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You're the chosen one | Andromaque & Yomi



24.12.20 16:52

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gifLe soleil se couchait à peine, enflammant les toits de la ville d’un brasier ardent. Mais il n’y avait de feu que celui de la cheminée qui crépitait encore après le passage d’un humain durant mon sommeil. Andromaque, sans aucun doute. Elle savait à quel point j’aimais l’odeur et le son de cette combustion. Je m’approchai de l’âtre lorsque mon regard tomba sur une coupe pleine d’un sang sirupeux posée sur une tablette. Un sourire léger étira le coin de mes lèvres. Comment voulait-elle que je la transforme quand elle faisait une humaine aussi parfaite ? Sa logique m’échappait. Et je me gardais bien de le lui dire, sa vénération pour moi était une chose dont je me délectai. Je mentirais si je disais que je ne m’étais pas attaché à cette jeune femme. Lorsqu’elle n’était pas là, je le remarquais désagréablement. Voilà la raison qui m’avait poussé à l’amener avec moi depuis New Busan en passant par New Riverlake pour atterrir ici. Impossible de la laisser derrière moi.

Sans elle, il n’y aurait pas eu de feu dans cette cheminée pour mon premier réveil à New Abbotsford. Sans elle, il n’y aurait pas eu cette plaisante collation sur la table.

D’un geste souple, j’attrapai la coupe que je portai à mes lèvres, humant avant de goûter le liquide délicat et subtil que je reconnus au milieu de bien d’autres fumés. Il s’agissait de son sang qu’elle avait extrait par je ne savais quelle méthode. Elle était au fait que je ne pourrais probablement pas la toucher avant plusieurs nuits, le temps que ses papiers de Calice soient en règle, aussi avait-elle pris cette initiative. Parfaite, décidément. Un soupir glissa de mes lèvres alors que je dégustais mon repas délicieux.

Sans y prendre garde, je m’assoupis encore quelques minutes. Le voyage m’avait plus fatigué que prévu, j’étais soulagé d’être arrivé à destination. La frayeur de la veille m’avait réellement mis les nerfs en pelote. Une chance que Rodan ait été aussi professionnel. Quoique je doutais qu’il le soit moins avec d’autres. À mon réveil, je m’éclaircis la gorge de quelques notes et j’ouvris une malle pour en tirer un costume sobre et une chemise à col officier. J’enfilai le tout avant de sortir de ma chambre.

La sienne était entrouverte lorsque j’approchai. Elle n’était pas très éloignée, j’en fus inconsciemment rassuré. Des bruits de tissus froissés me parvinrent et je ne fus pas étonné de la trouver en train de s’entraîner. Sa grâce rivalisait avec toutes les danseuses que j’avais connues. Elle était de loin la meilleure dans cette discipline. J’en éprouvais une grande fierté que je n’avais pas l’intention d’avouer.

Sans un bruit, j’entrai, m’adossant à la porte que je refermai dans le silence le plus complet. Je croisai les bras, un pied relevé contre le battant de bois, et observai chaque mouvement, chaque vague de tissu qui masquait son corps avant de le dévoiler par endroit. Elle était d’une beauté à couper le souffle et je ne doutais pas qu’elle avait laissé nombre d’amants sur son passage même si elle rechignait toujours à me parler de ses conquêtes. Le don vampirique sublimerait tout ce qui était déjà divin en elle et je savais pertinemment que Dimitri approuverait le choix de sa future petite-fille lorsque je la lui présenterai en ces termes.

Pourtant, elle était encore humaine et la perfection n’existait pas pour cette race. Si certains s’en approchaient, comme moi à l’époque, ou comme elle, l’humain faisait des erreurs. Son pieds dévia d’un demi-centimètre, suffisamment pour l’empêcher de tourner correctement et briser toute la magie qu’elle avait réussi à installer.

Ma langue claqua immédiatement contre mon palais. Cette erreur venait de me contrarier.

Je fronçai les sourcils en me redressant alors que son visage se tournait vers moi et qu’elle s’apercevait enfin de ma présence.

Je ne t’ai pas enseigné à faire ce genre de bêtises, Andromaque, lâchai-je froidement. Un faux pas et il n’y a plus de magie, plus de séduction, plus rien. Un faux pas et tout ton travail, tes efforts, sont ruinés. Personne ne se souvient d’une figure réussie. Tout le monde retient l’émoi des quelques minutes offertes… ou du seul faux pas que tu auras commis.

Je la rejoignis, un regard sévère sur le visage. Arrivé à sa hauteur, je glissai un bras sur sa taille, agrippant sa hanche avec fermeté. Sa peau était brûlante après l’effort qu’elle venait de faire.

Ton pied, ici, ordonnai-je. Bien. À présent, bascule puis redresse. Jambe tendue ! Pointe et… tourne. Bien. Recommence…

Je m’éloignai pour la laisser faire seule. Elle n’était plus une débutante depuis longtemps, c’était la toute première discipline qu’elle avait souhaité apprendre et cela faisait dix ans qu’elle dansait. Je lui trouvais des enseignants dans chaque cité où nous nous rendions, lui prodiguant un panel culturel varié qu’elle s’appropriait avec brio. Non que je ne savais pas danser, mais c’était une chose que je détestai car cela réveillait en moi des souvenirs désagréables que je préférais oublier. Je n’avais plus dansé une seule fois depuis ma transformation, depuis que j’avais quitté le Japon aux côtés de Dimitri. Mais cela n’avait jamais arrêté Andromaque, et cela aurait été une grande perte qu’elle ne danse pas sous prétexte que moi non plus.

Je m’assis sur son lit, le dos contre le montant du lit, jambes croisées, et j’observai l’élégance de mon calice et future infante. Si j’avais su, j’aurai apporté mon koto pour l’accompagner dans cette volupté des sens...
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27.12.20 20:55

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gif Assise sur la bergère en velours et le bras suspendu devant elle, elle inspira profondément, retint son souffle puis approcha délicatement le cathéter de son bras. L’aiguille buta légèrement puis pénétra doucement la peau pour atteindre la veine. Aussitôt un liquide carmin monta dans le cathéter pour glisser gracieusement dans la tubulure. L’aiguille en place elle la lâcha doucement, la laissant plantée dans sa veine et défit légèrement le garrot qui lui ceignait le bras. Poing fermé, elle observa lentement son sang quitter son corps à travers la tubulure pour venir gouter progressivement mais avec assurance dans la coupe que tenait Cléo.

« Tu penses que c’est bon ? » demanda cette dernière, ses yeux bleus fixée sur le liquide carmin qui goutait allègrement.

« Non. Encore. » Répondit Andromaque. Une légère euphorie la gagna en songeant au plaisir que ressentirait son maitre en trempant ses lèvres dans le sérum grenat et  en reconnaissant son essence. Son maitre avait dormi tout le jour durant, sans bouger d’un centimètre entre ses draps de soie. Il était fatigué, éreinté du voyage qu’ils avaient fait. Et s’il en était de même pour elle, elle se fichait de dormir tout son content. Yomi devrait se nourrir à son réveil. Et s’il ne pouvait venir prendre son dû en plantant ses crocs dans sa chair alors c’est elle qui lui fournirait ce dont il avait besoin. Un verre de son sang. Un verre plein.

