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Double maldonne à Black Lane



19.11.21 15:25

Invité
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Double maldonne à Black Lane
rend grâce aux fraternités
avec @Mikhaïl Azarov.
- J’te demande pardon ?, s’indigna Shae, je ne peux pas attendre trois semaines. J’en ai besoin, et vite.

L’intendant fixa l’Indienne sans mot dire, prenant silencieusement une grande et lente inspiration pour chasser la crispation qui lui nouait les tripes. Depuis que la Reine avait mis le feu aux poudres, lançant sa Dame de Compagnie sur la voie des arts, il se demandait si l’Intendant Royal n’était pas tout bonnement devenu l’intendant de pacotille du petit personnel tant les requêtes de l’enregistrée lui étaient régulières et chronophages. La Reine avait insisté pour ne rien lui refuser, mais son exaspération commençait à transpirer, il lui était insupportable de se sentir l’employé d’une employée, une arriviste de surcroît. Comme elle le toisait, les bras croisés et outrageusement mécontente de ses services, il ne put se contenir davantage, et se fit le petit plaisir mesquin d’un trait d’esprit condescendant.

- Madame, on ne trouve pas de l’acétate de cuivre comme on va au Souk’. L’alchimie n’est pas une affaire de précipitation, pensa-t-il bien dire, fier de son petit chapitre.
- Bonhomme, t’es gentil mais tu ne vas pas m’apprendre la vie, il faut quatre jours au plus pour cultiver des cristaux d’acétate.
- Je ne fais ni la pluie, ni le beau temps. Aucun alchimiste n’a pour le moment de cette culture en réserve. À toute demande incongrue le temps de rassembler ses prérequis.
- Rah !, s’exclama la jeune femme, fendant de sa main l’air emprisonné sous son nez -qu’il avait de bien grand- comme pour lui renvoyer à la face ses mots déceptifs. Je te préviens, si je parviens à trouver ce que je veux avant toi, tu feras un bien piteux intendant Monsieur Pierce. Si je peux faire mon métier et le tien, je ne vois pas pourquoi le château s’encombrerait de deux employés.
- Oh !

L’intendant blêmit, interloqué par l’aplomb de la jeune femme et par l’outrage de la menace si librement proférée. Jamais on ne l’avait traité ainsi, pas même par un strigoï. Paralysé par la surprise, il ne put que rentrer le menton – qu’il avait de très court- dans son cou décharné, les yeux tout ébaubis, tremblant et cherchant que dire en remettant compulsivement ses lunettes en place. Shae fit volte-face et retourna à sa chambre, incroyablement frustrée de se sentir entravée dans son travail par un manque de matériel.

Elle se planta devant sa toile, sur laquelle se dessinait le croquis au charbon de la baronne sa cliente, et se remémora avec précision l’éclat de ses yeux bleus. Ni le lapis-lazuli, ni l’indigo, ni le gypse, ni même la poudre bleu cobalt extraite du Chrozophora tinctoria, n’auraient su rendre grâce à la luminosité iridescente de ce bleu-vert extatique. Des heures de lecture à consulter d’anciens ouvrages finirent par lui donner la réponse à son tourment azuréen : des cristaux d’acétate de cuivre. Le minéral artificiel ne pouvait s’obtenir que par alchimie, à partir de cuivre de peroxyde, d’hydrogène (eau oxygénée) et d’acide acétique (vinaigre blanc). Elle tempêta, impatiente, incapable de contenir l’impérieux élan artistique, comme un fou cherchant la clef de sa camisole pour étendre ses bras. Puisqu’aucun alchimiste n’avait de ça en réserve -elle croyait Pierce volontiers même s’il y mettait toute la mauvaise volonté du monde- elle en cultiverait elle-même. Et il n’y avait qu’un seul endroit pour réunir ces produits en un temps record.

Sans plus attendre, elle se débarrassa de ses habits légers pour enfiler une tenue plus discrète et chaude. Elle se contorsionna pour enfiler le pantalon de cuir noir qui lui collait comme une seconde peau, enfila ses cuissardes à petit talon large, et sur son chemisier de coton noir, sertis de volants raffinés de la poitrine jusqu’aux épaules, elle déploya une cape courte au col et épaules rembourrés de fourrure. Puis elle souleva une planche du parquet, sous laquelle se cachaient divers effets, et ne prit que ce dont elle avait besoin : l’écu cuivré qui lui ouvrirait les portes du marché noir.

