Mikhaïl Azarov ☾ lights up

PSEUDO. ICI LA PARTIE SCHIZO D'ISMA, DODO OU SISI   ÂGE. 29 ANS (BIENTÔT 30   ) PRÉSENCE. AUSSI SOUVENT QUE POSSIBLE, JE SUIS COMME UNE MOULE ACCROCHÉE À SON ROCHER ICI    FRÉQUENCE RP. AU MOINS UNE FOIS PAR SEMAINE NORMALEMENT    CHATBOX. LA CB  C'EST LA VIE VOYONS  LRTH. JE FAIS PARTIE DES MEUBLES DEPUIS TROP LONGTEMPS MAINTENANT    PERSONNAGE. INVENTE CÉLÉBRITÉ. FREDDY CARTER SIGNATURE DU RÈGLEMENT. oui CRÉDITS. CLARACIVY.TUMBLR.COM

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<span class="bottin">Freddy Carter </span> ♂ <span class="enregistre">Mikhaïl Azarov</span>

« Oh, les masques... On a toujours trop tendance à penser au visage qu'ils cachent en réalité, c'est le masque qui compte, que ce soit celui-là et non un autre. Dis-moi quel masque tu mets, je te dirai quel visage tu as. »



De grandes iris bleues pâles balayent la foule d'un revers de cils tandis que les badauds et futurs acheteurs s'amassent devant l'estrade en bois où trônent l'arrivage de viandes fraîches cueillies il y a peu. Certains visages sont apeurés, ne sachant pas réellement ce qui les attend ; d'autres, au contraire, bouillonnent d'une colère sourde qui déforme leurs traits alors qu'on les a arrachés à leur mère patrie qu'est la liberté. Mais un seul paraît inflexible, presque songeur, tandis que ses immenses perles azuréennes semblent fixer certains points précis pour analyser la situation. D'une façon similaire il a déjà connu ça. D'une manière différente il est conscient de l'enjeu de cette situation en apparence incontrôlable pour celui qui est exposé de la sorte à la vue de tous. Rien de nouveau pour lui, juste un autre contexte rien de plus. Le brouhaha de l'attroupement une heure à peine après le coucher du soleil fait écho sur la grande place du marché, offrant à ces lieux une résonance presque nostalgique pour le déviant. Son regard est froid, faussement résigné et étrangement calme malgré la tempête qui anime son esprit. Sa mâchoire est crispée, ses muscles aux aguets et son allure élégamment naturelle contraste avec nombreux des autres sauvages présentés sur la scène. Une once d'angoisse agite sa déglutition pour se coincer dans le tréfonds de sa gorge. S'il est parvenu à dissimuler sa véritable identité depuis sa capture, il doit continuer d'en être ainsi. Le bandage à son poignet suffit pour l'instant. Une étape à la fois. Sourcils légèrement froncés, sa posture est fière et maîtrisée alors que les enchères sont sur le point de débuter. Il ne doit rien laisser paraître pour s'en sortir. Sa liberté il l'a acquise par la peur et le sang, elle lui est bien trop précieuse désormais pour y renoncer aussi aisément. Il a déjà survécu par le passé, il peut recommencer.


Le soleil brille haut dans le ciel à cette heure-ci ; c'est le début d'après-midi et l'enfant âgé de cinq ans environ aux yeux gris pétillant de vie et à la curiosité débordante inspire profondément l'air marin qui s'infiltre dans ses poumons. Accoudé à la fenêtre, ses petites jambes montées sur une malle pour accéder à la vue, il observe les oiseaux fendant l'air de leurs grandes ailes déployées. L'écho de leur chant chatouille ses oreilles d'une douce mélodie alors qu'il se laisse rêver à voler avec eux, à partir loin au delà de ses murailles, dépasser cette immense masse d'eau qui obscure son horizon. Mais au lieu de ça le gamin est coincé ici, dans cette habitation luxueuse comparée à la misère qui règne dans la plupart des rues de la cité. Entre ses murs il est à l'abri de la dure réalité de la condition de mortel lui a-t-on dit. Des paroles fermes et assurées qui se veulent convaincantes. Son nom est synonyme de supériorité vis à vis des autres humains que peuplent la ville, son appartenance à cette lignée fait foi de qualité absolue. Une notion qui dépasse complètement le rêveur dont l'esprit est bien trop occupé à s'évader à cet âge là. Les perles azuréennes perdues dans les méandres de ses pensées, son attention est attirée finalement quelques mètres plus bas alors que des éclats de rires enfantins déchirent l'air d'une joie de vivre démesurée. Le perché les dévisage aussitôt avec intérêt, écarquillant ses orbites comme s'il assistait à une scène incongrue. La petite fille en apparence aussi jeune que lui s'égosille à glousser à tout va tandis qu'une adulte semble courir derrière elle pour l'amusement. Un comportement intriguant pour l'observateur qui fronce les sourcils à la vue de cette course poursuite falsifiée et dont il ne comprend pas réellement la portée. Pourtant, inconsciemment, il sourit à cette vue si loin d'être banale pour lui tout en ne pouvant s'empêcher d'en détacher ses émeraudes cyan. « Ahah ! Je t'ai eu ! », s'écrit la femme en attrapant la fillette pour la faire ensuite virevolter autour d'elle. « Maman arrête, j'ai la tête qui tourne ! », s'exclame la petite riant à gorge déployée. "Maman ?" Il a déjà entendu