« C’est bon. »

Lâcha-t-elle tout en retirant l’aiguille de son bras, et compressant la veine en gardant un doigt sur la plaie et pliant le bras. « Tu feras bouillir tout ça s’il te plait. » Sa compagne répondit par l’affirmative tout en déposant le verre bien plein sur la table et se saisissant de l’aiguille et de la tubulure avant de s’éloigner. Si Andy n’obtenait pas ses papiers rapidement, elle devrait se saigner encore de la sorte autant de fois que nécessaire. Le matériel médical n’étant pas chose courante, elle devait prendre soin du peu qu’elle possédait. Sachant cela, nul doute ne ferait que Cléo désinfecterait et stériliserait tout cela pour la prochaine saignée de sa collègue. Oubliant son point de ponction, Andy se releva et se saisit du verre d’hémoglobine. Elle espérait que tout ce qu’elle avait ingéré les jours précédant suffirait pour garder son sang aussi fluide que possible. D’un coup d’oeil au soleil descendant, elle estima qu’au réveil de son maitre son plasma n’aurait pas eu le temps de se solidifier. D’un pas gracile elle se dirigea vers la chambre de son souverain et pénétra à l’intérieur avec la discrétion d’une ombre. Elle posa le verre sur la table de chevet et dans le plus grand silence qui soit, elle entreprit de raviver les braises et déposa quelques bûches sur ces dernières. Puis elle sortit toujours sans un bruit, avec l’assurance que Yomi aurait ce dont il avait besoin à son réveil.

Elle croisa ensuite Cléo qui lui amenait un jus d’orange pour la remettre de sa saignée. Et après l’avoir remerciée elle se dirigea dans sa propre chambre. Elle était éreintée. Ereintée et malheureuse. Assise sur ce qui désormais était son lit elle ferma les yeux un instant, se remémorant les derniers événements. Le trajet, long, bien trop long. La peur au ventre de croiser sur leur route manants ou enragés. La terreur violente qui l’avait saisie lorsqu’elle avait vu le cheval de son maitre s’emballer au milieu des mines. Puis son entrée dans la ville. L’homme du marché criant un nom qu’elle n’avait de cesse d’entendre dans ses rêves, son enfermement, les tests médicaux qu’elle venait de subir… et par dessus tout… le marquage… Lentement elle leva une main tremblante pour venir toucher du bout des doigts le tatouage encore rouge apposé sur sa nuque. Marquée. Elle était marquée comme humaine de cette cité. Et cette idée la révulsait de l’intérieur. C’était une brulure sur son âme, une douleur sur son esprit, et une peur tapie au fond de ses entrailles. Oui, elle était épuisée, tant physiquement que psychologiquement. Mais elle se savait incapable de dormir. Son esprit la tourmentait plus que nécessaire. S’adressant à ses peurs les plus profondes. Redescendant sa main de sa nuque elle garda cette dernière en suspension devant elle et l’observa trembler. Ridicule. Re-saisit toi ma fille. Le temps de l’abandon et de la folie n’est pas encore venu… Fermant le poing elle se leva et se dirigea vers deux morceaux de tissus blancs qui pendaient gracieusement du plafond. C’était là la première chose qu’elle avait demandé. Qu’on lui accroche ses tissus. Elle demanderait plus tard pour le cerceau, la barre de pole et celle de danse. A moins qu’il y ait une salle de ce genre dans cette cité. Il faudrait qu’elle demande, soit à Yomi, soit à Cléo. Sa collègue avait déjà commencé à se faire des amis. Incroyable comme elle était sociable celle-là.

Oubliant sa fatigue, Andy leva le bras pour enfermer entre ses doigts la soie blanche. D’un geste rapide elle enroula son bras, puis fermant les yeux se laissa tomber et balancer par le tissus. Peu à peu son épuisement s’effaça et ses doutes, sa mélancolie et ses peurs cédèrent le pas à l’allégresse du mouvement et de la grâce. Andromaque retrouva peu à peu ses marques et sa volupté. Rompu à l’exercice son corps s’enroula, glissa, batifola entre les draps. Tantôt prenant de la hauteur, tantôt en perdant brutalement, la jeune femme entrainait son corps et faisait souffrir ses muscles. Répétant inlassablement les mouvements qu’elle connaissait par coeur, et testant la résistance des draps.
Mais le voyage l’avait épuisée et tandis qu’elle pivotait sur elle-même pour gracieusement s’enrouler, le muscle de son bras gémit, et de peur de manquer de lâcher elle conserva son appui avec son pied ce qui l’empêcha de pivoter correctement.
Un claquement de langue se fit alors entendre. Merde !

Assurant sa prise sur ses tissus, Andromaque tourna brutalement la tête pour découvrir un Yomi nonchalamment appuyé contre la porte. Dès que son regard se posa sur lui, la jeune femme sentit une douce chaleur l’envahir. Depuis combien de temps était-il là à l’observer ainsi ? Les mots qu’il lâcha ensuite lui firent l’effet d’un coup de poignard. Ceci dit il avait raison, elle le savait. Elle pouvait faire mieux que ça. Beaucoup mieux. Fatigue ou pas, là n’était pas la question. Il ne l’avait pas éduquée pour échouer. Aussitôt sa douce chaleur se transforma en brasier ardent, et elle serra les dents tout en glissant délicatement pour se rapprocher du sol sans pour autant descendre de son perchoir. Mortifiée et surtout furieuse contre-elle même, elle reprit la position initiale de sa figure, sans s’autoriser à toucher terre pour reprendre des forces. Bientôt il fut à son niveau et posa son bras sur ses hanches pour l’aider à se replacer. À son contact son corps fut parcourut d’une décharge électrique et son coeur s’emballa, plus déterminé que jamais à se surpasser. Alors, le souffle court, elle pivota sous les indications du maitre. Le mouvement était fluide et parfaitement réussi. Mais ce n’était pas assez pour elle. Elle pouvait faire mieux. Elle le savait. Redoublant d’efforts tandis qu’elle le sentait s’éloigner, galvanisée par le regard qu’il posait sur elle, Andromaque reprit de la hauteur, et refit plusieurs fois la figure jusqu’à ce qu’elle l’estime parfaitement exécutée et quelle puisse lire de la satisfaction dans les yeux de son maitre. Elle enchaina ensuite avec d’autres figures, plus gracieuses les unes que les autres, et sans perdre de sa concentration elle pouvait sentir sur elle le regard scrutateur de son divin. Rien que de le savoir là, à l’observer, elle sentait son coeur battre plus fort et une énergie nouvelle couler dans ses veines. Cet homme, ce vampire, lui avait sauvé la vie. Il lui avait tendu une main là où la mort comptait la cueillir. Avait séché ses larmes de la joue qui devait recevoir le poing. Il l’avait arrachée à une vie d’esclavage pour la plonger dans les arts quels qu’ils soient. Et pour cela, elle avait juré de vouer sa vie entière à le satisfaire. Et si cela passait par danser à six mètres au dessus du sol, alors elle danserait, jusqu’à ce qu’il soit satisfait. Et ce qu’elle fit.

Enfin lorsque ses muscles ne purent plus la soutenir et que son corps protesta énergiquement, elle toucha terre, et ses yeux vinrent instinctivement quérir l’approbation de Yomi. D’abord hésitante elle fut rassurée de le voir approuver. Elle lui sourit en retour, chaleureusement et attrapant une serviette propre essuya rapidement la sueur qui humidifiait son corps rompu, lui arrachant une esquisse de grimace lorsqu’elle la passa sur sa nuque tatouée. Elle ne se remettait pas de cette scarification, et ne s’en remettrait jamais. Elle se sentait bafouée, salie, mutilée… Mais là n’était pas le problème, il y avait plus urgent. Il fallait s’enquérir.

