[RP COMMUN] - Cuir & Dentelle.

S’il y avait bien une chose qu’il ne me fallait pas manquer en cette période de l’année, c’était bien l’anniversaire de ce cher Ephraim qui avait rejoint la famille des corneilles depuis quelques temps déjà. Un adorable enfant qu’il était impossible de détester. Je ne pouvais pas ne pas répondre à cette invitation qui promettait des réjouissances totalement démesurées. À l’image de l’humain et de son maître. Et puis, je m’étais promis de profiter de chaque seconde de vie qu’il me restait, je ne pouvais pas tourner le dos à cette promesse aussi récente soit-elle.

Emmitouflée dans un long pardessus serré à la taille, un petit paquet dans la poche, je me rendis donc à l’Oasis Pleasure réservé pour l’occasion. Le vigil aux dents longues leva une main pour m’arrêter d’un air grognon et je levai un regard intense noirci de khôl vers lui.

— Tenue correcte exigée, m’dame. Ça… ça va pas, dit-il en désignant mon manteau.

Je secouai légèrement la tête avant de dénouer ma ceinture pour lui montrer la tenue que je comptais arborer à l’intérieur. Glissant mes jambes l’une contre l’autre, je lui lançai un regard chagriné de poupée innocente.

— J’aurai eu si froid en traversant la ville dans cette tenue… Et puis… les rues de la cité ne sont pas sûres, reconnaissez-le… une paire de canines malintentionnée aurait pu profiter de cela…

Le vampire grogna alors que son regard glissait de mes escarpins noirs brillants sur mes résilles, jusqu’au body noir ajouré sur mon ventre, mon décolleté d’ébène d’une simplicité terriblement élégante avant d’atterrir sur le pendentif de calice qui reposait contre ma gorge. Nos regards se croisèrent à nouveau. Un sourire assuré posé sur le visage, je relevai le menton alors qu’il me laissait enfin entrer. Je sentis son attention sur moi jusqu’à ce que les portes se referment, j’étais satisfaite de mon petit effet.

L’intérieur était décoré avec ostentation et déjà bien du monde était présent à ses bacchanales. Ayant soudain un peu le tournis au milieu de ces effluves capiteuses, je jetai un œil dans la salle pour voir si je reconnaissais des visages. En attendant, je récupérai le cadeau dans la poche de mon manteau et tendis le vêtement à l’une des employées qui me confia un ticket. Je le glissai furtivement dans le bonnet de mon soutien-gorge et acceptai un verre destiné aux humains. Avais-je encore l’âge pour ces facéties ? Les quelques regards qui se posèrent sur moi me confirmèrent que oui, sans aucun doute.

Souriante, je fis glisser une mèche de cheveux sur mon épaule et me fondis dans la foule.

Un clappement de mains retentit dans la grande salle  « Votre attention s'il vous plaît mes chéris ! On arrête de se dandiner à tout va et on ramène ses jolies petites fesses par ici », s'exclame Dorian d'un ton théâtral qui lui sied si bien. Tous les employés des lieux, humains ou vampires, cessent immédiatement leur activités pour se réunir autour du propriétaire de l'établissement avec la plus grande attention. Sérieux plus que de coutume, tout en conservant ce petit rictus fier qui lui est propre, il admire ce bataillon de petits fourmis  tout aussi clinquantes les unes que les autres. « Comme vous le savez déjà, ce soir a lieu l'anniversaire de notre chère petite Diva et je compte sur vous pour que tout soit absolument somptueux, car pensez-y, il en va également de la réputation de l'Oasis Pleasure. Alors rentrez vous reposer, manger un morceau ou taper un croc, je veux que cette nuit reste à jamais graver dans les mémoires ».