cette appellation mais ignore ce qu'elle signifie vraiment. La plus âgée sourit et repose cette dernière à même le sol tout en s'accroupissant face à elle pour l'enlacer. « Je t'aime ma chérie », lui souffle-t-elle en remettant une mèche de cheveux ondulée derrière l'une de ses minuscules oreilles. « Je t'aime aussi Maman », rajoute la gamine vêtue de haillons comparé aux vêtements cossus du spectateur. Encore ce mot singulier qui touche le petit d'une étrange manière. Une chaleur se diffuse dans sa cage thoracique pendant qu'il voit s'éloigner les deux humaines. Il est perturbé, confus par ce à quoi il vient d'assister ; c'est tellement différent de ce qu'il a l'habitude de vivre dans cette maison mais il veut faire durer ce feu allumé dans sa poitrine. Cela semble si simple après tout, si naturel. Alors, ne réfléchissant pas davantage, le privilégié descend de son perchoir pour courir jusqu'au salon où une ravissante demoiselle à la chevelure blonde est installée dans un fauteuil en velours devant les flammes crépitantes de la cheminée. La vingtaine passée, elle est absorbée par la lecture d'un bel ouvrage relié, oubliant tout le reste aux alentours. D'autres mortels circulent dans la pièce mais l'enfant ne voit qu'elle et fonce dans sa direction sans prêter attention à quiconque. Parmi les habitants des lieux, il sait qu'elle et lui sont liés par le sang ; une certitude qu'on lui a déjà confessé pour marquer le suivi de la lignée. C'est la seule après tout pour qui son cœur bat sans réelle explication. Et à peine arrive-t-il à sa hauteur que le voilà déjà accroché à ses longues jambes fines dans un câlin empli de tendresse. « Maman ! », lâche-t-il spontanément d'une voix débordante d'affection tout en resserrant son étreinte. Hélas la réaction de la concernée n'imite nullement celle de la scène à laquelle le gamin a assisté quelques secondes plus tôt. Sans prévenir, un bourdonnement plaintif vient tambouriner à ses tympas et une douleur vive se diffuse avec véhémence dans sa joue droite alors qu'il se retrouve les fesses sur le plancher. Une gifle cinglante qu'il n'avait aucunement imaginé face à un tel geste. « Ne m'appelle plus jamais comme ça tu m'entends ?! », siffle entre ses dents la lectrice dont la colère est bien visible. Sonné par la violence de cette conséquence, le garçon reste pantois l'espace de quelques instants. Des larmes viennent inonder ses yeux face au choc de cette riposte, toutefois par une seule perle d'eau salée ne se met à couler sur son faciès angélique. « Oui... pardon.. Madame », parvient-il à répondre, la gorge nouée de sanglots. Sa joue le brûle et une stupide honte le gagne face à cette vaine tentative. Les choses ici ne sont pas les mêmes qu'en bas, cela il en est sûr désormais. Et alors que la femme reprend son activité comme si de rien était, la voix d'un homme au loin le rappelle à l'ordre. « Mikhaïl, cesse tes bêtises, le précepteur est là pour ta leçon du jour ». Se frottant le nez pour s'empêcher de chouiner, Mika se relève sans trop de difficultés, toujours confus, avant de se diriger tel un automate vers la salle où l'attend son prochain cours.


« Est-ce que tu comprends ce que l’on attend de toi Mikhaïl ? », demande le quinquagénaire aux cheveux poivre et sel légèrement ondulés d’un ton ferme et inflexible, lui que l'on nommait Ivan au sein de l'Okiya. Rodant autour de lui comme un loup étudiant sa proie, le garçon de douze ans semble pourtant ailleurs comme toujours, ses mirettes lagon reflétant la profondeur de ses pensées lointaines. « Oui ». Sa voix est fluette, presque lointaine avant qu’un petit coup vif entre les omoplates ne lui arrache un cri plaintif. « Aïe ! », s'esclaffe-t-il alors, tandis qu’il revient immédiatement à la réalité, son corps tout entier s’arquant instinctivement face à la correction de son tuteur. « Oui, qui ? ». Le regard de l’homme se fait plus sombre. « Oui, Monsieur », se corrige Mika, nullement désireux de se reprendre un autre coup de baguette en bois de chêne finement décorée. Des sculptures superflues pour un tel objet a toujours pensé le jeune homme, s’étant pris suffisamment de retour de bâton pour en connaître chacun des détails. « Bien ». L’éducateur satisfait pose la tige sur son bureau et se meut jusqu’à l’une des grandes fenêtres du bureau où une clarté matinale inonde son visage de rayons chaleureux en opposition aux traits froids et sévères qu’il affiche d’apparence. « Reprenons dans ce cas. Quel est ton rôle dans cette cité ? », lui demande-t-il, les mains jointes à l’arrière, dos à lui. L’adolescent ne se fait pas prier pour répondre cette fois-ci, récitant avec une certaine conviction une leçon que trop bien apprise. « Servir les plus puissants en répondant à tous leurs désirs, même ceux les plus inavoués, Monsieur ». Un rictus satisfait se dessine aux commissures des lèvres du plus âgé. « Parfait. N’oublie aucunement que tu es né