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Les amants voyagent toujours incognito [PV Stannis]



10.05.21 0:52

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Les amants voyagent toujours incognito
avec @Stannis Vargas


Présume toujours de ton invité qu’il est affamé et usé de son voyage, ainsi traite-le en conséquence.
Proverbe Navajo


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Bruissement de couverture. Particules de poussière emprisonnées dans un sillon de lumière dorée, s’étendant de la fenêtre jusqu’à l’oreiller. Avant même que la conscience affleure, le corps fatigué refuse la caresse chaleureuse et se tourne vers l’ombre dans une regimbade adolescente. Mais le duel de la lumière contre les ténèbres l’emporte, elle se réveille enfin et sa première pensée est tournée contre cette autre qu’elle était hier, choisissant d’entrouvrir le rideau pour être certaine que le soleil la tire du sommeil. Elle se sent lasse et attend sans bouger quelques minutes, invoquant la torpeur de la reprendre quelques minutes encore. Puis elle se rappelle aux raisons qui l’ont poussées à laisser le rideau entrebâillé. Chaque employé de la Cour a l’obligation de suivre une visite médicale annuelle, elle avait repoussé l’échéance à plusieurs reprises mais la veille, le bon docteur ne lui avait pas laissé le choix. Il l’avait vivement encouragée à s’exposer régulièrement à la lumière du jour. Une histoire de cycle, de vitamine D. « Le risque dans les villes, c’est que les humains oublient qu’ils sont des animaux diurnes. Un manque d’exposition à la lumière du soleil n’est pas sans conséquence : perte de masse osseuse, fatigue, baisse des défenses immunitaires, dépression… ». L’effrontée l’avait interrompu en assurant qu’elle se sentait en pleine forme et qu’il n’y avait raisonnement aucun lieu de s’inquiéter. Alors, le bon docteur avait glissé sa main dans sa chevelure brune, en douceur. Shae avait haussé un sourcil circonspect, prêtant au docteur des intentions malhonnêtes, mais elle comprit son erreur alors que la poigne masculine exposait la preuve du mal qui la rongeait secrètement. Une poignée de cheveux morts et carencés. Le bon docteur n’était pas moins bon que perspicace, admit Shae, il était impensable que son illustre chevelure souffre de son train de vie. « Forcez-vous à vous lever à 14h, midi en hiver, et promenez-vous dehors, qu’il pleuve ou qu’il vente, voilà mon ordonnance ». Alors, pour la postérité de ses cheveux, Shae avait entrouvert le rideau.

De meilleure humeur, elle s’étira comme un chat bienheureux, et sous l’opercule de sa paupière, elle sentit la froideur du dehors, alors qu’un nuage obstruait l’astre, et elle se rembrunit immédiatement. Quel était l’intérêt, vraiment, si le moindre cumulus obscurcissait ses plaisirs ?

Il y avait trop longtemps qu’elle n’avait pas foulé les couloirs du château en pleine journée. Le silence qui appartenait d’ordinaire à la nuit s’était réfugié dans la chaleur du jour, dans tous les coins d’araignée, et les pièces désertes. Elle se souvenait des nuits muettes d’Arizona, et de ses jours bruyants de vie, ici c’était parfaitement l’inverse. Pourtant, certains boyaux colportaient les rumeurs extérieures, et Shae les écoutait tendrement en dégustant ses œufs brouillés entrecoupés de thé brûlant dans la cuisine du personnel. Elle oubliait de manger, aussi, parfois : difficile d’y penser quand la plupart de ses proches à canines n’en manifestaient jamais le besoin, elle avait davantage le cœur à la fête. Cela se sentait dans le sang et Lucrezia la sermonnait, à quoi bon avoir un calice si la qualité du breuvage était si médiocre ?

