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D'or et de sang ( ft. Hwang Ji Ok )



24.09.22 21:54

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Son dos se frottait lentement contre la barre de métal froid, marquant sa peau de minuscules morsures amenées par les chaînes fines et agrémentées de petites pièces qu'il portait en ornement. Attaché à un collier en métal épais autour de son cou, le bijou complexe coulait sur ses épaules, le long de ses omoplates, jusqu'à ses hanches. Reprenant les lignes d'un corset, elle attrapant la lumière au gré de ses mouvements. Lysander ondulait encore contre l'axe vertical qu'il capturait tantôt entre ses cuisses, ou laissait glisser entre ses reins dans ces mouvements si caractéristiques des danseurs exotiques.

Lui se disait qu'il n'y avait pas grand chose d'exotique avec cette barre, mais qu'on aurait pu qualifier ça aisément danse nuptiale. Ou pire. Il fallait dire qu'il avait tout son temps pour réfléchir, il connaissait ses gestes parfaitement, et s'était entraîné tant de fois qu'il envisageait être capable de continuer sa chorégraphie même en s'endormant.

Et il s'ennuyait, ce soir-là. Il n'y avait aucun visage pour attirer son intérêt, pas plus qu'il n'y avait de cibles intéressantes. Il allait pourtant devoir en choisir une, car il ne restait plus que quelques minutes de performance. Ses doigts glissaient désormais sur son torse et il entrouvrait les lèvres dans une des moues lascives qu'il travaillait sans relâche devant le miroir. Menton un rien tendu vers la lumière rouge située sur le côté droit de la scène, quelques boucles lâchées pour ajouter un rien d'érotisme, il savait très bien que cette pose, sous cet angle, offrait à son petit public une image quasi-parfaite.

Glissant finalement sur ses genoux, le félin creusa largement le dos, lançant un regard incendiaire à l'assemblée. Ses griffes attrapèrent quelques billets dans la foulée, les relâchant au dessus de sa tête dans un message qui se faisait de plus en plus clair le temps passant : Plus ils en donnaient, plus il en donnait en retour. Une transaction simple qui s'avérait efficace, à la longue. L'un de ses habitués, cheveux blonds en bataille portant un look qui devait avoir une centaine d'années de retard, jeta finalement une nuée de coupures devant les yeux avides du danseur.

La broche du haut de sa tunique en fut relâchée, dévoilant son torse toujours peint de ses délicates arabesques d'or. Il se demanda un instant si les charognards allaient enfin en lâcher assez pour aller à l'étape suivante, son pouce glissant avec un certain défi sur la ceinture de corde qui le tenait encore décent. C'est que lui-même commençait à s'impatienter, il avait encore de quoi leur plaire. Même pour la petite racaille ténébreuse, celle qui ne gagnerait pas un seul de ses regards quand il serait hors de la scène.

Mais il fallait bien avouer que ce n'était pas les plus riches qui dépensaient le plus. Son fan-club, fort modeste, était surtout composé de petites frappes qu'il suspectait appartenir à la milice. Et ceux là venaient manifestement jeter leurs billets comme des enfants à la foire.

Nouvelle douche pécunière, et c'est après un regard sur les numéros - enfin ! Un billet à trois chiffres - qu'il se décida à accéder à leurs demandes plus ou moins vociférées. S'étirant pour voler un verre qu'on lui avait mis en offrande en bout de scène, le brun en but les trois quarts, laissant le dernier s'écouler de ses lèvres jusqu'à sa gorge. Un rappel parfaitement calculé au vice le plus sombre qu'ils partageaient tous, le vin rouge glissant sur la chair mordorée jusqu'à s'échouer paresseusement au niveau de son nombril orné d'un petit soleil.