pour ça. La lignée des Azarov n’a jamais failli à son devoir et j’entends bien à ce que tu ne sois pas l’exception ». D’un fin mouvement de tête, celui-ci se tourne vers l’élève qui incline positivement la tête derechef. « Poursuivons. Qui es-tu ? ». Mikhaïl croise le regard perçant de son précepteur et un épais frisson traverse son échine. « Personne et tout le monde à la fois ». Lui n’existe pas, seuls les autres comptent ; c’est ce qu’on lui rabâche depuis son plus âge et que son cerveau a fini par assimiler avec le temps. « Exact. A présent, déshabille-toi », poursuit-il comme si de rien, se retrouvant de nouveau face à lui. Sans piper mot, le jeune Azarov s’exécute dans un mécanisme déroutant de naturel. Ici la pudeur n’a pas sa place. Ici son corps ne lui appartient pas. L’observant de tout son long sans aucune gêne, comme s’il analysait un tableau avec minutie, le quinquagénaire fronce les sourcils. « Tu es encore jeune mais il va falloir songer à te nourrir davantage Mikhaïl. Tu as largement de quoi manger dans cette maison pour ne pas faire pitié comme les vulgaires esclaves des rues. Tu as peut-être l’allure d’un éphèbe des plus prometteurs, cependant tu ne tiendras jamais la cadence si tu ne donnes pas suffisamment de force à ton corps qui est et restera ton atout le plus précieux entre ces murs ».


C'est à cette soirée là que ses orbites indigo se sont posés pour la toute première fois sur lui ; la nuit de ses quinze ans et l'essence même de la vie encore à découvrir. Mikhaïl se souvient. Comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs ? C'était une fête somptueuse, parsemée de tissus colorés en tout genre, de musiques envoûtantes et de regards séducteurs où une subtile décadence régnait en maître. Des éclats de rires résonnaient en écho dans ces lieux tandis que des murmures et des sourires de circonstances emplissaient le tout d'une étrange aura. C'était un tout autre monde pour le jeune homme, une découverte qui se lisait dans ses yeux faussement naïfs tandis qu'il balayait la pièce d'une façon étonnement émerveillée. Ne sortant que trop rarement de l'Okiya appartenant à un certain Jaroslav Zelivsky, protégé du monde extérieur comme un objet précieux que l'on mettrait sous vitrine, il n'avait eu guère l'occasion de se mêler à une foule autre que celle de la maison dans laquelle il avait grandi et que l'on connaissait dans la cité sous le doux nom de The Red Hand. « Aujourd'hui est un grand jour pour vous car c'est à cette fête que vous vous ferez connaître des plus influents vampires de New Bellingham ainsi que des environs. Ce soir il est de votre devoir d'attirer les regards et de faire honneur à vos lignées. Cette nuit vous abandonnerez vos médaillons pour suivre vos nouveaux maîtres », avait énoncé Ivan d'un ton autoritaire habituel avec la ferme intention de n'assister à aucun changement de programme. Les cinq adolescents de la même tranche d'âge avaient alors acquiescé d'une obéissance commune, bien décidés à ne pas commettre d'impair. Et voilà que Mikhaïl et les autres représentants juvéniles de la pouponnière, légèrement vêtus, s'avançaient au milieu de ces convives privilégiés qui ne tardèrent pas à remarquer leur présence. Certes en ces festivités ils n'étaient pas les seuls humains présents : certains accompagnaient leur propriétaire depuis de nombreuses années, d'autres apprenaient encore à trouver leur place et les derniers, enfin, tout comme eux, avaient été amenés ici pour être vendus aux plus offrants. Une concurrence que les membres de la tribu se devaient d'écarter pour s'imposer comme premier choix. A peine le jeune Azarov avait-il fait quelques pas que déjà de nombreuses têtes s'étaient retournées pour le dévisager et l'apprécier de plus près, une attitude qui faisait gonfler son torse de fierté, réduisant au passage l'étrange sensation de peur qui agitait son épine dorsale. Car oui, contrairement aux apparences Mika était inquiet. De quoi exactement ? Il n'aurait su le dire avec des mots, juste une sensation, une impression qu'un danger rôdait dans cette pièce et qu'il l'avait déjà pris pour cible. Une intuition qui s'avérait palpable puisque l'immortel le plus puissant de la cité avait déjà posé ses iris luisantes de lubricité malsaine sur sa silhouette d'éphèbe. La peau recouverte d'une fine pellicule d'or, ses grandes perles bleutées ressortaient d'autant plus de son visage aux traits si fins et soignés alors que sa tenue se composait uniquement d'un pantalon en soie fluide et clair et d'une sorte de harnais en bijou centré au poitrail pour accentuer davantage ses courbes presque androgynes. Un look qui, avec ses compagnons de fortune, ne passait certainement pas inaperçu parmi les convives, d'autant plus que le jeune homme apparaissait comme le moins à l'aise de tous malgré cette attitude sereine qu'il arborait. Parmi ceux qui avaient connu la même éducation que lui, Mika avait