Attirée par les sons du dehors, elle sortit s’aérer, et comme elle se promenait sans but, avisa bientôt un banc baigné de soleil agrémenté des timbales chantantes du feuillage d’un châtaigner princier. En face, une fontaine vieillie en inactivité retenait son eau croupissante, dans laquelle venaient s’abreuver quelques abeilles, qui s’en retournaient butiner les premières fleurs de printemps dans un minuscule parc sommaire. Elle s’y prélassa longuement, étirant ses longues jambes brunes et son cou de cygne à la lumière, profitant de l'éclaircie. Les pans de sa robe fine glissèrent et flattèrent ses cuisses. Et comme le soleil la caressait, il fit naître une chaleur langoureuse en son bas-ventre, centre d’un désir inopiné et palpitant. Elle eut une fulgurante envie de se toucher, et jeta un regard alentour sur qui pouvait avoir surpris ces préliminaires solaires. Les passants, de l’autre côté de la barrière du parc, ne semblaient pas l’avoir remarquée. Le jour était réservé aux travailleurs de l’ombre, dont le labeur maintenait la ville dans son plus bel éclat pour le soir. Mais il ne fut pas long avant qu’elle ne surprenne un regard intéressé. Un homme déchargeait une carriole sur sa droite, à plusieurs mètres d’elle. Sa chemise de piètre facture témoignait de l’effort physique, ou de son désir réprimé, exposant de larges auréoles de sueur. Il avait le regard fasciné de l’homme piqué au vif, oubliant jusqu’à son nom pour ne plus désirer que de se soumettre à l’ordre impétueux que lui commandait ses instincts d’homme. Elle attira un doigt à sa bouche mutine, répondant par l’affirmative à ce qu’il n’osait même formuler, et écarta insidieusement les cuisses. L’homme écarquilla les yeux, immobile, jetant sa carriole et son chargement aux oubliettes. Elle n’avait plus qu’à le rejoindre pour s’engouffrer dans l’arrière-boutique pour clore le contrat tacite. Mais une présence interrompit l’échange sur sa gauche : quelqu’un s’était assis sur son banc.

- Ce n’est pas un bon parti, petite, tu seras déçue.
Une petite vieille aux rides creusant des sillons de sourire l’épiait de ses yeux bleus vitreux. Shae admira derechef le graphisme de ses tâches de vieillesse, les plis délicats du foulard sur sa tête et en retint tous les dessins. L’octogénaire, selon toute vraisemblance, fit soudainement s’interroger la jeune Dame de Compagnie, qui n’avait jamais vraiment songé aux vieilles gens et à ce qu'elles devenaient une fois inutiles, dans ces villes qui cultivaient la jeunesse.
- Y a erreur grand-mère, je cherche pas l’amour de ma vie, juste quelques minutes de bon temps. Mais ça doit plus trop te parler.
Elle espérait que le ton la dissuade de mendier quelques minutes de temps pour contrer sa solitude, mais la vieille ne l’entendait apparemment pas de cette oreille.
- Ah oui, ce n’est pas ton genre d’homme ça, « l’amour de ta vie ».
Shae fronça les sourcils, soudainement mal à l’aise et méfiante, et la vieille femme y répondit par un sourire édenté, visiblement fière de son petit effet.
- Je t’ai vue plusieurs fois, y a des visages comme ça qu’on oublie pas, qu’on croise plus souvent que d’autres. On peut croire au destin, ou aux circonstances : je ne vis pas très loin.
- Tu m’espionnes mamie ?, sourit Shae, jamais insatisfaite d’être remarquée.
- Non, mais quand plus personne ne te voit ni n’estime bon de te parler, on devient témoin de tout.
Ces paroles eurent bon de lui glacer le sang. Elle ne se représentait que trop bien la petite mort qu’était la vieillesse, enlaçant l’ainé de sa cape noire et le rendant déjà invisible aux yeux du monde. Son corps se figea, elle ne souhaitait plus que s'éloigner de ce corps qui lui rappelait trop le temps compté, comme si la vieillesse pût être contagieuse.
- Faut pas avoir peur, petite.
- De quoi mamie ?
- De vieillir.
- Disons que ça va mieux à certains que d’autres.
- Peuf ! Tu penses qu’être vieux c’est une affaire de personnalité ? Les jeunes, ça oublie tout le temps qu’on est jeune avant d’être vieux.
- Je l’oublie pas mamie, justement.
- Ah oui... J’ai été belle moi aussi, dit la perspicace vieille, moins jolie que toi c'est sûr, mais belle quand même. Et j’étais amoureuse. Ah ça oui. Et lui aussi.
- Et il est où ton Jules ?
- Mort depuis plus de 200 ans. Je le vois lui aussi de temps en temps. Toujours aussi beau et jeune, toujours accompagné d'une jolie petite, et toujours aussi bête. Il a plus de cent cinquante ans que moi, mais je le vois comme un jeune garçon à présent. Les vampires prennent de l'âge mais ne s’assagissent pas. Ils ressassent, ils sont emprisonnés dans une spirale, comme si le corps figé empêchait l’esprit de grandir. C’est un cadeau de vieillir, petite. C’est voir plus clair sur la vie à mesure que la vue baisse.
Cette discussion dérangeait l’esclave revêche. Ses bons yeux qui retiennent tout, elle refusait de les perdre. Shae renvoya l’image d’une femme qui n’écoutait qu’à moitié pour la décourager de poursuivre, détourna le regard sur sa droite pour s’assurer que sa proie l’attendait, mais elle n’y retrouva ni l’homme, ni sa carriole.
- Bien joué Mamie, tu lui as fait peur.
La grand-mère ricana de bonheur.
- Je crois plutôt qu’il a saisi la première occasion pour se carapater. Ce n’est pas plus la perspective d’une sauterie à trois que ton désir qui lui a fait peur. Il faut un grand homme pour comprendre le feu d’une femme de ta trempe.
- Grand-mère ! Que c'est vilain dans ta bouche !, s’exclama Shae faussement choquée.
- Je te l’ai dit, petite, j’ai été jeune moi aussi.
- Bon faut que je bouge. Tu as complètement brisé mon moment Grand-mère, bravo.
Elle se redressa vivement et amorça son retour au château, puis, la main sur la grille, hésita puis fit volte-face pour héler la vieille.
- Hé, mamie, tu seras là demain ?
- Je suis là tous les jours petite, sauf quand il pleut, ça me donne des rhumatismes quand il pleut.