C'est après avoir écouté les grognements d'approbation qu'il se cambra, toutes cuisses écartées, pour tirer sans manières sur la petite corde dorée. Le reste des étoffes ridiculement fines s'échouèrent dans un mouvement souple sur le sol, libérant enfin l'Apollon de ses derniers tissus. Les lèvres de ce dernier étirèrent un large sourire, et ses bras cliquetèrent sous ses apparats quand il les redressa au-dessus de sa tête, les poignets collés par une force invisible avant qu'il n'ondule paisiblement. La vue de sa queue déclencha un mouvement approbateur global, et on remarqua qu'il portait aussi grand soin de ce qu'il gardait habituellement caché. Il n'y avait là pas un poil disgracieux, et même cette peau ci était décorée de petites arabesques glissant de son aine à sa base.

Comme il l'avait prévu, cette nudité qu'il avait mis des semaines à dévoiler modifia d'un rien l'atmosphère autour de lui. D'autres coupures s'envolèrent jusqu'à lui, presque le double de ce qu'il y avait jusqu'à présent. Lui en saisit quelques uns avec désinvolture, feignant de ne presque pas s'intéresser à ce qui valait moins de plusieurs centaines. Tendant le papier pour le respirer comme s'il s'agissait du plus fin des mets, le danseur étira finalement son corps pour se redresser, marchant avec la fierté d'un lion autour de sa petite arène.

" ... L'argent m'excite. Ce n'est pas votre cas ?" Susurra t-il finalement en glissant ses ongles le long de ses côtes jusqu'à ses hanches, fixant chacun de ses généreux donateurs pour les inciter à perdre un peu plus de ce qu'ils avaient économisé à ses pieds.

Mais quelque chose s'alluma finalement dans son esprit. Il y a quelque chose de différent. Quelque chose qui venait de l'exciter, bien plus que tout l'or du monde. Il ne savait pas encore quoi, et ne pouvait tout arrêter pour scruter chaque détail de l'Oasis Pleasure. Mais c'était là. Il le sentait. Jusque dans ses os.
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25.09.22 15:09

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Voilà la vingtième nuit arrivée.

Voilà que je me mets à compter les jours.

Voilà que j’énumère le nombre de rêves que j’ai fait.

Des doigts s’attardant sur un genou, une cuisse. Un souffle brûlant ma gorge. Une main s’emparant d’un corps frêle, plongeant dans des boucles brunes pour en tirer la veine offerte, battante. Un corps pressé contre le mien, sursautant au contact de mes lèvres et…

Le réveil.

Brutal.

Vingt sommeils agités. Brûlants. Alors que j’en prévoyais vingt années.

L’obsession avait au moins eu une bonne chose. Je m’étais mis au travail, jeté dedans à corps perdu, dessiné les plans du nouvel aqueduc, l’avait refait une deuxième fois en gommant les détails inutiles. Tous mes dossiers en cours avaient été mis à jour. J’avais été d’une efficacité redoutable pour me changer les idées. L’obliger à sortir de mon esprit.

Cette nuit, quand j’avais ouvert les yeux au fond de mon lit recouvert de soie fine d’un pourpre sombre, j’avais su que je ne tiendrai pas un jour de plus sans le voir. Le toucher. Apollon m’avait jeté un sort et il me fallait le rompre immédiatement avant que j’en perde la raison. Nu, je sortis du lit pour prendre une douche glacée qui ne m’empêcha de devoir me soulager aux souvenirs des derniers fragments de rêves qui voilaient encore mon esprit. J’enfilais un pantalon noir dont je serrai la taille d’une ceinture simple à boucle d’argent. Pas besoin de chemise, je voulais, moi aussi, lui montrer que j’avais du charme et que je savais m’en servir, lorsque je le désirais. Je mis le veston dont le dernier bouton arrivait au dessus de mon nombril, un carré de soie bleu nuit coula le long de mon cou et la veste du costume se lova sur mes épaules. Noire, elle aussi. J’avais beau jouer les indifférents, ma coquetterie était l’une des rares choses que j’appréciais encore dans ce bas-monde. Ça et… l’obsession qui s’était immiscée au cœur de mes plus profonds sommeils.