Les rues incertaines et sombres de West Wall pouvaient être mortelles pour qui ne prenait pas garde ou ne saisissait pas le langage propre à la pègre. La dangerosité du crime organisé se mesurait aux inégalités, à la taille et à la richesse d’une ville. Shae en comprenait sans mal le dialecte, il lui rappelait celui des trocs avec les trafiquants itinérants du désert : ils leurs étaient aussi vital que maudits. La moindre anicroche pouvait se solder par une mise à mort brutale. Il lui avait fallu peu de temps après l’obtention de son poste au château, pour être la cible de choix d’un rabatteur. Il faut dire que son caractère vif et impatient avait tôt fait de l’amener à chercher d’autres voies d’acquisition, et ses pas l’avaient conduite là où il lui avait été formellement interdit de se rendre : à l’auberge des quatre boucliers.

Elle se couvrit le visage jusqu’au nez de son tour de cou, déploya la large capuche sur sa tête et toqua à la dite-porte dont le secret de polichinelle était connu et jalousement gardé de tous. Derrière et à partir d’une place lugubre, partaient en étoile d’autres rues encore qui se soustrayaient aux lois de la cité. La lucarne coulissa dans un crissement de métal, et elle tendit entre ses deux doigts l’écu cuivré.

Shae ne connaissait pas encore tous les receleurs et doutait que cela puisse être possible. Il était monnaie courante que ne nouveaux marchands s’ajoutent à la pègre ou remplacent d’anciens trafiquants devenus trop imprudents ou gourmands, et qui disparaissaient curieusement sans prévenir ni laisser de traces. Mais trois de ses connaissances étaient assez fiables pour être pérennes, et c’est chez l’un d’entre eux qu’elle se rendit.

- Ah, Aty, ça fait longtemps, souffla le vieux brigand – qui ne devait pas tant l’être mais que la vie dure avait prématurément vieilli - en passant un œil prudent dans l’embrasure de sa porte, viens, viens. Reste pas dehors, on se gèle les burnes.

Elle le suivit jusqu’à l’arrière-boutique dissimulée où il prit place derrière son comptoir, décochant une toux grasse dont il cracha le remugle dans une bassine à côté.

- J’ai besoin de ça, dit-elle en faisant glisser un morceau de papier sur le bois, et attendit que le bougre en prenne connaissance.
- Mmmh, pour le cuivre j’ai c’qu’il te faut, mais pour le reste faudrait que t’aille voir quelqu’un d’autre, mais il va pas t’plaire du tout : Wes Larstton.
- Larstton ? Inconnu au bataillon.
- Deux rues plus bas, y a un fer à cheval à l’envers sur la lourde. Tu toques deux coups, puis quatre rapides. Dis-lui que tu viens d’ma part. Et euhm, r'g’arde pas son… enfin tu verras, il aime pas.
- Son quoi Fet ? Tu me demandes de pas regarder tout en me disant que je le verrai bien…

Il amena sa main à sa gorge, semblant mimer un embonpoint à l'endroit de son goitre particulièrement remarquable.

- Soucis de thyroïde ou j’sais pas quoi.
- Ok, ça te va comme somme ?
- T’as pas un peu plus ?
- Pousse pas Fet. Ton cuivre il est pas complètement pur, tes ferrailleurs ont choppé ça de vieux câbles électriques, ça se voit, ça s’effile et ça part en poudre.
- On fait c’qu’on peut dans la bordure, ça d’vient compliqué d’s’approvisionner ces temps-ci.
- Comment ça ?, questionna Shae, flairant l’embrouille.
- J’sais pas, mon passeur le tient d’un fournisseur qu’y connait pas bien donc ça vaut ce que ça vaut, mais ça grouille.
- Des enragés ?
- Béh non typesse !, s’exclama-t-il, occasionnant une autre quinte de toux tonitruante, des sauvages qu’y parait.
- Bizarre. Tu me fais signe si t’en sais plus ? Et puis soigne ton rhume Fet, tu vas finir par crever d’une pneumonie sinon.
- Tu m’amènes des trucs pour ça la prochaine fois et on est quitte.
- Ça marche.
- Bon, fais gaffe avec Larstton.
- Toujours.

