Nuit/Jour


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Never thought i'd see you again ☾ Vivi & Mikhaïl (flashback)



25.08.22 17:40

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Never thought i'd see you again
@Mikhaïl Azarov.
Le vent soufflait froid, rougissant le nez et les doigts, remontant les épaules dans une veine tentative de conserver sa chaleur. Vivi se tenait sur le qui-vive depuis les premières lueurs du lever du jour, prête à prendre la route. Elle fourra quelques restes du repas de la veille dans sa besace, vérifia sa gourde et quitta le camp du Lac Chilliwack.
Le trajet jusqu’à la Bordure était long mais elle se refusait de le parcourir de nuit, à cause des risques. La journée n’était pas forcément plus sûre, elle l’avait appris à ses dépens ces dernières années. A se méfier des dhampirs et des écorcheurs, on oublie facilement que les Hommes aussi ont leurs tares.

Il y avait trois chemins pour retrouver la Cité. La montagne, le bord de la rivière ou la forêt. La jeune femme éliminait toujours celui de l’eau, le trouvant trop découvert, trop risqué. Celui de la forêt fut celui qu’elle privilégia, pour se protéger du vent.
Elle marchait vite, ne s’arrêtant que quelques minutes par ci, par là, pour se désaltérer. Il n’y avait pas de temps à perdre, surtout si elle voulait arriver suffisamment tôt pour pouvoir rentrer au camp avant la nuit. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis qu’elle avait quitté la Bordure et maintenant qu’elle avait goûté à la sécurité de la Harde, elle s’efforçait toujours d’être en leur compagnie une fois la nuit tombée.
Chez eux, elle avait trouvé une famille, des amis, des gens sur qui compter. Si elle ne faisait pas une confiance aveugle à tous ses membres, voir confiance tout court, elle l’avait placé entre les mains de son chef et c’était bien suffisant. En son sein, elle avait appris à se défendre plus efficacement, elle avait trouvé une communauté qui pouvait compter sur elle autant qu’elle pouvait compter dessus, la galère de la Bordure avait pris fin et elle goûtait enfin à un véritable sentiment de liberté plus que de survie pure.

Le soleil était haut dans le ciel lorsqu’elle posa le regard sur la Bordure et les hauts murs de la Cité. Elle était venue chercher ce qu’on ne trouvait nulle part ailleurs que dans la Bordure, le genre de choses qui ne poussent pas dans les arbres ou dans l’eau d’un lac. Depuis l’invasion de la Cité et la mise à sac de la Bordure, la plupart des choses intéressantes avaient été pillées mais elle misait sur sa chance pour mettre la main sur quelque chose qui serait passé inaperçu. Elle était douée pour ça, chercher là où personne ne pose le regard, se mettre à la place des gens, se faufiler dans les lieux inaccessibles.

Vivi s’efforçait de soulever un épais morceau de décombres après avoir vu un semblant de trappe dessous lorsqu’elle crut entendre un bruit de pas. La jeune femme se figea, régulant sa respiration pour se faire le plus discrète possible. De là où elle était, elle ne voyait rien, cachée derrière un pan de mur encore debout. Elle hésita une seconde avant de reposer ce qu’elle avait entre les mains, le plus doucement possible, avant de se glisser silencieusement contre le mur en question.

Sans un bruit, elle jetta un œil de l’autre côté avant de se cacher de nouveau pour digérer l’information. Son esprit devait lui jeter un tour.
Elle s’éloigna du pan de mur pour le contourner et passer derrière sa cible, telle une ombre.
La jeune femme devait en avoir le coeur net, avait-elle vraiment été victime d’une hallucination ? Sa carrure, l’arrière de sa tête, sa démarche, une part d’elle savait mais une part doutait. « C’est toi ? » souffla-t-elle, presque dans un murmure inaudible mais suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre alors qu’elle se tenait à un mètre dans son dos.