***

Tapis dans l’ombre, j’ai néanmoins une vue parfaite sur la scène. Le spectacle qui s’y joue ne risque pas de guérir mon obsession. Le corps fin et agile d’Apollon se dévoile, languissant et sensuel sur cette barre de métal. Les billets s’agitent autour de lui. L’œil vorace de comparses qui ne convoitent que ses courbes aguicheuses. Il leur répond, en joue, provoque, manipule comme un orfèvre le fait d’un fil d’or. Il sait. Et ce misérable m’a fait chuter.

Je l’observe alors qu’il se déflore lentement. Une broche ôtée dénude son torse délicat. Il n’ira pas plus loin. Il ne le fera pas. Mais je me trompe. Bientôt, sa nudité est exposée aux yeux les plus affamés. Les détails de l’anatomie n’ont plus de secrets pour personne. C’en est presque décevant. Rien d’élégant. Rien de raffiné. Pas comme Jin. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de le trouver magnifique dans cette indécence. Je sais déjà qu’il ne sortira plus de mes rêves. Mon repos est terminé si je ne me rapproche pas de lui. Au moins un peu.

***

Je fais quelques pas. Je ne le remarque pas, mais les gens s’écartent d’autorité devant moi. Je n’y fais pas même attention. Mon regard est fixé sur le danseur qui, nullement gêné par sa nudité, attends encore que l’argent coule à flot. Il aime l’argent. Et j’en ai à revendre depuis sept siècles, ma fortune s’est amassée malgré les guerres. J’ai su investir dans les matières premières et l’art que, encore plus aujourd’hui, toutes les nobles s’arrachent. J’approche de la scène, il ne m’a pas remarqué. De la poche intérieure de ma veste, je tire un billet. Une couronne. Voilà tout ce que je lui offre. Pour le moment. À lui de voir si ça lui suffit pour se donner à moi.

Un vampire s’agite devant mon nez, il tente de m’empêcher de prendre sa place devant la scène. Il me suffit d’un regard pour le voir se taire aussitôt. Je suis terriblement plus âgé que lui. Terriblement plus puissant que lui. Il couine et recule en se prosternant presque à mes pieds, ce chien galeux dont le désir pour Apollon dans le regard me dégoûte.

Il n’y a plus d’obstacle.

Le corps nu ondule face à moi. Seul les chaînes de son collier ternissent la splendeur de son éclat. J’enroule les doigts autour de l’une d’elles et tire dessus pour le rapprocher de moi. Son regard d’eau claire est indéchiffrable quand il plonge enfin dans le mien. Je n’y vois que la transe de sa danse brûlante. Je lève le billet, qu’il voie sa valeur avant de le glisser entre le collier et la peau de son cou déjà marquée par le métal.

N’oublie pas de te rhabiller. Je n’aime pas la vulgarité.

Un murmure que seul lui peut entendre alors que mes doigts glissent sur la chaîne pour le relâcher.

Je m’éloigne.

Au bar, ma chaise est occupée. Il ne l’a pas fait garder. Je ne suis pas certain qu’il vienne me retrouver. Tant pis, je l’aurais au moins approché. Sans regret. Je jette un coup d’œil vers la scène avant de tourner du côté des alcôves. La jeune prostituée qui vient toujours à moi n’est pas là cette fois. À croire qu’ils m’ont tous oublié en vingt jours seulement. Comme quoi, je ne suis pas irremplaçable. Personne ne l’est. Je ne me permettrai pas d’en douter, même si le constat égratigne un peu mes pensées. Il me hante. Ne le hantais-je pas, moi aussi ?