toujours été le moins discipliné à proprement parlé, la tête dans les nuages, les pensées pleines de rêves et d'idéaux qu'on avait rapidement réprimé afin d'annihiler toute quête de liberté futile et dangereuse. Une leçon durement apprise qu'il devait faire briller en cette nuit fatidique. Mais alors que certains nobles de la famille de Caïn commençaient à rôder autour de lui, sans doute désireux de palper la marchandise avant acquisition, un garde royal qu'il reconnut aussitôt à son uniforme et à sa broche serti d'un lion à la gueule ouverte, vînt s'immiscer entre eux. « Eh toi, l'esclave ! J'ai ordre de te faire monter à l'alcôve principale », indiqua l'immortel au teint cireux. Confus, Mikhaïl fronça les sourcils l'espace de quelques secondes avant de suivre le soldat sous le regard indescriptible d'Ivan veillant au loin. Ils montèrent alors en silence les marches de l'escalier en colimaçon, croisant parfois d'autres invités désinhibés par l'euphorie de la fête pour mieux arriver à la loge. Deux autres gardes se trouvaient devant l'entrée et ils s'écartèrent légèrement pour laisser passer leur confrère et l'humain. L'endroit était ostensiblement luxueux, les murs ornés de sculptures en spirales et de bas reliefs détaillés, agrémentant des sièges en velours rouge. Sur l'un d'eux, une personne était assise, dos à lui. Mika posa irrémédiablement ses perles azuréennes sur la longue chevelure corbeau ondulée qui, d'un geste de la main, congédia l'homme qui l'accompagnait. « Approche », dit-il alors sans prendre la peine de se retourner. L'esclave se retint quelques secondes avant de s'exécuter en contournant les sièges afin de faire face à son interlocuteur. Derechef, ses yeux s'écarquillèrent de surprise en reconnaissant celui qu'il avait en visu, et très vite par réflexe le garçon baissa la tête dans une posture plus humble. « Sais-tu qui je suis ? », poursuivit-il comme si de rien était. « Oui, Votre Majesté. Vous êtes le Roi Ezekiel, Souverain de cette cité ». La voix de l'humain se fit tremblante l'espace d'un instant avant de reprendre une certaine contenance. « Jaroslav m’avait vanté les mérites de sa toute nouvelle portée et je dois bien reconnaître son talent inné pour dénicher des physiques aussi singuliers qu’attrayants ». A ces mots le couronné se leva, un charisme indéniable dans sa posture. Posant son index sous son menton, il l’obligea à relever la tête, leur mirettes claires se jaugeant le temps d’un battement de cils. Le cœur du mortel se mit alors à accélérer jusqu’à avoir l’impression de rompre sa poitrine. Mais une fois de plus il ne laissa rien paraître, ou presque ; l’ouïe fine du strigoï captant facilement ce genre de détail. « Comment puis-je satisfaire votre Altesse ? ». Une sincérité profonde dans la voix, un timide sourire se dessina aux commissures de ses lippes. Risette désuet qui poussa le Roi à venir caresser de la pulpe de son pouce les lèvres rosées de l'humain. « Embrasse-moi », l'invita-t-il dans un ordre étouffé. « Tout ce qui vous plaira mon Roi ». Des paroles spontanées ou presque que l'éducation de l'Azarov avait naturellement fait émerger, celui-ci étant sans contexte sous l'irrésistible emprise du plus puissant. Sans plus attendre, Mika s'exécuta avec servitude, offrant au vampire un baiser des plus délicieux pendant que d’intrigants tremblements ondulaient dans l'ensemble de son corps. Lui, un simple être condamné à la mortalité était autorisé à poser sa bouche sur celle du souverain des lieux. « Quel est ton nom mon mignon ? ». « Mikhaïl ». « Eh bien Mikhaïl.. ». Ezekiel glissa lentement ses doigts autour du médaillon avant de le lui arracher d'un coup sec et sans somation. « Cette nuit marque la fin de ton lien avec l'Okiya. Désormais tu fais partie du harem royal. Ta vie est entre mes mains, tu m'appartiens corps et âme, et ce à tout jamais ». Les yeux luisant de fierté et d'adoration, Mika n'imaginait pas une seule seconde que toute son existence allait être chamboulée.



D’aussi loin qu’il se souvienne, Mikhaïl n’a jamais eu amis. Une futilité qu’on lui avait refusé pour un esclave premium de sa trempe, comme le reste de sa lignée d’ailleurs, par peur sans doute de le distraire de ses fonctions premières. Du moins c’était le cas avant de rencontrer Aliko, une autre esclave sexuelle du harem aux traits typés asiatiques. Nullement élevée comme lui, la brunette respirait la joie de vivre, offrant une certaine fraîcheur à cette prison dorée. Sa spontanéité et son esprit libre avaient bousculé Mika avant de le séduire. Ensemble ils faisaient la paire, aucune ambiguïté n’ayant interagi ente eux. De toute façon il était strictement interdit pour les amants du Roi d’entretenir des relations amoureuses et charnelles entre eux, à moins d’un ordre direct de celui-ci.
« Mika, aide-moi à fermer cette robe tu veux bien ? », demande la métisse en se tournant, son dos dénudé en offrande à son ami.