« Avez-vous suffisamment récupéré de votre long trajet ? Désirez-vous quelque chose ? Je peux faire venir Cléo… »
Elle esquissa un geste vers la porte, sans toutefois le quitter des yeux. Elle se sentait inutile et superflue. Elle ne pouvait pas sortir de ces appartements, pas explorer la ville et pas lui donner son sang à la source. Même si elle comprenait les raisons de ces précautions, cela l’énervait plus que de raison. Andromaque n’aimait pas se sentir inutile. Elle aimait plaire et satisfaire.
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02.01.21 17:19

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gifLa détermination d’Andromaque était à toute épreuve. À moins que son goût pour la perfection lui vienne de mon éducation… Le fait était qu’elle écouta mes conseils et ne termina pas son entraînement à cause de sa fatigue. Je le voyais aux légères cernes sous ses yeux, à la faute qu’elle avait commise et qu’elle n’aurait jamais fait en temps normal. Pourtant, elle persévérait, toute de grâce vêtue et j’éprouvais un sentiment de fierté incroyable en la voyant évoluer dans les airs comme elle le faisait. Je ne me lassais pas d’observer le moindre de ses mouvements, sa peau à la nuance gourmande qui contrastait si fort avec la mienne lorsque j’y posais mes doigts. Pourtant, j’aurais dû l’arrêter au moment même où j’avais constaté son état. Sa santé m’inquiétait et si je ne lui disais pas de se poser, Andromaque ne le faisait pas.

Enfin, elle descendit du ciel, relâcha ses ailes de satin, cherchant une quelconque approbation dans mon regard de marbre. J’avais conscience d’être parfois… souvent dur avec elle, notamment concernant son apprentissage. J’avais reçu la même éducation et il me paraissait évident que cela fonctionnait. Il me fallait pourtant reconnaître qu’elle manquait parfois d’autonomie et j’avais espoir qu’elle développe cette compétence à New Abbotsford. J’avais beau trouver ridicule le sort des humains à moitié libres ici, ils seraient une source d’enrichissement pour celle qui ne serait plus longtemps l’une des leurs. Pour la rassurer, je hochai lentement la tête avant de me lever. Si j’étais sévère, je ne voulais pas qu’elle s’évanouisse d’épuisement au milieu d’un entraînement comme cela m’était arrivé plusieurs fois à l’époque. Je ne souhaitais pas plus que ses mains rougissent et saignent d’avoir trop travaillé. S’oublier, oublier son passé, son malheur et sa tristesse dans les notes, dans l’encre ou dans les mouvements étaient bien suffisant.

Je fronçai les sourcils alors qu’une grimace lui échappait en glissant une serviette sur sa nuque. Pris d’un doute soudain sur le sort qui lui avait été réservé à son arrivée, je scrutai sa peau délicate. Ils n’avaient pas osé ? J’avais expressément demandé à ce que l’on attende que je parle à Dimitri avant de… J’ignorai ses questions, ses préoccupations et les autres gestes qu’elle tenta de faire.

Viens ici. Ne m’ont-ils pas écouté ?

Accompagnant avec contradiction mes paroles, je la rejoignis et la contournai pour me placer dans son dos. Mes doigts effleurèrent sa peau avant d’écarter ses cheveux pour dégager sa nuque. Là, sous les mèches encore humides de ses efforts, la marque était bien visible : le tatouage qui témoignait de son appartenance théorique à la Reine Lucrezia. Je serrai les dents un instant. Plus que d’avoir défiguré sa peau parfaite, c’était tout ce que cela représentait qui hérissait chacun de mes nerfs. Ces chiffres, ces lettres, ce tatouage de bétail. C’était laid. Immonde. Et cela me révulsait.

Elle le sentit. Elle sentit ma contrariété. À moins qu’elle ne déteste cette marque bien avant moi ? Car nous nous ressemblions tant. Je ne supportais pas l’idée que ces symboles la fasse appartenir à un autre. Elle était mienne et le resterait, peu importe ce qu’en dirait cette Reine. Je fis glisser mon pouce lentement sur la cicatrice encore enflammée.

Je leur avais dit d’attendre. Dis-moi le nom de celui qui t’a obligé à faire ça si tôt. Il ne passera pas la fin de la nuit. Est-ce que c’est douloureux ?

Je ne l’aurais avouer pour rien au monde, mais son sort m’inquiétait. S’il y avait bien un seul individu dont je me souciais vraiment, il s’agissait d’elle. Elle était bien plus qu’une simple humaine à mes yeux et je ne pouvais cautionner qu’on la traite comme une vulgaire enregistrée. Elle était ma future infante et méritait déjà le respect dû à une Voltchenkov. Mais j’étais bien le seul à raisonner ainsi pour le moment. Tant que mon sang ne coulerait pas dans ses veines… si elle supportait sa transformation. Je soupirai en relâchant ses cheveux qui vinrent cascader sur sa nuque et ses épaules.

Ils ne savent pas encore à qui ils ont affaire, mais cela va vite changer. Nous allons creuser notre place ici aussi. Bien plus encore qu’à New Busan, tu verras. Et nous commencerons avec ce que nous faisons le mieux, notre art. Tu les subjugueras et je les envoûterai.

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres.

Je vais aller me renseigner pour savoir où en sont les papiers concernant ton statut de calice. Avec le tatouage, tu peux circuler, mais personne n’osera s’en prendre à toi avec le pendentif. Et je ne veux pas que l’on pense que tu appartiens à quelqu’un d’autre que moi. Repose-toi, en attendant. Tu en as fait beaucoup, ma chambre, ton sang, l’entraînement... il te faut reprendre des forces. C’est dangereux de s’entraîner en étant fatiguée, tu le sais. Tu n’es pas encore invincible.

Je glissai une main sur sa joue, tendrement, dévisageant chacun de ses traits tirés. Sa santé m’inquiétait. Elle ne s’était jamais vraiment remise de son addiction au sang de vampire et je m’en voulais encore de l’avoir laissée faire. Lorsque je m’étais rendu compte du problème, il était déjà trop tard et les dégâts étaient difficiles à réparer. J’inspirai doucement avant de déposer un baiser sur sa tempe.
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03.01.21 16:57

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gif Ses questions ne trouvèrent nulle autre réponse que la réaction fugace de colère qui passa sur les traits de son maitre. L’ordre claqua, et elle se sentit défaillir de honte. A peine eut-elle esquissé un geste en avant qu’il était déjà prêt d’elle. Aussitôt Andy pencha la tête en avant exposant sa nuque salie, acceptant le courroux, subissant sa honte. Yomi en était contrarié, et elle le sentait, mêlant sa propre colère et le dégout qu’elle ressentait au sien. Scarifiée, marquée à vie. Rien ni personne ne pourrait retirer cette immondice de sa peau. Une immondice qui la marquait comme appartenant à une autre. Elle se sentait violée en son âme, abandonnée, bafouée et meurtrie. Et lorsqu’il passa un doigt sur cette marque infâme et dégradante elle sentit les battements de son coeur s’accélérer et le souffle lui manquer.

Dis-moi le nom de celui qui t’a obligé à faire ça si tôt. Il ne passera pas la fin de la nuit.

Elle sentit aussitôt les larmes lui monter au yeux, et réprima un sanglot en serrant rageusement les dents, le regard toujours fixé sur le sol. La réaction de son maitre la touchait assurément mais la culpabilisait aussi et bien plus encore. Coupable. Coupable de n’avoir pas protesté. Coupable de n’avoir rien dit et d’avoir suivi docilement ses geôliers. Aurait-elle dû les affronter ? Elle n’avait pas été d’accord, avait exprimé ses craintes et sa répugnance, mais on lui avait exposé les lois de la cité. Lois auxquelles ont ne pouvait se substituer, et elle n’avait pas voulu faire d’esclandre, afin de ne pas jeter la honte sur son divin maitre. A présent elle se sentait coupable d’une telle passivité. Coupable d’avoir été un bon chien-chien, et d’avoir obéit à des maitres qu’elle ne connaissait pas. Honte et humiliation la submergeaient.
Il lui demanda si ça lui faisait mal. Bien moins que la douleur psychologique qu’on lui avait infligée et de laquelle elle s’accablait impitoyablement. En réponse elle haussa une épaule. Elle se fichait de ce que pouvait ressentir son corps. Elle avait connu plus grande douleur. Mais le simple fait de décevoir son maitre, d’avoir abimé le tableau qu’il se faisait de son corps… La colère et la désapprobation qu’elle risquait de voir dans ses yeux chaque fois qu’il poserait le regard sur elle… Tout cela lui tordait les entrailles en une douleur insupportable.
Il relâcha enfin sa chevelure et elle osa redresser la tête. Et quand il reprit la parole elle se retourna, levant vers lui un regard contrit et repentant.

