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You were my medicine



19.07.21 16:08

Ephraim Lawrence
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֎ Faciem : t. chalamet
֎ Diem natalis : 22 ans - 23 novembre 2367
֎ Officium : prostitué et danseur - orgueil
֎ Locus : new abbostford
֎ Tutor : cité
֎ Matricule : NA6738501
֎ Nuntium : 1650
֎ Adventus : 13/04/2018
֎ Color : #009999
֎ Multicomptes : fitzwilliam h. ; circé h.
֎ Pseudo : nepenthès
֎ Crédits : ethereal.
Ephraim Lawrence
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I'm really on the ropes this time I've been fighting all my life for you I never should have said goodbye But maybe that's what stupid people do 'Cause you gave me peace And I wasted it I'm here to admit That you were my medicine Oh, I couldn't quit And I'm down on my knees again Asking For nothing Thank you for the happiest year of my life So wake me up when they build that time machine I want to go back Wake me up when you were sleeping next to me 'Cause I really loved you.


Le jeune esclave pressa la main sur son ventre qui se tordait de manière si douloureuse qu’il avait dû mal à se tenir debout, sentant une goutte de sueur dégouliner le long de son échine dorsale jusque dans les creux de ses reins.  Il ferma douloureusement les yeux attendant que la crise ne passe mais elle restait fermement ancrée en lui au même titre que la bile qui avait envahi sa bouche et la sensation d’engourdissement depuis que Dorian lui avait intimé de sortir de sa vie. Il oscillait entre la sensation d’avoir été trahi et abandonné de nouveau, la blessure mortelle infligée à son ego surdimensionnée et la douleur de la perte de l’être aimé. Que croyait-il ? Que la période enchanteresse qu’il vivait depuis que le propriétaire de l’Oasis Pleasure était entré dans sa vie pouvait durer encore longtemps ? Comme il l’avait dit à une époque qui lui semblait désormais relever d’un autre temps à sa bienaimée cousine, l’amour ce n’était pas pour lui ? Même si désormais il y croyait enfin, ce sentiment puissant et dévastateur, suprême s’il en est, était pour les personnes qui le méritaient vraiment et non pas pour les enfants gâtés pourris dont l’âme était si noire qu’elle ne pouvait qu’être vouée au seul néant de l’oubli et de l’indifférence. L’amour, c’était pour des personnes comme Lyn, ou Darcie, ou Tina, ou Dorian, ou Bram, ou Wanda, ou Agatha. Mais pas pour quelqu’un comme lui. Varro le lui avait fait comprendre il y avait bien longtemps de cela et il avait été fou de croire qu’il avait eu tort. Son premier Maître, celui qui avait forgé sa destinée, avait toujours raison. Il releva la tête pour observer la chambre aux tentures lourdes autour de lui et se sentit soudainement étranger dans sa propre maison.

Après sa dispute, ou plutôt sa rupture, avec Dorian, le Calice princier avait filé sans demander son reste, ses pas le menant naturellement vers cette chambre qui l’avait si longtemps accueilli et qu’il avait déserté ses derniers temps, prenant ses aises dans les appartements du Prince. Les soieries, les bijoux et autres pierres précieuses que lui avaient proposées ses clients comme remerciement de ses service, ses tenues de scène qu’il avait remisé au placard depuis qu’il avait arrêté d’ouvrir ses cuisses au plus offrant, le bruit tonitruant de la musique qui continuait de parvenir entre ses murs étouffés de taffetas, les gémissements qu’il parvenait à entendre dans les chambres d’à côté, il allait devoir tout reprendre, tout recommencer parce qu’il avait laissé sa jalousie possessive parler. Quel cruel retour en arrière pour celui qui s’était mis à espérer. Mais espérer quoi exactement ? Que Dorian lui promette amour éternel ? Cela n’arriverait jamais. Que Dorian le mette à l’abri en veillant sur lui jusqu’à ce que ses rhumatismes empêchent toute relation charnelle et provoque le désintérêt manifeste du séduisant et inaltérable Prince ? Cela n’arriverait pas davantage. Que Dorian le transforme et lui demande de passer son éternité à ses côtés pour toujours ? Une nouvelle larme glissa le long de la joue du jeune homme, surprenant ce dernier dans le fait qu’il en possédait encore. Non, il ne pouvait pas revenir en arrière. Du moins de cette manière. Il rouvrit les yeux. Il savait désormais ce qu’il devait faire.

Sans un mot, il se rendit dans le placard qui regorgeait de tenues toutes plus disparates que luxueuses les unes des autres pour attraper un lourd sac tissé dans lequel il glissa ses biens les plus précieux et ayant le plus de valeur. Une fois que cela fut fait, il y installa quelques vêtements d’or qui lui permettrait de passer inaperçu à New Bellingham avant de les recouvrir de fourrure. La Cité n’était qu’à une journée de marche mais la route serait nécessairement plus longue pour un humain qui n’était jamais sorti de ses beaux quartiers et dont la principale endurance se résumait à ce qu’il était capable de faire dans un lit ou sur toute surface plane. Il jeta un coup d’œil au ciel en repoussant les lourdes tentures de velours rouge : d’ici quelques heures le soleil se lèverait et le moment serait idéal pour s’évader. Alors qu’il fouillait dans son placard, il retomba sur le costume fuchsia et des images lui revinrent à l’esprit, se revoyant en train de défiler devant Dorian, mettant tout en œuvre pour l’exciter dans cette boutique au plus grand malheur du styliste. Il le jeta sur son lit aux draps de soie encore en ordre. Les pièces d’or qu’il observa longuement, se rappelant du contact froid de ces dernières sur son épiderme en feu sous les coups de rein dévastateur du Prince, de la manière dont il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang pour ne pas gémir avant d’exploser de sensualité. Il les jeta sur son lit. Ses doigts attrapèrent la tiare offerte par Dorian lors de cette soirée de débauche où pour la première fois ils avaient inversé les rôles pour leur plus grand plaisir réciproque. Fermant douloureusement les yeux, il déposa un baiser sur cette dernière avant de la laisser retomber sur le lit. Il attrapa un bout de papier sur lequel il s’appliqua du mieux qu’il pouvait de son écriture enfantine et difficile avant de le poser également sur son lit. Son dernier geste fut de retirer le médaillon qu’il avait eu tant de mal à récupérer auprès de ce Sauvage et qui ne le quittait jamais. Du moins jusqu’à maintenant. Lui aussi, il le déposa sur son lit avant de se glisser hors de la chambre sans se retourner.

« Cher Maître,

Ecrire n’est pas facile pour moi. Je ne sais pas manier aussi bien les mots et la plume que vous et j’ose espérer que vous ne me teniez pas rigueur de la maladresse de mon écriture. Je souhaitais vous présenter mes excuses pour avoir détruit une partie de vos souvenirs. Je n’avais aucun droit de le faire et votre colère à mon égard était parfaitement justifiée et méritée. Je n’ose croire que vous puissiez me pardonner un jour mais j’espère que, peut être dans 3 siècles, au détour d’une conversation ou d’une odeur, mon souvenir se rappelle à vous et que la colère ne soit pas le seul sentiment qui vous anime à mon égard. Je vous présente une fois encore toutes mes excuses et si je pouvais changer quoi que ce soit dans mon passé, ce serait cette pulsion de tout brûler. Je vous appartenais et vous pouviez disposer de ma vie comme vous l’entendiez. Je n’avais aucun droit sur vous ou votre passé. Vous ne m’appartenez pas et vous ne m’appartiendrez jamais. Pardonnez l’enfant têtu que j’étais d’avoir mis aussi longtemps pour le réaliser.