Le dénommé Larstton était un vil et déplaisant personnage, Fet ne s’était pas trompé : il ne lui plaisait pas du tout. Shae prit bien soin de cacher son visage et de distiller dans sa voix toute l’autorité dont elle était capable, sans quoi elle en était sûre, l’individu aurait saisi l’occasion de l’abuser, et de différentes manières. Tout, de son accoutrement, son rire aussi gras que ne l’était sa corpulence, ses mains épaisses à sa voix mielleuse, allumèrent ses sonnettes d’alarme intérieures. L’homme s’était spécialisé dans les produits chimiques, flacons d’alcools, huiles et poudres en tous genre, de toutes les couleurs, et de toutes les formes s’alignaient sur ses étagères brinquebalantes. L’homme trempait de toute évidence dans de funestes commerces. Elle obtint ce qu’elle voulait non sans difficulté, éluda patiemment mais fermement les questions et remarques libidineuses du trafiquant, et fut soulagée de pouvoir en partir. Au coin de la rue, elle ouvrit son pochon de cuir noir pour vérifier avec fierté ses acquisitions et tandis qu’elle le nouait à sa taille, excitée et heureuse de pouvoir enfin entamer ses expérimentations, elle ne prit pas garde à l’énergumène déchainé qui détalait de la rue perpendiculaire, et se le prit de plein fouet. « Putain ! ». Shae trébucha sur les pavés, tenta de se rattraper mais fut projetée au sol. Le choc lui coupa un moment la respiration, mais elle se redressa au plus vite, sur le qui-vive. Personne n’était à l’abri ici, et malheureusement personne ne lui viendrait en aide. Elle tira sa dague et se prépara à en découdre. Cependant, une analyse de la situation lui permit de constater qu’elle n’était pas en danger immédiat : le jouvenceau qui l’avait percutée semblait bien plus anxieux qu’elle ne l’était.

- Tu cours où comme ça damoiseau ? T’as pas du tout l’air à ta place.

Rangeant sa dague, elle remarqua alors que son chemiser était mouillé, elle secoua le pochon et entendit ce qu'elle redoutait : du bris de verre. La fiole obtenue auprès de Larstton s'était brisée.

- Oh non, putain, jura-t-elle en levant au ciel ses longs doigts de sorcière. Elle jeta le bouts de verre au sol, sauvant son échantillon de cuivre puis le fusilla du regard en croisant les bras. Ça tu vas devoir me le payer, damoiseau. J'ai fait des pieds et des mains pour obtenir ça.

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14.12.21 23:04

Mikhaïl Azarov
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Double maldonne à Black Lane Xs9e
֎ Faciem : Hero Fiennes-Tiffin.
֎ Diem natalis : 26 années déjà au compteur, il est venu au monde lors d'une nuit d'hiver glaciale le 21 Janvier 2364.
֎ Officium : Ancien esclave du harem du Roi Ezekiel, le fugitif est depuis quelques années l'intendant de son nouveau maître. Secrètement, il est un membre actif des Lanternes.
֎ Locus : Dans le Red District.
֎ Tutor : Riche commerçant ayant fait fortune dans le tissu. A la tête de plusieurs établissements de couture et de vêtements dans la cité.
֎ Matricule : uc.
֎ Nuntium : 455
֎ Adventus : 08/05/2021
֎ Color : #006699
֎ Multicomptes : Orphée De Valroy.
֎ Pseudo : CITIZEN WAR.
֎ Crédits : harleystuff (avatar), astra (code).
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Mikhaïl Azarov
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Double maldonne à Black Lane
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avec @Shae Atʼąąʼ.