Ils feraient leur place ici. Encore mieux qu’à New Busan, ce qui n’était pas peu dire des ambitions de son maitre. Elle inspira profondément, gagnée par l’espoir qu’elle mettait en lui. Ils commenceraient par leurs arts. Dont le premier atout était la séduction. Oui. Ils se feraient une place ici. Et elle envouterait la ville par ses danses aériennes. Il y croyait. Et si il y croyait elle en était convaincue elle aussi. Elle avait tellement confiance en lui et en son jugement. Après tout ne lui avait-il pas offert une seconde vie ? Une vie d’allégresse, de plaisir et de beauté ? Il lui sourit et ce simple geste lui réchauffa le coeur. Il affirma ensuite qu’il s’occuperait de lui fournir des papiers et notamment le précieux talisman la qualifiant de calice. Ce pendentif qui lui permettrait d’être hors de portée des autres vampires, et exposerait aux yeux de tous son appartenance au Prince Voltchenkov. Il posa alors une main sur sa joue et elle s’y blottit avec douceur, savourant ce contact comme  une brise en pleine canicule. Il enchaina sur le fait qu’elle devait se reposer. Il avait vu ses cernes, les tremblements de ses muscles, et certainement le trouble au fond de ses pupilles. C’était dangereux de s’entrainer dans de telles conditions. Il n’avait pas tort, elle le savait, mais elle ne pouvait se résoudre à l’abandonner.

« Je vais bien. » Affirma-t-elle, sereinement et avec certitude tout en appuyant bien plus sa joue dans la main de son divin. Elle ferma les yeux un instant, savourant ce simple contact qui pourtant signifiait tant pour elle. Il ne la rejetait pas à cause de l’odieux marquage dont elle avait fait l’objet. Il la garderait prêt d’elle. Il avait renouvelé ouvertement le fait qu’elle était sienne et lorsqu’elle aurait enfin le précieux pendentif des calices, elle pourrait afficher fièrement qu’elle lui appartenait. Ici, maintenant et pour toujours. Rouvrant les yeux elle les plongea instinctivement et profondément dans le regard de Yomi et doucement relâcha sa main dans un touché délicat. Elle lui offrit un sourire apaisé, et lorsqu’il se pencha pour déposer un baiser sur sa tempe elle se sentit remplie d’une douce plénitude. Oui. Tout irait bien. Il la protégerait. Elle était sienne. Et ensemble ils feraient leur place dans cette cité.
Rassérénée, elle inspira profondément, prenant enfin conscience de la fatigue qui la submergeait. Le trajet et ses aléas, cette maudite scarification, l’avait bien plus tourmentée et éreintée qu’elle n’avait bien voulu l’admettre. Son maitre avait raison, il fallait qu’elle se repose un peu.

« Vous avez sans doute raison pour ce qui est du repos. Je vais peut-être essayer de dormir deux heures. Cléo est disponible si vous avez besoin de quoique ce soit, et n’hésitez pas à venir me chercher si nécessaire. »

Elle lui offrit un nouveau sourire et grimpa sur son lit alors qu’il quittait la chambre. Aussitôt elle s’endormit et sombra dans un sommeil sans rêve et réparateur. Quelques heures plus tard elle était de nouveau debout et apprêtée pour une nouvelle nuit de service. Depuis qu’elle était au service de Yomi, les nuits n’avaient jamais été aussi intéressantes et excitantes. Après avoir déballé les derniers cartons contenant ses effets personnels et avoir exigé de même pour son maitre elle avait pourvu au besoin et à l’organisation de la maisonnée. A présent assise à une table dans un des nombreux salons, elle était concentré sur son jeu de Tarot dont elle retourna trois cartes. Face à elle, Javier fixait avec curiosité les symboles qui sortait.

« Le pendu. C’est mauvais ça non ? »

Posant habilement la carte devant elle, Andy leva un regard amusé vers le latino.

« Il va arriver des bricoles c’est ça ? J’en étais sur, cette ville est maudite. » Continua-t-il, l’inquiétude perçant sa voix. Les lèvres d’Andromaque s’étirèrent en un sourire franchement amusé. Au même moment, leur maitre fit son entrée, revenant d’activités qui ne regardaient que lui.

« Mon Prince. » Dit-elle pour accueillir son retour tant désiré. La voix de la jeune femme était cajoleuse et séductrice, témoignant que la sieste avait été fortement appréciée et réparatrice. Elle se pencha alors vers son compagnon humain, récupérant ses cartes sur la table. « Et toi, il va t’arriver des bricoles comme tu dis, si tu ne termines pas de monter ce cerceau pour mon bon plaisir. Surtout si tu espères profiter un temps soit peu du spectacle. »

Javier lui offrit un sourire masquant l’inquiétude qui le ceignait un peu plus tôt, puis récupérant ses outils sur la table, se leva tout en saluant respectueusement son maitre. Enfin Andromaque se leva, et posa ses cartes en un tas bien net sur la table. Se tournant vers son maitre elle perçut aussitôt la satisfaction sur ses traits.  Redressant la tête, et les mains jointes dans son dos elle lui demanda alors, toujours soucieuse de son bien-être :

« La nuit a-t-elle bien débuté pour vous ? Désirez-vous quelque chose ? »

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08.01.21 17:49

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gifSa seule réponse fut de hausser les épaules. Pas de nom. Quant à la douleur, elle semblait ne pas y accorder d’importance. Du moins pas la douleur physique. Car je sentis chaque battement de son cœur frappant sa poitrine avec détresse. Honte, sans aucun doute. Je la connaissais à présent suffisamment pour savoir que ce qu’elle redoutait plus que la mort elle-même, c’était de me décevoir. Or elle tenait une telle place dans mon existence qu’il fallait plus qu’une misérable cicatrice d’encre indélébile pour qu’elle descende dans mon estime. Peut-être prendrait elle un peu plus confiance en elle… en moi… dans cette Cité. Nous devions pouvoir compter l’un sur l’autre les yeux fermés, mais elle devait être libre d’aller et venir, bien plus que du côté de New Busan dont elle parlait trop peu la langue locale.

Blottissant son visage sur ma main, elle répondit un laconique Je vais bien qui me figea légèrement. Avait-elle si peur de moi qu’elle me mentait sur son état de santé ? Car il me paraissait évident qu’elle n’allait pas si bien que cela puisqu’elle tombait de fatigue. Quand elle ouvrit ses yeux de biche pour me regarder, elle releva la tête et sourit faiblement. J’embrassai sa tempe tendrement. Et enfin, elle avoua qu’elle manquait d’énergie. Alors je sortis, la laissant se reposer. J’avais à faire en attendant.

Mes pas me conduire immédiatement au bureau des enregistrés dont je demandai le chemin à une servante que je croisai. Je ne pris pas la peine de frapper, entrant dans la pièce comme s’il s’agissait de ma propre chambre.

Qui était en charge de la délégation du Prince Voltchenkov ?

Ma voix était autoritaire, vibrante, cassante. Mon regard glacial malgré la chaleur de sa couleur.

Je… euh… qui êtes-vous, Monsieur ? demanda un jeune vampire qui semblait être le secrétaire.