Je voulais vous remercier pour tout ce que vous m’avez apporté. Je n’aurai pu rêver meilleur Maître que vous. Grâce à vous, je me suis mis à espérer qu’un possible futur était envisageable, que je pouvais aimer comme n’importe qui et que j’avais droit d’être heureux comme n’importe qui. Même si je ne suis pas n’importe qui, évidemment. Avec vous, j’ai appris à être plus qu’un danseur et un prostitué, aussi célèbre que je puisse être. J’ai appris que je pouvais faire l’objet de tendresse et d’attention et que j’aurais dû faire preuve de plus de prudence pour conserver une telle joie. Je suis tombé amoureux pour la première et unique fois, sans le chercher vraiment. Après tout, je n’y croyais même pas et vous avez pourtant chamboulé mon univers un sourire à la fois, un baiser à la fois, un orgasme à la fois. Même si la réciproque n’est pas vraie, cela n’est pas grave : je vous aime et vous aimerai toujours.

Ne plus vous voir, ne plus sentir la caresse de votre main sur ma joue, ne plus sentir votre corps contre le mien, ne plus entendre votre voix me murmurer des insanités ou des mots d’affection dans le creux de l’oreille, ne plus vous donner mon sang pour étancher votre soif, j’ai l’impression de mourir, d’étouffer à cette perspective. Mais voyez comme je suis devenu obéissant, sans doute un peu trop tard. C’est votre volonté et je vous obéis. Si ma mort pouvait ramener à la vie votre amour, je l’offrirai pour faire revenir Marius et vous voir heureux à nouveau comme vous l’étiez sur cette photographie. Je l’ai montré de la mauvaise manière mais c’est tout ce que vous souhaite : que vous soyez heureux, même si c’est avec quelqu’un d’autre que moi. Pardonnez-moi toutefois de ne pas avoir la force de rester pour en être témoin. Alors, je pars. S’il vous plaît, ne me dénoncez pas à la Reine. Ou dénoncez-moi. Mes jours sur Terre sont d’autant plus comptés et indigestes qu’ils ne seront plus à vos côtés. Si je vois Marius de l’autre côté, je lui dirai que vous l’aimez et l’aimerez toujours.

Je vous aime.

Adieu. »


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❝Don't try to hate me because I am so popular❞
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11.11.21 20:51

Orphée De Valroy
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❝ Symphonia excoriari vivit. ❞

֎ Faciem : Maxence Danet-Fauvel.
֎ Diem natalis : 710 ans. Né en 1680.
֎ Officium : Co-gérant de l'Oasis Pleasure / Propriétaire de nombreux sites de minerais aux USA et en Europe.
֎ Locus : Quelque part entre son établissement et la Haute Cour.
֎ Creator : Lazare.
֎ Proprietas : Ash, son calice, ainsi que la plupart des employés de l'Oasis Pleasure.
֎ Nuntium : 1637
֎ Adventus : 09/07/2019
֎ Color : darkred.
֎ Multicomptes : Mikhaïl Azarov.
֎ Pseudo : CITIZEN WAR.
֎ Crédits : hemerasmoon (avatar), la baronne (gif sign).
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Orphée De Valroy
Les Nantis

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I'm really on the ropes this time I've been fighting all my life for you I never should have said goodbye But maybe that's what stupid people do 'Cause you gave me peace And I wasted it I'm here to admit That you were my medicine Oh, I couldn't quit And I'm down on my knees again Asking For nothing Thank you for the happiest year of my life So wake me up when they build that time machine I want to go back Wake me up when you were sleeping next to me 'Cause I really loved you.


Le regard bleu azur de Dorian inondait la pièce d'une vague déferlante dont on ne pouvait réchapper. La colère irradiait son visage, brûlant l'intégrité du réseau nerveux de ses traits faciaux. La mâchoire bloquée et les poings serrés à en faire pâlir ses veines, le vampire s'était mis à tourner comme un lion en cage alors que dans le salon jonchaient les cadavres de bouteilles d'alcool en tout genre. Bourbon, liqueur, absinthe.. rien avait été épargnés si bien que l'esprit de l'immortel était plus embrumé que jamais. Les yeux vitreux et l'esprit brouillé, Dorian rongeait son frein dans un contrôle approximatif. Il le devait pour ne pas tout briser autour de lui bien qu'Ephraim avait déjà largement contribué à cette envie compulsive. Encerclé de literie retournée, les armoires et les commodes vomissant toute sorte de linges et d'étoffes colorées, la chambre du Prince était devenue le tragique témoin de la paranoïa excessive du jeune danseur. Une jalousie maladive sur laquelle son amant avait fermé trop longtemps les yeux au point d'en perdre les rênes. Il était l'héritier de la couronne, le Casanova de la cité et de bien d'autres. Celui qui prenait sans jamais donner en retour afin justement d'éviter ce genre de scènes de ménage. Il s'y refusait pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait appartenir à personne. Pas même à Ephraim qui semblait convaincu du contraire. Mais le garçon était-il le seul à blâmer dans cette histoire ? « Ne l'ai-je pas laisser entrer dans mon monde en espérant davantage ? N'ai-je pas entrouvert cette porte si longtemps cadenassée en l'invitant à me rejoindre ? Ne suis-je pas responsable de tout ce foutoir ? », se mit à penser le strigoï dandy tout en se dirigeant péniblement vers le balcon de ses appartements, ses doigts toujours fermement accrochés à l'ultime souvenir d'un passé terminé dans la souffrance et le chagrin. Se collant à la rambarde arrondie composée de délicates sculptures et rosaces en marbre blanc, habillée de lierre et de petites fleures blanches ne s'ouvrant qu'à la nuit tombée, Dorian sentait sa tête lourde entièrement imbibée d'alcool. Esprit martelé par les effluves du mélange explosif des récipients vides désormais, un petit air frais salutaire caressait les joues pâles du vampire alors que son menton relevé lui offrait une vue dégagée sur la voûte étoilée. Le spectacle était pur et étincelant, d'une beauté naturelle à couper le souffle. Un tableau sublime et familier qui fit cependant écho à cette horrible nuit près de deux cents ans en arrière. Encore cette vision, ces pleurs, toute cette peine à s'en broyer les côtes de chagrin Et soudain, une larme de sang perla à l'orée de sa paupière inférieure avant de glisser lentement le long de sa joue. C'était bel et bien le même ciel scintillant de mille feux ce soir là, le même où il avait dû lui dire adieu.
« Cesse de te torturer Dorian », lâcha une voix dans la pénombre. Une voix que ses oreilles reconnurent aussitôt, terrifiées à l'idée d'être certain de l'identité de son propriétaire.
Si son cœur avait pu battre encore, nul doute que celui-ci se serait instantanément arrêté sur le champ au moment où ses iris bleutées rougies s'étaient vu faire face à son interlocuteur surprise. Figé dans son dernier mouvement, confus et désemparé, Dorian secoua négligemment sa tête embourbée.
« Marius? C'est toi ? », demanda le britannique complètement paumé par cette image impossible.
L'ancien compagnon ricana sans vergogne, un petit air espiègle sur ses expressions si fantomatiques.
« Tant de siècles se sont déjà écoulés pour que tu ne me reconnaisses plus ? »
« Mais tu es... »
« Mort ? Depuis bien longtemps en effet »
« Tu es dans ma tête c'est ça ? »
« Et dans ton foie à en juger par le cimetière que tu as laissé derrière toi »
«  Il est vrai... Mais c'était le seul moyen d'engloutir toute cette rage », lâcha-t-il en se prenant la tête entre les mains, les effluves de la boisson martelant son crâne. « La faute à Ephraim. Qu'est-ce qui m'a pris de m'enticher d'un petit con pareil... ».
« Je me suis posé la même question à une époque », insinua-t-il sur sa relation avec le Prince, accompagné d'un clin d'oeil complice.
« Il est complètement immature »
« Il est jeune »
« Il ne voit pas plus loin que le bout de son nombril »
« Tiens j'ai connu une personne comme ça »
« Il est jaloux, paranoïaque et excessif »
« Il est amoureux »
« Comment peux-tu autant le défendre après ce qu'il a fait ? »
« Parce qu'il me rappelle quelqu'un. Quelqu'un pour qui j'aurais tout fait »
« Y compris donner ta vie ? »
« Oui. Et je ne l'ai jamais regretté »
« Je me suis souvent remémoré cette nuit-là »
« Tu n'aurais rien pu faire, c'était écrit ainsi »
« Peut-être, mais je n'ai jamais dit ce que je ressentais réellement pour toi »
« Dorian, tu crois réellement que je suis resté presque 80 ans à tes côtés sans être persuadé que tu m'aimais ? »
« Mais je ne te l'ai jamais dit... »
« Nul besoin. Je le savais »
« Comment ? »
« Je le savais c'est tout. Mais peut-être que d'autre ont besoin de l'entendre de ta propre bouche pour y croire »
« Je ne sais pas si je suis prêt. Je lui en veux tellement »
« S'il y a bien une chose que la fin de notre histoire nous a appris, c'est qu'il faut bannir toute crainte pour vivre l'instant présent comme si c'était le dernier »
« C'est différent, il est... »
« Humain ? Raison de plus. Cesse de vivre dans le passé mon amour et va de l'avant. Ne sacrifie pas ton bonheur pour un fantôme »
« Je ne veux pas t'oublier »
« Je ne te demande pas de m'oublier. Je te demande d'avancer »
« Mais j'ai peur... »
« Je sais. Il faut que tu lâches prise Dorian. Laisse-moi partir »
Alors qu'un flot de larmes se mit à inonder ses yeux, l'immortel les ferma l'espace d'un instant pour les laisser couler, ses joues s'assombrissant d'un rouge carmin intense. Et lorsqu'il les rouvrit, Marius avait disparu, pour de bon.