(•••)

Un désir profond que le Prince comptait bien réaliser pour avoir personnellement participer à toute la mise en place de cette fête. Drogues en tout genre, alcool coulant à flot et cuvées d'hémoglobine de premier choix, rien n'avait été laissé au hasard. Les meubles avaient été bougés ou transformés, les sièges remplacés par des lits invitant à des plaisirs bien plus poussés et le rouge pourpre de la décoration englobait la grande salle d'une ambiance plus envoûtante que jamais. L'établissement avait été privatisé pour l'occasion et les invités se bousculaient au portillon. Strigoïs de marque ou simples mortels anonymes, personne n'avaient été laissé sur le carreau pourvu que le physique soit attrayant. Ce soir, Ephraim été mis à l'honneur, tout comme la beauté et la décadence. Mais en attendant la starlette de la soirée, Dorian brille par son arrivée magistrale comme toujours. Saluant nombreux des membres déjà présents, une ribambelle d'embrassades et de baisers à la russe sont échangés. Excentrique et provocateur, le britannique avait pris un malin plaisir à choisir son costume au vu du dress code imposé. Ayant conçu lui-même sa tenue à l'aide de son ami couturier, le vampire avait opté pour une combi pantalon noir style baroque remontant jusqu'au torse et dont les manches en dentelle transparente laissaient apparaître sa multitude de tatouages variés, le tout agrémenté d'une fanfreluche bouffante en guise de col. Cheveux peignés, boucle d'oreille en forme de perle trônant négligemment à son oreille, ses doigts étaient vernis et couverts de plusieurs bagues et chevalières en or. Une silhouette extravagante mais diablement élégamment pour un être aussi haut en couleurs que lui. Se saisissant d'une coupe de champagne à la volée, Dorian se glisse parmi la foule qui grossit de plus en plus et laisse ses yeux vagabonder sur les visages présents. Sans aucun doute les descendants d'Aphrodite et d'Apollon étaient présents en cette nuit, certains plus proches que d'autres de la lignée. Il se mit à reconnaître des amis de longues de dates, des anciens amants ou conquêtes d'un temps et de futurs noms à rajouter sur sa liste déjà longue comme la muraille de Chine. Sur son passage, l'héritier Lockwood bouscule sans le vouloir une jolie brunette plus âgée que lui d'apparence mais dont la mortalité n'est plus à débattre au vu de la chamade qui anime son cœur. Ni une ni deux, Dorian stoppe sa course un instant, agréablement hypnotisé par les traits délicats de la femme. « Mademoiselle ». De ses restes humains de Lord anglais, il se saisit de sa main pour la lui baiser. « Laissez-moi vous dire que cette tenue vous sied à merveille. Votre nom ? ». Un  sourire séducteur aux bords des lèvres face à la réponse de la bousculée. « Peut-être aurons-nous la chance de nous recroiser cette nuit pour faire plus ample connaissance », suggère l'infant De Conti dans une invitation des plus explicites. D'un léger déhanché, le voilà qui s'éloigne plus loin où il se retrouve à converser avec une hématophage féminine sexy à souhait et son enregistré mâle tout aussi enclin qu'elle à aller plus loin avec le Prince. Une proposition tacite qui résonne aisément dans l'esprit salace de ce dernier mais dont les plans vont devoir se mettre en pause au vu de l'arrivée attendue de son cher enregistré et calice. Non loin de là, Dorian pose aussitôt les yeux sur le jeune homme plus sexy que jamais dans cet accoutrement modeste en tissu et foutrement désirable avec tout ce cuir apparent. Le dévorant de son regard azuréen, le noble britannique lui adresse un clin d'oeil complice, un air épris sans le savoir ornant ses lippes figées dans un sourire sincère. Il le reluque avec avidité, c'est plus fort que lui. Même si son envie de l'accaparer est grande, il se retient pour que le gamin puisse pleinement profiter de la fête. Après tout, lorsqu'on est mortel on ne célèbre qu'une fois ses 20 ans. Un anniversaire marquant et que Dorian souhaite inoubliable pour celui qui refaisait battre son cœur mort depuis longtemps.