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30.08.22 18:45

Mikhaïl Azarov
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֎ Faciem : Hero Fiennes-Tiffin.
֎ Diem natalis : 26 années déjà au compteur, il est venu au monde lors d'une nuit d'hiver glaciale le 21 Janvier 2364.
֎ Officium : Ancien esclave du harem du Roi Ezekiel, le fugitif est depuis quelques années l'intendant de son nouveau maître. Secrètement, il est un membre actif des Lanternes.
֎ Locus : Dans le Red District.
֎ Tutor : Riche commerçant ayant fait fortune dans le tissu. A la tête de plusieurs établissements de couture et de vêtements dans la cité.
֎ Matricule : uc.
֎ Nuntium : 455
֎ Adventus : 08/05/2021
֎ Color : #006699
֎ Multicomptes : Orphée De Valroy.
֎ Pseudo : CITIZEN WAR.
֎ Crédits : harleystuff (avatar), astra (code).
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Mikhaïl Azarov
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Never thought i'd see you again

@Vivi Aliko


« Je suis désolé... », répétait-il en boucle dans un murmure à peine audible, son corps encore endormi se crispant et sa tête oscillant de gauche à droite comme s'il cherchait à s'extirper de ses tourments. « Je ne voulais pas.. », poursuivit-il avant de se contracter soudainement tout en ouvrant grand les yeux. A bout de souffle, le regard terrorisé, Mikhaïl avait encore l'impression de voir le corps livide de Selim le pointer du doigt en l'accusant de sa mort. Les muscles tremblant, il se mit aussitôt en position assise, l'air hagard. Ce n'était qu'un cauchemar, une fois de plus. Les yeux livides et sans vie du garçon le jugeant avaient disparu de sa vision. Dure était la conscience des coupables pour qui la culpabilité les hantait. Une boucle infernale dans laquelle le jeune homme s'était égaré depuis sa fuite. Toutes les nuits ou presque, des souvenirs de New Bellingham ressurgissaient dans les tréfonds de son esprit. La sensation du corps inerte de Selim dans ses bras, le visage d'Aliko tétanisé par la peur et cherchant son aide, le poids de la domination de son ancien maître... tout ça lui revenait brutalement en pleine face dès lors qu'il s'abandonnait aux bras dévastateurs de Morphée. Une épreuve avec laquelle il devait vivre à chaque réveil. Prenant son visage entre ses mains, inspirant profondément pour tenter de se calmer, Mika ouvrit indirectement les yeux sur le tatouage à son poignet droit. Il l'observa quelques secondes, puis laissa le bout de ses extrémités caresser mécaniquement la rose entourée par le lion de sa cité native. Ses perles azuréennes semblaient confuses, comme perdues dans un flottement d'incertitude, et c'est le bruit d'autres membres de la Meute à l'extérieur de sa chambre qui le ramena à la réalité. Enveloppé dans sa couverture, Mikhaïl quitta sa couchette pour s'habiller plus chaudement. Les températures matinales n'étaient pas les plus clémentes, bien au contraire, loin du confort et de la chaleur que procurait sa position d'esclave de luxe auparavant. Des sacrifices auxquels le fugitif avait largement consenti.
Éduqué de manière bien différente, souvent à contre-courant des humains vivant dans ce groupe qui l'avait recueilli, Mika apprenait encore aujourd'hui les rudiments de la chasse et de la survie en règle générale. S'il était du genre bon élève, il peinait parfois à s'adapter malgré une volonté ferme de faire ses preuves. Sa façon à lui, quelque part, de leur montrer sa gratitude tandis que lui-même ne parvenait pas toujours à mettre des mots sur ses propres ressentis. Mikhaïl était comme un oiseau a qui l'on avait appris à rester à terre toute sa vie et qu'à présent on poussait à voler sans aucune instruction. Un plongeon dans l'inconnu d'une palette d'émotions longtemps restreintes. Un travail de longue haleine où le mortel avançait pas à pas dans une pénombre des plus totales. Plus aucun supérieur, plus aucun maître n'était là pour lui dire comment agir ou penser. Tout cela il devait le faire seul désormais et là était le plus grand bouleversement de son existence.