« Laisse-moi partir ». Cette phrase résonna en écho dans sa tête, murmure persistant de la fin d’un cycle auquel il n’avait que trop longtemps cherché à maintenir éveiller. Même si à première vue Dorian apparaissait comme un esprit libre et sans attache, la rencontre de Marius et plus particulièrement sa perte l’avaient enchaîné à un lourd rocher de souvenirs et de regrets. Un fardeau qui l’avait étouffé durant bien trop longtemps jusqu’à ce que le spectre auteur de cette emprise lui offre la rédemption. La mise à mort d’une prison sentimentale, l’absolution d’une torture psychique dont l’anglais s’extirpait enfin. Désormais il pouvait lui dire adieu. Désormais il pouvait avancer sans crainte car son bonheur se trouvait non loin ; au fin fond de ces iris émeraudes, de cette silhouette androgyne et de ce sourire aux lippes rosées malicieuses qui se cachait entre les murs de cette ville. Et alors qu’il s’empressait de longer les rues de la cité, les prémices de la sphère divine matinale léchant les contours majestueux de la Tour, une boule de remord alourdissait ses pas. Ephraim avait peut-être agit comme un enfant mais le vampire, lui, n’avait clairement pas été à la hauteur de ses nombreux siècles d’expérience. Ses mots tranchants et sans appel auraient dû être plus modérés, plus réfléchis. Il aurait dû pardonner comme il s’était pardonné à lui-même après tout ce temps. Il aurait dû le rassurer sur ses sentiments, lui prouver qu’il n’était pas juste une distraction passagère mais tellement plus à ses yeux. Tout ça il comptait le lui dire à présent et c’est pourquoi il entra d’une démarche déterminée dans l’enceinte de l’Oasis Pleasure, là où le jeune humain se trouvait dès lors qu’il n’était pas à ses côtés. Rapidement il se faufila par une porte dérobée du grand hall, saluant à peine ses hommes de mains à l’entrée des lieux, pour emprunter les divers couloirs aux tons pourpres jusqu’à la chambre de la Diva connue de tous. Même s’il était le propriétaire de l’établissement, Dorian s’arrêta un instant devant la porte puis tapa deux coups secs avant d’attendre une quelconque réaction de l’autre côté. Mais rien ne se fit. Moue dubitative, Dorian réitéra. « C’est moi chaton », s’annonça-t-il d’une voix adoucie. Silence radio. Fronçant les sourcils, il tendit l’oreille contre la boiserie de la séparation et malgré son ouïe surnaturelle, aucun bruit ne bourdonna à ses tympans. Pas même, les battements de cœur d’une quelconque présence. Confus, l’immortel entra sans plus de cérémonie pour y découvrir une pièce vide bien que chargée d’histoires. Si le luxe d’apparat ornait cette chambre, une odeur de rose et de musc masquant les restant de sueur de corps entremêlés, celle-ci paraissait tristement fade sans le parfum envoûtant du danseur. Recherchant sa présence, il laissa ses perles azuréennes vagabonder avant de s’arrêter au centre du lit où avait été soigneusement déposés le diadème de princesse offert lors de son vingtième anniversaire  ainsi que de nombreux souvenirs tels que le sac de pièce d’or de leur première rencontre, la tenue fuchsia achetée spécialement pour lui mais aussi et surtout le médaillon en or signe de son titre de calice royal. Des cadeaux précieux qui avaient fait briller les diamants verts du jeune homme à l’époque, le tout accompagné d’une lettre écrite en apparence par un enfant. Un enfant qui avait découvert l’apprentissage de la lecture et de l’écrit bien trop tardivement. Des mots écrits par Ephraim, plongeant le Prince dans une angoisse de plus en plus pesante dans son regard alors qu’il serrait en même temps dans sa main le collier d’appartenance de celui pour lequel son cœur avait repris sa danse endiablée. Les traits tirés par la crainte de ce qui défilait sous la lecture, un mélange soudain de colère et de peur oppressante gagna son esprit si serin habituellement. Machinalement, il serra davantage le bijou et la panique gagna l’ensemble de son corps, de puissants frissons fourmillant le long de son épiderme. Ephraim était parti. Il avait quitté New Abbostford. 
 
A cet instant précis, Dorian sentit son cœur mort vaciller à nouveau. La dispute violente qu'ils avaient eu n'en était pas une. Du moins pas aux yeux du mortel. Lui avait vu ça comme une rupture, brutale et sans appel. Il s'était persuadé qu'il n'était rien dans le cœur du Prince et avait préféré disparaître. S'enfuir loin d'ici. Mais pour aller où ? Très vite les frissons se transformèrent en des tremblements de frayeur. Il n'y avait qu'un seul endroit où l'éconduit pouvait aller : New Bellingham. C'est là que se trouvait le tout premier maître du jeune brun, ce porc monstrueux qui avait abusé de lui enfant pour le manipuler à sa guise. Tout cela Dorian l'avait appris sans qu'Ephraim ne soit au courant, se retenant de ne pas débarquer lui-même là bas pour l'éventrer et le pendre avec ses propres tripes. Il s'était retenu et voilà que celui dont il était tombé amoureux se dirigeait droit dans la gueule du loup, sans parler du danger omniprésent qui rodait dans les terres sauvages avant de parvenir à la dite cité. Le britannique en avait suffisamment fait les frais dernièrement pour savoir à quel point Ephraim risquait à tout instant d'y laisser la vie. Cette simple pensée s'insinua aussitôt dans toutes les fibres de son corps et sans réfléchir davantage, Dorian sortit en trombe de la chambre pour se diriger vers la sortie, occultant totalement les gardes à l'entrée décontenancés par son comportement.
« Patron, attendez... », se permit l'un d'entre eux un peu perdu.
« Vous ne pouvez pas sortir comme ça ! », renchérit le deuxième en retenant par le bras le Prince dans un réflexe dont lui-même se surpris .
Perdu dans son entreprise, le possédé attrapa par le col le gorille habillé bien plus imposant que lui et le plaqua avec force contre les grandes portes de l'entrée.
« Javier si tu ne veux pas perdre ta tête en plus de ton boulot, OUVRE-MOI cette porte sur le champ ! », vociféra l'héritier, la rage déformant son faciès.
« Mais votre Altesse... il fait jour... le soleil... vous allez brûler... », bégaya le colosse face à la réaction surprenante et inquiétante de son employeur.
Ces quelques mots résonnèrent dans l'esprit de l'assaillant qui comprit alors toute l'horreur de la situation. Le visage parsemé désormais d'effroi, il lâcha sa prise pour entourer sa tête de ses mains.
« Non... Non... Non... Ce n'est pas possible... Je dois sortir... Il faut que j'aille le chercher », se mit-il à répéter dans une litanie déchirante  sous le regard hébété des deux autres vampires.
Les billes cyan perdues dans le vide, Dorian finit par se calmer en partie et retrouver un semblant d'esprit. Là il comprit que s'il ne pouvait partir sur le champ au vu des rayons dévastateurs de l'astre solaire, il devait faire en sorte que son départ ne soit en rien retardé. Ni une ni deux il ordonna à l'un des danseurs de foncer vers les écuries royales pour préparer son cheval et faire amener tout son équipement, comprenant une épaisse cape à capuche bleue nuit et son sabre asiatique qu'on lui connaissait si bien. Certains de ses hommes ou de sa garde personnelle insistèrent pour l'accompagner alors que le malheureux tournait en rond comme un lion en cage. Il accepta finalement que deux d'entre eux se joignent à lui et dès lors que le soleil commença à décliner, Dorian enfila sa tenue protectrice et sauta sur son pur sang arabe à la robe caramel pour foncer à vive allure droit vers la bordure. La mâchoire serrée et les doigts crispés sur la bride, pour la première fois depuis bien longtemps l'athée se mit à prier de toutes ses forces pour ne pas arriver trop tard. « Tiens bon chaton, j'arrive ».