J’approchai de lui, à quelques millimètres à peine de son visage, plongeant mes yeux dans les siens.

Ai-je entendu une réponse à ma question ?

Le vampire d’une centaine d’années tout au plus se liquéfia devant moi, mais il semblait toujours réticent à donner des informations qui ne regardaient personne d’autre que l’administration. D’un geste rapide, j’agrippai le col de son uniforme de fonctionnaire et l’aplatis au fond de son fauteuil.

Lorsqu’un Prince Voltchenkov pose une question, on ne lui répond pas par une autre, sifflai-je. Je veux savoir qui a marqué mon humaine alors que j’avais expressément ordonné d’attendre !
Vous êtes le… le… le…
L’ambassadeur de New Riverlake ? Oui. Et tu viens de lui manquer de respect.

Je n’eus rien le temps de faire, le vampire échappa à ma poigne pour tomber de son fauteuil, à genoux devant moi, la nuque à ma merci. Je me redressai, retrouvant le regard hautain et méprisant qui me caractérisait la plupart du temps. Ses pleurnicheries d’excuses me fatiguaient déjà.

Qui. A. Marqué. Mon. Humain.
C’était moi, mon Prince… je m’en excuse, je ne savais pas... tous les humains doivent être enregistrés, c’est obligatoire, elle n’aurait pas pu circuler autrement…

Une colère noire sourdait en moi, coulant dans mes veines. Cet avorton outrepassait son droit à vouloir faire du zèle. Il ne faisait que son travail, certes, pour autant j’étais un Prince de la Cité désormais et mes paroles devaient être entendues et écoutées. Je levai un pied, le posai sur son épaule pour le repousser loin de moi avec une grimace de dégoût.

Je ne tolérerai aucun autre écart de ta part. C’est comprit ? Les papiers et le pendentifs sont-ils prêts pour sa fonction de calice ? Je ne souhaite pas qu’une autre… erreur… soit commise si un milicien ou un garde trouve des marques de morsures sur son cou.

Je lissai mes manches d’un geste machinal, vérifiant que les boutons de manchettes étaient bien attachés tandis que le pauvre nouveau-né se redressait pour plonger le nez dans des armoires à dossiers. J’attendis, peu patiemment, jouant de mes doigts sur le bureau sans lâcher la créature du regard.

Eh bien ?
Oui… il est… juste… là !

Le vampire se retourna en brandissant un écrin en velours noir ainsi qu’une enveloppe de la même couleur. Je signai le registre qu’il me présenta et pris les objets. Sans lui accorder un mot de plus, ni un regard, je sortis, le laissant seul avec son appréhension grandissante. Cette première rencontre n’était pas des plus diplomatiques, mais je n’allais pas me taire après qu’ils aient défiguré mon humaine sans mon consentement. J’enrageai toujours en ouvrant l’écrin qui contenait un pendentif de belle facture aux finitions délicates. Un beau bijou qui, lui, embellirait sans aucun doute le cou qui le porterait. Je me radoucis un peu à la vue de cette merveille, sobre, mais efficace.

Puisqu’il était encore tôt, j’en profitai pour aller présenter mes hommages à la Reine et demander un entretien avec le Roi plus tard dans la nuit. Le protocole laissait un peu à désirer et je commençai à regretter de plus en plus ma vie à New Busan où je menais une existence facile désormais. Ici, il me fallait reprendre tout à zéro. Je n’avais de réputation que mon nom de famille et mon ego se tordait que l’on ne me reconnaisse même pas dans un couloir là où l’on se prosternait bas devant moi en Asie. J’inspirai, une odeur de sang attira ma curiosité. Une enregistrée tourna au bout de l’allée, un plateau et des verres dessus, sans doute remplis de l’immonde boisson à laquelle j’avais eu droit la nuit dernière. Je grimaçai. Heureusement qu’Andromaque était à mes côtés, je doutais fortement de m’habituer à ce sang en conserve.

La nuit était bien avancée lorsque je retournai enfin au bâtiment des invités pour m’enquérir de ma protégée. Je la trouvai en compagnie de Javier, un humain docile que j’avais fait envoyé, avec d’autres, de New Riverlake bien avant nous afin qu’ils préparent notre arrivée. J’avais un faible pour son physique d’éphèbe que j’adorai peindre, parfois entravé des jambes et des mains d’Andromaque elle-même. Je ne lui accordai pas beaucoup plus d’égard qu’à une feuille de papier au grammage parfaitement équilibré, mais il semblait s’en contenter. Alors qu’il partait, je l’arrêtai pour inspecter sa peau dont il prenait toujours soin sur mon ordre. Mon pouce glissa sur sa gorge, je levai son menton, tournai sa tête d’un côté avant de vérifier sa nuque. Ma langue claqua sur mon palais. Ils l’avaient marqué aussi. C’était moins important qu’Andromaque, cela dit, je ne pouvais m’ôter de l’idée qu’ils avaient gâché tout mon art. Je le laissai filer, le regard sombre, mais le ton clair de la jeune femme me tira de ma colère comme elle seule était capable de le faire.

Un massage ne serait pas de refus. Cette Cité me fatigue déjà. Mais au moins, j’ai obtenu ton sésame, dis-je en levant l’écrin.

Je glissai une main sur ma nuque raide et la massai doucement avant de m’asseoir sur le lit.

Viens-là…

J’ouvris la boîte sombre et avec délicatesse j’attachai le collier à son cou.

Par ce bijou, tu es mienne. Ton corps, ton âme et ton sang m’appartiennent. Ma belle Andromaque, tu n’offriras ton sang qu’à ma seule morsure. En échange, je promets de te protéger, d’assurer tous tes besoins et… lorsque l’heure viendra, de faire de toi mon héritière immortelle.

Je glissai mes lèvres contre son cou dont je perçai la peau pour prendre une gorgée de sang, scellant le pacte qui l’autorisait. Dix années passées ensemble et c’était bien la première fois qu’un tiers m’accordait la faveur de pouvoir la mordre. Je ne bus qu’une infime gorgée, par pur symbolisme avant d’entourer son corps de mes bras, collant mon torse à son dos comme un enfant son ours en peluche. Elle était mienne et le resterait pour toujours, ma jolie poupée de miel.
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17.01.21 19:31

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gif Comme à chaque fois que ses yeux bruns se posaient sur lui, comme à chaque fois que son Prince entrait dans la pièce, le coeur d’Andromaque accéléra. Le magnétisme qu’il exerçait sur elle ne tarissait pas malgré les années passées à son service. La première fois qu’elle avait posé les yeux sur lui, il lui était apparu comme un Dieu venant la libérer d’un purgatoire où elle pensait mourir bien trop jeune, et depuis cette image là n’avait pas changée. Au contraire. L’affection et la fascination qu’elle lui portait n’avait fait que grandir. Elle était sa dévouée, corps et âme, et si elle en avait parfaitement conscience, elle ne voyait nullement ce pouvoir qu’il exerçait sur elle comme une entrave. Il était sa liberté, sa survie, son présent et son avenir. Elle l’observa intensément jauger Javier et la marque que lui aussi avait subit. Cela lui fit serrer momentanément les dents, lui rappelant impitoyablement la meurtrissure dont elle avait été la victime. Toutefois elle préféra se concentrer sur les traits de son maitre et les mots qui jaillirent de sa bouche. La cité le fatiguait déjà. Cela la contraria. Mais avant qu’elle n’eut pu faire un geste, déterminée comme elle l’était, comme toujours, à soulager les épaules de Yomi du poids des soucis qu’il pouvait nourrir, il l’intima de s’approcha. Il lui avait obtenu le pendentif de Calice. Le coeur d’Andromaque bondit de joie et d’excitation. Docilement elle s’approcha, le regard brillant et figé sur l’écrin qu’il ouvrait.