Après avoir salué une bonne partie de la tribu, l'ancien esclave s'en était éloigné pour fouiner un peu plus en aval de la Bordure là où l'agitation s'y faisait plus rare. La fouille dans les ruines de l'ancienne ville était monnaie courante chez les sauvages et c'était l'une des activités que préférait étrangement Mika. Sans doute parce qu'il n'avait pas à chercher à être quelqu'un d'autre, à arborer un masque de sentiments qui n'étaient pas les siens mais aussi et surtout parce qu'il découvrait de ses propres yeux un monde ancien qui lui était totalement. Une immersion dans un passé dévasté où la liberté des mortels était alors une évidence. Durant ces heures de recherches, il s'adonnait ainsi à imaginer ce que cette civilisation avait pu être auparavant, à la technologie qui s'était éteinte et au mode de vie de ses ancêtres. Et si de visu cela ne lui suffisait pas, son imagination s’accommodait du reste, Mika ayant récemment trouvé les ruines d'une bibliothèque laissé à l'abandon depuis bien longtemps. Un pêché mignon pour cet humain lettré et dont la curiosité débordait dans ses pages jaunies. Il avait d'ailleurs pour coutume de ramener un bouquin à chacune de ses explorations, les accumulant dans son baraquement, sous la perplexité apparente de la plupart de ses compagnons. Cette fois-ci, son intérêt s'était porté sur un vieux bouquin usé à la couverture rigide salie et sur lequel on pouvait y lire « Voyage au centre de la Terre » d'un certain Jules Verne.
Le précieux sésame dans les mains, Mikhaïl se glissa hors du bâtiment en partie éventré non sans sans glisser sur un amas de débris précaires. Jouant les équilibristes, il balança ses bras de part et d'autre de son corps pour ne pas tomber mais des morceaux de pierre érodée continuèrent leur chemin un peu plus loin. A ces bruits, le sauvageon stoppa net tout mouvement, son attention décuplée. Aux abois, la discrétion dans la Bordure restait nécessaire et qui sait ce que pouvait cacher un muret ou une carcasse d'engin. Par réflexe, il délogea de son veston une petite lame aiguisée qu'Emma lui avait offerte peu de temps après son arrivée et alors qu'il était sur le point de se défendre en attendant un craquèlement derrière lui, son corps tout entier fut frapper de mutisme en voyant l'intruse qui se tenait à présent juste devant lui. Ses iris cyan froides se tintèrent d'une chaleur soudaine alors qu'il dévisageait ces traits familiers. Médusé, son couteau tomba au sol et ses lippes se délièrent quelque peu pour laisser échapper un mot.
« Comment ?... », lâcha-t-il hébété.
Instinctivement il voulut faire un pas dans sa direction mais son mouvement fut avorté par la surprise de cette vision. Etait-il en train de rêver ? Son imagination lui jouait-elle un tour cruel ?
« Vivi ? C'est toi ? Mais... qu'est-ce que tu fais là ? », réussit-il enfin à demander, des milliers de questions déferlant dans son esprit.
Ce faciès, il n'y avait pas de doute possible quant à la personne. Même s'ils n'avaient pu échanger aussi souvent qu'ils l'auraient voulu lors des fêtes vampiriques auxquelles ils avaient du tous les deux participer, Mika avait longuement eu l'occasion de l'observer au cours de ses spectacles. Son visage avait peut être évolué, mûri davantage mais c'était bel et bien la saltimbanque qui lui faisait face au milieu de ce champ de ruines.