Tenue:

On avait pas toujours vingt ans, voilà ce que Lyn et tant d'autres n'avaient cessé de répéter à Ephraim lorsque le sujet avait été abordé durant les conversations concernant ce cap ô combien important dans la vie d'un être humain. Et quand on était un cousin adoré, la Diva de l'Oasis Pleasure et le Calice d'un Prince, on se devait de fêter ça dignement quoi que l'on puisse penser de ce changement de dizaine en particulier. Une fois n'est pas coutume, Lyn avait décidé de participer à la soirée si particulière qui avait été organisée au sein de l'établissement, le thème cependant demeurant quelque peu osé pour elle, l'idée de manquer l'anniversaire de celui qu'elle aimait comme un frère lui était plus insupportable encore que de devoir passer quelques heures dans un cadre plus exotique que ce à quoi elle était habituée. Un problème s'était cependant posé quelques nuits auparavant et la jeune femme s'était alors tournée vers l'une des seules personnes qui saurait l'aider : Dorian. Le Prince, toujours bienveillant à son égard et portant une affection sincère à Ephraim, était un homme qui aimait les belles choses et possédait un regard critique idéal, aussi l'humaine s'était-elle tournée vers lui pour trouver une tenue adaptée qui conviendrait au thème de la soirée, sans pour autant qu'elle se retrouve par trop dénudée. Non pas qu'elle ne soit pas à l'aise avec la nudité -encore que- mais elle ne voulait pas non plus franchir une certaine limite et il fallut toute l'intelligence et la malice du Prince pour parvenir à lui trouver, avec une facilité déconcertante vu de l'extérieur, LA tenue qui serait la plus adaptée.

Le soir venu, les invités étaient déjà nombreux à peine la nuit était-elle tombée, Lyn se joignant à eux après que Dorian l'ai aidée à se préparer, non sans qu'elle le remercie chaleureusement et lui jure de l'aider en retour pour quoi que ce soit dont il ait besoin. La musique était aussi enivrante que les tenues, la chaleur de l'endroit le disputant au luxe et aux banquettes confortables qui avaient été aménagées, et l'humaine se sentit brièvement perdue en voyant tout ce monde, avant de se rappeler combien Ephraim avait le don d'attiser les passions et de se faire le centre de l'attention. Ce fut avec le sourire qu'elle vogua ici et là entre les convives, prenant un verre qu'elle bu lentement pour éviter de s'enivrer, faisant un petit signe de la main à Dorian quand celui-ci rejoignit la fête et, lorsque enfin la star de la soirée arriva, la jeune femme cria de bonheur avec les autres pour l'accueillir, laissant les plus pressés se précipiter pour le féliciter avant de s'avancer à son tour. Un large sourire aux lèvres, Lyn arriva dans son dos et posa sa main gantée de cuir sur l'épaule de son cousin, se penchant à son oreille pour murmurer d'une voix sensuelle.

- N'y a-t-il pas plus bel homme que vous ce soir ? Vous m'embrasserez bien n'est-ce pas ?

C'est à peine si elle pu se retenir de rire, attendant qu'il se retourne vers elle pour laisser éclater son amusement, le serrant dans ses bras et l'embrassant sur la joue avec bonheur.

- Joyeux Anniversaire Ephraim !

Elle s'écarta un peu, prenant le temps de l'observer des pieds à la tête, le regard brillant d'admiration.

- Regarde-toi, tu es magnifique ! Tu es vraiment un homme maintenant.

Le complimenta-t-elle sincèrement avant de lui faire un clin d’œil, tournoyant sur elle-même avant de lui faire face de nouveau, mimant une demi-révérence aguicheuse, ses longs cheveux châtains cascadant sur ses épaules.

- C'est Dorian qu'il faut féliciter pour ma tenue, il a vraiment le cœur d'un Prince. La fête te plaît ?

Demanda Lyn sans se départir de son sourire, se sentant véritablement à l'aise malgré le thème de la soirée, ayant l'impression de profiter pleinement de la vie en cet instant qui, assurément, resterait gravé à jamais dans sa mémoire. Maintenant il ne restait plus qu'à faire la fête et à danser !

