ligne, au moment où le premier enragé émergeait du précipice.
(…)
Embrassant les alentours du regard, le vampires regardait ses hommes jeter les cadavres par dessus la falaise. La bataille avait été rondement menée. Erik était relativement fier de lui. L’arrivée de Malcolm tenant un de leur camarade à bout de bras, lui fit froncer les sourcils. Et merde… Le blessé s’agenouilla au sol et déposa son épée à terre. Une partie de son épaule disparaissait sous un amas de chair et de sang.
«
Je suis désolé Erik. »
Le chasseur tressaillit devant cette excuse. Son camarade n'y était pour rien. C'était ainsi. C'est tout.
«
C'est moi qui suit désolé mon frère. Puisses-tu trouver la paix mon ami. Tes siècles d’errance son terminés. »
Puis dégainant son épée il trancha la tête de son premier lieutenant. Rapidement, son cadavre alla rejoindre lui aussi la fosse où les feux de l’enfer crépitaient.
Contemplant une dernière fois le brasier dans le goulet, Erik remonta en selle. Une bataille avait été gagnée, mais pas la guerre. Il songeait déjà à comment augmenter les effectifs. mais pour cela il lui fallait gagner New Abbotsford et y retrouver son principal investisseur.