Anthéa

Quand elle ne surveille pas la salle pendant les festivités nocturnes, s’assurant de ce qu’aucun client ne manque de rien, Anthéa dirige la troupe d’une main de fer le jour. En lien direct avec Jaroslav et Orphée, elle se charge aussi du recrutement selon leurs indications, veille à ce que l’établissement puisse offrir quotidiennement son lot de réjouissances, surveille les employés et les oriente. Son travail lui plait, elle est pleine d’assurance : une poigne d’acier dans un gant de velours. Anthéa ne croit ni en la chance ni aux opportunités fortuites. La chance appartient aux oisifs, l’opportunité s’offre à ceux qui l’imposent. Elle est consciente du fait que peu d’humains ont l’occasion de mener leur barque, ne s’en targue pas pour autant, se satisfait simplement d’avoir une position déterminante dans le commerce juteux du plaisir. Fine psychologue, elle sait parfaitement déterminer à qui elle a affaire et se comporter en conséquence. Ça n’est pas qu’elle voue au monde immortel une admiration sans borne, elle est simplement pragmatique, réaliste, et s’il faut se placer du côté du plus fort pour réussir, alors qu’il en soit ainsi, elle joue selon leurs règles, comprend leur monde, leur cruauté parfois, leur longue vie traversée de plus de vies qu’il n’est possible de le supporter et en saisit l’héritage. À l’Oasis Pleasure, si les murs ont des oreilles, ils sont les extensions directes de ses organes sensoriels : Anthéa voit, entend, retient et se sert judicieusement de ces informations, les révélant quand il le faut mais taisant la plupart dans les profondeurs secrètes de sa mémoire. Difficile de percer à jour ses réelles convictions, si elle apprécie certaines personnalités plus que d’autre, elle sait faire le jeu politique de l’affabilité, quelque soit ses desseins : obtenir gain de cause, calmer des tensions, plaire et faire penser qu'on lui est agréable. Fidèle à l’Oasis et à ses maîtres en apparence, elle obéit en tout, nimbée d’une aura étrange insaisissable qui l’épargne d’être prise pour une enveloppe vide d’essence. En cela, il est impossible de savoir si elle le fait par allégeance, attachement ou si c’est encore un fard ajouté sur les pores de sa réalité.

Anthéa a parfaitement conscience de ses habilités, n’outrepasse pas ses prérogatives mais sait faire preuve d’impudence et d’effronterie allant parfois même jusqu’à faire le pari de son existence contre la promesse d’une position plus avantageuse.

Elle est dotée d'un sens de l’observation exacerbé, yeux de lynx scannant la moindre scène, la moindre micro-expression, lui permettant d’opposer la meilleure réaction. Ses maîtres y reconnaissent là un atout et non des moindres, lui donnant pleine confiance pour apaiser les tensions en cas de besoin.

Son corps n’a aucun secret pour elle, enveloppe, réceptacle, il est l’outil de ses plans, sans pudeur ni tabou. Féline, déambulant dans ses apparats consciencieusement choisis pour mettre en valeur sa silhouette.

Les relations avec les employés sont parfois houleuses, elle est trop souvent perçue comme le bras droit des maîtres et il est difficile pour eux de lui accorder leur confiance. Anthéa n'a aucune velléité de nuire à autrui, sa rudesse à leur égard n'est que l'effet de sa volonté d'assurer un équilibre sain dans l'établissement. Un pied dans chaque monde, tel est son lot quotidien.