made of catacombs
“Regard noir dans le vide, je dévisage ce qu'il reste de mon avenir. Mes souvenirs deviennent liquides, je voudrais en quitter le navire.' nuit incolore
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28.11.21 17:18

Ephraim Lawrence
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I'm really on the ropes this time I've been fighting all my life for you I never should have said goodbye But maybe that's what stupid people do 'Cause you gave me peace And I wasted it I'm here to admit That you were my medicine Oh, I couldn't quit And I'm down on my knees again Asking For nothing Thank you for the happiest year of my life So wake me up when they build that time machine I want to go back Wake me up when you were sleeping next to me 'Cause I really loved you.


C’était sans doute une erreur mais depuis quelques temps il semblait les cumuler malgré son envie de bien faire. C’était peut être la rançon pour changer, pour devenir moins capricieux et égoïste comme il l’avait été depuis qu’il avait pénétré pour la première fois les murs de l’Oasis Pleasure. Cet endroit qui l’avait recueilli alors qu’il était encore un jeune enfant désespéré qui ne comprenait pas pourquoi on l’avait arraché à son Maître, ni pourquoi ce dernier ne s’était pas battu pour le conserver auprès de lui, comme s’il ne comptait pas à ses yeux. Ce cocon au sein duquel il avait grandi, choyé par les poitrines opulentes et nourricières de celles qui étaient devenues la mère à laquelle il n’avait jamais vraiment eu le droit tant sa génitrice ne portait que peu d’attentions à celui qu’elle décrivait comme un pervers, un dégénéré qui aurait dû disparaître bien plus tôt englouti dans les lèvres avides de l’Enfer. Ce lieu qui lui avait permis de s’élever et de trouver la chaleur qui lui avait manqué toute son enfance par la lumière des projecteurs ou les caresses sur sa peau nue. Cette scène où il avait pu projeter ses fantasmes autant que devenir l’objet de l’attention de nombre de clients, lui offrant cette reconnaissance dont il était si avide et reconnaissant sans l’admettre. Cette maison qui l’avait initié aux plaisirs de la chair et aux orgasmes infinis bien loin de ce à quoi il avait été confronté dès son plus jeune âge. Cet écrin qui, dans une ultime prouesse, lui avait rencontré celui qui, sans le savoir, sans le vouloir, avait explosé son univers en une myriade de couleurs plus chatoyantes les unes que les autres. Il n’avait jamais ressenti ce qu’il avait ressenti, et ressentait encore, pour le Prince exubérant de la Cité. Il le faisait rire quand il avait envie de pleurer. Il lui accrochait des ailes dans le dos quand ses pieds étaient de plomb. Il émerveillait son horizon lorsque le ciel était bas, morne et insipide. Même si c’était bel et bien terminé, de la plus horrible et douloureuse manière qui soit, il ne pouvait lui en vouloir tant il lui avait donné sans forcément s’en rendre compte. Il était son alpha et son oméga, quelque chose dont il avait entendu parler Violet. Il était son commencement et sa fin et le jeune humain savait que sur son lit de mort, si possible de manière la plus lointaine possible alors qu’il serait entouré de ses proches, de ses enfants et petits enfants, c’est son nom qu’il expirera dans un dernier souffle. Après tout, il pouvait bien tomber amoureux à nouveau par la suite, refaire sa vie peut être à New Bellingham si Varro acceptait de le reprendre ou pourquoi pas dans une autre Cité qui ne s’opposerait pas à le recueillir, il savait qu’il n’oublierait jamais son premier amour parce qu’il était plus grand de tous. Et qu’il chercherait à le retrouver dans ses relations ultérieures. Alors, oui, il faisait sûrement une erreur mais c’était la seule issue possible. Il ne pouvait pas continuer cette vie comme il la connaissait désormais. Et aimant bien trop respirer et étant bien trop lâche, il ne trouvait pas la force de se l’ôter. Peut être un autre le ferait à sa place.

Après avoir terminé sa lettre, ce qui lui avait pris une bonne partie de la nuit, s’il fallait être honnête, puis avoir rangé le maigre sac qu’il emmenait avec lui, il avait revêtu des vêtements sombres et suffisamment chaud pour les nuits à l’extérieur. Il s’était glissé furtivement dans la chambre de Darcie pour lui faire ses adieux. Cette dernière avait tenté de le retenir, de le dissuader de partir en mission suicide mais il était parvenu à lui faire comprendre qu’il ne pouvait plus rester. Finalement, elle avait accepté son départ et lui avait promis de tout faire pour que personne ne découvre la vérité avant qu’il ne soit suffisamment éloigné. Avant même les premiers rayons du soleil au matin de la rupture, il s’était faufilé dans les rues de cette Cité qui avait été son univers durant 20 ans et qu’il ne reverrait plus jamais, prenant bien garde à ne pas se faire repéré. Cette discrétion était si contre-nature pour lui qu’il se demandait même comment il était parvenu à se glisser dans la foule des travailleurs aux aurores qui se rendait dans la Bordure pour aller rendre visite à leurs proches ou faire commerce afin d’alimenter le marché, noir ou non, afin de satisfaire les clients qui ne manqueraient pas de venir faire leurs emplettes quelques heures plus tard. Son cœur battit la chamade à plusieurs reprises quand il croisa furtivement le regard de quelques gardes qui le connaissaient, des serviteurs personnels du Prince Lockwood ou des clients. Tous savaient pertinemment qu’Ephraim Lawrence ne sortait jamais de la Cité, tout juste s’il daignait mettre un orteil en dehors de la boîte de velours que représentait l’Oasis Pleasure. Sa seule famille résidait entre les murs de la ville et il ne s’abaissait certainement pas à se rendre auprès des bouseux comme il les appelait. Avec la même grâce et légèreté qu’il avait emprunté de la scène, il était parvenu à échapper aux contrôles et faire en sorte de passer entre les mailles des filets. Nul ne devait savoir qu’il était parti et par quelle porte. Nul ne devait jamais le retrouver.