Elle passa les heures suivante à griffonner, retraçant les lignes du fichu de la vieille, de ses rides d’humour et de sa bouche de mégère, reprécisant le trait d’une ligne, creusant l’ombré d’un cerne. L’obscurité la surprit et elle quitta sa chambre pour rejoindre la vie qu’elle préférait, celle de la nuit, plus vivante parmi les morts. Elle s'agaça de ne trouver ni Lucrezia, ni quiconque d’intérêt, tous probablement déjà vacants à leurs affaires. Quel ennui ! Puisque sa présence n’était requise nulle part, il n'était pas question de s'enterrer seule entre quatre murs, elle s’en irait s’offrir quelque divertissement ailleurs. Elle retourna dans sa chambre et se changea, optant pour une combinaison noire au décolleté plongeant, ficelé dans le dos. Ce n’est que sur le point de quitter la Tour qu’elle sentit une pression désagréable au niveau de la vessie, signe d’un besoin urgent à satisfaire. Elle leva les yeux au ciel, découragée à l’idée de rebrousser chemin et de défaire les laçages savants au dos de son accoutrement, mais se souvint que non loin d’un petit salon réservé au personnel -où se déroulaient majoritairement les entretiens d’embauche-, se trouvaient judicieusement des commodités. Alors qu’elle finissait de se rhabiller – et quelle plaie c’est lorsqu’il s’agit d’une combinaison-, quelqu’un pénétra dans les toilettes, sans en utiliser, ni même produire de son bien distincts. Intriguée, elle ouvrit la porte et à l’aide du miroir étendu sur cette partie du mur, au-dessus des lavabos, put à loisir observer l’indigent. Après quatre ans de services à la Cour, il n’était nul employé du personnel qu’elle ne connaissait pas, ou du moins, qu’elle n’avait pas déjà croisé – tout le monde ne méritait pas son intérêt -, celui-là, elle en était certaine, elle ne l’avait jamais vu. Qui plus est, l’homme n’avait rien d’un homme, n’en démontrait son accoutrement, bien trop sophistiqué pour un humain, ainsi que son teint d'albâtre et l’aura puissante qu'il dégageait, propre à ses congénères les créatures nocturnes, plus ou moins étendue selon l'individu. Elle croisa les bras en s’accotant sur le chambranle, levant un menton d’autorité.

- Premièrement, vous n’avez rien à faire ici, dit-elle en parcourant la pièce des yeux pour figurer la circonvolution des toilettes, deuxièmement, vous n’avez rien à faire ICI, à la cour. Les admirateurs secrets et les fouille-merdes : c’est dehors. Si vous voulez une audience faut la demander en bonne et due forme, s’infiltrer par la porte de service c’est probablement la plus conne des idées que vous ayez jamais eues.