Enfin une soirée d'anniversaire digne ce nom ! Quand Erwin avait reçu son invitation, il avait été plus qu'enchanté d'apprendre que la Diva de l'Oasis Pleasure fêtait ses vingt ans avec une soirée organisée en son honneur et ce fut sans même se poser la moindre question que l'aubergiste et ancien client d'Ephraim envoya un bref message pour confirmer à Dorian qu'il serait présent sans faute avec un "+1", à savoir son nouvel Enregistré à qui il avait fait découvrir récemment le club et qui, malgré quelques heurts, méritait bien de pouvoir s'amuser un peu une fois encore. L'habituer à la mixité entre vampires et humains était là l'objectif du Strigoï et il s'était même proposé pour l'aider à trouver une tenue adaptée qui conviendrait à ce genre de soirée, se parant lui-même d'un pantalon de cuir noir et d'un haut en cuir finement tanné et teint en bleu foncé, avec un traitement adapté permettant de le rendre aussi brillant que si on l'avait plongé dans l'huile, de quoi donner aux uns et aux autres envie d'y glisser les mains. Assez fier du rendu, l'immortel était venu dès le coucher du soleil avec Tiago, racontant un nombre incalculable de bêtises en tout genre destinées à le dérider un peu, y compris une anecdote sur une vampire aux cheveux blonds qui possédait des jambes aussi agiles que des lianes, de quoi donner le tournis.

- Ahhh voilà ! C'est maintenant que les choses sérieuses commencent !

Lâcha Erwin alors qu'ils venaient de passer les portes du club, la musique, la lumière et le brouhaha d'une foule d'invités tous plus enjoués les uns que les autres heurtant de plein fouet leurs sens, faisant naître un immense sourire heureux sur le visage de l'immortel qui porta sur l'humain à ses côtés un regard brillant de bonheur.

- Tu vois Tiago, ça ! Ça, ça me rappelle l'époque où j'étais un humain qui allait en boîte de nuit pour danser et rencontrer du monde ! C'est juste génial ce genre d'ambiance, on va bien s'amuser tu vas voir !

Il lui mit une tape dans le dos, riant de bon coeur avant de désigner d'un bref geste deux belles femmes collées-serrées et qui semblaient flirter ensemble, donnant un bref coup de coude au jeune homme avant de lui faire signe de le suivre, s'approchant de ce qui était une vampire et une humaine portant un collier de Calice, toutes deux forts belles et des plus attirantes (@Agatha Pearson & @Wanda Bożena). Erwin se fendit d'un sourire chaleureux et vint leur prendre leur main, chacune leur tour, y déposant un baiser tout en levant sur elles un regard pétillant.

- Mesdames, permettez-moi de vous dire que vous êtes toutes deux absolument magnifiques. Je suis Erwin King, propriétaire de l'auberge du port, et voici Tiago Alvarez.

Présenta-t-il en désignant l'Enregistré à ses côtés, le laissant choisir la façon dont il voudrait se qualifier, se doutant qu'il n'aurait pas apprécié d'être qualifié d'enregistré ou, pire encore, d'esclave. Tout sourire, le brun pour sa part était plus que ravi de voir que l'ambiance était au beau fixe, peinant certes à voir à travers une foule aussi dense, mais peu importait, il irait saluer le propriétaire des lieux et l'invité d'honneur dès qu'il les apercevraient.

Spoiler:

Ayant eu vent des activités de l’Oasis Pleasure, une idée germa dans mon esprit lorsque j’appris l’organisation d’une soirée d’anniversaire en l’honneur du calice d’un infant De Conti. Non seulement il s’agissait d’une occasion parfaite pour introduire Andromaque dans un cercle où elle pourrait y montrer toute l’étendue de son talent, mais c’était aussi l’événement idéal afin de faire connaissance avec d’autres vampires de la Cité. Un calice, un infant royal… Il me paraissait évident qu’il y aurait des hôtes de marque. J’avais ouïe dire que les relations entre les descendants Voltchenkov et les De Conti n’étaient pas au beau fixe, aussi cette soirée serait parfaite pour me forger une image un brin différente de celle de ma fratrie. Un Prince certes, mais un Prince au service des arts d’abord. Si je pouvais éviter de me faire des ennemis immédiatement, ce serait un atout non négligeable et c’était le fondement de tout caractère diplomatique.