Alors je croise une banquette de libre, excentrée. Elle est presque tranquille dans ce coin là. Je m’y assois, laissant mes habitudes gémir d’inconfort. Apollon voulait me forcer à changer, il y était arrivé.
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26.09.22 19:55

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Il ne s'était pas trompé, quelque chose de bien plus excitant l'attendait ce soir-là. Vingt nuit. Exactement vingt avant qu'il ne revoie son visage frayer entre les tapisseries baroques. Le visage pâle qu'il avait attendu sans espoir était juste là, et venait de chasser l'un de ses fidèles d'un seul regard. C'était aussi grisant que l'alcool qui se ruait dans son sang encore chaud de danse et d'efforts.

Lysander étira un large sourire avant de finalement se laisser totalement glisser sur le devant de sa petite scène. D'abord à genoux, il cambra le dos jusqu'à ce que ses épaules ne se vautrent dans les billets. Ses cuisses poussèrent d'un rien et il se trouva bien assez vite allongé. Etendant les bras au-dessus de sa tête, il laissa fleurir un sourire victorieux, si proche du visage du Métronome. A vrai dire, il n'avait qu'à se pencher pour poser ses lèvres sur les siennes, à l'envers. Mais il préféra tirer l'une de ses chaînes, le narguer d'un billet au montant ridicule, et fourrer ce dernier entre sa peau ruisselante et son collier épais.

Le danseur entreouvrit lentement les lèvres, leva distraitement ses jambes dont les chevilles se croisèrent avec un tintement joyeux une fois au firmament, mais ne répondit pas à la provocation. Il n'aimait pas la vulgarité ? A d'autres. Ses ongles peints d'or vinrent récupérer le billet qu'il plia doucement dans le creux de sa main avant de se relever complètement. Lysander adressa finalement une révérence à son public plus généreux qu'à son habitude, récupérant d'un mouvement les étoffes abandonnées sur la scène. D'un regard, il avisa l'une des nouvelles puis la scène qu'il quitta sans se donner la peine de récolter son dû. La jeune le ferait. Lui ne devait pas s'avilir à ces tâches là, quitte à y laisser un pourcentage.

C'était ça la vulgarité, à ses yeux. C'était de laisser voir ce qu'il désirait le plus, c'était finir à genoux non par besoin, et non pas par choix. Les rotules de la petite rousse qui venait de rejoindre l'Oasis Pleasure se feraient donc un plaisir de raper le bois de la scène pour lui. Il payait bien, après tout, et elle n'avait pas saisi le problème d'image que cela renvoyait. Tant pis pour elle. Bientôt, elle finirait à genoux pour d'autres tâches moins ingrates.

Se glissant dans l'espace dédié aux loges, le brun retrouva le tout petit bureau qu'on lui avait apprêté. Il vérifia chaque détail de son corps dans le miroir, et retoucha ce qui devait l'être. Une chaînette entortillée, un faux pli dans la coiffure, le coin d'un trait de khôl qui avait bavé sous l'effet de la transpiration. Hésitant un instant, il préféra à ses tuniques un simple peignoir de soie blanche. Il ne lui appartenait pas, mais il pouvait emprunter quelques tenues de scènes sur les racks destinés aux danseurs désormais. Il ajusta l'ouverture pour quelle ci soit un rappel au torse dévoilé du Métronome qu'il n'avait pas manqué de regarder, puis saisit un petit ciseau à ongles qu'il glissa dans une des poches.

Cela fait, il enfila rapidement ses sandales lacées avant de sortir, le souffle faussement calme. Il était physiquement draîné, et la douleur ne tarderait pas à poindre dans ses membres. Il fallait dire qu'il travaillait sans relâche. L'une de ses chevilles était même sévèrement froissée, et il avait passé les trois derniers soirs à la nicher dans de la glace. Il regretterait sans doute au lendemain, mais il avait calculé qu'il aurait par la suite au moins trois jours de repos pour s'occuper de ce problème ci.

Pour l'heure, il marchait souplement dans les ombres de l'Oasis, ignorant la pique qui remontait le long de son mollet. Ah. Le Métronome avait une autre place, oui. Il fallait dire qu'il n'avait pas gardé la sienne, sans doute un peu volontairement. Il avait pris soin de lui si longtemps dans l'ombre, peut-être que l'absence de ses efforts se ferait enfin ressentir. Désormais, ces derniers allaient être visibles.