La coupure sur sa lèvre inférieure parsemait encore sa chaire de petits frissons douloureux. Le plus gros était parti, ne laissant qu’une légère entaille quasi refermée, des traces bleutées et jaunâtres perlant juste au rebord de sa lippe malmenée. La sensation du coup avait laissé une empreinte dans sa peau. Il ne se rappelait que trop bien et, même si ce n’était pas la première fois qu’il subissait pareil acte, la gifle de son nouveau maître perdurait dans ses pensées. Fut un temps l’humain aurait accepté sans contestation aucune une telle attaque à son encontre. Fut un temps Mikhaïl aurait pensé avoir fait une bêtise, pire l’avoir mérité car il n’était rien d’autre qu’un instrument, un jouet au service du bon vouloir de son possesseur. Mais aujourd’hui ce n’était plus le cas. Désormais il n’acceptait plus du tout l’idée d’être traité de la sorte, comme si son envie ne comptait pas. Et c’est parce qu’il avait osé répondre à ce vampire, qui avait fait de lui son nouveau pantin, qu’il arborait ce visu de chien battu. Un acte de foi pour sa fierté et sa liberté. Une bête erreur pour son existence. Agneau réticent à obéir, il avait rapidement réveillé l’instinct du loup se cachant derrière la soutane. Ce religieux qui avait découvert sa véritable identité et décidé de le faire chanter aussi longtemps qu’il lui plairait. Qu’à cela ne tienne, le fugitif allait courber l’échine et prendre son mal en patience pour fuir dès que possible. Sauf que pour cela il devait attendre le moment juste, connaître davantage cette cité, apprendre la routine des gardes et de celle de son récent propriétaire. Il devait être plus malin qu’il n’y paraissait, sembler faible pour duper son monde.
Jouer double jeu était comme une seconde nature pour lui. Donner le change, prétendre être quelqu’un d’autre faisait parti depuis toujours de sa ligne de conduite. « Je suis tout le monde et personne à la fois », disait la devise de son éducation formatée. Être lui-même n’était pas autorisé, du moins pas à New Bellingham ou New Abbostford, pas en ces lieux peuplés d’immortels en soif de domination et emplis de dédain pour ceux de son espèce. La claque violente du Septon ne l’avait que trop facilement ramenée à la terrible vérité de sa condition, furtivement oubliée lors de son séjour dans les terres sauvages. Les choses étaient claires pour lui à présent : soit il s’évertuait à tenir tête au strigoï sous peine d’être renvoyé auprès d’Ezekiel avec toutes les conséquences horribles que cela impliquait, soit il trouvait la force nécessaire d’enfouir sa haine pour parvenir à rester hors d’atteinte du roi. Une deuxième option suffisamment motivante pour Mika, préférant pour l’instant ronger son frein en silence.

- « Puisque tu sais écrire, note bien ce que je vais te dire car je ne me répéterai pas », avait déclaré le Septon d’un ton froid et détaché avant de rejoindre sa couche au levé des premiers rayons de la sphère divine.
Il n’avait nullement besoin de fioritures supplémentaires pour se faire comprendre. Leur premier échange avait amplement suffi si bien qu’après avoir accompli les tâches ménagères qui lui incombaient depuis plusieurs jours, l’enregistré enfila une cape chaude et sombre sous ses vêtements au même ton destiné à son usage personnel pour rejoindre la place du marché. Si la liste était plutôt courte, les produits cités, eux, n’étaient pas des plus simples à trouver. Encore plus pour un tout nouvel habitant de la cité. Se faufilant parmi les autres coursiers et badauds, Mika finit par dénicher un encrier, du parchemin en quantité suffisante et quelques bougies pour remplacer celles déjà bien entamées au sein du manoir. Cependant, un dernier article manquait à l’appel. Un produit dont la disponibilité avait fortement chuté suite à l’épidémie de fièvre rouge, de nombreux détaillants et fabricants mortels ayant péri du fait la contagion virulente. L’opium ou la petite fée verte comme certains se plaisaient à l’appeler était devenue une substance difficilement trouvable parmi les commerçants attitrés.
- « Désolée mon garçon, j'ai vendu ma dernière bouteille il y a deux jours à un enregistré pour sa maîtresse »
- « T'arrives un peu tard p'tit ! Ma dernière cargaison est parti pour l'Oasis Pleasure et il y ont mis le prix si tu vois c'que je veux dire »
Des excuses et des remarques de la sorte, le jeune homme en avait entendu des dizaines au cours de la journée, fatigué de chercher en vain cette relique sacrée. Et alors qu'il sentait cette trouvaille lui échapper, imaginant déjà le retour de bâton du représentant de l'église face à cet échec, il sentit quelqu'un lui tapoter l'épaule. Intrigué, il se retourna, les sourcils froncés.
- « Paraît que tu cherches de l'opium ? J'connais un endroit où t'en procurer », annonça fièrement à voix basse le nouvel arrivant.
Les grands yeux bleus suspicieux de Mikhaïl se posèrent aussitôt sur la silhouette lui faisant face et une odeur désagréable s'infiltra derechef dans ses narines. Environ le même âge que lui, l'homme en question semblait bien plus marqué par la vie, son teint cireux et la dentition clairsemée ne poussant clairement pas à l'invitation. L'arête de son nez se retroussa par réflexe.
- « Et j'imagine que cet endroit est dans un lieu tout ce qu'il y a de plus légal ? », souligna Mika d'un ton cynique, conscient que pareil énergumène ne tenait pas la petite boutique raffinée du coin.
Son interlocuteur le dévisagea quelques secondes avant de lâcher un gloussement étouffé.
- « T'es un comique toi. Bon t'en veux ou pas ? »
L'enregistré hésita un instant, pensant au regard sombre du Septon s'il revenait bredouille, puis accepta l'offre du rabatteur d'un hochement de tête.
Il le suivit ainsi au détour de plusieurs rues, conscient qu'il se dirigeait sans doute vers une partie reclus de la ville où les gardes fermaient les yeux sur bien des transactions. Après tout, chaque cité avait sa zone d'ombre, le marché noir étant tout aussi prolifique à New Bellingham et ce quand bien même l'ancien esclave sexuel n'y avait jamais mis les pieds. C'était dans l'ordre des choses ; une économie souterraine qui faisait le bonheur des acheteurs et la richesse des criminels. En temps normal jamais Mika ne se serait risqué à pareil détour – au contraire, celui-ci devant se la jouer discret pour mieux pouvoir passer entre les mailles du filet – et voilà qu'il suivait à présent cet hors la loi jusqu'à l'entrée de Black Lane. Posté derrière son guide, ils s'insinuèrent par une porte dérobée à l'arrière d'un bâtiment aux murs sales et houspillés de fissures plus ou moins profondes. Méfiant, il restait sur le qui vive, observant chaque possibilité de fuite qui se présentait à lui. Après quelques minutes encore, le voyou s'arrêta devant une bâtisse et entra.