Je découvris la salle avec un œil agréablement surpris. Malgré quelques défauts et surtout beaucoup trop de décorations à mon goût plus minimaliste, l’ambiance n’en était pas moins plantée avec soin. Impossible de se tromper sur l’objectif de cette soirée. N’appréciant guère les fanfreluches, j’avais opté pour un jean noir à la coupe parfaite, une chemise noire classique transparente et une veste de tailleur en cuir bleu argenté oversize. Des mèches de cheveux tombaient sur mon front et mon air d’artiste blasé que je me plaisais à arborer en toute occasion contrastait avec le stress qui se lisait sur le visage de mon calice.

— Où se trouve le piano ?

On nous indiqua la scène et le matériel déjà installé pour Andromaque qui tremblait légèrement. Je compris rapidement en voyant les plats d’alcool, de sang et de drogues installés sur les différents comptoirs. Je glissai une main dans son dos en l’entraînant vers notre lieu de travail.

— Tout va bien se passer, sois toi-même. Tu l’as déjà fais cent fois, ils vont être subjugués.

Avec soin, je bandai ses yeux, laissant courir mes doigts sur ce corps qu’il m’aurait bien plu de visiter cette nuit. Lentement, je joignis ses deux poignets que j’attachai fermement aux tissus encore au sol, frôlant la peau délicate avant de me pencher vers son oreille.

— N’oublie pas, tu dois séduire le Calice dont c’est l’anniversaire… mais son maître également…

Lentement, je m’éloignai pour prendre place dans l’ombre au piano. Une fois n’était pas coutume, si j’aimais la lumière des projecteurs, je savais également lorsqu’il me fallait m’en séparer un temps, pour mieux y revenir par la suite. Je ne cherchai jamais la lumière. Elle me trouvait toute seule.

J’appuyai doucement sur une touche puis sur plusieurs, l’accord résonna en douceur à mes oreilles, me confirmant que l’instrument était parfaitement entretenu. Durant quelques minutes, nous attendîmes. Les invités arrivant rapidement, se rejoignant, discutant et puis le brouhaha enfla quand le jeune homme soufflant ses bougies mit les pieds dans le lieu de luxure qu’il avait apparemment l’habitude de fréquenter. Les minutes défilèrent avant que l’on me fasse signe que c’était à nous.

Les lumières baissèrent dans la salle, les projecteurs se tournèrent vers le corps étendu au sol d’Andromaque. Alors enfin, je posai les mains sur les touches blanches et noires pour animer la poupée qui dansait sous mes doigts.

Elle ne me déçut pas. Chacun de ses mouvements avait la grâce d’un ange déchu que la cicatrice dans son dos confirmait. Elle s’envolait, lâchait le tissu, retenue par une infime prise invisible aux yeux du spectateur qui en avait le souffle coupé. Oh, j’étais fier de ma poupée et je savais que ce cadeau serait apprécié alors que je posais les yeux sur les visages éblouis.

La chaleur, dans la salle principale, ne tarda à augmenter de quelques degrés. La soirée commençait à peine, mais déjà les corps se dévoilaient, languides et lascifs. Je cherchais la table, ou un quelconque endroit où déposer mon cadeau et ayant enfin repéré ce que je voulais, j’oubliai de regarder autour de moi afin d’y accéder en me frayant un passage. Je ne le vis pas arriver et percutai le Prince Dorian empressé à surveiller l’organisation de la soirée pour son désormais calice. Si je l’avais déjà vu de loin, si j’avais entendu parler de lui plus d’une fois et notamment par Ephraim, je ne le connaissais pas personnellement. Je n’eus pourtant pas le temps de m’excuser. Il se tourna immédiatement vers moi. Son regard était loin d’afficher la colère qu’un vampire bousculé par un humain pouvait avoir. Non, il me dévisagea, un léger sourire aux coins des lèvres et prit ma main dans la sienne pour y déposer un baiser. Un Prince, dans tous les sens du terme semblait-il. Grâce aux lumières déjà rouges, je pus cacher celui de mes joues. Il était inutile de nier qu’il était bel homme et n’importe qui aurait été flatté d’attirer son attention. Je lui souris.

— Appelez-moi Agatha, mon Prince. Et ce serait un honneur de faire votre connaissance...