D’un geste solennel et empli de douceur il passa le collier autour de son cou et elle baissa les yeux pour admirer le pendentif qu’elle saisit entre ses doigts. C’était donc ça… l’objet qui en ces lieux la définissait comme appartenant au prince Voltchenkov et la qualifiant de Calice. Ce précieux object qui lui permettrait de déambuler à sa guise entre les murs de cette cité et qui ne la condamnerait pas à la mort lorsqu’on remarquerait les traces de morsures sur son cou. Cet objet qui permettait - et c’en était ridicule- à son Divin de se nourrir sur elle comme il l’entendait. Bien. Le pendentif était d’une manufacture absolument exquise. Son attention fut rapidement attirée par les mots que Yomi prononçait. Elle leva vers lui un regard brillant de ce je-ne-sais-quoi qu’elle ressentait, ses entrailles se tordant avec délectation et plaisir devant ce qu’il déclarait.

« Mon prince me charme. »

Dit-elle, la chaleur se répandant allègrement dans tout son corps tandis qu’il baissait la tête vers elle. D’instinct elle tendit sa nuque pour lui offrir sa peau halée et délicate et faciliter son intention. Elle ferma les yeux et ses lèvres s’entrouvrèrent dans un doux hoquet de douleur passagère lorsque les canines du vampire pénétrèrent sa chair. Instinct primaire et physique face à un danger que son esprit n’éprouvait point, son coeur se mit à battre plus rapidement, répandant toute l’adrénaline produite par son cerveau dans ses veines. La sensation était absolument exquise et enivrante et Andromaque se laissa aller contre son maitre, tendant toujours plus son cou vers les lèvres du prince afin qu’il puisse jouir de son sang et boire jusqu’à satisfaction. La plénitude l’envahit alors, remettant en ordre, dans l’espace et le temps, tous les troubles que son esprit avait pu trouvé depuis leur arrivée à New Abbotsford. Elle se sentait enfin à sa place, utile et jouant son rôle. Elle se sentait de nouveau entière, toutes traces de sa meurtrissure effacée par ce simple geste. Lorsqu’il eut fini de symboliser leur attachement elle soupira de contentement et appliqua temporairement sa main contre la plaie, pressant cette dernière pour qu’elle coagule. Elle avait fait ce geste des centaines de fois, et chaque fois éprouvait un séduisant plaisir à sentir la chaleur de son sang pulser contre ses doigts. S’écartant de son maitre elle se dirigea vers une commode sur laquelle reposait un coffret en bois finement ouvragé. Délicatement elle l’ouvrit et en sortit une fiole d’huile précieuse. Refermant le coffret elle se tourna vers son maitre et revint doucement vers lui.

« Tu désirais un massage ? »

Lui demanda-t-elle en lui montrant la fiole. Elle était passée du vouvoiement à une formulation plus familière, plus intime. Ils étaient seuls dans cette chambre et enfin réunis comme il se devait, chacun dans le rôle qui lui seyait. Dans l’intimité elle s’autorisait à le tutoyer, partageant bien plus que la simple tâche de calice et se laissant aller à une confiance aveugle, loin des diktats imposés par les rapports maitre/esclave. Doucement elle grimpa sur le lit et s’approcha de lui. Elle s’agenouilla derrière lui, posant la fiole près d’elle, puis d’un geste doux et délicat elle tira sur les bords de la veste de Yomi pour doucement la retirer. Elle fit lentement glisser le tissus sur les épaules du vampire, lui retirant le tissus qu’elle alla promptement plier et déposer sur le dossier d’une chaise. Elle revint tout aussi vivement  reprendre sa place derrière son maitre, et entreprit de s’atteler à douce tache de détendre son divin. Posant délicatement ses doigts chaud sur la nuque  glaciale du vampire elle appliqua une douce mais solide pression avec ses pouces, le long des vertèbres, et massa en cercles la peau et mes muscles avant de doucement faire courir ses doigts vers les trapèzes supérieurs.

« As-tu pu obtenir une audience avec les tiens ? » s’enquit-elle plus pour faire la conversation que par curiosité. Andromaque n’était pas curieuse en soi. Si elle pouvait l’être vis à vis des autres c’était surtout pour obtenir des informations qui pourraient servir les desseins de son maitre. Mais pour ce qui était des activités de celui-ci, elle lui vouait un tel respect et une telle confiance qu’elle estimait ne pas avoir à savoir de ce qu’il faisait. 
« J’ai fait déballer ton matériel de peinture, et l’ai rangé précautionneusement dans ta chambre. »
Et tout en parlant ses doigts massaient avec amour et minutie la nuque de son divin, n’habitant point à se glisser sous la chemise de ce dernier afin d’accéder à plus de peau.


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27.01.21 21:49

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gifSon corps vibra sous mes lèvres, se raidit un instant, son cœur palpita soudain plus rapidement sous l’effet de la morsure. Enroulant mes bras autour d’elle, je la serrai contre moi, une main recouvrant sa gorge pour maintenir sa position. Quand son esprit comprit que le corps n’était pas en danger, elle se laissa enfin aller, s’affaissant imperceptiblement, ses muscles se faisant plus tendre, son sang plus calme. Le liquide coulait dans ma gorge avec lenteur. Pas besoin d’augmenter le flux qui palpitait déjà bien fort dans tout son être, je n’avais pas l’intention de me nourrir durant cet échange, simplement de sceller l’accord que nous avions déjà depuis longtemps. Une simple excuse pour donner à cet instant une beauté artistique que je recherchais en la moindre chose. Le regard posé sur sa poitrine, je me délectai autant d’observer les mouvements de son corps en émoi que du met qu’elle m’offrait. Un soupir s’échappa de ses lèvres lorsque je retirai mes canines de sa peau meurtrie. Elle y glissa une main en un point de pression pour forcer la coagulation et je me laissai glisser en arrière sur son lit tiré à quatre épingle.

Un coup d’œil rapide m’indiqua qu’elle n’avait pas encore pris possession des lieux. Tout comme moi, elle n’avait probablement pas eu le temps d’installer des effets personnels, de redécorer à sa manière et selon ses propres goûts. Nous nous comportions encore comme des étrangers, mais cela viendrait… Le jour viendrait, oui, où nous pourrions appeler cet endroit « chez nous ». Je sentis une légère pression m’étreindre le cœur en repensant à ma discussion avec Rodan. Les retrouvailles ne s’étaient pas passées ainsi que je l’avais espéré. Ni même ainsi que je les avais imaginé. Non que je les avais attendu, certainement pas. Mais j’étais las de me disputer avec lui. Pourtant il apparaissait que nous étions incapables de communiquer autrement, même après un siècle. Je soupirai en me redressant quand elle demanda si je désirai toujours un massage. Je hochai doucement la tête en l’observant. Elle m’avait tutoyé. Elle était bien la seule de sa race à qui j’accorde une telle faveur, mais pour moi, elle était déjà un peu plus qu’une humaine. Si je détestais ses congénères pour leur faiblesse, si je me contrefichais du sort de mes autres serviteurs en dehors de leur corps que j’utilisais pour peindre, elle n’était pas une servante. Elle était l’avenir. Mon avenir. Et je ne pensais pas une seule seconde à ce que l’opération délicate de sa métamorphose puisse être un échec malgré les craintes du Lieutenant. Je n’en avais pas été un. Elle n’en serait pas un non plus.