- « Eh bien en voilà un joli morceau que tu me ramènes là Ivan », s'exclama un homme de la quarantaine à la barbe poivre et sel, tatoué à bien des niveaux. Sa silhouette trapue mais musclée dissimulait en partie derrière son comptoir en imposait aisément, sans parler de la grosse balafre ancrée le long de sa joue. « De la chaire fraîche, ça change ! »
- « Il cherche de l'opium pour son maître »
- « De l'opium ? Rien que ça ?! ça c'est une belle demande. Hum... laisse-moi deviner, c'est pour ton maître n'est-ce pas ? »
- «  Combien ? »
- « Direct ? J'aime ça mon tout beau. 80 pièces d'argent »
- « Vous plaisantez j'espère ? », répondit incrédule le nouveau venu. Pas besoin d'être un marchand expert pour savoir que cet homme là cherchait tout simplement à le plumer, d'autant plus qu'il devait lui rester moins de la moitié de cette somme dans la bourse que lui avait octroyé le Septon pour toutes ces dépenses. Imperturbable, les lippes du quadragénaire se hissèrent en un léger rictus moqueur.
- « Cet article se fait rare dans les parages. Et là où il y a de la demande, il y a du profit mon tout beau »
- « Dans ce cas trouvez-vous un autre pigeon », déclara Mika, résigné à subir le courroux du vampire pour être rentré au manoir sans le précieux liquide.
Faisant aussitôt demi-tour, il se dirigea vers la sortie, prêt à quitter rapidement cet endroit peu recommandable.
- « Attends ! », le retint le propriétaire des lieux d'une voix suave. « Laisse-nous Ivan et retourne sur la place du marché tendre l'oreille »
- « ça marche Patron », s'enquit de répondre le subalterne avant de prendre la porte pour laisser Mika et son chef en tête à tête.
Lorsqu'il entendit le loquet de la poignet se rabattre, un frisson glissa le long de sa nuque tandis que sa mâchoire se serra instinctivement. Lentement il se retourna pour faire face au barbu sans montrer une once de crainte à son encontre. La peur véritable il la connaissait, il l'avait déjà vu de près par le passé et cet homme n'en était qu'un reflet, rien de plus. Le criminel l'observa avec intérêt, comme s'il le détaillait de part en part avant de se saisir d'une petite fiole verte de derrière son comptoir, la brandissant avec arrogance.
- « Jusqu'où es-tu prêt à aller pour ce flacon mon mignon ? »
Il n'en fallut pas plus au fugitif pour percevoir le désir malsain dans les yeux de celui qui se trouvait juste devant lui. Ce regard il ne le connaissait que trop bien. Il l'avait vu des milliers de fois et depuis tout petit on lui avait appris à le dompter, à l'amadouer pour le faire sien. Là où jusqu'à maintenant Mikhaïl se sentait démuni, le voilà qu'il retrouvait une certaine assurance. Vieille amie qu'il avait délaissé depuis sa fuite, les réflexes de son éducation forcée revinrent à la charge. Faisant un pas vers lui, l'enregistré vit ses traits se radoucirent et sans dire un mot ses doigts vinrent agripper la boucle de la ceinture du tatoué pour la dénouer. Un sourire goguenard orna instantanément le faciès de l'homme, obligeant l'enregistré à se mettre à genoux.
- « En voilà un brave petit », souffla-t-il à son encontre tout en glissant la fiole dans la poche de son veston miteux. « Avec un minois pareil tu ferais un malheur au lupanar du coin »
Se retenant de ne pas lui arracher ses bijoux de famille, Mika prit sur lui, et de son regard dominé le dévisagea avec dédain.
- « Je suis hors de prix », répondit-il d'une voix condescendante tandis que l'autre abaissait son pantalon, en attente de son paiement.