J’inclinai légèrement la tête. Certes ce serait un honneur, mais je doutais que ce soit bien raisonnable étant donné son lien avec Ephraim. Quel dommage… De toute façon, ce dernier était déjà parti, un oiseau de nuit volage butinant toutes les fleurs sur son passage. Je comprenais pourquoi la diva l’Oasis Pleasure s’était entichée de lui. Il n’empêche que cette interlude me donna du baume au cœur. Si le Prince en personne se retournait sur mon passage, Wanda avait peut-être raison, il me restait encore quelques belles années devant moi dont je comptais bien profiter.

Je déposai le paquet au milieu d’une immense pile au moment où tout le monde se tournait vers l’entrée à l’arrivée d’Ephraim. Il était magnifique, pour ne pas changer, et étrangement, il se lisait sur son visage et dans son attitude la maturité dans laquelle il entrait. Il était beau, jeune et avait la vie devant lui. J’effaçai une larme qui perla au coin de mon œil. Pas la peine de m’approcher de lui pour l’instant, il avait bien trop à faire et je serai toujours à temps de le croiser un peu plus tard.

Je fus surprise d’entendre la voix de Wanda contre mon oreille provoquant un frisson le long de ma colonne vertébrale alors que ses canines glissaient déjà sur mon cou et que ses mains s’accaparaient mon corps tout entier. Ce genre de gestes dérapaient vite lorsque nous étions à la maison, mais ce soir, il s’agissait d’un autre jeu, légèrement différent.

— Tu ne saurais pas te tenir si je m’habillais comme ça à la maison… mais peut-être que je retiendrai l’idée pour ton propre anniversaire… en privé…

Alors que je glissai une main sur la sienne pour l’arrêter, elle suspendit son geste, trouvant qu’il était encore tôt, et moi aussi, je l’admettais volontiers. Déjà, deux hommes nous abordaient, un vampire et son enregistré comme ils se présentèrent, même si l’humain semblait un peu réticent. Un nouveau tatoué, sans doute. Tatoué, c’était le cas de le dire car son torse seulement habillé d’un harnais présentait de nombreux dessins aux formes diverses qui m’intriguaient. Je n’en avais jamais vu de la sorte lorsque je m’aventurais dans la Bordure pour y glaner quelques informations. D’où venait ce Tiago ?

Deuxième baise-main de la soirée, j’observai le vampire avec attention ne l’ayant encore jamais vu en ville. Décidément, ma maladie m’avait fait rater beaucoup d’informations dont l’arrivée du propriétaire d’une auberge que je connaissais pour y être passée quelque fois.

— Tiago, Erwin, les saluai-je en récupérant ma main pour la poser sur celle de Wanda toujours sur ma hanche. Alors c’est vous, le propriétaire de l’auberge du Port ? On m’avait dit que vous étiez parti, mais vous voilà revenu, et en charmante… et fraîche compagnie.

Je tournai les yeux vers Wanda.

— Crois-tu que ce Tiago va se faire un torticolis à force de chercher quelqu’un ou l’un d’eux va-t-il nous offrir enfin un verre avant que l’on meure de soif ? demandai-je suffisamment fort pour qu’ils nous entendent.

A peine avais-je posé ma question, que les lumières baissaient sensiblement pour éclairer la scène. Des notes s’élevèrent, douces, lentes et sensuelles d’un piano dont le musicien était dans l’ombre. Lascivement animé par la musique, un corps s’éleva à son tour aussi beau que gracieux. Moi-même, j’étais surprise pas la beauté de cette danse suspendues et je retins mon souffle lorsque la jeune femme libéra sa main, étouffant un cri de peur qu’elle ne tombe. Il n’en fut rien. Et j’étais fascinée par ce spectacle d’ombres, de lumières, et de douceur.