« Dépêche-toi Ali ou nous allons être en retard. Tu sais bien qu’il n’aime pas attendre », répondit-il aussitôt en prenant soin de nouer le vêtement luxueux.
« Quel dommage, moi qui adore me faire désirer ». Sa voix se fait mutine tandis qu’elle se retourne pour lui faire face de ses yeux pétillants de vie.
« Cesse de dire des bêtises et évitons de le mettre en colère »
« Tu parles, tu es l’un de ses favoris Mika, il ne peut se passer de toi »
« Si tu le dis »
« Qu'est-ce qu'il t’arrive en ce moment ? D'habitude tu ne perds pas une occasion de fanfaronner à ce sujet là ou de prouver ta dévotion envers notre cher Roi », le questionne-t-elle, intriguée par ce comportement des plus étranges le concernant.
A cette interrogation, les iris pâles du jeune homme se voilent d'une brume indescriptible et il préfère aussitôt détourner le regard pour ne plus croiser celui de son amie.
« Rien. Je suis juste... fatigué, voilà tout »
Dans un naturel déconcertant entre les deux, Aliko pose ses mains de par et d'autre du col du jeune homme pour le réajuster avant d'apercevoir des traces d'ecchymoses entourant son cou. Ses sourcils se froncent derechef à cette vision.
« Fatigué, hein ? J'ai l'air si bête que ça d'après toi ? C'est quoi cette marque sur ton cou ?
« Laisse tomber Ali »
« C'est lui qui t'a fait ça n'est-ce pas ? »
« Il est mon maître Ali, et le tien aussi, tâche de ne pas l'oublier. Il peut faire ce qu'il veut de nous. Absolument tout ce qu'il veut », lâche-t-il alors sur un ton tristement résigné, tentant vainement de dissimuler  cette abnégation aberrante qu'on lui a pourtant appris à trouver naturel depuis sa naissance.


Mikhaïl est agacé et lève les yeux au ciel, consterné du comportement de son amie, cachant tant bien que mal la peur grandissante qui brûle ses entrailles. Il aimerait la convaincre mais comprend à ses dépends qua la métisse asiatique est bien trop têtue pour céder aussi aisément.
« Je ne suis pas jaloux Ali, je te dis juste que ce que tu fais est dangereux. Si je vous ai vus vous embrasser, d’autres risquent d’en faire de même. Et si Ezekiel venait à l’apprendre... ».
« Personne ne le saura, à moins que tu ne lui en parles directement »
« Tu penses sérieusement que je serais capable de te dénoncer au Roi ? »
« Disons que ta dévotion envers lui est à un tout autre niveau que le mien »
« Si tu imagines une chose pareille me concernant alors laisse tomber », finit par lâcher le jeune homme, excédé qu'elle puisse émettre l'hypothèse d'une telle trahison et décide alors de partir avant que celle-ci ne le retienne au dernier instant.
« Attends Mika ! Je suis désolée ok ? C’est juste que Ayden et moi on est amoureux tu vois ? »
« Eh bien cessez de l’être, c’est beaucoup trop risqué »
« Cesser d’être amoureux ? Facile à dire, tu ne sais pas ce que c’est. J’ai tout le temps envie d’être avec lui. Ne pas pouvoir le toucher ou l’imaginer avec une autre personne ça me rend malade, tu comprends ? Et je sais que lui aussi ressent la même chose »
« Je me fous d'Ayden, c'est un soldat de la Garde Royale. Ce n'est pas l'un des nôtres. Tout ce que je veux c’est te protéger, et si tu tiens tant que ça à lui, tu devrais en faire autant »
« J'ai besoin de lui »
« Et moi de toi »
« Je sais... mais je ne peux pas le laisser Mika »
« Alors méfie-toi de Selim. Il est prêt à tout pour bien se faire voir auprès du maître »
« Le petit nouveau ? Mais ce n'est qu'un gamin ! »
« Un gamin ambitieux et amoral qui n'hésitera pas à écraser les autres pour avancer »


« Ali ? », scande le jeune homme dans la cour intérieure au cœur du harem.
Il ignore totalement où la brunette peut bien se trouver, situation le rendant quelque peu nerveux au vu de leur récente discussion concernant sa relation secrète avec l'un des soldats du monarque de la cité. Fronçant les sourcils, il croise sur son chemin une autre courtisane qui semble tout juste se réveiller également.
« Leila, est-ce que tu as vu Ali ? », lui demande-t-il alors en lui attrapant le bras.
La petite blonde au faciès de poupée, le regarde interloquée.
« Non pas depuis hier soir, pourquoi ? »
« J'ignore où est-ce qu'elle se trouve. Tu crois qu'elle pourrait être avec le Roi ? »
« Je ne pense pas, Selim était avec lui, il est revenu quelques temps avant que je me lève »
Les paroles de la demoiselle viennent renforcer l'inquiétude qui ronge ses entrailles de seconde en seconde.
« Ce n'est pas normal »
Non, rien de tout ça ne l'est. Une épaisse goutte de sueur froide coule le long de son échine et alors que ses iris acier se perdent dans une confusion grandissante, ses pensées sont interrompues par la voix froide et détachée d'un garde royal.