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Shattered  ☽ Yesterday I died, tomorrow's bleeding. I fall into your sunlight. The future's open wide, beyond believing.
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13.09.22 22:27

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@Mikhaïl Azarov.
C'est avec regret que Vivi avait abandonné les décombres qu'elle fouillait pour suivre l'intru. Cependant, les décombres ne bougeraient pas tandis que l'homme se déplaçait lentement avec une certaine maladresse, s'éloignant progressivement de son butin.
Depuis sa fuite, la jeune femme avait bien changé. Physiquement moins, probablement, même si la vie sauvage par opposition au confort de sa vie d'esclave, laissait des traces bien visibles. Mentalement toutefois, le changement se lisait à travers son regard. Ce dernier n'avait jamais été tendre mais il s'était incontestablement endurci.
Même si la vie était difficile, Vivi aurait fait ce choix milles fois s'il le fallait. Ce n'était pas une vie facile mais elle était libre, libre de vivre sa vie comme elle l'entendait, loin d'une vie de torture. Elle avait abandonné un toit, un lit chaud, des repas copieux, des viols pour le froid, la faim, la fatigue, la liberté de choix et elle ne regrettait rien. Elle n'avait pas feuilleté les pages d'un livre depuis des mois, elle se réveillait régulièrement frigorifiée, les vêtements humides, chaque repas était compté et pourtant, elle ne regrettait rien. Si ce n'était Aliko.
Sa petite vie tranquille de saltimbanque lui manquait. Ses représentations où rien ne comptait plus pour elle que son art. Les spectacles où elle retrouvait sa sœur de cœur, à défaut de sang. Mais avait-elle seulement des frères ou des sœurs de sang ? A sa vie d'avant, Vivi y pensait rarement. De moins en moins, jour après jour. Lorsque son esprit y retournait, vagabondant, elle se focalisait sur les moments qui la rendaient heureuses, comme sa mère lui avait enseigné.
Mais parfois, son esprit vagabondant, choisissait le chemin qui l'arrangeait , la replongeant sans mesure dans le cauchemar auquel elle avait fini par échappé.

Face à elle, il se tenait, l'air hébété, air qu'elle aurait probablement partagé si son visage n'était pas naturellement inexpressif. Ce visage, elle n'aurait jamais cru le revoir, lui qui parfois, remontait à sa mémoire. Plus jeune, elle aurait payé cher pour qu'il la regarde ainsi, pour qu'il la regarde tout simplement. Aliko se riait souvent d'elle à ce sujet, de ces petits sentiments naissant dans son petit cœur de fillette. Elle n'avait jamais trop su ce qui la captivait ainsi mais maintenant, c'était clair dans son esprit, clair comme les yeux qui la fixaient.
Aussi vite qu'elle les avait dégainées, elle rangea ses lames, bien à l'abris au fond de ses manches. Autrefois, elle les lançait, jonglait avec. Aujourd'hui, elles tranchaient plus de chair que d'air. Toujours à portée de main, cachée, en sécurité, elles ne la quittaient jamais. Un peu comme des enfants, elle en prenait soin, veillant toujours à ce qu'elles soient aiguisées, exempt de toute tâche ou trace de rouille. Sans elles, elle se sentait aussi nue que si elle se délestait de la totalité de ses vêtements.

Elle se pencha en avant, plongeant son regard dans celui de l'homme face à elle. La jeune femme avait encore du mal à réaliser que ce qu'elle avait sous les yeux était réel. De tous les lieux sur cette terre ensanglantée, il était là devant elle. « Aliko ? » elle demanda, d'un ton où se mêlait appréhension et espoir. Était-elle avec lui ? Avait-elle fuit, elle aussi ? Son ventre se serra, battant au rythme de son cœur, menaçant de sortir par sa bouche. Combien de fois avait-elle prié pour la retrouver ? Elle n'avait pas assez de doigts pour compter.