[...]

« Oh putain ! Toi tu sais y faire ! », lâcha sans équivoque le chef de réseau dans un râle explicite, tout en rouvrant les yeux.
Mika s'essuya la bouche d'un revers de main, un air de dégoût dissimulé puis se releva soulagé d'en avoir fini.
« Donnez-la moi maintenant »
« De quoi est-ce que tu parles ? », interrogea le quadra quelque peu essoufflé alors qu'il se rhabillait.
Mika fronça les sourcils, le regard noir.
« Vous savez très bien. Nous avions un deal »
« Ah ça... J'ai changé d'avis »
« Espèce d'enfoiré »
« En voilà de vilains mots pour une si jolie bouche ». Il se pencha vers le jeune homme, moqueur. « Tu ferais mieux de déguerpir avant que je demande au reste de mes hommes de venir tester la marchandise ».
Un clin d’œil provocateur qui ne fit qu'accentuer la colère sourde du dupé, ce dernier le foudroyant du regard avant de claquer la porte derrière lui. Fulminant, il inspira profondément une fois à l'extérieur, ses mirettes bleutées balayant les environs. Personne. Il était seul. Une petite moue étrange se dessina alors aux contours de ses lèvres rosées, un air victorieux sur son visage de porcelaine. Comme pour s'en assuré, il passa sa main dans la poche intérieure de sa cape, constatant avec satisfaction que le flacon d'opium s'y trouvait. Son doigté avait finalement trouvé un tout autre usage, ayant profité de la négligence du dépravé pendant qu'il le tenait en bouche. Mais cette roguerie apparente s'éclipsa en une fraction de seconde lorsqu'il entendit la voix de dépouillé résonner de par de là l'intérieur de l'édifice.
- « Le fils de pute! »
Le malfrat avait compris. Lui aussi s'était fait berner. Sans plus attendre, Mika se mit à marcher à vive allure, prenant un tout autre chemin que celui par lequel il était arrivé de peur de croiser sa victime courroucée.
- « Toi va de ce côté, je prends par là et je compte bien m'occuper de sa gueule d'ange comme il se doit ! », s'écria au loin la voix tonitruante du brigand colérique.
A ces paroles, le fuyard se mit à accélérer jusqu'au point de courir, bifurquant par plusieurs ruelles sans trop savoir où aller. D'abord les fuir, puis chercher la sortie. Et tandis qu'il évertuait à mettre de la distance entre lui et ses poursuivants, il regarda par dessus son épaule sans prêter attention à ce qui se trouvait devant. Il frappa alors de plein fouet un autre corps que le sien, freinant instantanément sa course pour finir à même le sol. Secoué par le choc, il grimaça l'espace de quelques secondes, les paumes de ses mains appuyés sur les pavés jalonnant la ruelle. Le souffle court, ses billes lapis lazuli se posèrent irrémédiablement sur l'autre citadin. Ou plutôt citadine à en juger par sa silhouette féminine. Arme à la main, Mikhaïl se redressa sans demander son reste pour lui faire face, la jaugeant avec défiance.
- « Et si tu te contentais de t'occuper de tes affaires ? », répliqua-t-il froidement, se souciant peu de la froisser à cet instant T ou de la casse qu'il semblait avoir engendré dans la violence de leur rencontre. Un contrecoup davantage exhibé par la demoiselle en furie. Sur le point de l'envoyer paître, car clairement préoccupé par bien plus important, les cris du criminel fourvoyé retentirent non loin. Paniqué, Mika se jeta sur la jeune femme en la plaquant de tout son poids contre un mur dans un angle mort, une main sur sa bouche.
- « Chuuuut... Ok je te paierai mais pas un bruit je t'en prie ! », chuchota-t-il inquiet qu'elle le dénonce.
Au même moment, plusieurs bruits de pas résonnèrent à leurs oreilles, passant juste à côté d'eux sans les voir, par chance. Retenant sa respiration tout du long, ses perles azuréennes plongées dans celles à l'identique de sa partenaire de fortune, le recherché se décida finalement à la libérer, soulagé de ne pas avoir été découvert.
- « Maudit soit-il avec sa satanée liste ! » maugréa-t-il à lui-même tout en s'éloignant de la miss, guettant le potentiel retour de ses traqueurs.