« Azarov. Notre Souverain a exigé ta présence »
Mikhaïl doit se résoudre à lâcher la demoiselle pour obéir sagement à l'ordre évoqué, rejoignant le soldat qui le précède d'un pas déterminé. Simplement vêtu d'un peignoir en soie aux broderies finement dessinées, il n'a d'autre choix que de le suivre sans se changer au préalable. En dépassant les portes du harem soigneusement gardées, l'esclave remarque l'absence d'Ayden puisqu'à sa place se trouve un autre immortel, un nouveau qu'il n'a jamais vu auparavant. Une étrange coïncidence avec l'absence de la métisse qui ne fait qu'aggraver ses angoisses. Hélas, Mikhaïl sait qu'il ne peut se permettre pareils ressentis en cet instant et se contente de retrouver un semblant de respiration plus naturelle tandis qu'il poursuit sa route avec le vampire au service de New Bellingham. Et alors qu'il pensait rejoindre les appartements du couronné, l'humain se voit prendre une toute autre direction. Un chemin qu'il n'a jamais emprunté, passant par une porte dérobée et des dédales de couloirs l'enfonçant un peu plus à chaque minute dans les entrailles de la cité. La confusion et la crainte gagnent de nouveau le mortel qui reste pourtant muet, avant d’apercevoir plusieurs visages distincts éclairés par divers flambeaux accrochés de par et d'autre des murs en pierre du château. Perdu, sa vision se pose finalement sur la silhouette immanquable d'Ezekiel observant ce qui apparaît comme la porte d'une vieille cellule à barreaux.  
« Mon Roi, vous m'avez fait demandé ? », interoge finalement le courtisan d'une voix faussement assurée.
« Approche-toi  », ordonne Ezekiel sans sourciller, ses pupilles toujours rivées sur l'entrée scellée.
Mikhaïl est complètement déboussolé. Il n'est jamais venu ici et n'a aucune idée de ce qui est en train de se passer.
« Je ne comprends pas, quel est cet endroit ? Qu'est-ce que... ». Ses yeux s'écarquillent derechef en découvrant son amie disparue de l'autre côté des entraves ferreuses « Aliko ? ». Son sang se glace et son pouls s'accélère en un instant.
« Je suis désolée votre Altesse... Je vous en prie ne faîtes pas ça... Pitié ! », supplie la jeune femme, terrifiée par ce qui semble se cacher dans le fond de la cellule bordée de noirceur.
Aliko tourne la tête vers son compagnon de fortune, cherchant en vain une quelconque aide alors que l'Azarov est dépassé par la situation. Quel est cet endroit ? Que se passe-t-il ? Ne cesse-t-il de se questionner, ses perles azuréennes jonglant entre son amie séquestrée et le monarque à l'allure intransigeante. Ce dernier reste d'ailleurs stoïque, un léger rictus indescriptible sur ses lèvres pâles. Soudain, un râle surnaturel surgit des ténèbres. Tous se taisent, y compris les sanglots d'Aliko. Et c'est alors qu'un visage déformé et squelettique émerge de cette noirceur, sa mâchoire claquant dans le vide. Son regard est vitreux, dépossédé de toute vie alors que la créature avance à tâtons vers l'asiatique comme si elle avait reniflé la présence de l'intruse.
« Regarde Mikhaïl. Regarde bien ce qui arrive lorsque l'on oublie où est sa place. Vous êtes peut-être des privilégiés dans ce harem, vous ne souffrez ni de la faim ni du froid, vous êtes à l'abri entre ses murs et apprêtés des plus beaux apparats mais vous restez des humains, fragiles, mortels et faits simplement de chair et d'os. D'un battement de cil vous pouvez disparaître aussi aisément que votre premier souffle de vie. Vous n'êtes rien si ce n'est des poches de sang sur pattes bonnes à ouvrir les cuisses lorsqu'on vous l'ordonne ».
Des paroles qui résonnent en écho dans le crâne de garçon, mortifié par la vision d'horreur qui est en train de se dérouler sous ses yeux. Mikhaïl avait déjà entendu parlé des enragés, il en avait vu des reproductions en dessin, on lui avait compté des histoires à leur sujet mais tout ça n'était rien face à la violence de ce face à face.
« Mika ! Aide-moi je t'en supplie ! », se met à hurler son amie, acculée dans un coin du cachot, consciente de sa propre fin.
Toutes les fibres de son corps veulent ouvrir cette porte et la sortir de là, toutefois il n'en fait rien. Il ne peut pas, sous peine lui aussi de la rejoindre. Sa lâcheté l'en empêche et une immense peine ourle ses lippes pincées. Il l'avait prévenu des conséquences de son incartade même s'il n'imaginait pas une seule seconde pareil tableau funeste.
« La seule chose qui vous distingue c'est votre allégeance. M'es-tu loyal Mikhaïl ? », poursuit alors le puissant immortel en s'approchant de lui, son souffle pesant contre sa nuque.
Le sentant juste derrière, ses longs doigts fins et froids venant entourer son cou, Mika retient le plus possible ses tremblements, obligé d'assister à l'assaut de la bête assoiffée de sang sur la pauvre Aliko. C'est la gorge nouée et la douleur exacerbée de retenir le plus possible ses larmes que le spectateur lutte pour extraire un mot salvateur de sa bouche.