Après s’être éloigné de la foule discrètement, il avait marché en direction de New Bellingham durant de très longues heures, s’arrêtant de temps à autre pour se repaître ou satisfaire des besoins naturels. C’était la première fois qu’il était autant dans la nature et même s’il s’était attendu à de l’hostilité de cette dernière, il n’avait pas réalisé combien cela aurait pu être aussi difficile. Son corps était son outil de travail et il l’avait longtemps entraîné en ce sens, se considérant comme sportif en certains aspects. Il lui fallait faire preuve de souplesse et d’endurance et en ce sens, il était incontestablement un des meilleurs. Rares étaient ceux qui avaient encaissé plus d’un tête à tête avec l’Ecorcheur. Mais l’endurance que ses muscles devaient ici subir était continue. Il avait véritablement l’impression que c’était sans fin. New Bellingham n’était pourtant pas la Cité la plus éloignée, un à deux jours de marches selon les capacités, mais encore fallait-il savoir si l’on était dans la bonne direction et vérifier qu’on était équipé pour cette marche. Manifestement le jeune danseur pouvait répondre à la négative à ces deux questions. Plus encore qu’il avait l’impression de s’être perdu en cours de route. Particulièrement tendu et craignant que sa meilleure amie ait fini par vendre la mèche ou que le port aux roses aurait été découvert, il s’était éloigné à plusieurs reprises de la route pour être sûr de ne pas être rattrapé. Vu combien Dorian le portait désormais dans son cœur, il ne donnait pas cher de ses fesses, aussi parfaites soient elles, si on parvenait à mettre la main sur le fugitif. Il ne savait que trop bien quelle était la sanction dans ce cas et il avait beau avoir des liens avec des vampires hauts placés, Wanda ne pourrait rien faire face à un tel crime considéré de haute trahison. Ne resterait que Tina mais au regard de son caractère et de sa grande susceptibilité, elle risquait de lui tenir rigueur d’être parti sans un mot, sans lui dire adieu au point qu’elle le laisserait pourrir dans les geôles jusqu’à ce que mort s’en suive. Mais c’était aussi pour ça qu’il l’aimait : pour son caractère excessif et capricieux si semblable au sien.

La première nuit avait été encore plus difficile que la journée. Il avait conscience des dangers de la Bordure et des terres sauvages. Il pouvait tomber sur des brigands qui le dépouilleraient des maigres affaires qu’il possédait avant de lui faire passer un sale quart d’heure. Il pouvait tomber sur des Sauvages ayant les vampires en horreur et remarquant les traces de morsures qui n’étaient pas toutes cicatrisées. Il pouvait rencontrer des animaux sauvages affamés et qui décideraient de goûter à la chair humaine tendre d’un enfant privilégié. Sa route pouvait croiser des vampires qui ne se formaliseraient pas de le sucer et pas de la manière la plus agréable qui soit. Ou pire encore, il pouvait se retrouver nez à nez avec ces monstres sanguinaires dont on ne savait pas grand-chose mais qui apparaissaient comme un croque-mitaine moderne. C’est cette première nuit qu’il avait commencé à réaliser qu’il avait peut être fait une bêtise, que ce n’était pas son acte le plus intelligent qui soit et que les chances de s’en sortir pour arriver entier à la prochaine Cité étaient infimes. Mais il était parti depuis trop longtemps, il avait trop fait pour revenir en arrière. C’était trop tard. Il s’était alors recroquevillé dans ce terrier qu’il avait opportunément trouvé et avait caché ses larmes sous la couverture dans laquelle il grelottait, tentant de préserver au maximum sa chaleur. Il ne pouvait pas continuer comme ça : regretter son départ, regretter ses mots, regretter ses actes. Il avait pris une décision, aussi douloureuse soit-elle, et il devait désormais en assumer les conséquences même si ces dernières le faisaient incroyablement souffrir, plus que jamais auparavant. Au réveil, encore surpris d’avoir survécu malgré les nombreux bruits qu’il avait entendu et mis en alerte tout au long de cette nuit, entrecoupant son sommeil, il s’était promis qu’il marcherait plus vite que jamais. Il voulait arriver le plus vite possible à New Bellingham, ou New Riverlake, ou dans un quelconque endroit qui lui permettrait de bénéficier d’un toit, d’un lit et d’un repas chaud. Malgré ses courbatures de la veille, malgré la faim qui lui sciait les entrailles au même titre que la constipation, Ephraim se refusant à se soulager ailleurs que dans de la porcelaine, malgré le froid qui gelait ses extrémités, malgré la fatigue qui le faisait buter à chacun de ses pas, il avança encore et toujours, au point que cela devenait un automatisme. Lorsque les rayons du soleil commencèrent à se faire moins forts et qu’aucune habitation n’était à l’horizon, il s’effondra en larmes. Il n’en pouvait plus. Il n’y était pas parvenu. Il avait tout raté.

Un violent frisson le réveilla quelques minutes ou quelques heures plus tard. Tout autour de lui était d’obsidienne à l’exception d’étoiles qui peuplaient le ciel. Elles semblaient plus nombreuses que toutes les fois où il avait promené son regard sur la voûte entre les murs de la Cité. La lune quant à elle ne formait qu’un fin croissant haut dans le ciel ne lui permettant pas de reconnaître les environs. L’espace d’un instant, il se demanda où il était, quel jour c’était, ce qu’il faisait là. Le corps douloureusement marqué par deux journées de marche et une maigre nuit entrecoupée de peurs, il poussa un petit gémissement en se redressant tandis que son épiderme semblait étranger à lui-même. Il avait tellement froid et la boue qui touchait la délicatesse de sa peau lui rappelait les glaçons qu’il glissait dans les verres des clients avec ses lèvres chaudes parfois. Même s’il ne voyait pas grand-chose, il pouvait deviner à la buée qui s’échappait de ses lèvres que ces dernières devaient être bleues tandis que ses dents claquaient les unes contre les autres sans qu’il ne parvienne à les maîtriser malgré tous ses efforts. Il s’accorda une minute, une minute pendant laquelle il se laisserait submerger par les émotions, le froid, la faim, la peur. Après il allait devoir se relever et marcher encore un peu pour trouver un endroit plus à l’abri. Il s’était suffisamment éloigné pour ne plus craindre les brigands, les Sauvages et les vampires solitaires mais d’autres dangers tout aussi importants rôdaient toujours autour de lui. Il était de sa survie qu’il se bouge. Prenant une profonde inspiration, il bloqua cette dernière en entendant un grommellement proche, beaucoup trop proche. Un grognement qui lui gela littéralement le sang dans ses veines sans qu’il ne parvienne à en déterminer l’origine. Son corps faisait une réaction épidermique, une sueur froide glissa le long de son échine dorsale dressant cette dernière au même titre sur les poils de ses bras qui semblaient aussi conscient du danger imminent que son cœur qui battait la chamade et sa respiration qui se faisait plus haletante. Le grognement animal résonna à nouveau sur sa gauche et lentement, très lentement, il tourna la tête vers ce dernier. La vision qui s’offrit à lui termina de réduire en cendres les quelques espoirs ressentis. Non, ce n’était pas un Sauvage qui voulait se jouer de lui et lui faire peur après qu’un esclave comme lui se soit éloigné de son cocon protecteur. Non, ce n’était pas un vampire qu’il aurait pu embobiner en le suppliant de ne pas le vider de son sang et en lui expliquant une histoire rocambolesque pour le sauver. Non, ce n’était pas un félin qu’il pourrait faire fuir en utilisant une arme pour se protéger. Ce n’était pas un humain. Ce n’était pas un vampire. Ce n’était même pas un animal. C’était les trois choses à la fois.