Aussi commanda t-il un verre du sang préféré de son visiteur un peu plus fort qu'à son habitude, faisant un détour remarqué au bar. Ce blanc éclatant qu'il portait aux épaules était particulièrement visible : c'était sans doute le but. Il prit aussi un verre pour lui : un verre de vin rouge. Seule la densité semblait séparer ces deux liquides jusqu'à ce qu'on ne les goutte. Un tintement de bijoux plus tard, et il arrivait enfin au niveau du vampire. Son regard, toujours aussi finement souligné, s'arrêta d'abord sur le torse pâle qu'il ne pouvait que contempler. Il se demanda un instant la sensation que ce dernier aurait sous ses doigts. Puis en revint à son visage : la même noirceur hypnotique. C'était un plaisir pur que de le revoir ici. Pour lui.

Il glissa sur la banquette, sa cuisse chaude dévoilée par le pli du tissus quand il croisa les jambes dans la foulée. Il se tenait à quelques centimètres à peine de la mort elle-même. Le verre de sang glissa doucement entre deux doigts jusqu'à son destinataire, et il lui offrit finalement un nouveau sourire, hâlé du soleil dont son visage était une nouvelle gorgé.

" Alors. Que se passe t-il maintenant ? " Demanda simplement Lysander, le regard s'enflammant à mesure des mots qu'il prononçait à voix basse, ne se laissant entendre que de son voisin.
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05.10.22 17:41

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Sa chaleur est douce. Ses doigts glissent de mes lèvres à mon cou, tentent de s’aventurer plus bas, le long de mon torse dévoilé pour une seule personne qui n’est pas elle. Je constate qu’elle porte une perruque, mais ne le lui fais pas remarquer. Qu’elle en souffre ou pas, qu’elle soit malade ou pas, c’est bien le cadet de mes soucis. C’est à peine si j’entends les mots qu’elle susurre à mon oreille, toute mon attention est rivée sur la scène bien vide depuis qu’Apollon en a disparu. Une jeune femme est accroupie, elle ramasse les billets un à un et je devine qu’elle est aux ordres du dieu soleil. Le constat m’amuse. Crystal s’imagine que cette attention est pour elle lorsque mes yeux croise les siens. Mais aussitôt, l’animal est aux abois. Elle redresse vivement le dos. Son regard se détourne du mien, se pose loin derrière moi, se remplit d’une frayeur soudaine.

Je sais à cet instant que j’ai appâté le poisson. Il arrive.

Comme montée sur ressort, l’humaine se lève, balbutie quelques mots que je ne saisis pas, puis la regarde détaler. Une lapine effrayée, prise entre les phares d’une voiture, n’aurait pas été plus rapide.

Le tintement de ses bijoux le précède. Même ça remplit mes sens d’un désir irrépressible dont je n’ai pas pu me débarrasser et qu’il me faut embrasser désormais. Je lui accorde un regard, me tourne légèrement pour le voir arriver devant moi, un verre dans chacune de ses mains. L’éclat immaculé de son peignoir dénote dans la lumière tamisée du club. Il était d’or. Cette nuit, il se fait d’argent et répond à ma meilleure alliée qui luit dans un ciel sans étoile. À chaque pas, la peau pâle d’un mollet se dévoile tandis que son torse impudique frôle le tissu un peu trop lâche quand il s’installe.

J’ai bien remarqué l’hésitation dans son regard. D’abord sur ma chemise laissée entrouverte pour lui. Je suis ravi de ce petit effet, de cet éclat que je lis dans ses yeux au moment où il les relève  sur mon visage. Je soutiens ce regard. Pourquoi pas ? Ça n’a pas grand-chose à voir avec la dernière fois. Il n’y a aucun défi dedans, aucune volonté de gagner et de dominer l’autre. Il n’y a que de la curiosité. Peut-être un peu de provocation, mais tout juste. Il sait pourquoi je suis là. Et je sais pour quelle raison il se laisse tomber sur cette banquette près de moi.