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18.05.21 15:38

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Les amants voyagent toujours incognito
Ladies and gentlemen, boys and girls, Have we got a special treat for you tonight: Step right up and marvel at the Oldest Gypsy Witch. Her eyes sewn shut, but she's not blind! She sees your every wish ! You there, what's your name ? I see! Step right in, for...

avec  @Shae Atʼąąʼ .
08804c9b17026b9db6b2eb0c42dc02d17a2be26c.gif« Cachez-vous ici en attendant. »

Le lieu était étrange, mais il ne chercha pas à discuter, la donzelle était suffisamment stressée pour ne pas rajouter à son inquiétude une remarque mettant en doute son effronterie passagère. D’avance, il savait qu’elle ne reviendrait pas, et ne dévoilerait pas sa présence non plus. Jetant un œil tout autour de lui, un superbe lieu d’aisance qu’il ne fréquentait plus depuis une éternité, qui avait tout d’une plaisanterie de mauvais goût le fit sourire. Personne ne l’avait encore arrêté, son chemin n’avait pas non plus croisé celui du terrible Chien de la Reine, il y avait de quoi sourire. La demoiselle le poussa pour le faire franchir la porte, il se laissa faire sans la moindre retenue, observa les lieux tout autour puis la vit se retourner vers lui avec un sourire crispé.

« Bonne chance. »

La porte s’était refermée sur les mots de la fille, mais il les avait distinctement entendus. Jusqu’ici, tout allait bien. La plupart de ses interlocuteurs étaient soûlés par ses propos qu’ils et elles ne prenaient pas la peine de lui signaler qu’il parlait dans le vent. Parfois, on l’écoutait attentivement, souvent par surprise d’un tel individu qui a la parole facile et qui ne se soucie pas de savoir s’il a l’entière attention. Les autres attendent plus par politesse qu’il termine, et parce que c’est un Immortel d’une certaine allure, et qu’il dit connaître la Reine. La plupart ne le connaissaient pas, et celles et ceux qu’il avait déjà rencontré cent ans plus tôt laissaient avec grand plaisir leurs collègues se charger de lui, souvent en se délectant d’avance de la torture qu’ils allaient subir. Stannis n’en était que plus enchanté, de toute façon, il préférait avoir l’avantage de la conversation, la mener directement sur ce qu’il voulait, et quand il fermait enfin son clapet pour poser des questions à son auditoire, celui-ci était tellement stupéfait de pouvoir en placer une qu’il ne se faisait pas prier. C’était ce qui l’avait mené directement dans la Tour. Il lui fallait maintenant assurer ses arrières et trouver une de ces filles qui pourrait le mener directement voir sa Créatrice. Les lieux avaient changé depuis sa dernière visite, et c’était sans compter la Cité elle-même, qu’il examinerait un peu plus en détail le lendemain.

A mesure qu’il approchait du cœur même de New Abbotsford, le britannique se sentait rongé par des sentiments bien trop connus faisant naître en lui un perpétuel dilemme dévorant, et rien qu’au souvenir de la belle, il se sentait de nouveau tout humain, frêle et nerveux face à cette magnifique créature aussi dangereuse que désirable. Bien qu’un rythme d’une visite par siècle, à peu près, soit tout à fait honorable pour les deux parties, il n’était pas complètement sûr de lui. Comment allaient se passer les retrouvailles avec Lucrezia ? Est-ce que la tentation de retomber dans ses bras serait plus forte que le reste ? Le Roi Consort, où qu’il soit actuellement, n’était pas dans les parages, plusieurs témoins l’avaient assuré, certes, ceci dit un impondérable peut si vite arriver, et le mettre dans une situation désagréable s’il en croyait les dernières rumeurs. Son « beau-père » risquerait de ne pas apprécier de le surprendre dans la chambre de sa femme, quand bien même le risque ne lui faisait pas peur, sa Créatrice lui sauverait la couenne à la seconde même où le Voltchenkov essayerait de lui arracher la tête.