Un voile flou recouvrir ses yeux alors que des larmes de peur ne l’aidaient clairement qu’à tenter d »évacuer la terreur qui l’avait envahi et l’empêcher de réfléchir, de se sauver, de laisser son instinct de survie prendre le dessus. Il avait l’impression d’être une biche en prise avec un prédateur bien trop puissant, bien trop rapide pour qu’elle puisse s’en sortir. Il ne voulait pas mourir ; pas maintenant, pas ici, pas comme ça. L’être se tenait sur deux pattes à une dizaine de mètres de lui, voire plus. Il ne pouvait distinguer autre chose que sa silhouette dans la pénombre ambiante mais ce n’était pas plus mal. Il avait tellement entendu parler d’eux qu’il savait à quoi ce qu’il ressemblait. On lui avait décrit une peau plus blanche encore que celle des vampires, presque laiteuse. Deux globes blancs sans expression qui vous gelaient sur place sans savoir s’ils vous avaient vu. Des crocs acérés qui dépassaient de lèvres aussi translucides que le reste de la peau. Peut être ne l’avait-il pas vu. Peut être ne l’avait-il pas senti. S’il ne bougeait pas, la créature pourrait partir un peu plus loin, continuer sa route et permettre à Ephraim de revoir la lumière du jour. Ce dernier déglutît péniblement, bloquant jusqu’à sa respiration, tentant de ne pas bouger et de maîtriser les tremblements instinctifs de son corps. Un vent glacial vint secouer ses boucles brunes se dirigeant droit vers la créature et emportant avec lui la saveur sanguine des écorchures à ses mains. A sa plus grande horreur, il entendit l’être diabolique pousser un cri strident avant de le voir se mettre à quatre pattes pour le poursuivre. « Noooon ! » cria-t-il de manière désespérée alors que dans un geste du même acabit, il commença également à courir. Ses jambes semblèrent reprendre vie et éviter, par miracle, tous les obstacles sur sa route pour échapper aux griffes de l’Enragé dont il sentait la course effrénée et le souffle glacial derrière lui. Il savait que c’était perdu d’avance, que la créature rattrapait facilement la distance et que ce n’était qu’une question de secondes avant qu’elle ne lui saute dessus mais il ne pouvait s’en empêcher. Les poumons en feu, l’instinct de survie avait pris le pas sur toute pensée cohérente et même s’il ignorait dans quelle direction, que faire, il se laissait guider par une main visible. Jusqu’à ce que la racine d’un arbre ne le fasse trébucher. Jusqu’à ce qu’il ne vienne heurter violemment le sol et ne le sonne. Jusqu’à ce que la créature ne se retrouve au dessus de lui. Jusqu’à ce qu’une dernière pensée ne vienne s’imprégner en même temps que le visage de son unique amour dans ses yeux clos.

Je vous aime.

Adieu.


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❝Don't try to hate me because I am so popular❞
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24.12.21 12:39

Orphée De Valroy
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❝ Symphonia excoriari vivit. ❞

֎ Faciem : Maxence Danet-Fauvel.
֎ Diem natalis : 710 ans. Né en 1680.
֎ Officium : Co-gérant de l'Oasis Pleasure / Propriétaire de nombreux sites de minerais aux USA et en Europe.
֎ Locus : Quelque part entre son établissement et la Haute Cour.
֎ Creator : Lazare.
֎ Proprietas : Ash, son calice, ainsi que la plupart des employés de l'Oasis Pleasure.
֎ Nuntium : 1637
֎ Adventus : 09/07/2019
֎ Color : darkred.
֎ Multicomptes : Mikhaïl Azarov.
֎ Pseudo : CITIZEN WAR.
֎ Crédits : hemerasmoon (avatar), la baronne (gif sign).
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Orphée De Valroy
Les Nantis

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Dorian & Ephraim
I'm really on the ropes this time I've been fighting all my life for you I never should have said goodbye But maybe that's what stupid people do 'Cause you gave me peace And I wasted it I'm here to admit That you were my medicine Oh, I couldn't quit And I'm down on my knees again Asking For nothing Thank you for the happiest year of my life So wake me up when they build that time machine I want to go back Wake me up when you were sleeping next to me 'Cause I really loved you.


Le fracas des coups de sabots résonnaient au milieu de la plaine dans un écho rythmé et sans interruption. Animé d'une rage incontrôlable, Dorian était comme possédé, son esprit annihilé par une force invisible et une détermination sans relâche, son regard scrutait au loin le paysage recouvert du voile nocturne de l'astre. Même si sa vision de nyctalope lui permettait bien des prouesses, l'éclat de la pleine lune, elle, lui octroyait un champ de vision plus poussé qu'il embrassait volontiers. Tout ce qui pouvait lui permettre de faciliter ses recherches étaient le bienvenu en cet instant. Accompagné de deux gardes dont il avait fini par accepter la présence, voyant en eux un moyen plus efficace de couvrir davantage d'étendue sans pour autant alerter la Couronne qui lui aurait sans nul doute interdit une telle sortie improvisée, le forcené continuait de foncer tête baissée à vive allure depuis des heures. Il n'avait pas le choix, il devait rattraper son retard le plus vite possible. Qui sait depuis combien de temps réellement Ephraim était parti ? Qui sait s'il avait vraiment pris la direction de New Bellingham ou si la jeune Diva s'était perdue en court de route ? Ou pire encore si un enragé avait croisé son chemin ? Cette dernière pensée glaça aussitôt le sang du vampire qui refusa cette hypothèse tant la possibilité d'une telle vision l'empêchait de se concentrer afin de trouver l'infime indice, la moindre trace pouvant le conduire jusqu'à Ephraim. « C'est ma faute s'il est en danger à présent. Je l'ai poussé à partir et ce crétin m'a pris au mot. S'il lui arrivait quoi que ce soit, je ne me le pardonnerais jamais », se répétait en boucle le cavalier alors qu'il ne faisait plus qu'un avec son destrier, guidant le reste de l'escorte depuis leur départ. Mais plus ses inquiétudes grandissaient, plus il ressentait une étrange sensation de chaleur envelopper son corps, le poussant à continuer et à ne surtout pas se laisser envahir par la crainte de ses angoisses. Marius avait raison. Il l'avait peut-être laissé partir, néanmoins son souvenir immuable et sa force de convictions, eux, restaient intacts dans les entrailles figées de l'anglais. Il n'était plus seul, il ne l'avait jamais été et comptait mettre un terme à tout manquement à son bonheur. Il avait bien trop versé de sang et de larmes pour accepter un retour en arrière. Il avait changé. Il n'était plus le jeune vampire égoïste et nombriliste que la plupart des gens avaient connu par le passé et même si une large partie de la personnalité exubérante et tête à claques du strigoï restait indécrottable, il avait grandi. Pour le meilleur comme pour le pire. Cœur meurtri par l'abandon et la peur de souffrir, il était temps de défoncer à coup de burin ses remparts érigés depuis de trop nombreuses années. Les faire exploser en mille morceaux et danser sur ce champ de ruines dans une euphorie jouissive. Mais tout ça, il le pourrait seulement s'il parvenait à retrouver Ephraim.

« Sire, êtes-vous certain qu'il ait pu prendre le chemin de ces bois ? », demanda avec hésitation l'un des gardes peu rassuré à l'idée de s'introduire dans cette forêt que l'on connaissait pour ces nombreux dangers.

Conscient de ses paroles, Dorian n'en fit rien pour autant, ralentissant la cadence au rythme du pas pour leur chevaux, afin de tendre l'oreille tout en économisant les bêtes. Le vampire n'était pas suicidaire, loin de là, lui aussi avait entendu parler de ce coin des terres sauvages où seuls les plus habitués osaient s'y aventurer. Hélas, le privilège de contourner ces lieux lui était impossible tant il se refusait l'idée de passer à côté de l'humain. C'est comme si toutes les fibres de son corps lui ordonnaient de traverser ces bois. Un instinct viscéral qu'il avait bien l'intention d'écouter.