La jeune femme s’installa derrière moi. Je la laissai ôter ma veste, se lever pour la plier et la déposer à l’écart afin que l’huile ne la tache pas et elle revint faire de même avec ma chemise en coton blanc. Je ne pus réprimer un léger tressaillement en sentant ses doigts effleurant ma peau au passage. Plus encore que le tutoiement, c’était les humains et les miens que je ne laissai pas aussi facilement me toucher. Les doigts, les mains, les souffles sur mon corps me rappelaient inévitablement les sévices que j’avais endurés à l’époque d’Uara et je n’en avais jamais guéri. Il avait meurtri mon âme, m’empêchant de profiter pleinement du contact réconfortant d’un autre, il m’en avait privé, probablement pour l’éternité. Pourtant, avec Andromaque, mon corps avait appris à reconnaître le sien et s’il m’était encore difficile d’être touché, je savais qu’avec elle, mon intégrité était en sécurité.

Ses doigts chauds se posèrent avec délicatesse sur le marbre de ma peau et commença son massage avec douceur mais fermeté.

Je me suis présenté à la Reine pour une salutation protocolaire. Nous nous reverrons probablement plus tard de manière moins formelle. Après tout, elle est ma belle-mère… Je ne sais vraiment pas comment me comporter avec elle. Dois-je l’appeler Belle-maman ? C’est un peu ridicule, tu ne trouves pas ? Jamais je ne l’appellerai ainsi. Je me contenterai du Votre Altesse habituel.

Je levai les yeux au ciel en commençant légèrement à me détendre.

Mon père n’était pas disponible. J’espère le voir rapidement quitte à lui apporter de l’aide dans ses tâches quotidiennes. Il y a quelques subtilités dans cette Cité qu’il me faut connaître rapidement. D’ailleurs, tu vas avoir du travail. Observe les comportements, les regards, je dois savoir qui pense quoi de qui. Devant moi, ils feront tous semblant avec leurs ronds de jambes et leur méfiance. Tu seras mieux placée pour remarquer ce genre de choses. Fais-toi passer pour une enregistrée de la couronne. Ce que tu es de toute façon… mais cache ton pendentif, ils seront moins enclins à faire attention à ton maître.

Le picotement de ses doigts commença à m’irriter. D’un geste vif, je les balayai de mon épaule et me relevai pour enfiler ma chemise. Décidément, il m’était bien difficile de me laisser toucher malgré le fait que nous travaillions dessus régulièrement. Je réprimai un frisson en sentant soudain les doigts d’Uara sur moi. Par réflexe, je frottai mes côtes pour faire disparaître la sensation désagréable.

C’est suffisant pour aujourd’hui, Andromaque. Je n’en supporterai pas plus…

Je me laissai tomber sur la chaise où s’était trouvé Javier un peu plus tôt et observai les cartes encore dispersées sur la table.

As-tu révélé son destin à Javier ? Va-t-il mourir jeune ? Peut-être Voudrais-tu nous lire notre avenir dans cette Cité ? demandai-je en levant des yeux encore empreints d’une douleur rémanente vers elle.
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22.10.21 17:11

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gif Le terme de fascination n’aurait pas rendu justice à ce que pouvait éprouver le coeur mortel d’Andromaque. Obsession y aurait mieux répondu. Une obsession ancrée jusqu’à la racine de ses cheveux, au plus profond de sa mœlle. Comme le sang alimentant le coeur, pulsant dans les veines. Comme les nano décharges électriques permettant aux neurones de communiquer, aux cellules de s’activer. Tout, absolument tout, en elle était tourné vers le vampire. Pas n’importe quel vampire. Son vampire, son maitre, son Divin. C’était là une religion étonnante pour le plus vulgaire des profanes, comme le plus érudit des théologiens. Andromaque ne vivait que pour son Prince, elle était sienne et même dans la mort le serait encore. Il avait souhaité un massage et ni une ni deux elle s’était dépêchée d’exaucer ses souhaits. Assise sur les talons, juste derrière son maitre, elle laissait ses doigts courir sur la peau du vampire, entre douceur et fermeté. Mais surtout elle écoutait la réponse qu’il donnait à ses questions. La nuit avait été prolifique pour lui, même si pas entièrement satisfaisante. Laissant les mots couler, il semblait penser à voix haute, discutant plus qu’ordonnant, mais les ordres eux, étaient parfaitement bien perçus par l’humaine. Il lui confiait une mission et elle ne le décevrait pas.

Appliquée à son oeuvre, et tout en l'écoutant, elle essayait, comme à chaque fois, de trouver le juste milieu parfait entre détente et agression, bien-être et souffrance. Elle savait le contact physique être une problématique de rigueur pour Yomi, et c’est pour cela qu’elle avait souci à ne jamais -jamais !- dépasser les limites qu’il imposait. Ces limites, à force de travail, avaient fini par se déplacer avec les années. Mais la tension accumulée dans les épaules du maitre ne cédait pas facilement, même sous le doigté agile de l’humaine. Les traumatismes étaient bien trop ancrés. Guettant le signal qui lui intimerait de cesser immédiatement, elle sentit son coeur s’effondrer lorsqu’il chassa sa main d’un coup d’épaule. Si elle avait appris à ne pas prendre ce rejet personnellement, elle ne pouvait s’empêcher de sentir monter en elle une sourde colère. Une colère contre l’ignoble individu qui avait oser meurtrir l’âme et le coeur de son Divin. Une colère envers elle-même pour ne pas être assez douée dans le talent de masseuse. Et suffisamment efficace pour atténuer les maux de son maitre. Une part d’elle-même savait que ce n’était pas le cas. Les hommes qui étaient passés entre ses mains, humains ou vampires, ne cessaient de vanter ses talents, quels qu’ils soient. Et celui de masseuse appliquée en faisait partie. Toutefois, l’exigence qu’elle s’imposait quant à sa façon de servir son maitre, ne souffrait nul échec. Et chaque seconde où la contrariété ou la déception se lisait sur le visage de Yomi, était un échec personnel.

En silence, elle observa le vampire se toucher les cotes et réprima le serpent fou de colère qui, en elle, se dressait pour frapper de ses crocs venimeux le monstre qui avait indiciblement laissé son empreinte sur son Divin. Sans le quitter des yeux, elle le regarda s’asseoir sur la chaise tandis qu’elle entrelaçait doucement ses doigts et étalait les résidus d’huile de massage sur ses propres mains, puis ses poignets et ses avants-bras. La question qu’il lui posa la fit alors sourire et elle battit des paupières.

_ A Javier rien d’intéressant. Quant au sujet de cette cité…

Elle soupira puis s’extirpa du lit et à pas lent rejoignit Yomi. Se penchant doucement  au dessus de son épaule, elle tendit la main, effleurant légèrement le vampire, et attrapa les trois cartes qui dominaient le paquet. Lentement elle les retourna pour en exposer les prédictions aux yeux de son maitre.

_ Javier n’était peut-être pas si sot que cela en affirmant que cette cité est maudite. Les cartes nous annoncent un grand trouble, une trahison et une grande preuve d’amour mêlée de souffrance.

D’un geste rapide elle faucha les cartes et se retourna vers Yomi, s’appuyant négligemment contre la table. Elle attrapa le reste du paquet et entreprit de le battre afin de faire disparaitre les oracles annoncés.

_ J’ignore concrètement ce que cela annonce, mais il est certain que les quelques complications que vous avez rencontré ne sont certainement pas les dernières. Il y a… des bruits de couloir, des rumeurs. Cléo et Javier ont déjà eu le temps de sympathiser avec d’autres enregistrés de la Cité. Les derniers événements font froid dans le dos. A croire que la ville attire les catastrophes.

Soucieuse, le regard perdu dans le vague, elle contemplait les cartes entre ses mains.  Se demandant si sa soudaine crainte n’était pas le fruit de son imagination. Les cartes s’étaient-elles alliées à Cléo et Javier afin de l’épouvanter ? Ou était-ce simplement qu’un stupide concours de circonstance, un hasard à l’humour nauséabond ? Pourtant, elle ne pu s’empêcher de pousser son questionnement plus loin. Leur venue dans cette ville était-elle une bonne idée ? Avait-ce été un choix judicieux que de quitte New Busan pour venir s’installer ici ? L’alliance entre New Abbotsford et New Riverlake était-elle aussi solide que les deux monarques le laissaient paraitre ? Ou bien couvait-il entre ces murs quelconque complot plus gros encore que les habituels jeux de cour ? S’exposaient-ils tous deux au danger ? Etaient-ils en sécurité ?