Une branche craqua, une pierre roula. Le temps continuait de s'écouler tandis qu'ils se fixaient. Vivi baissa les yeux, les clignant plus que de raison, comme pour sortir d'un rêve. Sans lui laisser le temps de répondre,  trop effrayée sans doute par ce qu'elle aurait à entendre, elle l'attrapa par la manche, veillant à ne pas sentir son bras sous le tissu. Elle avait peur de ce qu'elle pourrait ressentir. Le contact humain était encore trop difficile pour elle. Et si elle ressentait à son contact le même dégoût qu'à celui des autres ? Était-elle prête à anéantir les rares souvenirs positifs de sa vie passée ? Elle le tira, par un bout de tissu, serrant la prise de ses mains gantées de cuir, pour l'emmener dans un lieu moins ouvert, quelque part où elle se sentirait prête à entendre ce qu'il aurait à lui dire. Là, elle lâcha le bout de tissu qu'elle tenait, laissant son regard se promener en direction de son avant-bras, se demandant si comme elle, il s'était débarrassé de la marque. Son regard remonta sur son visage, elle esquissa un semblant de sourire alors qu'elle le gratifiait de ces quelques mots. « Ca fait plaisir de te revoir. »
Les circonstances n'étaient pas les meilleurs mais ses sentiments étaient sincères. Même si elle craignait qu'Aliko soit encore entre les mains du Roi de New Bellingham, voir un visage familier lui offrait un réconfort indescriptible.

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20.09.22 21:38

Mikhaïl Azarov
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Mikhaïl Azarov
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Never thought i'd see you again

@Vivi Aliko


Elle était là. Elle se trouvait juste devant lui. Elle, l'écho d'un passé lointain et pourtant si proche à cette simple vision. Le souvenir brumeux d'une époque révolue qui entravait encore ses poignets de chaînes invisibles. Un étau vaporeux autour de sa gorge qui se noua instantanément lorsque ses perles azuréennes se posèrent sur cette silhouette familière. La saltimbanque. Une des rares personnes avec qui il avait pu développer un lien en dehors du harem royal. L'une des seules qui était parvenue à passer outre l'emprise malsaine qu'avait eu Ezekiel sur lui. Vivi, l'acrobate. Oui il se souvenait parfaitement d'elle. La grâce avec laquelle son corps flottait dans les airs lors de ses représentations, l'ondulation presque reptilienne de la demoiselle à chacun de ses mouvements, les jeux d'ombre des lanternes jouant sur son visage à la peau caramel... Tout ça avait été gravé dans le fin fond de son esprit et ressurgissait dans une vague déferlante d'émotions.

« Aliko? », avait-elle demandé comme dans un espoir. Un nom qui hantait ses songes et ses cauchemars. Des traits si fins et délicats marqués par un dernier souffle d'agonie auquel Mikhaïl se revoyait assister encore et encore, nuit après nuit.
A la remémoration de ce fantôme, tout son corps émit alors un imperceptible frisson qui lui remua les entrailles. Il eut l'impression l'espace d'un instant de se retrouver à New Bellingham de nouveau, l'odeur de stupre et de goût ferreux dans sa bouche l’imprégnant de toute part avant que, par chance, le vent froid et piquant s'immisçant entre les décombres de l'ancienne ville ne viennent mordre sa chaire à découvert. Une intervention salutaire qui marqua toutefois son regard cyan d'un fin voile de larmes. C'était beaucoup à encaisser tout d'un coup. Un ascenseur émotionnel violent qu'il parvînt néanmoins à refréner sans même s'en rendre compte. Le contrôle et la privation de ses émotions depuis sa plus tendre enfance faisaient derechef tampon entre lui et ses sentiments.
Lèvres pincées, sa mâchoire se contracta davantage avant de se relâcher comme s'il voulait parler, Avait-elle réellement envie de savoir qu'elle n'était plus de ce monde ? Comment leur Roi, jadis, avait offert ce rayon de soleil étincelant à la gueule putride et acérée de crocs d'un monstre qu'il dissimulait dans les entrailles du château ? S'il avait eu le choix, le fugitif, lui, aurait préféré se crever les yeux et les oreilles ce jour là. Personne ne méritait un tel sort, et encore moins la douce et pétillante Aliko.