« S'il y a un endroit où il a pu s'arrêter pour se nourrir et se reposer c'est ici. Libre à toi de rentrer à la cité si ton cœur vacille à la simple pensée d'entrer en ces lieux », lui répondit-il sans même prendre le temps de le regarder.

Tapotant de sa paume le large cou de son pur-sang arabe, Dorian l'invita ainsi à s'introduire dans cet océan sombre de branches et de feuillages tandis que son interlocuteur observa un instant l'autre soldat lui faisant mine de les suivre sans en rajouter.
Les trois immortels pénétrèrent ainsi dans cette forêt noire où même le bruit du vent piquant s'estompa presque entièrement autour d'eux. Silence apaisant, presque envoûtant, seuls les bruits de sabots écrasant feuilles mortes et racines fendait l'air d'une marche lugubre. Une légère brume ondulait entre les troncs, troublant quelque peu la vision des trois invités. Ils étaient sur le qui-vive et Dorian tendait l'oreille dans un espoir infini. Passant en mode radar, il étudiait chaque craquement, chaque clapotis ou murmures qu'il pouvait entendre. Aucune indication quelconque de la présence d'un mortel récemment passé. Mais il n'abandonnait pas espoir. Au fond de lui il sentait qu'il était tout proche, qu'il n'avait pas fait tout ça en vain et c'est cette détermination là qui le poussait à continuer malgré le scepticisme muet de ses deux accompagnants.
Ils continuèrent ainsi durant plusieurs minutes ou plusieurs heures tant ce labyrinthe feuillu semblait sans fin, leur faisant perdre toute notion de temps. La nuit leur offrait la protection nécessaire pour avancer mais qu'en serait-il une fois le soleil levé ? Dorian n'aurait d'autre choix alors que de se terrer dans un coin à l'abri des rayons de la sphère divine et attendre la prochaine nuit avec toute la violence mentale que cela impliquait. Non impossible. Il devait le retrouver avant.
Soudain, Dorian stoppa la marche, obligeant les suiveurs à en faire autant. Il leva son poing dans un geste militaire, son ouïe aux aguets. Quelque chose avait attiré son attention, un bruissement à peine audible au Nord Est de leur position. Ce son, il le reconnaissait. C'était une mélodie furtive et saccadée. Des notes familières que seuls les battements de cœur d'un humain pouvait produire. Son humain, voulait-il croire dans ce cas précis. Et alors qu'il s'imprégnait de cet air, un cri strident retentit dans la même direction. Un hurlement glaçant d'effroi auquel Dorian avait fait face il y a de ça plusieurs mois.

« Non... », lâcha le britannique, terrifié à l'idée que cette douce partition ne vienne à s'éteindre sous les crocs du monstre hantant ces bois.

Et c'est sans réfléchir davantage que Dorian intima à l'équidé de dévier de sa trajectoire pour foncer vers la source du bruit, priant de tout son être pour arriver à temps.
Guidé par la frénésie de la rythmique, tenant fermement les rênes, ses grandes perles lapis lazuli s'écarquillèrent une demie seconde avant de reprendre le contrôle lorsqu'il perçut la silhouette d'Ephraim à même le sol, un enragé affamé au dessus de lui prêt à le dévorer. Des flashs de cette nuit d'horreur ressurgirent derechef devant ses yeux. Le visage de Marius figé par la stupeur de l'attaque, le sang régurgitant de sa bouche dans un dernier élan de vie, la peur, la tristesse, la colère... Une multitude d'images et de ressentis calqués sur le tableau funèbre que l'on dessinait sous ses yeux. « Pas encore. Pas aujourd'hui. Cette fois-ci je ne te perdrai pas ! », hurla de toutes ses forces la conscience de Dorian au fin fond de sa tête tandis qu'il s'emparait de son sabre à sa ceinture. Il sauta hâtivement de sa monture et dans son élan vînt planter de ses deux mains la lame tranchante de l'arme à l'arrière du crâne en putréfaction de la créature infernale. Un gargouillis immonde retentit et un liquide noirâtre perça de la plaie pour couler le long de sa colonne vertébrale rachitique avant que son corps désarticulé ne s'effondre sur le sol froid du dédale de breuil. Ça en était fini de lui. Mais qu'en était-il d'Ephraim ? Ses yeux tremblants de détermination et de crainte vinrent frôler ceux de l'éphèbe. Il était en vie. Sale, boueux et éclaboussé de sang coagulé du cadavre sur pattes mais il respirait bel et bien. Aucune trace apparente de plaie béante ou de blessures mortelles. Un soulagement digne d'une délivrance se répandit dans chaque centimètre carré de l'anatomie du Prince et là où un courant d'air aigre avait glacé toute émotion positif, une vague de bien être déferla pour balayer tout le reste. Lâchant son épée, il se laissa tomber à genoux sans jamais le quitter du regard, comme s'il redécouvrait les traits fins et ambigus de son visage, avant de finalement l'enlacer brusquement, le serrant de tout son être. Les yeux clos, il resta ainsi quelques instants ou une éternité, il n'aurait su le dire, de fines larmes carmin roulant sur ses joues pâles. L'histoire ne s'était pas reproduite. Il ne lui dirait pas adieu à son tour cette nuit là.
Se détachant finalement de lui à contre cœur, ses billes oscillant désormais entre bordeaux et cyan, Dorian renifla légèrement, les sourcils froncés.

« Mais qu'est-ce qui t'a pris bon sang de fuguer de la sorte ? Quand je t'ai dit de t'en aller je faisais mention de mes appartements, pas de la cité toute entière ! », se mit-il soudainement à l'incendier alors que les gestes tendres qu'il lui procurait comme les caresses sur son visage allaient en total contradiction avec ses paroles. « Il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce que tu entends ! Parce que l'on en dit des choses sous le coup de la colère. Des choses qui nous dépassent parfois, que l'on regrette et que... ». Le vampire se mit à balbutier, perdu dans ses propres dires et peinant à trouver une suite logique à son discours de réprimande tant il avait eu peur. « Et puis merde Eph, tu n'es vraiment qu'un gamin, tu as failli y laisser ta peau ! Comment j'aurais fait après ta perte moi, hein ? Je n'aurais pas pu m'en relever. Pas une nouvelle fois. Et ça, c'est de ta faute parce que je... je t'aime espèce d'idiot ! ».


made of catacombs
“Regard noir dans le vide, je dévisage ce qu'il reste de mon avenir. Mes souvenirs deviennent liquides, je voudrais en quitter le navire.' nuit incolore
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16.01.22 15:29

Ephraim Lawrence
You were my medicine  47d7625676b77c48040f59d38f19ded5
֎ Faciem : t. chalamet
֎ Diem natalis : 22 ans - 23 novembre 2367
֎ Officium : prostitué et danseur - orgueil
֎ Locus : new abbostford
֎ Tutor : cité
֎ Matricule : NA6738501
֎ Nuntium : 1650
֎ Adventus : 13/04/2018
֎ Color : #009999
֎ Multicomptes : fitzwilliam h. ; circé h.
֎ Pseudo : nepenthès
֎ Crédits : ethereal.
Ephraim Lawrence
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I'm really on the ropes this time I've been fighting all my life for you I never should have said goodbye But maybe that's what stupid people do 'Cause you gave me peace And I wasted it I'm here to admit That you were my medicine Oh, I couldn't quit And I'm down on my knees again Asking For nothing Thank you for the happiest year of my life So wake me up when they build that time machine I want to go back Wake me up when you were sleeping next to me 'Cause I really loved you.