« Oui... »
« Je n'ai pas bien entendu »
« Oui, votre Majesté »
Sourire narquois de satisfaction, sadisme à son paroxysme, la main du strigoï glisse à présent le long de son torse pour finir cap au sud au moment où les dernières gémissements de la condamnée s'étouffent dans un gargouillis abominable pour la vue et l'ouïe.  
« Jamais tu ne me trahirais n'est-ce pas ? Tu n'es pas comme cette ingrate de petite traînée »
Mika est comme dans un état second. Son esprit s'est recroquevillé dans les méandres de sa tête pour faire face à la mort brutale d'Aliko, elle, sa seule véritable famille. Il ne sent même plus les palpations explicites de son maître au niveau de son entre-jambes et répond tel un pantin désarticulé.
« Non... il n'y a que vous »
« Bien. Car vois-tu, je serais fort déçu de devoir me séparer de toi de la sorte, du moins aussi prématurément. En attendant, tâche de rejoindre mes draps pour que je puisse profiter pleinement de ta loyauté. Selim est sans nul doute un informateur des plus ambitieux dévoué à la couronne, cependant il n'a rien de ton talent et de ce si joli minois que j'affectionne tout particulièrement »
Des détails dispatchés de ci et là que la mémoire décousue de Mikhaïl enregistre pourtant, sentant Ezekiel se détacher enfin de lui pour s'avancer vers la cellule et parler à la bête immonde qui se repaît désormais de la dépouille d'Aliko.
« Régale-toi mon amour, d'autres viendront je t'en fais la promesse », entend-t-il avant d'être raccompagné par le même garde, ses mirettes lapis lazuli surplombées d'un voile humide lourd de conséquences et les pensées détruites par la mise à mort de tout son monde.


La mort d'Aliko avait impacté Mikhaïl comme jamais auparavant. Sa perte et la violence de sa disparition avait poussé le jeune homme à tenter le tout pour le tout pour fuir cette cité. Connaissant l'aile ouest du château comprenant le harem comme sa poche pour y avoir déambulé pendant presque dix ans, l'humain savait parfaitement que l'une des portes proches des appartements du souverain permettait de quitter cette annexe pour rejoindre le hall principal où une multitude d'esclaves dédiés aux tâches quotidiennes du palais fourmillaient pour accomplir leurs divers travaux. C'était sa chance de se mêler à cette foule pour quitter les lieux et rejoindre la sortie sud à l'aurore. Pour cela il était parvenu à dérober une heure plus tôt la clef capable de déverrouiller la fameuse porte à l'un des gardiens immortels entourant le harem. Une simple bousculade lui avait suffit pour s'en emparer incognito, dissimulant cette dernière dans la poche de son veston avant de se préparer à partir. Tout était fin prêt pour sa fuite. Il avait fait croire aux soldats que sa Majesté l'avait fait quémandé comme c'était très souvent le cas et ils n'y avaient vu que du feu, n'imaginant pas une seule seconde ce que ce petit humain cherchait à faire. Mikhaïl était prêt à tout pour disparaître désormais, y compris à risquer sa vie et tenter sa chance à l'extérieur des murs protecteurs de New Bellingham.
Traversant plusieurs couloirs sans encombre, l'Azarov se trouve au niveau d'une grande arche lorsque ses perles cyan se posent avec surprise sur la silhouette reconnaissable entre mille de Selim qui le remarque au détour d'un angle mort. L'air fier et arrogant, le garçon hausse un sourcil circonspect.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Mikhaïl stoppe sa course, une goutte de sueur perlant le long de sa nuque. Il doit prendre sur lui et faire comme si de rien était.
« Le Roi m'a fait demandé », répond-il alors avec assurance pour ne rien laisser paraître.
« Vraiment ? Je viens de le quitter pourtant, il était sur le point d'aller se coucher avec le levé du soleil en approche »
« Mettrais-tu en doute la volonté de sa Majesté ? »
« Non. Bien sûr que non. Je suis curieux voilà tout »
« Eh bien garde-la pour autre chose. Tu as déjà fait assez de mal comme ça »
« Je ne vois pas de quoi tu parles »
« Aliko ne méritait pas un tel châtiment ». La simple évocation de son amie défunte voile son regard d'une tristesse dont il n'a pu faire encore le deuil.
« Ah tu parles de la traîtresse qui faisait mumuse avec le soldat ? Il faut dire que cette gourde n’était pas très discrète », s'enquit-il de rajouter d'un ton écœurant de vantardise.
« Tu aurais pu fermer les yeux et te taire »
« Et trahir notre cher Roi ? Jamais voyons. L’aurais-tu fait, toi ? », cherche-t-il à lui faire dire, le provoquant sans gêne.
Refusant de rentrer dans son jeu, Mika se pince les lèvres avant de prendre une profonde inspiration.
« Qu’est-ce que tu veux Selim ? »
« Tout. Je sais que je suis le dernier arrivé mais je compte bien devenir son favori et si pour ça il faut que je t’écrase pour parvenir à mes fins, alors je n’hésiterai pas une seule seconde. Et puis après tout, tu t'approches du quart de siècle d'après ce que l'on m'a dit. Nul doute que l'intérêt que te porte Ezekiel touchera bientôt à sa fin »
« Tu devrais te méfier de ce que tu désires vraiment. Tu veux ma place ? Prends-la », lui balance-t-il avec une étrange sincérité avant de chercher à reprendre sa course.
