Journal de bord ☾ Dorian Lockwood

Chronologie

☾ 1959 - Naissance de Dorian dans une famille dont la richesse et la noblesse étaient connues dans toute l'Angleterre.
☾ 1980 - Première rencontre avec Lucrezia dont il ignore encore la réelle nature.
☾ 1981 - Voit sa vie écourtée après avoir été contaminé par le SIDA mais par chance Lucrezia lui offre l'immortalité qu'il embrasse avec ferveur.
☾ 2105 - Participe à la construction de la cité New Abbotsford au côté de sa Reine mais y perd son compagnon, Marius, lors d'une attaque d'enragés. Il mettra du temps à s'en remettre.
☾ 2384 - Prend un peu de distance avec la cité en partant pour New Bellingham
☾ 2387 - - Présent à New Bellingham, dans le harem du Roi, il retrouve sa créatrice en fuite et apprend pour l'attaque de la ville.
- Aide à la reprise de New Abbotsford et sa reconstruction.
- Fait l'acquisition du prestigieux club Oasis Pleasure.
- Mène la Reine jusqu'à l'autel pour son mariage avec Dimitri qu'il ne valide aucunement, bien au contraire.
☾ 2388 - Se retrouve blessé dans les ruines de l'ancienne ville située au delà de la Bordure alors qu'il est pourchassé par des enragés.
- Parvenu à ressortir vivant de l'attaque, bien qu'en piteuse état, on découvre qu'il est le premier vampire a avoir été atteint de la fièvre rouge. Par chance il est soigné in extremis mais ses blessures profondes le contraignent à une grosse convalescence.
☾ 2389 - Doit faire face au départ de la Reine et décide de rejoindre les rangs du gouvernement de la Cité.

journal de bord
Campagne Londonienne, Août 1981
Je vais mourir. Si jeune et toute une existence me tendant la main bien trop loin pour que je puisse l'atteindre. Je vais mourir parce que moi plus que quiconque j'ai voulu vivre. Pleinement, sans restriction et sans jugement. D'aussi loin que je me souvienne j'ai cherché à repousser mes limites, à les tester toujours un peu plus pour ne rien regretter. Et c'est encore le cas aujourd'hui. Je vais mourir. Dans ce lit d'hôpital luxueux où la mort n'a pourtant pas de prix. Mon corps branché à des sondes et la poitrine douloureuse je me vois dépérir de jour en jour. Seul et abandonné de tous comme mon père me l'avait promis. Mes parents sont absents, de même pour ceux que je croyais être mes amis. Je vais mourir et alors que les mains froides de la faucheuse m'enlacent dans une étreinte qui causera ma perte, je sens le soleil caresser ma peau à travers la grande fenêtre donnant sur le jardin. Les oiseaux chantent et le vent dans les feuilles des arbres résonne à mes oreilles. C'est une belle journée qui s'annonce mais en verrais-je la fin ? Je donnerais cher pour de nouveau courir sur cette pelouse verdoyante et m'imprégner de cette chaleur enivrante. Respirer à pleins poumons l'oxygène naturel tant convoité qui me fait défaut à présent. Je vais mourir tandis que j'aspirais à bien davantage, à découvrir tellement plus. Stoppé en plein élan, je suis condamné par un adversaire invisible qui s'est emparé de mon être pour en faire sa demeure. Mourant je n'ai pas les armes pour combattre cet ennemi de l'intérieur. J’admets ma défaite même si la rancœur me ronge les entrailles. Je vais mourir, c'est mon heure et je vois déjà Charon le passeur venir réclamer ses pièces d'or. A moins que la silhouette qui se dessine sous mes yeux apeurés ne soit celle d'un ange. La providence m'offrant une toute nouvelle existence.

journal de bord
Rome, Janvier 1982
Tout semble décuplé, intensifié. Mes oreilles bourdonnent d'un écho constant marqué par le plus infime des murmures. Le bruissement des feuilles caressées par le vent, le froissement des tissus contre la peau à chaque mouvement. Tout apparaît si puissant. Je ferme les yeux et voilà que j'entends les battements de cœur des badauds autour de moi dans une sérénade palpitante et pleine de promesses. Douce mélodie envoûtante à mes tympans, je me perds volontiers dans les travers de cette cacophonie charmante qui réveille mon appétit. Rien ne vaut cette sensation irréelle, pas même la plus intense des drogues. Il n'y a pas d'équivalent, aucun. C'est comme si j'étais né une deuxième fois, comme si j'avais assisté à mon premier cri et laissé l'air vivifiant entrer dans mes poumons. Sauf qu'ici l'air n'est plus une entrave à mon existence. Statue de marbre aux traits ciselés de la vingtaine, je me suis figé dans un dernier élan d'humanité. Je ne fais plus parti de leur monde désormais. Lucrezia m'a offert bien plus. Elle m'a sauvé d'une mort certaine, partageant avec moi le don de l'immortalité.