C’était donc à ça que ressemblait la mort ? Ephraim ne l’avait jamais imaginé de cette manière. Son imagination galopante l’avait persuadé qu’elle serait douloureuse, surtout sous les crocs d’un de ces monstres qui ressemblaient à s’y méprendre aux histoires de croque-mitaine de son enfance. Il aurait pu penser qu’il y aurait une sorte de grand flash lumineux, qu’il suivrait un couloir sombre au bout duquel brillerait de mille feux une lumière chaleureuse. Au sein de cette dernière se trouveraient tous ceux qui l’avaient aimé et quitté, l’attendant avec entrain et le serrant dans ces bras. Peut-être que même s’il ne le connaissait pas, Marius aurait fait le déplacement pour le remercier d’avoir aimé son grand amour et de s’être dévoué à lui, ou pour lui jeter une bouse de vache fantomatique, qui sait. Mais jamais il n’aurait imaginé ça. Que rien ne se passerait. Que dès qu’il fermerait les yeux en faisant adieu à ce monde ayant toujours été cruel avec un être définitivement trop tendre pour ce dernier, il ne se passerait rien. Les chairs qui se déchireraient sous la gueule putride et avide de l’Enragé ne lui causait aucune douleur. La vie ne semblait pas ruisseler hors de ses entrailles. Et s’il entendait bien des bruits qui ricochaient à ses oreilles, ce n’était certainement pas ceux semblables au ruissellement enchanteur d’une cascade où s’égaillaient nymphes et sirènes. Un gargouillis s’éleva au dessus de sa tête et il aurait pu penser que cela provenait de sa propre gorge, si ce dernier n’avait pas été suivi d’un liquide poisseux et brûlant contre sa peau et ses vêtements sales. Se demandant pourquoi la mort se présentait d’une manière si peu conventionnelle, il papillonna des yeux et se forcit à les rouvrir, craignant du spectacle qui allait se dessiner devant lui : le néant absolu ? la gueule du monstre de ses cauchemars ourlée de son sang ? un squelette revêtu d’une lourde capuche noire et munie d’une faux ? un vieil homme barbue qui le regarderait avec un jugement sévère dans le regard hochant négativement la tête devant la vie de débauche que le gamin aurait vécu jusqu’à la fin ? Mais une fois encore, la vision qu’il eut se défia de toutes les statistiques et croyances qui avait pu développer au long de sa trop courte existence.

« D…Dorian ? »
s’exclama-t-il dans un souffle qu’il ne pensait plus posséder, la voix rendue rauque par son cœur bien trop lourd des derniers jours précédant sa mort. Il avait du mal à croire ce qu’il avait pourtant sous les yeux mais il connaissait par cœur ces traits séduisants, cette fossette qui se creusait entre les sourcils du vampire quand il était concentré ou inquiet, ce regard lapis-lazuli dans lequel il pouvait se noyer à tout heure du jour ou de la nuit, ces mains couvertes de bagues et qui étaient capables d’encadrer entièrement son visage. Il ne pouvait le confondre avec quiconque d’autre et il ne pensait jamais le revoir, pas même dans la mort. D’où sa surprise quand en lieu et place du monstre qui lui avait volé son dernier souffle, se trouvait celui précisément pour qui il aurait donné sa vie alors même que le danseur avait toujours été, jusqu’à la fin, un monstre d’égoïsme. De toutes les personnes qu’il pensait voir dans l’au-delà, il n’aurait jamais cru être accueilli par lui. D’une part, parce qu’il lui avait bien fait comprendre que tout était terminé entre eux et qu’il ne souhaitait plus jamais le revoir, qu’il quitte son existence à tout jamais. D’autre part, parce qu’il l’avait précisément quitté alors que le Prince Lockwood était en vie, occupant ses nuits oisives de la manière la plus vivante et animée qui soit. Il ne comprenait donc pas pourquoi c’était lui qui l’accueillait pour débuter sa mort. Les sourcils froncés à son tour, miroir de l’inquiétude qui crispait les traits de Dorian mêle d’une subtile lueur de soulagement, il se laissa manipuler par ce dernier, se redressant légèrement pour s’asseoir dans le froid et la terre dure et glaciale sous son séant à qui les oreillers de plume et les draps de soie manquaient déjà furieusement.

Le jeune homme papillonna des yeux, ne comprenant rien à la situation ni à sa logique. S’il était mort, pourquoi avait-il toujours aussi froid ? Il devrait se trouver dans un état de bien être absolu, du moins c’était ce qu’il avait cru comprendre. S’il avait passé de vie à trépas, les odeurs autour de lui ne devraient être pas être plus agréables que celles qui violaient olfactivement ses narines comme une odeur d’œuf pourri lui faisant retrousser le nez de manière instinctive et le ramenant à sa rencontre inopinée dans des écuries ? Si Dorian était venu, telle une hallucination, pour le guider doucement vers la vie après la mort, pourquoi lui passait-il un savon en lui indiquant qu’il ne voulait pas qu’il le quitte alors que c’était ses mots, plus ou moins exacts selon l’interprétation ? Le gamin ouvrit la bouche pour protester mais le geste tendre de son ancien amant causait des frissons et des réactions inattendues pour le danseur qui avait bien du mal à comprendre et analyser ce qui arrivait. Il referma ses lèvres rendues bleues par le froid et la terreur ressentie quelques instants auparavant, ne lâchant pas des yeux Dorian, seul visage qu’il parvenait à distinguer dans la pénombre de la forêt où la lune et les étoiles avaient bien des difficultés pour transpercer le feuillage. Il se mordilla la lèvre tentant de maîtriser son estomac qui se retournait en sentant une texture fort peu appétissante sur son épiderme avant de hocher lentement la tête. De manière totalement illogique par rapport à ses précédentes suppositions, son cœur se mit à battre la chamade face aux paroles de son ancien amant lorsque ce dernier sembla se perdre dans ses mots, lui qui avait toujours été un orateur hors pair doublé d’une assurance à toute épreuve. Rien n’avait de sens en cet instant précis. Ce qu’il lui disait, c’était comme s’il était encore en vie et qu’il lui passait un savon, comme s’il l’avait poursuivi et retrouvé pour le ramener, pour lui dire … je t’aime.

Je t’aime ? Ses yeux s’arrondirent de surprise face à ces mots qu’il avait tant eu envie d’entendre résonner sans jamais l’espérer vraiment. « Pardon ? » s’entendit-il s’étonner à voix haute, ne parvenant pas à croire ce qu’il venait pourtant d’entendre. « J’ai dû mal comprendre. » réfléchit-il à voix haute, ne parvenant pas à croire que quiconque puisse l’aimer, vraiment, sincèrement, profondément. Surtout par Dorian et moins encore après le comportement odieux qu’avait adopté le gamin la dernière fois qu’ils ne s’étaient vus et qui avait été à l’origine de sa fuite. Il secoua la tête comme pour écarter une mouche gênante de sa vision périphérique et ferma ses yeux, persuadé que quand il les rouvrirait, Dorian ne serait plus et ne resterait que ce néant qui le terrifiait, cette solitude étouffante et éternelle qui serait sa punition pour toutes les erreurs commises de son vivant. S’il avait encore des doutes au vu de la situation, ces derniers venaient d’être balayés par cet aveu du Prince de New Abbotsford. Il ne pouvait qu’être passé de vie à trépas. Jamais Dorian ne lui aurait indiqué une telle inclinaison, lui ayant toujours fait comprendre qu’il n’était qu’un amant parmi d’autres au cours des décennies et que le seul qu’il ait jamais aimé et ne cessera jamais d’aimer était son compagnon lui aussi décédé voilà bien longtemps. « Je suis mort, n’est-ce pas ? » demanda-t-il, sans vraiment attendre de confirmation. « Pourquoi, si je n’étais pas mort vous seriez là à mes côtés ? Pas après tout ce qu’il s’est passé, colère ou non. » Son esprit tentait de trouver une logique à tout cela mais n’y parvenait pas. Il ne put s’empêcher de ricaner doucement avant de pointer avec une légère amertume dans le son de sa voix. « Si j’avais su qu’il m’aurait fallu mourir pour vous entendre me dire ça, j’aurais fait en sorte de décéder plus vite que ça. »


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