Darkness is your candle.
Shattered  ☽ Yesterday I died, tomorrow's bleeding. I fall into your sunlight. The future's open wide, beyond believing.
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20.12.21 15:20

Invité
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Double maldonne à Black Lane
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Shae laissa échapper un hoquet d’indignation. Il y avait bien longtemps, protégée de toutes les agressions dans sa tour d’ivoire, que l’on ne s’était pas adressé à elle de cette manière. Même l’intendant, qui devait être la personne qui la haïssait le plus au sein du château, cachait sous bien des vernis de politesse une aversion à peine formulée.


- Rien ne me ferait plus plaisir, tu vois. J’avais plein de choses prévues autrement plus excitantes que de me faire percuter par un maladroit, mais il se trouve que Mes Affaires ont été partiellement détruites par Ta faute. Tous mes plans se retrouvent là, dit-elle en pointant du doigt les éclats de verre, réduits à l’état de rien du tout sur le s…

Prise dans une diatribe excédée, Shae n’avait pas fait attention aux beuglements des poursuiveurs de son acolyte de fortune. Non content qu’à Black Lane, vociférer faisait partie du langage courant, et les courses poursuites étaient routinières. Comment aurait-elle pu savoir qu’ils étaient à sa recherche ? Elle fut brutalement interrompue et bousculée pour la seconde fois, le lad la plaquant contre un mur adjacent, dans une coursive servant de toute évidence à faire circuler les eaux usagées des occupants, l’odeur en attestant. Fort heureusement, la rigole était asséchée et gelée. Elle se serait bien insurgée mais le damoiseau plaqua sa main contre sa bouche. Il aurait bien été difficile de savoir si l’expression qu’elle afficha était imputable au fait de lui couper la chique, ou à cette main étrangère gaillardement apposée contre ses lèvres. Les deux, certainement. Chut, imposa l’outrecuidant coquet, pour rapidement la supplier de faire silence. Et pour cause : les voyous furibonds dévalèrent la rue adjacente, à quelques mètres d’eux. Elle les suivit du regard, bien heureuse que leur course effrénée ne les ait pas conduite jusqu’à eux. Le damoiseau se décida enfin à la relâcher, et elle essuya d’un revers de manche la trainée de sel qui s’était déposée sur ses lèvres. Elle le considéra en croisant les bras, le sourire gouailleur.

- Ton maitre t’a confié une liste de course impossible à tenir, hein ? Et donc pour sauver ta peau, tu t’es mis à voler les hommes les moins recommandables de la ville. Bravo, belle mentalité, tu iras loin comme ça. En tout cas, je suis rassurée de savoir que tu as le même effet sur tout le monde, moqua-t-elle.

Mais il lui paraissait soudainement moins détestable en vérité, il avait dû être plein de ressources pour tromper ce beau monde, et elle respectait la malice des plus opiniâtres. Affichant son plus beau sourire, elle lui claqua amicalement l’épaule puis prit la direction de la sortie.

- Te fais pas de bile, j’ai pas besoin que tu me rembourses. En revanche j’ai bien besoin d’un remontant. Tout bien considéré, t’en as surement plus besoin que moi.

Elle sursauta malgré elle quand une ombre surgit au coin de la cursive, lui obstruant la sortie.