@Dorian Lockwood @Wanda Bożena @Erwin King @Tiago Alvarez @Andromaque Āto

Ephraim a, ce soir, tout pour être heureux. Il est entouré de ceux qu’il aime et qui l’aime en retour. Ces derniers avaient revêtu leurs plus beaux atours, le jeune homme ayant cru apercevoir dans la foule rien de moins que Wanda et Agatha particulièrement séduisantes. Une fête organisée par un Prince, rien que ça, est organisé tout en son honneur. Il est au centre de l’attention de tous et son cœur n’a jamais été aussi gonflé d’amour et de fierté qu’en accrochant les lapis-lazuli de son royal amant à travers la foule. Comme s’ils étaient reliés l’un à l’autre et qu’il savait parfaitement où le trouver, Ephraim remarqua sa silhouette noire et resplendissante au travers de la pièce. Immédiatement un large sourire se forme sur ses lèvres fines tandis que le propriétaire des lieux et de son cœur lui adresse un léger clin d’œil. Sa gorge s’assèche furieusement en remarquant la finesse de la dentelle noire qui recouvre le haut de son corps, laissant entrevoir sa peau diaphane sur laquelle glisse des tatouages dont il pourrait faire le tracé les yeux fermés du bout de sa langue. Son cœur palpite en remarquant la manière son pantalon sombre lui moule gracieusement la taille et les fesses. Et il ne peut s’empêcher de s’humecter les lèvres tandis que son bas ventre résonne d’un gargouillis qui n’a, vraisemblablement rien à voir avec la faim. Alors qu’il s’apprête à faire un pas dans sa direction, comme hypnotisé, une main gantée se pose sur ses yeux, rompant l’échange oculaire avec son Maître, et une voix se voulant charmeuse résonne à ses oreilles. La désorientation de l’ancien prostitué ne dure guère longtemps alors qu’il reconnait immédiatement la voix de sa cousine malgré le brouhaha ambiant. « Lyn ! » s’exclame-t-il en se retournant et en la prenant dans ses bras. « Les baisers sur la bouche je les réserve à quelqu’un d’autre mais sur la joue sont pour toi ! » réplique-t-il du même ton avant de passer aux gestes promis. « Oui, je sais mais j’ai toujours été un homme voyons. » Il lui adressa un clin d’œil amusé. « Depuis mes 4 ans pour être exact. » Il n’y avait pas réellement de quoi rire mais Ephraim était d’humeur joyeuse et titilleuse. Il glissa ses mains sur son veston, tirant légèrement sur ce dernier. « J’ai l’air d’un dur à cuir comme ça ? » Il se recula légèrement pour observer d’un regard expert sa cousine et sa tenue bien sage par rapport à d’autres mais qui lui allait à ravir.

« Dommage que le Commandant ne soit… » Mais sa phrase fut soudainement interrompue lorsque les lumières semblèrent faiblir avant de s’éteindre brutalement tandis que des notes de musique résonnaient et qu’une muse des plus torrides entamait un show aérien des plus sensuels. Il ne reconnaissait ni sa silhouette, ni son cœur alors même qu’il connaissait tout de ses partenaires de danse. Tel un aimant puissant, il se détourna de sa cousine et à l’instar des invités, se tourna et s’approcha lentement de la demoiselle inconnue, son regard glissant sur ses arabesques, haussant foncièrement les sourcils de surprise en la voyant s’élever dans les airs avant de pousser des cris de surprise quand elle se laissa glisser avec grâce, retenue uniquement par les tissus de soie. « Qu’est ce que… whoa ! » Incapable de détacher ses yeux de l’inconnue et alors qu’une chaleur diffuse se répandait dans l’intégralité de son corps, il ne parvenait pas à savoir s’il désirait la jeune femme comme la quasi-totalité des personnes présentes et pourvu d’yeux, ou s’il voulait être elle. Certes, il était un excellent danseur, le plus sensuel et sexy de tous de sorte qu’il n’avait pas volé son titre de star des lieux. Mais ce qu’elle parvenait à faire avec ses bras, ses cuisses et même son cou. Il voulait le faire. Lentement, chose qui lui arrivait rarement, il leva ses deux mains avant de les frapper l’une contre l’autre, entraînant ou se joignant à une salve d’applaudissements et de sifflements aussi goguenards qu’encourageants. Il ne savait de qui il s’agissait mais il voulait être le premier à la féliciter et à lui demander de lui apprendre.

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