Les deux mortels se fixèrent ainsi quelques secondes qui semblèrent une éternité au milieu de cette désolation de poutre et de béton. Vivi s'avança finalement vers lui et, alors qu'instinctivement il aurait reculé, Mikhaïl la laissa lui agripper la manche pour la suivre dans son action. Il ignorait la direction mais il poursuivit s'en piper mot, se laissant guider par une étrange sensation de confiance inhabituelle le concernant. Après tout, il ne la connaissait que peu et nombreux étaient les humains dans la Bordure et les environs qui pouvaient s’avérer dangereux pour le reste de leur espèce. Une multitude de crainte étouffée par le simple soulagement de ne plus être la seule âme échappée de cet enfer. Une fois davantage à couvert, la jeune femme lui rendit sa liberté et par réflexe l'ancien esclave sexuel regarda autour de lui, observant les alentours. Contrairement à son ancienne cage dorée, le danger dans la Bordure restait toujours dissimulé avant d'attaquer. Ce n'est que lorsque Vivi lui adressa de nouveau la parole que Mikhaïl cessa son inspection pour reposer ses mirettes bleutées sur les billes sombres de son interlocutrice. Un petit rictus incontrôlé ourla ses lippes fines.
« Le plaisir est partagé l'acrobate », lâcha-t-il d'une voix sincère alors qu'il s'attardait sur ce faciès que les années avaient rendu plus mâture.
Des contours plus adultes, des joues davantage creusées et un regard moins... innocent. Le reflet qu'il perçut dans ces iris frappa aussitôt sa mémoire de similarités troublantes. Ce regard là, terne et souvent résigné, il en avait vu des centaines depuis son achat par le Roi. Que ce soit dans le harem ou au cours des fêtes vomissant de décadence. Des pupilles dont la flamme avait été éteinte par la violence et les plaisirs malsains des plus puissants. Si la lueur dans les yeux de Mikhaïl n'avait jamais réellement pu naître, il ne reconnaissait que trop bien quand celle des autres avaient été annihilés avec le temps. Et la demoiselle semblait désormais en faire partie. Mais par retenue et surtout par respect, le rescapé ne dit rien, se contentant de la dévisager un peu plus.
« Ça fait longtemps que tu t'es échappé de la cité ? », demanda-t-il curieux tout de même. « D'autres t'ont suivi ? ».
Au vu de la difficulté qu'avait été sa propre fuite, il se doutait bien que peu d'entre eux étaient parvenus à gagner leur liberté ou même à survivre au milieu de ces terres sauvages. Qui sait ce qui lui serait arrivé si la Meute ne l'avait pas trouvé il y a un an de ça d'ailleurs.
Grelottant légèrement de par les températures ambiantes, il fourra ses mains un peu plus au chaud dans le fond de ses poches continuant de fixer Vivi sans même en avoir conscience. C'était bon de la revoir, vraiment.
« J'ai rencontré d'autres réfugiés mais personne ne venant de New Bellingham », poursuivit-il finalement, avouant à demi mot qu'Aliko n'était plus.
Une moitié de vérité des plus douloureuses. Malgré tous les souvenirs qu'elle faisait remonter à la surface, une chaleur diffuse se rependait dans l'intégralité de son être. Il n'était plus seul désormais et ça faisait un bien fou malgré les apparences.



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11.10.22 21:33

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@Mikhaïl Azarov.
Son sourire se fit plus sincère au contact de ce lointain surnom qui souffla en elle un vent de nostalgie. Parce que c'est ce qu'elle était, une acrobate, un oiseau et si aujourd'hui, ce qui la rapprochait le plus du ciel était de grimper aux arbres, elle restait au fond d'elle un oiseau. Elle baissa la tête, fixant le sol à ses pieds, tant pour cacher ce franc sourire qui avait sournoisement échappé à son contrôle que pour calmer les émotions bouillonnantes qui menaçaient de déborder à leur tour.
Son cœur battait fort dans sa poitrine, prêt à exploser, elle entendait chaque battement dans ses oreilles à tel point qu'elle n'entendait rien d'autre que sa respiration ou presque. En d'autres circonstances, en d'autres lieux, elle se serait peut-être laissée aller à pleurer. A la place, elle déglutit, avalant sa salive avec peine en secouant la tête. « J'ai fuis seule... » et toi ? ... si l'envie de poser la question demeurait, son instinct l'empêcha de prononcer les mots. Était-elle seulement prête à entendre la réponse à cette question ? Et si Aliko était encore là-bas ? Et si elle n'y était pas ? Et si elle était morte ? Que ferait-elle ? Seule la réponse à sa question apporterait une réponse à ces interrogations. Seul l'Être Suprême connaissait déjà la réponse.