Stannis s’apprêtait à sortir une cigarette de sa boîte métallique, bon esprit qu’il avait eu de la remplir en quittant sa dernière étape avant de franchir les portes de la Cité, quand une Enregistrée, très probablement sortie de la cabine contre laquelle elle s’appuyait depuis un petit instant, l’interpella, lui faisant hautement comprendre qu’il n’avait pas sa place dans la pièce. Ce qu’il ne pouvait nier, même s’il ne répondit pas, préférant achever son geste, le bruit de la boîte claquant résonna contre les murs quand il la referma. Il conserva tout autant le silence en craquant une allumette qu’il jeta dans le lavabo en l’observant de la tête au pied. Il va sans dire que depuis cent ans, le personnel humain s’était renouvelé, le marchand n’avait de toute façon jamais prit le temps de faire leurs connaissances, plus que ce dont il avait besoin en tout cas, c’était la raison même pour laquelle on ne l’avait pas encore arrêté dans son ouvrage. Cette Enregistrée-ci faisait partie de celles et ceux à la personnalité voyante, peut-être un peu trop pour leur bien, et donc qui ne lui faciliterait pas la tâche, à moins de trouver un bon moyen de l’acheter. Soit, un peu de difficulté ne lui faisait pas peur, ce serait un bon entraînement pour ce qui l’attendait avec la Reine.

« C’est bien parce que je ne veux pas demander audience que je passe par la porte de service, vois-tu. Ce n’est pas la première fois, et ce n’est pas la dernière, » sourit-il en crachant la fumée dans sa direction puis désigna l’endroit du bout du doigt. « Et puis, il fallait bien que je passe par ici à un moment donné. Au moins pour savoir où est-ce que vont les fouilles-merde. »

Ce ne serait pas drôle s’il disait déjà qui il était. Dans un premier temps, parce que l’Enregistrée ne connaîtrait sans doute pas son nom et son lien avec Lucrezia, et surtout parce que ce serait mettre fin rapidement au jeu. Maintenant qu’il était dans la Tour, il devait être prudent à qui il donnait son nom, ses sœurs ou son frère pourraient être dans les parages, et donc tout faire capoter. Ou pire, le Commandant Shepherd pourrait l’entendre. Ceci dit, vu la façon de s’exprimer de la jeune femme, il y avait peu de chance pour qu’elle aille baver à l’oreille de se dernier ou de la Reine.

« Ma visite ici est… une petite surprise, vois-tu. Enfin, je n’ai nulle intention de commettre un crime ou assassiner qui que ce soit. Je ne suis pas armé, je ne cache aucune lame. Si tu ne me crois pas, tu peux venir vérifier. »

Après une nouvelle inspiration sur sa cigarette, il tendit les bras, le regard plongé dans le sien, la mettant au défi. Généralement, aucun humain osait mettre ses paroles en doute ou allait contre lui. Pour celle-ci, il se doutait que sa diarrhée verbale ne suffirait pas. Par ailleurs, il n’avait rien susceptible de servir d’arme en effet, son arc lui avait été enlevé à l’entrée de la Cité.
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15.06.21 18:43

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Elle l’observa en silence opérer son petit manège, enregistrant déjà quelques traits de caractère qu’induisait tacitement son comportement : malgré l’interception de son intrusion, il ne se sentait ni menacé ni en insécurité ; il adoptait plutôt l’assurance d’un renard en quête de mots de ruse, prenant le temps politique ou débonnaire qui lui était apparemment dû : l’homme était partout chez lui. L’humaine prit son mal en patience, les bras croisés, résistant à l’envie de lever les yeux au ciel pour manifester le peu de crédit qu’elle portait à ces jeux d’atermoiement d’immortels. C’est plus fort qu’eux, ils ne loupent jamais une occasion de montrer au monde combien ils ont de temps à perdre, maugréa-t-elle intérieurement. Pourtant elle ne s’en formalisait guère, jamais réfractaire aux imprévus venant rehausser la teneur d’un quotidien qu’elle abhorrait être monotone. Non content d’être indubitablement agaçante, cette langueur fastueuse et seigneuriale avait la retombée collatérale de piquer sa curiosité et d’élever ses expectatives à son endroit. Assurément lorsque l’introduction était si bien menée, l’attention portée au silence poussée à ce point à son paroxysme, l’on était en droit d’espérer un dénouement rocambolesque et Shae attendait du personnage à ce qu’il ne la déçoive point.