Plus que le mollet, c’est sa cuisse qui s’offre à ma vue quand les pans du peignoir éclatant d’argent glissent sur la peau lisse. Je tressaille. Un tic dans la mâchoire où mes canines s’imaginent déjà à la caresse de l’albâtre. Je suis obligé de réprimer un violent désir de l’allonger et d’enfoncer mes crocs  au plus près de la veine palpitante qui bat dans ce muscle fin et ferme.

Heureusement, son geste me ramène à la réalité. Il me tend le verre et, après de longues secondes, je glisse une main sur ses doigts pour le lui ôter. Je suis assoiffé. Peut-être pas du même sacrifice, mais cela fera bien l’affaire. Baissant légèrement les paupières, je bois une gorgée, deux, trois. Je savoure le liquide épais qui s’écoule dans ma gorge et m’empêche de sombrer. Le dosage est plus alcoolisé que d’habitude, mais soit. Après vingt jours, peut-être ne se souvient-il plus. La mémoire des humains est fragile.

Sa voix résonne doucement, c’est un murmure auquel je ne m’attends pas. « Alors. Que se passe t-il maintenant ? » Mais il a raison, la balle est dans mon camp. C’est moi qui suis parti la dernière fois. Moi qui l’ai accusé de m’aveugler. Moi qui ai souhaité ne plus le revoir. Moi encore, qui ai rompu ma promesse et franchi les portes de l’Oasis Pleasure, ce soir. Je le désire et il me faut l’accepter.

Lentement, je lève les yeux vers lui, le regard glissant le long de ses jambes délicates, passant par le simple nœud qui le préserve de la nudité dans laquelle je l’ai vu, tous l’ont vu, quelques minutes plus tôt, le long de sa gorge blanche, de ses lèvres épaisses, lascives et jusqu’à ses yeux d’aigue-marine dans lesquels je me suis noyé.

Je crois que te débrouilles très bien pour en décider à ma place.

Le verre caresse à nouveau mes lèvres tandis qu’une gorgée se glisse sur ma langue.

Tu n’as pas besoin de m’enivrer pour obtenir ce que tu veux, ce soir. Il est bien plus fort que ce que tu me sers d’habitude.

Je me redresse, dépose le verre sur la table basse devant nous. Son pied est presque sous mon nez. Si je respirais encore, il sentirait mon souffle sur sa peau, mais ce n’est plus le cas depuis longtemps.

Quel est ton prix ?

La question est simple, mais elle contient toutes les réponses attendues, celles du passé, du présent, mais aussi celles de l’avenir. Celui que je partagerai avec le danseur. Je ne connaissais pas son nom avant ce soir. Mais je l’ai entendu plusieurs fois en me frayant un chemin jusqu’à lui, murmuré sur des lèvres avides.

Lysander.
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05.10.22 21:22

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Que reste t-il au ciel pour plaire quand la lune fuit le soleil ?

Le voir boire aussi rapidement était une sensation tout aussi agréable que celle de l'alcool qui chauffait lentement son sang et ses joues. Lysander se permettait de respirer plus librement, d'être davantage lui-même en cet instant. La proximité devenait promiscuité, ils s'approchaient plus inévitablement que deux aimants opposés. Ou deux amants opposés, songeait Antoine un peu plus loin, perpétuel témoin des interactions du duo qui s'était si longuement ignoré à sens unique.

Le félin croisa lentement ses bras devant lui, jetant un œil paresseux sur la salle et les quelques spectateurs encore attardés sur ce corps qui leur donnait sans doute des pensées impies. Puis, rapidement, il en revint à l'objet de toutes ses attentions. Il ne voulait rien de moins que le diamant dans la boîte à bijoux, ignorant aimables émeraudes comme sulfureux rubis. S'affaissant, il effleurait le beau corbeau au fil de ses inspirations profondes et encore intenses. Son corps devait se réguler après les efforts de la danse, et souffrir des affres bien mortels des effets l'activité physique.