La réponse vint toutefois, sans même que sa question n'ait à franchir la barrière de ses lèvres sellées par l'appréhension. Elle releva la tête pour lire dans son regard, y lire ce qu'il n'osait pas dire lui-même. Son visage se décomposa, blêmissant. Une tempête explosa dans son esprit, un millier de mots, un millier de questions. Son regard se mit à errer dans le vide alors qu'elle s'efforçait de la faire taire, de se concentrer sur l'instant présent. Peut-être interprétait-elle mal ses paroles. Il n'avait pas dit qu'Aliko n'était plus mais il n'avait pas non plus dit qu'elle était encore. Aurait-il vraiment fuit sans elle ? Mais qui était elle pour juger, elle qui avait pris la fuite, les abandonnant, les enterrant dans son passé. Elle n'était personne, rien d'autre qu'une lâche.
Au fond d'elle, elle l'avait su. Comme une évidence, elle l'avait senti, au plus profond d'elle, en écho à cette culpabilité qui l'avait rongé tout ce temps. « Elle est morte, c'est ça ? » elle murmura, sa voix s'essoufflant au dernier mot, coupé par la boule dans sa gorge. Elle ne savait pas ce qui l'avait poussé à prononcer ces mots, si pénible étaient ils, pour eux deux. Probablement ce qui la rongeait en dedans. « Quand ? » demanda-t-elle d'une voix enrouée. « C'est de ma faute... »

Ce n'était pas une question, juste une affirmation. Si elle l'avait emmenée avec elle, rien de tout cela ne serait arrivé. Ce n'était pas pour se rassurer qu'elle pensait ainsi, juste un moyen de se torturer davantage encore. Ses larmes, ses foutues larmes, lui faisaient à nouveau, refusant de couler pour la libérer. Ce n'était pas le besoin qui lui manquait, juste la capacité. Son cœur était brisé et ses larmes refusaient de la délivrer de toute cette souffrance.
L'air lui manqua, sa gorge obstruée par cette boule qui ne voulait pas passer. Elle suffoquait, submergée, ses émotions amplifiées par sa présence à ses côtés. Tout d'un coup, elle avait chaud, elle avait froid. Elle ôta ses gants, les abandonnant au sol, ouvrit son manteau et libéra son col, sa respiration s'accélérant dangereusement. De l'air, elle avait juste besoin d'air. Mais de l'air, il n'en manquait pas ici. De la distance, elle avait besoin de distance. Elle traversa Mikhaïl, le frôlant en titubant mais ne put faire plus de trois pas avant de s'effondrer.
Assise sur ses talons, elle avait envie de crier, de faire entendre sa voix, de se libérer des entraves de son cœur. Clignant des yeux de manière incontrôlée, elle se mordit le poing pour calmer la douleur qui l'envahissait.

« Je suis désolée... » lâcha-t-elle d'une voix faible, la crise passée. A qui parlait-elle ? Elle ne le savait pas elle-même à vrai dire. Elle inspira profondément. Sa vulnérabilité la frappa d'un coup. Elle qui, jusque là, était persuadée d'avoir suffisamment enduré pour s'être construite une armure digne de ce nom, capable de la protéger de tout ce qui restait à venir. La jeune femme se releva et répéta, cette fois à l'intention de son ami. « Je suis désolée. » Elle leva la tête dans sa direction, hésitant à prononcer les mots suivant. « Je sais à quel point tu l'appréciais. »
Elle se releva, époussetant son pantalon plein de poussière et se rapprocha de lui avec l'intention de le prendre dans ses bras. Qui sait ce qui l'en empêcha. Son expression ou juste son incapacité à entrer en contact avec un autre être humain ? « Merci Mikhaïl. » se contenta-t-elle d'ajouter, ses mains tendues vers lui encore en suspens.

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