Elle leva alors le regard vers Yomi, et la vision de son visage doux et impassible la fit sourire avec chaleur. Bien sur ! Bien sur qu’elle était en sécurité à ses cotés ! Elle le serait toujours tant qu’elle serait sienne.
Cette pensée lui fit baisser les yeux sur sa poitrine au creux de laquelle nichait le pendentif. Elle l’effleura du bout des doigts et son sourire s’élargit.

_ Je peux donc, avec ceci, aller où je veux, et nul n’est censé m’arrêter pour les traces de baiser que vous  me laissez ? Il me tarde de faire connaissance avec les gens de cette cité. J’ai entendu dire qu’une sorte de club existait, et qu’on y trouvait toute sorte de divertissements. Avec votre permission, peut-être pourrais-je commencer par-là. Ils souhaiterons peut-être m’avoir comme danseuse aérienne.

Elle ne disait pas cela par pur désir d’aventure et d’exotisme. Andromaque se fichait littéralement de se faire des amis, ou se trouver une activité. Mais son maitre avait besoin d’asseoir sa position. Il avait besoin de pouvoir. Et cela passait incontestablement par le recel d’informations. Savoir qui, où, comment, avec quoi et qui. Connaitre les relations des uns, des autres, mais aussi leurs désirs, même les plus inavoués. Ceux dont on confiait l’origine dans le murmure de l’obscurité, lorsque charme et allégresse faisaient tomber les murs de la vigilance et éclater les masques du paraitre. Andromaque était douée pour ce genre de chose. Très douée. Et elle en éprouvait un plaisir malsain à en user. Déjà parce que cela lui permettait d’exprimer toute cette colère qu’elle pouvait parfois ressentir à l’égard du Monde, mais ensuite et surtout, parce que ce qu’elle récoltait servait toujours les intérêts de son maitre. Et c’était cela le plus important.


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14.11.21 15:22

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d8d9ca39cb28691c936cc386eb67ae08.gifJe n’étais pas aveugle. Je ne l’avais jamais été. Surtout pas avec ma si belle Andromaque. Elle vouait à l’entièreté de ma personne un culte qui était loin de me déplaire, mais que je savais malsain. En particulier pour le rôle qu’elle avait et celui qu’elle était destinée à endosser lorsque le moment viendrait. M’étais-je trompé ? Avais-je choisi la mauvaise humaine pour faire d’elle ma descendance ? J’avais cru pouvoir l’éduquer. J’avais cru pouvoir lui inculquer une certaine autonomie. J’avais cru que sa personnalité se façonnerait d’elle-même avec le temps. Mais force m’était de constater que son identité entière reposait sur moi et que la loyauté que j’exigeais était à présent devenue une réelle obsession. J’avais beau adorer cela, je m’inquiétais lorsque je lisais la colère et la déception sur son visage à chaque rejet qu’elle ressentait venant de moi et de mon caractère particulièrement insensible au quotidien. J’en fus témoin au moment où je me levais pour m’éloigner d’elle.

M’installant sur la chaise face aux cartes qu’elle avait tirées à Javier, je fis semblant de m’intéresser. Trop peu de chose attirait réellement mon attention et je devais faire un effort pour réfléchir à ma façon de poursuivre une conversation alors qu’au fond de moi, je ne pensais qu’à ma solitude et aux notes délicates que je pourrais obtenir de l’instrument à corde qui me suivait partout. C’était sans doute ce qui faisait de moi un bon diplomate, je savais choisir les sujets de conversation les plus anodins avant d’en venir subtilement au but de ma visite. Plus que dans ma carrière professionnel, c’était un comportement que je devais aussi adopter dans ma vie personnelle, même avec Andromaque qui se vexait dès que je ne lui parlais pas, pensant immédiatement avoir fait quelque chose de mal. Il n’y avait toujours eu que ma solitude pour comprendre ce comportement étrange.

Mais à présent que nous étions à New Abbotsford, j’avais conscience que ma solitude serait un trésor rare qu’il me faudrait chérir. Il y avait trop à faire. Nouer des liens. En tisser de nouveau, solidifier les anciens. Je désirais voir mes frères et mon père dans un contexte informel, par simple plaisir de les retrouver, car ils m’avaient tous manqué. J’avais aussi en tête d’ouvrir une galerie d’art, comme je l’avais fait à New Busan. Et, bien entendu, les obligations diplomatiques auxquelles je devrais assister.

Suite à ma question concernant notre avenir dans la cité, ma future progéniture soupira avant de me rejoindre. Par-dessus mon épaule, elle se pencha pour retourner trois cartes. Son parfum était délicieux et la chaleur de son corps atteignait la glace de mon épiderme en une douce caresse. Les dieux m’en étaient témoins, je serai capable de l’embellir d’encre noire jusqu’à la fin de mes jours tant sa beauté m’envoûtait. Non, décidément, je n’avais pas fait un mauvais choix. Elle n’était simplement pas mûre pour une transformation à l’heure où nous parlions. Nous avions encore un peu de temps pour cela. Elle avait le temps de grandir et de vivre ses expériences d’humaine, du moment qu’elle finissait pas me revenir.

Un grand trouble. Une trahison. Une preuve d’amour doublée de souffrance.

La prédiction n’avait vraiment rien de bon. Je levai les yeux vers elle pour l’observer. Son visage était fermé, bien plus soucieux qu’en temps normal. Elle me prit de court en balayant d’un geste les cartes avant de se tourner vers moi. Elle s’appuya contre la table et s’empara du paquet pour battre les cartes avec vigueur. Elle préférait poser un mouchoir sur les mauvaises nouvelles. Elle avait toujours agi ainsi.

Mh… Je pense que tu n’as pas tort. Je savais déjà que nous ferions face à des difficultés lorsque nous avons quitté New Busan. Là-bas, tout était devenu simple à force. C’est peut-être une mise à l’épreuve de mon père, pour voir si j’ai toujours le talent de m’en sortir dans un contexte qui m’est inconnu. Je me suis reposé sur mes lauriers ces dernières années. J’ai été trop fier de ce que j’avais construit. Sais-tu que j’aurais pu devenir roi à New Busan si nous étions restés quelques années de plus ? Aujourd’hui, il me faut reprendre à zéro.

Je me levai face à elle et glissai une main sur sa joue velouté.

Heureusement, cette fois, je ne suis pas seul. Je t’ai, toi, mon ange, ma perle, ma fidèle compagne.

Plantant mon regard dans le sien pour la convaincre que je croyais en son aide plus qu’en mon seul talent, je m’approchai un peu plus de ses lèvres.

Il y a aussi les oreilles anodines de Javier et Cléo… soufflai-je contre sa bouche. Et peut-être même la position de Rodan, si je cesse de lui en vouloir pour ce qu’il m’a fait.

Avec douceur, je déposai un baiser délicat sur ses lèvres pour en sentir la chaleur ardente.

Nous y parviendrons. Cette cité sera nôtre, tout comme New Busan a été mienne.

Rompant les dernières barrières que j’imposai, je m’emparai à nouveau de ses lèvres. Bien moins sagement que je ne l’avais fait plus tôt et glissai une main dans son dos pour mieux la serrer contre moi. Ainsi, je scellai dans cette étreinte brûlante la promesse que je me faisais à moi-même quant à notre avenir à tous deux dans cette cité.

FIN.
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