- Surprise connard !, jeta triomphalement le subalterne. Mais la surprise était aussi sienne, de trouver le fuyard en heureuse compagnie, toutefois il ne fut pas long avant qu’il ne voie là une opportunité doublement alléchante à saisir. Mais c’est que tu nous as trouvé une pouliche, c’est bien, le patron sera con… oupfffmh !

Ne tenant pas à l’écouter plus avant, Shae lui avait lancé par réflexe son pied droit avec tout l’élan d'un pic d'adrénaline arrivé à point nommé. Humain, vampire, s’il y avait bien une faiblesse d’anatomie devant laquelle ils étaient extrêmement sensibles et égaux, c’étaient bien les bijoux de famille. Elle replaça son foulard sur le nez, peu désireuse d’offrir un visage mémorable, et tira le jouvenceau par la manche, l’entrainant à sa suite.

- Cours !

Des façades à colombage vieillies trouées de fenêtres de guingois, des ruelles étroites, des placettes bordées d’arcades coupe-gorge et des passages sous voutes dont nombre aboutissaient sur des culs de sac, voilà ce que l’on pouvait trouver à Black Lane. Shae examina toutes leurs possibilités, malheureusement, force était de constater que les belligérants finiraient bien par resserrer l’étau, car ils couraient vers le Sud de la ville où elle finirait par s’arrêter. Fet leur aurait bien sûr ouvert la porte, mais cela supposait de revenir sur leurs pas, trop loin jugea-t-elle. Larstton en revanche était plus prêt, mais elle doutait que le vil bonhomme leur fasse la fleur de les protéger, elle ne le connaissait pas assez, et pouvait très bien être accoquiné avec le poursuiveur du jouvenceau, aussi éluda-t-elle rapidement cette option. Il fallait trouver un moyen de les contourner pour sortir par l’Est, et retrouver le Red Discrict. Ils courraient à vive allure, avec l’excitation du désespoir, d’autant que l’homme qu’elle avait momentanément paralysé avait hurlé son positionnement. Dans son effroi galvanisant, Shae se sentait pousser des ailes, et ne put contenir un petit rire perlé nerveux, alors que les poursuiveurs s’époumonaient à leur suite. Nulle surprise lorsque leur course s’interrompit bel et bien sur un cul de sac, avant un passage sous voute au-dessus duquel surplombait un balcon minuscule menaçant de s’écrouler à tout moment. Shae avisa le tuyau de descente rouillé sur sa droite, agrafé au mur de pierres brinquebalant et relié à une gouttière anormalement penchée. Voilà qui lui rappela la gouttière qu’elle escaladait, quand elle sortait en catimini du campement, par l’office de mama Helda.

- Suis-moi !

Elle s’agrippa au tuyau qui grinça de manière inquiétante, mais l’ignora pour mieux sauter et se donner de l’élan, plaçant ses pieds de part et d’autre du tuyau en s’aidant du mur pour l’escalader. Arrivée à mi-hauteur, elle pivota pour rejoindre le balcon derrière elle. Il était vide, mis à part une bouteille en verre contenant un liquide blanc sirupeux, posée là, à même le sol, prêt de la porte fenêtre barricadée. Elle la saisit par le goulot au vol, se dirigeant à l’opposé, où elle enjamba la balustrade pour se hisser debout, et atteindre le toit du bâtiment avoisinant. Elle proposa sa main pour aider son compagnon, et alors qu’il finissait de gravir la corniche, les deux hommes s’engouffraient dans la ruelle à leur suite. Elle s’allongea de tout son long sur les tuiles et abattit sa main entre les omoplates du jouvenceau pour qu’il en fasse de même. Parfaitement camouflés sur la toiture, ils entendirent quatre mètres plus bas les deux lurons jurer et chercher après eux, s’invectivant et se rejetant la faute de leur échec. Une fois partis, Shae éclata d’un rire chaud, riant à la face des étoiles. Puis elle se redressa, dépliant ses longues jambes élastiques.

- Une petite balade sur les toits, jouvenceau ?

Sur ce elle se mit en route en direction de l'Est, marchant délicatement sur les tuiles éclatées et dans les sillons des chéneaux encrassés. Elle tira le bouchon de liège de sa bouteille, produisant un doux pop à son oreille, renifla brièvement son contenu et, la chance souriant aux audacieux, avala une goulée.

- Wouh, on dirait de la vodka mais ça te débouche les entrailles, dit-elle en lui tendant la récompense de leur improbable mérite. Je m’appelle Shae, au fait.

Et toi ?

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