Il ne fit même pas de commentaire au sujet de Crystal. Elle avait dû comprendre, quelque part. Elle le fuyait comme la peste depuis, et lui retenait que la gourde avait encore une fois tenté de s'approcher de son client. Elle n'avait donc pas fait le rapprochement jusque là. Il espérait que le message était désormais clair : torturer ses opposants n'avait rien d'amusant ou de jouissif passé les petits pics d'adrénaline que la fourberie apportait au moment du méfait. C'était le plaisir idiot de la bêtise de l'enfant qui sommeillait toujours dans cet adolescent qui traînait à grandir.

La conversation, elle, était on ne pouvait plus mature. Elle était un tournant, un moment clef pour lui. Il savait que l'autre sentirait son cœur s'affoler ainsi. Qu'il verrait l'éclat brusque dans son regard. Les milliers d'émotions, parfois contradictoires, mais si humaines, inonder soudainement ses iris si claires, presque transparentes, en mille soleils adorés.

" ... Je ne sais pas. Eux savent." Doucement, son visage se tourna vers les deux propriétaires des lieux qui le hantaient. Deux âmes si opposées, la glace et le feu, déambulant en Dieux dans les pièces feutrées de la maison des plaisirs.

Il y avait beaucoup de risques. Et pourtant. Il ne pouvait céder à ses principes, à ses décisions. Il ne s'offrirait pas par morceaux, pas par petites touches. Il refusait de dissoudre ce qu'il avait à donner, et il n'avait que lui-même, jusqu'à devenir un insipide meuble de l'Oasis. Il voulait être l'animal exotique qu'on viendrait voler, tirer loin de ces rideaux épais. Il ne voulait pas les hommes. Il n'en voulait qu'un. Il voulait tout ce qu'il ne pouvait obtenir naturellement. Il voulait la liberté de choisir dans ce monde sombre où il irait et avec qui. Il avait encore ce luxe. On ne lui avait encore rien volé.

" Je ne veux qu'un seul Maître. Je lui appartiendrais entièrement, à lui et lui seul. Ma vertu, ma vie, mon sang." Il marqua ses premiers mots d'une longue gorgée de vin, le menton haut, les idées fixes. On le moquait tant pour ses principes. Il entendait les prostitués lui rire au nez et à la barbe, toute la journée. Et pourtant; l'Apollon tirait une fierté inflexible. Fierté de résister aux tentations, fierté de ne pas céder à la facilité, fierté de savoir pour quelle raison il était en ce monde.

" Vous êtes différent. " Car le brun devait se demander, pourquoi moi. Et il préférait devancer ses interrogations, tournant la tête de nouveau dans sa direction dans un tintement clair et léger, doux aux oreilles.

" Vous êtes comme la lune. Pas la marée qui dévore aveuglément." Etait-il clair ? Peu probablement. Mais les Mères avaient toujours parlé ainsi, et il se sentait si sincère, si clair à cet instant, que son langage redevint un instant celui du foyer. Dans ce monde de ténèbres, toutes chose était damnée, mais la lumière du jour victorieux s'y distillait, s'y reflétait à sa façon. Dans ce stoïcisme se cachait une autre prédation. Il était noble de s'attaquer à sa propre solitude aux yeux de Lysander. Il aimait son marbre, il aimait sa résistance au monde extérieur. Il aimait ce vampirisme ci. Si loin de l'humanité, de la bestialité, de la férocité. Il était une créature mille fois plus séduisante dans sa résilience, dans ses brèves fulgurances qui, rares, se drapaient d'élégance. Il préférait le loup qui ne se prenait ni pour un lion, ni pour un agneau.
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