« C’est bien parce que je ne veux pas demander audience que je passe par la porte de service, vois-tu. Ce n’est pas la première fois, et ce n’est pas la dernière »

La commissure de sa lèvre trahit d’un petit sillon jovial les prémices d’un sourire conquit, dans ses yeux miroitaient d’allègres pétillements effrontés, signe qu’elle acceptait volontiers de participer aux récréations. Elle ne tressaillit pas même en recevant la fumée nauséabonde de sa cigarette en pleine figure. Le laissant discourir plus avant, l’étranger annotant qu’il aurait été dommage de ne pas alimenter l’étendue de ses connaissances en matière de fréquentations d’une certaine ethnie, elle avança plutôt jusqu’au lavabo jouxtant le sien, et se lava insoucieusement les mains. L’étranger barrant l’accès aux serviettes, elle égoutta gaillardement ses mains en les secouant, puis en épousseta ses longs doigts d’artiste de petites pichenettes invisibles aléatoirement distribuées au miroir, de sa gauche à sa droite, ne se formalisant pas des quelques gouttes venues s’échouer sur le verni d’une Richelieu bien soignée - renvoi d’ascenseur d’une fumée de cigarette. Œil pour œil, la demoiselle était entièrement disposée à toujours rendre la pareille à son interlocuteur, et puisqu’il faisait l’effort d’un peu de familiarité, c’est en le tutoyant qu’elle s’adressa à lui en retour.

- Ô je vois, c’est une habitude de faire du tourisme dans les quartiers du petit-personnel ? T’es merdologue pour t’intéresser au comportement social du fouille-merde ? Et donc, à qui tu souhaites « ne pas demander audience » pour satisfaire ce nul ne douterait comme étant de louables intentions…

Il était impensable qu’elle ne mène pas son enquête, l’individu bien que charmant au demeurant – si l’on aimait les personnalités pince-sans-rire agrémentées de pirouettes évasives un peu loufoques – pouvait tout à fait constituer un danger pour ses maîtres, correction faite : pour sa maitresse, les autres pouvaient bien souffrir de la visite d’un importun. Elle gardait chaque jour en attention que le Roi Consort était Maître Comploteur et qu’il fallait s’en méfier. Comme le ton de sa voix portait clairement atteinte aux soupçonneux desseins de l’étranger, celui-ci éluda l’attaque et se concentra surtout sur la défense de la nature innocente et sincère de ses dispositions, l’invitant même à le fouiller, croyant chemin faisant montrer patte blanche.

- Oh joli cœur, je refuse rarement une invitation aussi appétissante, dit-elle en s’approchant à pas de velours, mutine, mais à vrai dire, arme ou pas, un chandelier ou une corde à rideau trouvé sur place peut tout à fait faire office d’arme entre des mains mal intentionnées. Après tout, il suffit d’une allumette pour foutre le feu, dit-elle en saisissant l’allumette usagée dans le lavabo, pour ouvrir la poubelle à ses pieds et l’y jeter, fronçant les sourcils en jouant l’attitude pétrie de remontrances de la ménagère offensée.

Elle prit le temps de détailler un instant ses traits, nullement effrayée de leur proximité, ni même de l’intimité de cet échange prolongé de regards. Échange au bout duquel elle prit une grande inspiration, semblant être parvenue à une conclusion sur ledit personnage.

- Tu sais quoi ? Tu me plais bien, le Dandy. Si tu me mets dans la confidence et je t’aiderai à t’organiser, parce que visiblement ton plan s’échafaude en roue libre, et moi, je sais tout sur tout ici. Mais pas ici : suis-moi.

Elle se dirigea brusquement vers la sortie en l’invitant à la suivre. À pas déterminés, elle traversa le couloir pour pénétrer dans le petit salon du personnel et sembla tout à fait sûre d’elle en se dirigeant derechef vers un vaisselier brinquebalant d’un bois au teint clair. Elle ouvrit son placard du bas pour que l’étagère puisse faire office de marche, de laquelle elle put escalader le meuble pour se hisser toute entière vers son sommet, et saisir de cette cachette une bouteille de rhum ambré déjà entamée.

- Ne le dit à personne, chuchotât-elle menaçante.

Puis, produisant deux verres du vaisselier, elle remplit négligemment d’une rasade les verres dont elle en posa un sur la console d’appoint pour conserver l’autre dans la paume, puis se jeta allègrement dans le canapé.

- Tu me rejoindrais bien pour l’apéro ? J’étais sur le point de sortir avant de tomber sur toi alors tu me dois bien ça.

@Stannis Vargas
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