« Tu me la donnerais comme ça ? Si aisément ? ». Nullement aussi crédule que son jeune âge le laissait croire, le gamin à la peau dorée se met aussitôt à attraper la manche de l'aîné pour le stopper dans son élan. « Je n’y crois pas ».
Mais alors qu'il tire sur le tissu, le précieux sésame dissimulé dans la poche de Mikhaïl glisse pour tomber finalement au sol dans un claquement retentissant. Les yeux du voleur s'écarquillent derechef sur la vision de l'objet aux pieds de son interlocuteur.
« C’est quoi ça ? Attend... ça appartient à l'un des gardiens du harem... Pourquoi est-ce que tu as cette clef en ta possession ? Elle n'ouvre que... ». Les sourcils froncés, l'esprit bouillonnant, Selim entrouvre la bouche, comprenant soudainement tout le plan de son concurrent principal. «  Le Roi ne t'a jamais fait demander, je le savais ! Tu comptais t'enfuir du château par la porte verrouillée qui se trouve au fond de ce couloir ! Le vilain petit cachottier... Tu salueras Aliko pour moi »
« Selim, ne fais pas ça... », supplie aussitôt le mortel pris la main dans le sac, conscient que tout son plan risque de s'effondrer en une seconde.
« Gardes ! », se met à crier l'adolescent de seize ans sans aucune empathie.
« Non ! Tais-toi ! », s'exclame l'esclave plus âgé avant de se jeter sur le courtisan pour le maintenir contre lui.
« Lâche-moi ! Gardes !! », hurle-t-il mais très vite Mika pose l'une de ses mains sur sa bouche et son nez pour le faire taire « Hmmm !! »
« Chuuuut... je suis désolé... je ne peux pas te laisser tout gâcher... », lâche le fuyard en appuyant sur son bâillon de fortune sans faire attention à sa propre force. « Je dois partir... il le faut... je ne peux plus supporter ça... ».
S'enfonçant dans une petite alcôve de l'arche, Mikhaïl traîne le corps moins puissant de l'adolescent qui se débat pourtant avec rage. Mais son étreinte ne désemplit pas. S'il relâche la pression ça en est fini de lui, il le sait. Il ne peut s'y résoudre. Alors il continue, encore et encore jusqu'à ce que la lutte cesse, jusqu'à ce que les gémissements s'éteignent pour laisser place au silence. Le regard fixé dans le vide, des larmes viennent creuser ses joues tandis qu'il comprend toute l'ampleur de son geste.
« Je suis désolé... sincèrement désolé... », murmure-t-il dans un sanglot à peine audible, retirant sa main du visage figé et sans vie de Selim.


C’est le cœur tambourinant et l’esprit marqué par tout ce qu’il laissait derrière lui que Mikhaïl était parvenu à s’enfuir de la cité, découvrant alors un monde dévasté et en proie à une nature qui avait repris ses droits depuis bien longtemps désormais. N’ayant pu véritablement se constituer une réserve d’eau et de nourriture, le fuyard se retrouva bien vite mal en point dans les terres désolées. Par chance, les températures étaient clémentes, un point positif lui évitant de mourir de froid alors lorsque la nuit tombait sur cette étendue désertique. Affamé, assoiffé et effrayé par l’inconnu qui imprégnait son champ de vision, il erra ainsi durant deux longues journées avant d’être pris en chasse par le même genre de créature enfermé dans les cachots souterrains de New Bellingham. A bout de force, nullement préparé à affronter les multiples dangers de l’extérieur, Mikhaïl était sur le point de se faire dévorer vivant lorsqu’un sauvage aiguerie tua l’enragé, lui sauvant ainsi la vie. Epuisé, l’ancien courtisan se réveilla plusieurs heures plus tard dans un camp de sauvages, que l’on surnommait la Meute et dont le leader, Derek, n’était autre que celui qui l’avait tiré d’affaires. Sur la défensive, méfiant, c’est avec le temps que Mika se laissa aller davantage avec le reste du groupe, appréciant la tribu et trouvant avec eux une sorte de famille qui lui avait toujours fait défaut. Complètement ignare de toute notion de survie, il apprit énormément en leur compagnie, échangeant un peu de son savoir comme la capacité de lire ou écrire notamment. Malheureusement une nuit, alors que la plupart des membres de la Meute dormaient, une attaque de vampires eut lieu, raflant certains des mortels, y compris Mikhaïl, pour les ramener à la cité la plus proche, celle de New Abbostford. Conscient que le tatouage à son poignet symbolisant son appartenance à New Bellingham et plus particulièrement celui du harem royal pouvait le trahir instantanément, l’ancien esclave le dissimula aussitôt à l’aide d’un bandage de fortune avant d’être mis en quarantaine avec d’autres mortels pour mieux être vendu aux enchères. Arraché à cette liberté avortée, le fugitif se doit de cacher sa véritable identité sous peine d’être renvoyé en enfer. Plutôt mourir que d’y retourner.